George Sand - Notes sur certaines editions de ses oeuvres
George Sand
Notes sur certaines éditions de ses œuvres
"Le Compagnon du Tour de France", achevé en novembre 1840 et publié
en France en décembre, a donné lieu à une curieuse et intéressante affaire
en Belgique; affaire qui s'étendit jusqu'au milieu de l'année 1841 et donna
lieu à une jurisprudence, en soi fort importante.
Importante, certes, mais en fait assez inutile, car l'édition en Belgique
comme dans la plupart des autres pays, en ce compris la France, fonctionnait
sans beaucoup tenir compte de la législation étrangère, suivant le principe :
la loi d'ici protège les œuvres d'ici, et son excuse :
pas de protection sans réciprocité.
L'édition du Compagnon du Tour de France débuta, en
apparence, avec de bonnes intentions, tant de la part de George Sand, que
de l'éditeur bruxellois Alexandre Jamar. Alexandre n'avait que
dix-neuf ans; il s'était lancé avec son frère dans une maison d'édition depuis
déjà deux ans; il ne semble pas avoir achevé d'études, mais il possédait
des notions de droit. Plus tard il changea d'orientation et devint financier
et homme politique : directeur puis vice-gouverneur puis gouverneur de la
Banque nationale de Belgique; député puis ministre des Travaux
publics.
Mais donc, à la fin de 1840, il a dix-neuf ans. Voyons la chronologie des
mois précédant l'édition de Perrotin. Ensuite, celle des deux premières
éditions belges : de Hauman et de Jamar. Quant à l'affaire Jamar contre
Hauman, nous la traitons dans le dossier relatif aux droit d'auteur,
etc.: voyez Pasicrisie, 3e série, Cours de Belgique, 1842,
vol. II, Appel :
Br., 17 mars 1841 et Br., 28 juillet 1841
Fin août à mi-novembre 1840 :
Achèvement de l'écriture. — Traité avec Perrotin. —
Révision des épreuves.
-
Le 28 août, George Sand écrit à son ami Papet: « Moi je fais un
roman qui paraîtra le mois prochain chez Perrotin probablement. Je ne
quitte pas la revue [des Deux Mondes] pour cela. » (Corr.V p.113).
Le roman allait donc paraître sans publication préalable en revue.
-
Vers le 20 septembre, elle écrit au Dr Ange Guépin pour obtenir
« les renseignements [...] relativement à la réunion des Compagnon de
1820 » (Corr.V, pp.133-134). Et elle ajoute: « Je ne sais
faire que des romans, et c'est un roman encore que je fais. Un compagnon
menuisier en est le héros [...]. Le roman que j'écris est presque fini »
(Corr.V, p.136). Elle précise encore que « l'éditeur me presse de
finir » (ibid.). L'éditeur n'est pas nommé.
-
Le 21, G.S. et Perrotin signent le traité pour la publication du
Compagnon en deux volumes, à raison de « quinze cents
exemplaires » in-8° de chaque volume (Corr.V, p.137).
Le manuscrit doit être livré à l'éditeur « à la fin du mois de septembre
[...] de manière à ce que l'édition puisse paraître à la fin du mois
d'octobre » (ibid.). L'article 3 du traité prévoit que la
« cession est faite moyennant le prix de deux mille cinq cents francs
par volume qui sera payé par M. Perrotin lors de la livraison des
manuscrits » (Corr.V, p.138).
-
Le 27 septembre 1840, paraît dans Le Précurseur de l'Ouest un
article du Dr Guépin annonçant le roman en cours et publiant des fragments
de la lettre précitée. On peut admettre que vers la fin de septembre, il
pouvait être connu avec plus ou moins de précision que le Compagnon
ne paraîtrait pas en revue : il est en tout cas probable qu'avant la fin
d'octobre, Jamar le savait, et il n'est pas impossible qu'il l'apprit avant
ses concurrents bruxellois.
-
Le 2 octobre, retardée par des problèmes de santé, G.S. n'a pas terminé le
manuscrit « quoique le commencement soit livré à l'imprimerie »
(Corr.V, p.151). Le 5, elle demande à
Jules Claye 1 de lui
renvoyer le manuscrit parce que « l'étendue du second volume rend le
premier beaucoup trop court Il faudrait le composer de 24 feuilles chaque.
