Paul Argoud

Les Rosières (légataires du Prix Biesse)

Consulter le testament olographe de Louis-François Biesse qui a légué une rente à la jeune saint-marcellinoise la plus digne de ce legs.

AnnéeRosièresPrix Boissieux
1893Aglaé Froussard
Louise Juvin
1894Joséphine Rony dit Picard
1895Louise Beneton
1896Marie Mathieu
1897Marie Deschamps
1898Isabelle Drevet
1899Marie Thermoz
Jeanne Belissard
1900Emma Machon
1901Augustine Lattier
1902Marie Blunat
Berthe Philibert
1903Marie Blache
1904Suzanne Reveyron
1905Artémise Genillard
1906Marie Germain
1907Marie Mollie
1908Marie-Louise Sauze
1909Marie Glénat
1910Élise Escoffier
1911Marie Meunier
1912Marie-Louise Ferruit
1913Louise Depeley
1914Maria Meunier
1915Berthe Muzelier
Madeleine Glénat
1916Fernande Teyssonnier
1917Lucette Faure
Joséphine Blanc
1918Jeanne Dachis
1919Marcelle Giraud-Rochon
1920Aimée Royannais
1921Antoinette Blachon
1922Antoinette Dornand
1923Marie-Louise Rozand
1924Marie Blachon
1925Marie-Louise Guillermet
1926Alice Callet
1927Laure Reynaud
1928Antoinette Kirchdorfer
1929Émilie Moulin
1930Germaine Marion
1931Marie-Louise Reynaud
1932Madeleine Bagriot
1933Alice Barbe
1934Renée-Madeleine Kirchdorfer
1935Denise Barbe
1936Fernande Chabrier
1937Fernande Solforosi
1938Raymonde Inard
1939Marcelle Chapoutier
1940Camille Chapoutier (période de guerre ; élue en 1941)
1941Paulette Fillet
1942Simone Rebatel
1943Lola Manzotti
1944Juliette Anne-dit-Denis
1945Bernadette Tardat
1946Monique Fusillier
1947Rose Durand
1948Yvonne Rozand
1949Colette Glandu
1950Jeannette Réodo
1951Michelle Perrier
1952Madeleine Trèves
1953Marie-Lise Bodin
1954Monique Rebatel
1955Marie-Claire Barbier
1956Éliane Marchand
1957Ginette Durand
1958Colette Manzotti
1959Fernande Reynaud
1960Lucette Pellerin
1961Josette Royannais
1962Marie-Claude Cailler
1963Thérèse Kintchech
1964Noëlle Mercier
1965Christiane Fioretta
1966Bernadette Callet-Ravat
1967Viviane Ghéza
1968Myriam Reviron
1969Marlène Fioretta
1970Josiane Gabert
1971Mireille Victouron
1972Jocelyne Fioretta
1973Martine Eymard
1974Annie Cellier
1975Joëlle Laurent
1976Catherine Couturier
1977Brigitte Bernard
1978Hélène Renard
1979Anne-Marie Ronzier
1980Régine Piom-Roux
1981Éliane Scotton
1982Sylviane Boiron
1983Corinne Arrigoni
1984Sylvie Rimet-Meille
1985Véronique Evrard
1986Marlène Callet-Ravat
1987Béatrice Frézet
1988Nathalie Orthiz
1989Sabine Despierre-Corporon
1990Sandrine Glandu
1991Céline Callet-Ravat
1992Sandrine Dumoulin
1993Audrey Borde
1994Christelle Delguerra
1995Rachel Deglun
1996Béatrice Scotton
1997Vanessa Mélèze
1998Marjorie Cuschieri
1999Josélia Pires
2000Magaly BaillonTiffany Collet
2001Jessica MartinStéphane Huillier
2002Amandine BoizardMélissa Mazoyer
2003Élodie SahinovicSébastien Vicq
2004Justine TribouillerSéverine Reynaud
2005Séverine GérardMagali Falconnet
2006Paméla DitkoMalik Bounouara
2007Claire MeunierNelson Barillot-Vuillet
2008Maëva AmaraPerrine Todesco
Ludovic Ballanza-Ryszowski

Testament olographe de Louis-François Biesse

Ceci est mon testament olographe, Vienne le 29 mai 1875.

