GEORGE SAND
MELCHIOR.

"NOUVELLES : La Marquise -- Lavinia -- Pauline -- Mattea -- Metella -- Melchior / Nouvelle �dition"; Paris ; Michel L�vy fr., Libr. Nouv.; 1869"



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INTRODUCTION



ÉDITIONS

Paru initialement dans la Revue de Paris du 29 juillet 1832, Melchior ne fut publi� � nouveau que dix ans plus tard, dans le keepsake Le Foyer de l'Op�ra. Aussit�t reprise, sans autorisation, par des �diteurs belges, en 1842 et 1843, la nouvelle connut ensuite une nouvelle p�riode d'absence de dix ans pour revenir enfin, en 1853, dans l'�dition des Œuvres illustr�es de George Sand et d�sormais conna�tre une publication r�guli�re.








{Foy7 p.[11]; Mel42 p.[3]; Ill3 p.87-1; L69 p.[319]} I a 2



{RDP p.[269]} Vers la fin de l'ann�e 1789, un pauvre pilote c�tier b nomm� Lockrist disparut, un jour de temp�te, sous les r�cifs de la Bretagne. Il laissa deux fils : Henri, qui {Foy7 12} se maria et v�cut comme il put de la p�che aux c harengs ; et James, qui s'embarqua en qualit� de marmiton sous-cambusier.

Vingt ans apr�s, James Lockrist, apr�s avoir �t� successivement ma�tre coq d d'un grand vaisseau de guerre, cuisinier du gouverneur des Indes, ma�tre {Mel42 4} d'h�tel e de la Chine, et officier de la maison civile du roi de Camboge, s'�tablit � la c�te de Malabar, et se mit � vivre dans l'opulence. Gr�ce aux richesses amass�es au service de tant d'illustres ma�tres, il se construisit une belle habitation dans le go�t europ�en ; apr�s quoi, il �pousa f p;Foy7 13} une riche Anglaise qui lui donna sept enfants.

En devenant m�re du dernier, madame g Jenny Lockrist mourut. Mais le climat br�lant de l'Inde eut bient�t d�vor� sans piti� cette nombreuse post�rit�.

Il h n'en resta qu'une fille, la plus jeune, la plus fluette, la plus impressionnable, et, par cela m�me, la plus i capable de r�sister � cette atmosph�re de feu : faible {L69 320} roseau qui {Ill3 87-2} grandit j souple et fr�le l� o� ses fr�res plus robustes s'�taient dess�ch�s.

{Foy7 14} En perdant un � un les h�ritiers pr�destin�s � son opulence, l'ex-cuisinier du Fils du Ciel k (c'est ainsi qu'on appelle l'empereur de la Chine) se d�tacha presque de ces biens auxquels il semblait condamn� � ne pouvoir associer personne.

{Mel42 5} Il l exp�rimenta combien le luxe a peu de prix pour un homme forc� d'en jouir seul. Sa maison lui sembla moins belle, ses bambous moins �l�gants, son titre de nabab moins glorieux ; en un {RDP 270} mot, cette m nouvelle patrie, la patrie de son argent, qu'il avait aim�e au point d'oublier la France pendant {Foy7 15} quarante ans, lui devint peu � peu odieuse en lui enlevant tout l'espoir de sa vieillesse.

Une n vive fantaisie d'exil�, et plus encore une fervente sollicitude de p�re, lui firent souhaiter de revoir les gr�ves qui l'avaient vu na�tre, et de soustraire son dernier enfant aux mortelles influences qui le mena�aient o.

En cons�quence, James Lockrist r�solut d'enlever sa ch�re Jenny au soleil de l'�quateur avant l'�ge de quinze ans, vers lequel tous ses fr�res avaient p�ri. Il commen�a {Ill3 88-1} � convertir sa {Foy7 16} fortune en argent ; et, comme une aussi vaste entreprise demandait encore au moins une ann�e, il se d�cida � s'enqu�rir de la famille qu'il avait laiss�e en Bretagne, afin de renouer quelque relation avec une contr�e o� il craignait de se trouver isol�.