[...] Je couperai le 1er volume où je jugerai le plus convenable de le faire
et je renverrai le manuscrit par porteur » (Corr.V pp.155-156). Elle
donne d'autres précisions à Perrotin, le même jour (Corr.XXV p.357; nous en
reparlerons plus loin). Le
même jour encore, elle écrit à François Buloz pour obtenir son autorisation
formelle de traiter avec Perrotin (Corr.V, pp.156-157).
-
En lisant les épreuves que Claye lui envoie, G.S. fait des corrections. Elle
préfère les faire sur manuscrit plutôt que sur épreuves, « ce qui nous
retarderait encore bien davantage » (Corr.V p.163, lettre du 18 octobre
à Perrotin). Autrement dit, au contraire de Balzac, elle limite fortement son
travail de révision sur épreuves.
-
Le 27 octobre, le roman est apparemment terminé, G.S. rédige la préface
(Corr.V p.167, elle demande une information à Agricol Perdiguier).
Pourtant, le 29, elle dit : « j'ai eu tant à refaire à mon livre qu'il
n'est pas fini » (Corr.V; p.169).
-
Et en effet, au début de novembre elle demande encore des renseignements à
Perdiguier, pour corrections au chapitre XIV; « on me presse terriblement
à l'imprimerie, » ajoute-t-elle (Corr.V, pp.171 et n.1 et 2, 172).
- Vers la mi-novembre, G.S. a encore des corrections à faire à la feuille
30 (du second volume), et veut « retrancher la 31e » (Corr.V,
p.177). Cette fois, on approche vraiment de la fin.
-
Mais revenons au 5 octobre. G.S disait à Perrotin : « Vous ne serez pas
contrarié, n'est-ce pas, si je fais chaque volume de 24 feuilles? Il me faut
bien ce développement. Mes 121 pages ont donné seulement 21 f[euilles] ce
serait une glette. Dites-moi si en faisant 25 feuilles au premier (y compris
la préface), vous y trouveriez de l'inconvénient. je tâcherai dans ce cas de
m'en tenir aux 24 [pour le second volume] » (Corr.XXV, p.357).
Le traité prévoyait « 22 à 23 feuilles par volume » (Corr.V p.137).
Et les volumes Perrotin comprendront respectivement 25 feuilles et demi, et 30
feuilles (Corr.V p.357
n.3) 2.
Novembre 1840 :
Acquisition du manuscrit par Alexandre Jamar.
- George Sand, dans le dernier paragraphe de l'avant-propos du
Compagnon, prend ses distances avec des déclarations parues dans la
presse : « Quelques journaux trop bienveillants pour l'auteur, et mal
informés sans doute, ont annoncé, à la place de ce roman, un ouvrage complet,
un travail étendu et important. [...] » (éd. Perrotin, p.XV) La presse
avait dû apprendre que le dit « ouvrage » avait pris des dimensions
plus grandes que prévues et que l'auteur prévoyait une suite. L'annonce de ces
« journaux trop bienveillants » doit se situer dans les derniers
jours d'octobre ou dans les premièrs jours de novembre : nous n'avons pas
trouvé qui ni quand. On peut tenir pour assuré que les éditeurs bruxellois
n'ont pas eu de peine à connaître cette annonce.
-
Le 10 novembre, George Sand donne reçu à Alexandre Jamar de 500 francs
« pour la vente de [s]on manuscrit
Le Compagnon du tour de France ». L'édition que fera Jamar du
roman comprend l'avant-propos; il est donc raisonnable de penser que l'éditeur
bruxellois recevait le manuscrit complet; et il est très peu probable
qu'il se fût agi d'un double, du moins à cette date.
Plusieurs lettres de cette période ne sont pas datées : 2131 à Agricol
Perdiguier (Corr.V, pp.171-172), 2132 à Lise Perdiguier (id.,
pp.172-173), 2135 et 2136 à Perrotin (id., pp.176 et 177). Georges
Lubin datait la première du début de novembre, la seconde du 11 et les deux
dernières de mi-novembre. Certes ces datations sont défendables, mais deux
arguments plaident en faveur de dates plus précoces : 1°. le reçu de 500
francs qu'envoie G.S. à Alexandre Jamar le 10 novembre (dont nous reparlons
plus loin) laisse à penser que Jamar dispose à cette date du roman complet;
2°. la lettre à Papet (2133 in Corr.V, pp.173-174) et celle à Maurice
Dudevant (2134, id. pp.174-175), du 13 novembre, semblent montrer
G.S. libérée de la tension des corrections du Compagnon et ne font
plus état de maladie.