Je soussigné, Biesse Louis François, sous-directeur des contributions indirectes à Vienne, institue pour mon légataire universel, mon cher cousin germain, M. Joseph Salviany propriétaire à Grenoble.

Mais comme je le sais assez riche pour qu’il ne tienne pas au chiffre de la somme que je peux lui laisser, je l’institue mon légataire universel aux conditions suivantes :

Je lègue à perpétuité une rente annuelle 3 ou 5% sur l’état de six cents francs (environ 1200€) à la ville de St-Marcellin, Isère, dans le cimetière de laquelle je désire être enterré, à la condition expresse et sine que non, que cette rente de six cents francs sera remise le 25 août de chaque année, à la jeune fille habitant la ville ou la commune de St-Marcellin qui aura été choisie par ses camarades comme étant la plus digne de ce legs, c’est-à-dire par les jeunes filles habitant la commune depuis un an au moins et ayant de quinze à trente ans d’âge ; la jeune fille désignée entretiendra quelques fleurs sur ma tombe, elle y viendra prier une fois par mois tant qu’elle restera à St-Marcellin et fera dire une messe par an pour le repos de mon âme, à laquelle messe elle assistera.

La désignation de la jeune fille qui devra recevoir la rente précitée de six cents francs, se fera dans le cimetière ou près du cimetière, le 25 août de chaque année, par l’élection à la majorité des voix en présence du maire, du juge de paix, du curé ou de leurs délégués ; si deux jeunes filles réunissaient à peu près le même nombre de voix, le maire pourrait de l’avis du juge de paix et du curé, diviser la rente en deux parts, dont une pour chacune. S’il y avait cabale, ruse ou connivences entre les jeunes filles, le maire pourrait ne donner que deux cents francs à celle qui aurait réuni la majorité des voix coalisées, et quatre cents francs aux deux plus dignes à partager ; vingt ou trente francs (environ 50€) seraient retenus dans tous les cas pour assurer l’entretien des fleurs sur ma tombe par un jardinier ou le gardien du cimetière.

Il est bien entendu que cette élection se fera chaque année, le 25 août, dans le cimetière si c’est possible, et dans le cas contraire à la porte, sur la route. Il ne sera pas nécessaire que la jeune fille élue par ses camarades soit rosière ; l’élection sera libre et la même personne pourra être désignée plusieurs années de suite si ses camarades le décident. Le legs sera remis en entier chaque fois qu’il n’y aura pas eu cabale entre les jeunes filles. S’il y a des frais, ils seront prélevés sur les six cents francs à donner ; je veux parler des frais pour la messe, pour les fleurs, pour les bulletins de vote.

Je lègue en outre, la somme de trois mille francs à la ville de St-Marcellin, Isère, dont j’aime les habitants, à la condition par la dite ville, de capitaliser la somme précitée et les intérêts, pendant six cents ans, sans y rien toucher, mais en prélevant seulement sur les intérêts tous les frais quelconques de gestion et d’impôt. Le maire gérera cette somme et les intérêts, sous le contrôle du conseil municipal et de la justice. A l’expiration des six cents ans, il sera créé à St-Marcellin, avec une partie du legs précité capitalisé, une académie littéraire, agricole et scientifique de cinquante membres hommes et autre académie de cinquante membres femmes ou demoiselles ; les deux académies seront élues pour la première fois par les six académies de Paris ou s’il y avait un empêchement quelconque, par le conseil municipal de St-Marcellin ; et plus tard, au fur et à mesure des décès ou des vacances, l’élection pour le remplacement des décédés se fera entre les membres, à la majorité des voix, le 25 août de chaque année. Chaque membre recevra un traitement annuel de vingt mille francs à la condition de résider au moins pendant six mois chaque année, à St-Marcellin. Les deux académies précitées et les membres du conseil municipal de St-Marcellin décréteront de concert et à la majorité des voix, le 25 ou le 26 août de chaque année, l’emploi des revenus de la somme capitalisée avec les intérêts, pendant dix cents ans.