{Mel42 6} A huit mois de l�, James p re�ut de France une r�ponse � ses informations. On lui apprenait que son fr�re Henri �tait mort depuis environ vingt ans, laissant dans la mis�re une veuve et quatorze enfants.

Mais q le froid et la faim avaient an�anti {Foy 17} la post�rit� de Henri r comme le soleil et le luxe avaient �teint celle de James.

Les s survivants �taient r�duits, en Bretagne comme {L69 321} dans l'Inde, au nombre de deux : la veuve septuag�naire qui vivait indigente aux environs de Brest, et son fils Melchior Lockrist, qui venait d'obtenir une lieutenance dans la marine marchande.

Ce fut le cur� de l'humble village de chaume o� le puissant nabab avait vu le jour qui u se chargea de lui faire parvenir ces renseignements.

{Foy7 18} Ce v fut une lettre aux formes antiques w et paternes, o� per�aient, comme dit Goldsmith, l'orgueil du sacerdoce et l'humilit� de l'homme ; une lettre toute pleine de timides reproches sur le long oubli o� {Mel42 7} James avait laiss� sa famille, d'exhortations communes et maladroites sur la vanit� et le mauvais emploi des richesses, d'efforts x d�licats et chaleureux pour int�resser le nabab � ses pauvres parents.

Il y y eut une p�riode de cette lettre o� M. Lockrist faillit la jeter avec col�re et d�dain, et une autre qui �mut ses entrailles au point d'amener une larme {Foy7 19} dans le sillon form� par une ride sur sa joue s�che et safran�e.

Et v�ritablement il �tait impossible de ne pas se prendre de compassion pour cette pauvre veuve que le cur� montrait si pieuse et si pauvre ; z de bienveillance pour ce jeune homme qui avait en pleurant quitt� sa m�re afin de lui �tre plus utile.

— Melchior aa, disait le bon cur�, est le plus bel homme de la Bretagne, le plus brave marin de l'Oc�an, le meilleur {RDP 280} fils que je connaisse. 3

{Foy7 20} Il ab ajoutait que ce hardi compagnon �tait en mer sur le navire Inkle-et-Yariko ac, fr�t� ad pour l'archipel Indien, et ae il terminait en faisant des vœux pour que, {Mel42 8} dans les hasards de la navigation, l'oncle et le neveu vinssent � se rencontrer.

Une circonstance puissante vint donner une nouvelle {L69 322} ardeur af � l'int�r�t que la lettre du cur� inspira au nabab pour son jeune parent.

Jenny ag, sa ch�re Jenny, son fragile et pr�caire enfant, ressentit les premi�res atteintes du mal qui n'avait �pargn� {Foy7 21} qu'elle, et qui semblait r�clamer sa derni�re victime. La m�decine glissa dans l'oreille paternelle une parole qui e�t fait rougir le chaste front de Jenny. Il fallait la marier sans trop de d�lais. ah 4

Cette ordonnance jeta d'abord M. Lockrist dans de grandes perplexit�s. Outre que sa fille avait encore � attendre six mois ai l'�ge nubile exig� par les lois fran�aises, il �tait difficile de lui trouver un mari qui consent�t � partir aussit�t pour l'Europe, et � s'y fixer avec elle.

{Foy7 22} Il aj savait que de telles conditions sont toujours faciles � �luder apr�s le mariage ; et il ne voyait autour {Mel42 9} de lui aucun homme dont la loyaut� ou le d�sint�ressement lui offrissent de suffisantes garanties.

Enfin ak, pour dernier obstacle, Jenny, �lev�e dans une solitude assez romanesque, montrait un invincible d�go�t pour tous ces hommes si avides de s'enrichir. Elle pr�tendait n'accorder son cœur et sa main qu'� un amant digne d'elle, personnage utopique qu'elle avait rencontr� dans les livres, et qui ne se trouvait nulle part sous un ciel o� l'or {Foy7 23} semble �tre plus pr�cieux aux Europ�ens que la vie.