Au premier argument on peut objecter : que
rien ne prouve que Jamar était mis en possession du manuscrit lui-même;
que ce pouvait être un jeu d'épreuves; que la transmission n'a pas
nécessairement eu lieu ce jour-là; enfin que le reçu pourrait même être
postérieur et antidaté pour les besoins de la cause de Jamar contre
Hauman au début de 1841. Au second argument, on peut objecter que la
maladie était diplomatique et que G.S. pouvait trouver des moments
de détente.
Sans certitude donc, nous proposons cependant de dater les lettres 2132,
2135 et 2136 d'avant le 10 novembre 1840, tandis que la lettre
2131 peut sans inconvénient conserver sa date. La raison de ce changement
est qu'il fallait bien que George Sand vendît quelque chose d'achevé, de
complet, et de matériel. En admettant que le roman ne fut pas donné ce
jour-là, il doit l'avoir été quelques jours plus tard, à la mi-novembre,
faute de quoi Jamar aurait eu des difficultés à préparer son édition qui
devait devancer celle des ses concurrents bruxellois et, de préférence, celle
de Perrotin.
Quant à la nature de ce que G.S. appelle, dans le reçu du 10 novembre,
« manuscrit », il est périlleux de s'avancer : le manuscrit,
un jeu d'épreuves, un tirage des bonnes feuilles? Sans éléments tangibles on
ne peut trancher cette question.
Décembre 1840:
Édition Perrotin. — Édition Jamar. —
Édition Hauman.
-
Entre la mi-novembre et l'annonce de l'édition Perrotin, nous ne disposons
pas d'information concluante.
Nous dirons donc que Jamar fut retardé dans son édition comme d'ailleurs
Perrotin le fut aussi : ce dernier annonce son édition seulement le 1er
décembre; Jamar le 5.
-
Perrotin annonce son édition dans Le journal des Débats du 1er
décembre, en page 4.
-
Le 5, Jamar fit la démarche du dépôt légal de son édition ({Colin1965} p.48 et
n.(2)). Plus tard, il écrira à G.S. : « nous avons paru un jour trop
tard » (ibid, p.48 et n.(3)) : cela doit signifier que la
parution de l'édition Perrotin est du 4 décembre (au plus tard).
-
L'éditeur bruxellois Hauman à obtenu un exemplaire Perrotin du
Compagnon, « acheté et publié en France » (Pasicrisie, op.cit., p.326).
On postulera que cet achat se fit, vraisemblablement à Paris, aux alentours
du 4 décembre.
-
On sait qu'au moment de l'introduction, vers le 5 janvier 1841, de la plainte de Jamar contre lui, Hauman n'avait toujours pas mis en vente le Compagnon mais que l'impression de l'édition avait été entreprise (ibid.) et peut-être achevée.
-
Parmi les attendus de l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles, du 28 juillet 1841, on trouve que « le fait de la publication [par Hauman] est pleinement prouvé par la production du livre la Course au clocher 3 sorti des presses de la société demanderesse, et sur la couverture duquel elle annonce parmi ses publications, le Compagnon du tour de France, par G. Sand » (ibid, p.328).
Notes :
- Imprimeur Jules Claye :
L'imprimeur de l'édition Perrotin, mentionné au verso du faux-titre et dans
l'annonce par la {BF} est H. Fournier et Compagnie. Jules Claye était alors
prote chez Fournier. Il deviendra imprimeur breveté en 1846.
- Collation des deux volumes :
♦ 26 feuilles pour le 1er volume, se répartissant comme suit:
1/4 de feuille pour les titres, une feuille signée a pour la préface,
24 feuilles et demi signées 1 à 25, et une chute d'1/4 de feuille ayant pu
servir aux brocheurs pour faire les gardes
♦ 2e volume: 1/4 de feuille
pour les titres, 30 feuilles signées 1 à 30* (cet astérisque est bizarre car
il indique un encartage, ce qui n'est pas a priori le cas, mais
pourrait indiquer que les titres des deux volumes et cette demi-feuille 30*
formaient une seule feuille in-8°).
Curieusement, la {BF} annonce « ensemble 62 feuilles » (12 décembre
1840, p.670, n° 6003) alors que, même en comptant les couvertures, on ne
dépasse pas 56 feuilles et demi. Perrotin aurait-il ajouté des feuilles
publicitaires qu'on ne retrouve pas dans l'exemplaire de la BNF?