Je leur recommande expressément de doter les jeunes filles pauvres ; de venir en aide aux pauvres mères mariées ou non mariées ; de favoriser l’instruction de la jeunesse ; de pousser les sujets pauvres qui se feront remarquer dans leurs études ; de leur aplanir les difficultés de la vie ; de faire soigner les malades de la commune avec une constante sollicitude ; de faire le bien enfin et d’alléger, autant que faire se pourra, sans aucune distinction d’origine, ni d’opinion, ni de religion, les diverses infortunes de la commune de St-Marcellin.

A l’expiration de six cents ans à partir de mon décès, ces prescriptions se réaliseront si Dieu le veut ! Jusqu’à cette époque, les sommes provenant des capitalisations successives seront placées soit en rentes sur l’État, soit en obligations des chemins de fer, soit en propriétés par les soins du maire et du conseil municipal de St-Marcellin, avec cette clause formelle que la gestion ou le placement des dites sommes ne sera jamais une charge pour la commune qui prélèvera toujours sur les intérêts tous les frais nécessaires à la gestion.

Mon but, en priant le commune de St-Marcellin d’accepter le legs précité le voici : ayant peu, je veux essayer avec une petite somme capitalisée pendant dix siècles, de faire le plus de bien que je pourrai dans l’avenir. Que sont dix cents ans par rapport aux siècles à venir ? Et dans six siècles, si Dieu le permet, de nombreuses misères ou infortunes pourront être soulagées par mon initiative. Si j’avais des centaines de millions, je les consacrerais immédiatement aux fondations précitées et à toutes sortes d’œuvres philanthropiques. Je voudrais quitter ce monde en jetant du bonheur, une parole d’amour à la terre, à l’humanité et tâcher de faire beaucoup de bien.

Tous les frais de succession seront prélevés sur ce que je laisserai, afin que les legs ci-dessus soient remis en totalité et sans aucune charge à la commune de St-Marcellin, qui, de cette manière étant exonérée de toute entrave onéreuse, ne pourra les refuser, du moins je l’espère et je l’en prie.

Tous mes papiers, lettres, vêtements, hardes, bijoux, meubles, seront données à Madame veuve Navizet qui ne les vendra pas, mais qui brûlera ou conservera ce qu’elle voudra et donnera le reste. Mon cousin Salviany donnera en outre une somme de mille francs à la dite Mme Navizet, sa belle-mère, comme une très faible indemnité des frais que je lui ai occasionnés ou que je lui occasionnerai après mon décès.

Je jouis de toutes mes facultés intellectuelles. Je demande humblement pardon à Dieu de mes fautes en implorant sa divine miséricorde. Je n’ai jamais eu l’intention de faire aucun mal, ni aucune peine à personne ; mais si, contre ma volonté, j’ai blessé quelqu’un ou si je lui ai fait de la peine, je lui en demande pardon de même que je demande pardon à tous ceux qui à tort ou à raison pourraient avoir à se plaindre de moi.

Je désire que l’exécution de ma volonté ci-dessus exprimée se fasse loyalement, mais comme cette exécution pourrait déranger mon très cher cousin Salviany, il lui sera facile, pour éviter cet inconvénient, de donner sa procuration à un notaire ou à un avocat, qui se chargera de tout ce qui l’ennuiera. Je lui désigne notamment pour cela Me Falavel, notaire et MM. Michel et Lalive, avocats à St-Marcellin, qui sont très obligeants.

Mes testaments antérieurs se trouvent annulés par celui-ci.

Vienne le vingt neuf mai mille huit cent soixante quinze.

(Signé) Biesse Louis François,
Sous-direction des contributions indirectes à Vienne.


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