Alors M. Lockrist pensa naturellement � son neveu, ou plut�t Jenny l'y fit penser. Elle �couta avec �motion la lettre du cur� breton, et, quand elle vit al son p�re touch� du portrait de Melchior, elle se jeta dans ses bras en lui disant :

— Je am suis bien heureuse � pr�sent ; car, si je meurs, tu an {Ill3 88-2} ne seras pas seul sur la terre : mon cousin te restera.

{L69 323} De ce moment, le nabab n'eut pas un {Foy7 24} instant de repos qu'il n'e�t trouv� son cher, son pr�cieux neveu.

{Mel42 10} Il ao �crivit dans toutes les �les, � Ceylan, � Java, � C�ram et � Timor. Il s'enquit dans tous les ports de la presqu'�le : � Barcelor, � Tucurin, � Paliacate, � Sicacola ; et enfin, un jour, un ap beau jour qu'on attendait sans l'esp�rer, le aq gouverneur, qui �tait fort li� avec M. Lockrist et qui lui avait promis de guetter tous les d�barquements, lui �crivit que le lieutenant Melchior Lockrist venait d'aborder avec l'Inkle-et-Yariko dans le port de Calcutta.

Aussit�t ar le nabab {RDP 281} monte dans sa {Foy7 25} liti�re, et, apr�s as avoir confi� Jenny � sa nourrice, court � la rencontre de son neveu.

Melchior �tait un grand et robuste gar�on, taill� sur un beau type armoricain, un vrai fils de la mer et des temp�tes, hardi de cœur, gauche de mani�res, superbe au vent de l'artimon 5, maladroit au r�le d'h�ritier pr�somptif, et ne sachant pas plus parler � une jeune miss qu'� un cheval de guerre.

Quand le gouverneur lui ouvrit les portes de son palais, le traita mieux qu'un capitaine de b�timent, et lui parla {Foy7 26} d'un oncle riche et g�n�reux qui {Mel42 11} l'attendait pour l'adopter, Melchior crut faire un r�ve ; mais l'expression de sa surprise fut mod�r�e par une forte habitude d'insouciance ; et le Ma foi, tant mieux! dont at il accueillit ces nouvelles merveilleuses, r�suma au toute la philosophie pratique d'une existence de marin.

Fid�le aux instructions que M. James lui avait donn�es, le gouverneur laissa compl�tement ignorer � Melchior l'existence de Jenny. Il lui dit seulement que {Foy7 27} son oncle l'accueillait en qualit� de c�libataire, et sous la condition expresse qu'il n'essayerait jamais de se marier sans son consentement.

{L69 324} Cette exigence particuli�re sembla choquer Melchior, et sa figure, jusqu'alors insoucieuse et calme, prit un air de d�fiance et de trouble que le gouverneur ne s'expliqua pas bien.

— Diable ! dit-il en laissant tomber le bec de sa chibouque, quelle �trange id�e est-ce l�? Mon oncle {Mel42 12} voudrait-il se d�barrasser en ma faveur d'une fille {Foy7 28} laide et bossue dont personne n'aurait voulu dans la contr�e ?

Cette conjecture fit sourire le gouverneur.

— Votre av oncle n'a pas de fille bossue, lui dit-il gaiement ; tout au contraire, le c�libatV2 est sa manie pour lui et pour les autres. Vous ferez bien de vous y conformer.

— Soit! r�pondit Melchior en ramassant sa chibouque.

{Foy7 [29]} Deux ax jours apr�s, comme le jeune lieutenant dormait dans son hamac � bord de l'Inkle, il fut r�veill� en sursaut par les embrassements d'un petit homme jaune et maigre, habill� des {Foy7 30} plus riches �toffes de l'Inde taill�es sur les modes fran�aises de 1780.