- Annonces de l'édition Hauman :
La Course au clocher : d'Alexandra Lavergne, annoncé par la
Bibliographie de la Belgique, n° 12 [décembre] de 1840,
p.67 n° 747.
Selon la Revue britannique, « le sujet de ce gracieux roman est une véritable course au clocher. Seulement au lieu de clocher, c'est une jeune fille vers laquelle se dirigent deux prétendants » (recension dans pp.1-2 du Bulletin bibliographique de la librairie Meline, Cans et compagnie annexé à la dite revue après la table du second semestre 1840)
1. Les six volumes de l'édition Meline (1838-1849)
Nous citons :
« Si nous devons faire confiance aux dates figurant en bas des pages de
titre [des] six volumes, nous pouvons dire que pour le moins, Le
compagnon du tour de France, Un hiver dans le midi de l'Europe, Consuelo,
Melchior, Isidora, François le champi et la petite Fadette, sont livrés
ici en " préfaçon " avant la parution en librairie en France. D'autres titres
sont en parution simultanée France/Belgique, sans pouvoir dire, [...] de
l'éditeur Belge, ou des éditeurs français, lesquels ont été les plus rapides.
Aucun dépôt public répertorié dans le catalogue collectif des bibliothèques
de France ne possède une telle collection en 6 volumes. La BNF possède le
tome I seul, et la bibliothèque de Rennes possède la première partie du tome
6 (jusqu'à la page 305). Nous avons interrogé le catalogue de la bibliothèque
royale de Belgique, sans succès. Nous ne savons pas si cette série est
complète en 6 volumes ou bien si l'éditeur a continué son œuvre de
compilation, au fur et à mesure des nouveaux écrits de George Sand.
» Bibliographie, Histoire de l'édition française, 1985,
in-4, tome III, p.273-273:
» Pendant les années 1830, la valeur des exportations de livres belges
tripla, (.) Il devenait courant pour les feuilletons parisiens de
paraître sous forme de livres à Bruxelles avant qu'une édition complète ait
été produite à Paris. Cela s'appelait une " préfaçon ". L'éditeur belge
Méline, par exemple (il était en réalité un italien de Leipzig), publia le
Curé de Village de Balzac, qui paraissait en feuilleton dans La Presse
en 1839, au moins dix-huit mois avant l'édition parisienne sous forme de
livre. Beaucoup d'œuvres de George Sand sortaient à Bruxelles avant
d'être mises en circulation à Paris (.). »
(www.librairie-amour-qui-bouquine.com/SAND.doc)
Chronologie :
- le 25 mai 1838, l'Allgemeine Bibiographie für Deutschland ({ABD})
annonce la parution de deux volumes des œuvres de George Sand
(n°21 p.279 #1238),
sans préciser le nombre pages ou de feuilles ni le nom de l'éditeur, mais en
donnant le prix : 30 Fr.
- le 1er juillet 1838, la Bibliographie de la Belgique
({Bibliogr.Belgique}) annonce
la parution du « Tome second » (1er juillet,
p.14 n° 219), sans
préciser le nombre de page ni le nom de l'éditeur, mais en donnant le prix :
12 Reichsthaler.
- en septembre-octobre 1839, la Bibliographie de la Belgique
annonce la parution du « tome 3, première partie » (fasc. 9-10,
p.54 n° 601,
sans préciser le nombre de pages ou de feuilles mais en nommant l'éditeur,
et en donnant le prix : 6 Reichsthaler.
- le 22 novembre 1839, l'Allgemeine Bibiographie für Deutschland
annonce la parution de ce même tome 3, première partie
(n° 47, p.712 #2597),
sans préciser le nombre pages ou de feuilles ni le nom de l'éditeur, mais en
donnant le prix : 7 Fr. 50, et en liant à l'annonce du 25 mai 1838.
-
Nous n'avons pas trouvé d'annonce pour la deuxième partie du tome 3, ni
pour les tomes 4 à 6.
-
La page de titre du tome 3 est millésimée "1839". Ce millésime ne peut
s'appliquer à Pauline, Les Mississipiens et Cosima
publiés seulement en 1840; il ne peut s'appliquer au
Compagnon du tour de France qui a été publié seulement à la fin de
1840; et il ne peut s'appliquer à Un hiver au midi de l'Europe publié
seulement en 1841.
-
La page de titre du tome 4 est millésimée "1843", ce qui est cohérent
avec le contenu.