La ay toilette de M. Dupleix az, gouverneur de l'Inde, {Mel42 14} dont � cette �poque le nabab avait eu l'honneur d'�tre cuisinier, avait servi de type, durant tout le reste de sa vie, � ses id�es sur l'�l�gance parisienne. Aux marges de son habit de damas nacarat ba �tincelait bb une garniture de boutons en diamants d'une largeur exorbitante, {RDP 282} et son gilet, dont les poches tombaient jusqu'aux genoux, �tait brod� de perles fines.

Ce bc digne repr�sentant d'une g�n�ration {Foy7 31} qui s'efface, ce vivant d�bris de la France de madame Du Barry bd, portait encore des bas de soie broch�s en rose, des souliers � boucles, et une �p�e dont la garde �tait mont�e en pierres pr�cieuses. Melchior eut bien de la peine � s'emp�cher de rire en contemplant son oncle dans toute la splendeur de ce costume.

Ils partirent imm�diatement ensemble pour l'habitation {L69 325} du nabab, situ�e � une trentaine de lieues au nord de Calcutta.

L'�l�phant be qui les portait franchit {Foy7 32} cette distance en une seule journ�e.

{Mel42 15} Durant bf la route, M. Lockrist fit � son neveu un si prolixe �loge de ses propri�t�s, il entra dans des d�tails d'affaires si fastidieuses et si monotones, que le jeune marin eut bien de la peine � se tenir �veill� � ses c�t�s. {Ill3 89-1} Mais un tr�sor dont James �tait encore plus vain, c'�tait sa fille Jenny, et ce ne fut pas sans peine qu'il parvint � se taire sur son compte. Ainsi l'avait exig� la jeune Indienne.

Inform�e bg 6 des projets de son p�re, elle voulait que Melchior les ignor�t {Foy7 33} jusqu'au jour o� elle le conna�trait assez pour le juger digne de sa main. Malgr� l'impatiente curiosit� qui lui faisait d�sirer l'arriv�e de son fianc� inconnu, malgr� les r�ves dont sa fra�che imagination po�tisait l'avenir, une instinctive dignit� de jeune femme lui prescrivait d'attendre, pour se promettre, qu'elle f�t bien s�re de vouloir se donner.

Jenny bh s'ennuyait de la solitude ; mais la m�decine, qui n'a que des rem�des syst�matiques, lui administrait le mariage comme elle conseille l'opium, sans tenir compte du discernement {Foy7 34} qu'exige une {Mel42 16} organisation d�licate bi par rapport � l'un, une �me bj fi�re par rapport � l'autre.

La romanesque fille, remettant donc en pratique une feinte dans le go�t de Marivaux (ignorante qu'elle �tait du commun et de l'invraisemblance de la chose), ne parut d'abord aux yeux de son cousin qu'� l'abri d'un petit r�le de gouvernante qu'elle se cr�a quatre jours d'avance, et dont tout homme tant soit peu litt�raire n'e�t pas �t� dupe pendant quatre heures.

Mais bk il se trouva que Melchior ne {Foy7 35} connaissait pas {L69 326} mieux la soci�t� que le th��tre ; qu'il n'�tait pas plus au courant du langage d'une jeune miss abonn�e au Court Magazine et � la Revue du monde fashionable de Londres bl qu'� celui d'une soubrette de com�die. Il ne se douta de rien, s'installa sans fa�on chez son oncle, examina ses riz, ses m�riers, ses foulards et ses cachemires, avec plus de complaisance que d'int�r�t, mangea �norm�ment, but en proportion, fuma les trois quarts {RDP 283} de la journ�e, et, dans ses moments perdus, fit bm sans fa�on la cour � la pr�tendue gouvernante.

{Foy7 36; Mel42 17} Alors Jenny, r�volt�e de tant d'audace, jeta le masque et foudroya le t�m�raire en lui d�clarant qu'elle �tait la fille unique et l�gitime du nabab James Lockrist.

Mais le marin se remit bient�t de sa surprise, et, prenant bn sa main avec plus de cordialit� que de galanterie :

— En ce cas bo, ma belle cousine, je vous demande pardon, lui dit-il ; mais avouez que vous �tes encore plus imprudente que je ne suis coupable. Est-ce pour �prouver mes mœurs que vous m'avez fait subir cette mystification? {Foy7 37} L'�preuve �tait dangereuse, vive Dieu!... bp

— Arr�tez, monsieur bq, dit Jenny profond�ment bless�e du ton et des mani�res de celui qu'elle avait r�v� si parfait. Je comprends tout ce que vous imaginez ; mais je dois me h�ter de vous d�tromper.

— Dieu me punisse si j'imagine quelque chose, interrompit Melchior.

{Mel42 18} — Écoutez-moi, monsieur, reprit Jenny. La volont� ou, si br vous voulez, la fantaisie de mon p�re, est bs de condamner au c�libat tout ce qui l'entoure ; {Foy7 38} moi particuli�rement. C'est dans la crainte que vous ne vinssiez � �branler mon ob�issance qu'il m'a fait passer � vos yeux pour une �trang�re ; mais je pense qu'il est un meilleur moyen de d�tourner les pr�tendus dangers de notre situation respective : c'est de nous d�clarer l'un � l'autre {L69 327} que nous ne nous convenons point, et que jamais nous se serons tentes d'enfreindre la loi qui nous prescrit l'indiff�rence.

Une vive expression de joie brilla sur le visage de Melchior.

Jenny sentit � cet aspect que le sien avait p�li.

{Foy7 39} — S'il en est ainsi, petite cousine, reprit le marin en cherchant encore � s'emparer de la main froide et tremblante de Jenny, faisons mieux : soyons fr�re et sœur. Je jure que je ne veux rien de plus, et que cet arrangement m'�te une grande crainte de l'esprit. Voyez-vous, le mariage ne me convient pas plus que la terre � une bonite ; et je {Mel42 19} m'�tais mis dans la t�te, depuis quelques jours, que mon oncle...

— C'est bon! interrompit encore Jenny en retirant sa main, je vous servirai aupr�s de mon p�re, je t�cherai qu'il vous fasse part de ses biens pendant {Foy7 40} ma vie, et qu'il vous adopte apr�s sa mort bt 7.

{Ill3 89-2} — Oh ! s'il vous pla�t, cousine, entendons-nous, dit Melchior en changeant de ton, comme s'il e�t compris tout ce que cette g�n�rosit� renfermait de douleur et de m�pris.

» Je bu n'ai besoin de rien, moi ; je suis {RDP 284} jeune, robuste ; un peu plus d'or ne me rendrait pas beaucoup plus content de mon sort que je ne le suis.

» Vous bv vous trompez diablement... (pardon, ma cousine), vous vous trompez {Foy7 41} beaucoup si vous croyez que je viens demander l'aum�ne � mon digne oncle, que j'aime de tout mon cœur, malgr� bw sa culotte de satin et ses manchettes de dentelles. Je ne l'ai pas cherch�, moi ; il y a huit jours, je bx ne savais pas seulement qu'il exist�t.

{Mel42 20} » J'arrive by, il me saute au cou, il m'am�ne ici, me montre ses richesses, me demande si je serais bien aise de poss�der tout cela ; � quoi je r�pondis toujours {L69 328} affirmativement par forme de politesse. Aujourd'hui, vous bz m'apprenez que vous �tes sa fille : cela change bien les choses. Il ne me reste qu'� me {Foy7 42} f�liciter d'avoir une si jolie parente, et � remercier mon oncle de ses bont�s pour moi, � rejoindre ca mon poste sur le navire Inkle-et-Yariko, avant que ma personne devienne insupportable.

— Vous semblez douter de notre affection, mon cousin, dit Jenny toute confuse et tout abattue ; c'est une injustice que vous nous faites.