-
La page de titre du tome 5 est millésimée "1844". Ce millésime ne peut
s'appliquer au Meunier d'Angibault, Kourroglou et
Isidora, publiés seulement en 1845.
-
La page de titre du tome 6 est millésimée "1847". Ce millésime ne peut
s'appliquer à François le Champi dont la prépublication ne fut
achevée que le 4 mars 1848 : ni à La Petite Fadette dont la
prépublication ne fut achevée que le 31 janvier 1849.
Le tome 6 se présente en deux parties normalement reliées ensemble et
séparées par un faux-titre ; la pagination est continue ({Colin1965} p.85)
Interprétation de ces données :
- Tomes 1 et 2 :
La mention de « deux volumes » de l'{ABD} de mai 1838 peut
s'appliquer aux tomes 1 et 2 de l'édition, ou au tome 1 seul, en deux parties
(comme plus tard le tome 3). Le délai de publication par la {Bibliogr.Belgique}
s'explique par la simple raison que ce périodique n'existait pas auparavant.
La mention « Tome second » peut signifier simplement que Meline
a annoncé ses deux tomes en mai tout en mettant en vente le second avec un
certain délai.
Deux éléments nous permettent de savoir ce qu'il en est :
— La coupure du tome 1 en deux parties ne pourrait s'opérer
qu'entre Indians et Valentine, ou entre Valentine
et Mauprat. Or, dans le premier cas la coupure devrait se faire au
deuxième feuillet de la feuille 15, à la page [231] ; et, dans le second cas,
au quatrième feuillet de la feuille 23. Une bonne coupure, dans une imposition
in 8°, doit se faire à la feuille, la demi-feuille ou au quart de
feuille.
— Le prix mentionné dans l'annonce de l'{ABD} de mai 1838 est de 30 Fr.
pour « 2 vol. » ; celui qui est donné dans l'{ABD} de novembre 1839
est de 7 Fr. 50 pour le « T.III, première partie ». On en déduit
aisément que les deux volumes de 1838 sont bien les tomes 1 et 2. Et en effet
le tome 2, comme le 1, se prête malaisément à une coupure en deux parties.
On notera aussi que c'est encore la première Lélia qui est publiée
à la fin du tome 2. La seconde Lélia n'avait pas paru dans la
presse, sauf quelques extraits, et l'édition Bonnaire
n'est annoncée par la {BF} que le 28 septembre 1839. On peut en déduire que la
composition de la fin du tome 2 de Meline est antérieure et peut même avoir
été faite par réimpositon de l'édition séparée de la
première Lélia par Meline, annoncée en
février 1839.
- Tome 3 :
La coupure en deux parties est incontestable et seules les feuilles qui
précédent Pauline peuvent faire partie du volume portant le millésime
"1839". La coupure se fait avant le quatrième feuillet de la feuille 19,
après la page 302 (fin de Gabriel) ; c'est un curieux endroit mais
le fait est là.
Le reste du tome 3 n'a pu être publié qu'en 1841 et devait avoir une
couverture portant ce millésime; la page de titre également. La parution de
cette deuxième partie peut avoir été annoncée vers avril –
l'édition séparée
d'Un hiver au midi de l'Europe ayant été annoncée par la {Bibliogr.Belgique}
en mars-avril de cette année –, mais la mise en vente ne peut être
antérieure au 28 juillet à cause d'un litige pendant en appel à Bruxelles
entre les éditeurs Hauman et Jamar concernant
Le Compagnon du Tour de France (voir plus haut la note sur les
Premières éditions du
Compagnon du Tour de France, et {Colin1965} p.49 sub 4.
- Tome 4 :
Il se prête mal à une coupure en deux parties, et certainement pas en deux
parties égales. On peut admette que, comme les Tome 1 et 2, il a paru entier.
- Tome 5 :
Nous n'avons pas vu ce tome et n'avons pas trouvé les détails de sa
composition. il est certain qu'il parut en deux parties, par la raison qu'on
a vue plus haut.
La première partie est de 1844 et comprend La Comtesse de Rudolstadt,
Jeanne et Procope le Grand.
La deuxième partie est de 1845 et comprend Le meunier d'Angibault,
Kourroglou et Isidora.
- Tome 6 :
Nous n'avons pas vu ce tome et n'avons pas trouvé les détails de sa
composition. il est certain qu'il parut en deux parties, par la raison qu'on
a vue en tête de cette note, dans la citation « la bibliothèque de Rennes
possède la première partie du tome 6 (jusqu'à la page 305) ». Voir aussi
{Colin1965} p.85.
La première partie est de 1847 et comprend Le Peché de M. Antoine,
La Mare au Diable, Lucrezia Floriani et
Le Piccinino.
La deuxième partie est de 1849 et comprend François le Champi et
La Petite Fadette.
2. Les six volumes de l'édition Hauman
5 vol. en 1842-1844, le sixième par Meline en 1847
Les éditions Hauman mirent fin volontairement à leurs activités à la date du
1er janvier 1846. Comme on peut le voir dans la
section suivante, elles publièrent encore
Le Meunier d'Angibault et Teverino en 1845.
L'édition des œuvres par la maison Hauman elle-même comprend cinq
volumes et ne contient que des œuvres publiées auparavant par
elle ; c'est ce qui explique quelques lacunes par comparaison avec l'édition
Meline.
Le sixième et dernier volume, postérieur à la cession à Meline, contient
d'une part les dernières œuvres de George Sand publiées par Hauman en 1845,
et d'autre part des œuvres de George Sand de parution postérieure à 1845.
Par ailleurs l'édition Hauman — en ce compris le tome VI par Meline
— contient toutes les œuvres publiées auparavant par Hauman, à
l'exception on ne sait pourquoi, de Cosima qu'elle ne contient pas.
Avant la cessation d'activités, « une convention était intervenue au mois
de septembre 1845 par laquelle la maison Meline, Cans et Cie avait acquis le
fonds de la maison Hauman » ({J. Hellemans: Ed. Hauman (CEDIC)}, p.6).
Ainsi donc Meline se trouva en possession non seulement des invendus de
Hauman, mais aussi des formes d'imprimerie qui subsistaient.
Selon toute vraisemblance, Meline pourvut les invendus des cinq volumes des
œuvres de G.S. d'une nouvelle couverture à son nom. Nous avons
connaissance d'une telle couverture au nom de Meline, Cans et Cie, pour le
tome II, millésimée "1850" (voyez la notice de ce
tome II). Nous n'avons pas vu cette couverture, ni
sa description.
Dans la terminologie de Georges Colin, ces invendus Hauman, à page de titre
Hauman mais à couverture Meline, forment une émission et non une
édition à part, justement parce que la différence est accessoire.
En conséquence, tant que nous n'aurons pas plus d'information sur ces
couvertures Meline – malheuresement très difficiles à trouver –,
nous ne faisons pas de descriptions propres de ces tomes Hauman I à V
" rhabillés " par Meline.
L'édition proprement Meline a deux lacunes par comparaison à l'édition
Hauman : Jean-Jacques Rousseau et Teverino. On voit dans
un tableaux qui suit que Meline
n'avait pas publié ces deux œuvres.
Sur l'éditeur Meline, il existe une étude : M. Battistini ;
Un editore livornese a Bruxelles : Giovan Paolo Meline ; 25 p.
(tiré à part du Bollettino storico livornese, I, n°3, 1937). Mais
nous ne l'avons pas encore trouvée.
ŒUVRES NON INCLUSES DANS LES ÉDITIONS GROUPÉES.
(ordre alphabétique des œuvres)
Il s'agit des œuvres issues de la collaboration de la future George Sand
et de Jules Sandeau, sous le pseudonyme J. Sand. Rose et Blanche ne
fut jamais revendiqué par G.S., et La prima donna le fut très
tardivement.
ŒUVRES INCLUSES DANS LES ÉDITIONS GROUPÉES.
(ordre alphabétique des œuvres)
COMPARAISON DU CONTENU DES DEUX TOMES VI DE MELINE
(dans l'ordre de distribution)
MELINE proprement dit |
MELINE succédant à HAUMAN |
1847 |
Le Péché de M. Antoine |
1847 |
Le Meunier d'Angibault |
La Mare au diable |
Kourroglou |
Lucrezia Floriani |
Teverino |
Le Piccinno |
Le Péché de M. Antoine |
1849 |
François le Champi |
Mouny-Robin |
La petite Fadette |
Lucrezia Floriani |
Historique des changements
13/9/2018 qques. corr. ; ajout du tableau "COMPARAISON DU CONTENU DES DEUX TOMES VI DE MELINE"
24/8/2018 ajout de la note sur les "Éditions des Œuvres par Meline et Hauman (1838 - 1849)".
?? : original