Et, comme cb elle sentait que c'�tait l� un d�no�ment cc bien triste � des projets si riants, elle ne put cacher une larme qui tremblait au bord de sa paupi�re.

{Foy7 43} Melchior reprit courage.

— Cousine cd, dit-il avec sa mani�re brusque et franche, je veux vous prouver que je crois � votre {Mel42 21} amiti� et que j'estime votre cœur. Je vais vous confier un d�sir qui me p�se, mais dont je ne rougis pas. Vous m'aiderez aupr�s de mon oncle, ou plut�t vous vous chargerez de ma demande.

» Voici ce : ma m�re est une bonne femme ; je n'ai qu'elle � aimer dans le monde ; aussi je l'aime. Elle a �lev�, tant qu'elle l'a pu, quatorze enfants, qui tous sont morts sans l'aider. Pour en {Foy7 44} venir l�, il lui a fallu contracter des dettes que dix ans de ma paye cf ne sauraient �teindre. En attendant, ma m�re mourra de faim et de froid.

» Vous cg ne savez pas ce que c'est que le froid, Jenny ; chez nous, c'est ch un mal qui revient tous les ans, et dont les vieillards souffrent particuli�rement. Que mon oncle lui assure six cents livres ci de rente ; ce sera fort peu de chose pour lui, et, pour moi, ce sera cj un immense service...

Jenny tendit cette fois sa main au marin.

{Foy7 45; L69 329} — Allons ck trouver mon p�re ensemble, lui dit-elle ; je me charge de tout.

{Mel42 22} En les voyant arriver d'un air de bonne intelligence, le visage du nabab s'�panouit.

En cl trois mots et d'un air d'autorit� enfantine, Jenny demanda le capital de six mille livres de rente pour cm la m�re de Melchior.

— J'ai dit six cents, objecta le jeune homme.

{RDP 285} — Et moi je dis six mille, reprit Jenny {Foy7 46} en riant. Pour nous, c'est une bagatelle, et croyez bien que mon p�re n'en restera pas l�. Bient�t cn nous serons aupr�s de ma tante ; mais, auparavant, il faut co que le premier navire qui mettra � la voile lui porte cette somme.

— Certainement, certainement, dit M. James, qui, en signant un bon sur une des premi�res maisons de commerce de Nantes, croyait dresser le contrat de mariage de sa fille avec Melchior ; bient�t cp nous serons tous r�unis, et nous ne nous quitterons plus...

— Oh ! pour ma m�re, dit Melchior {Foy7 47} en embrassant {23} avec effusion son oncle, la bonne femme sera trop heureuse de passer le reste de ses jours avec vous... Quant cq � moi... je suis marin!...

— Hein? hein? dit le nabab en levant les yeux avec surprise.

Et, voyant cr l'air constern� de sa fille, il fron�a le sourcil.

— Rappelez-vous, Melchior, dit-il cs d'un ton s�v�re, que je veux �tre ob�i. Auriez-vous donc la fantaisie de former quelque �tablissement contre mon gr�?... ct

— Non pas que je sache, cher oncle, dit Melchior.

{Foy7 48} — Eh bien donc, reprit le nabab, rappelez-vous � quelle {Ill3 90-1} condition je signe cette donation en faveur de votre m�re... vous cu ne vous marierez qu'avec ma permission.

{L69 330} — Oh ! pour cela, mon oncle, dit Melchior en souriant, il m'est facile de vous ob�ir. Recevez ma parole et soyez tranquille. Quant cv � vous, bonne Jenny, dit-il � demi-voix {Mel42 24} en se tournant vers elle, je vous jure de vous aimer comme ma m�re, et jamais autrement.

{Foy7 49} — Il ne comprend pas, dit cw Jenny quand elle fut seule.

Et cx elle fondit en larmes.

Trois jours apr�s, Melchior voulut prendre cong� de son oncle, objectant que sa pr�sence � bord de l'Inkle �tait indispensable.

Le d�part cy de ce navire pour la France �tait fort prochain.

— Va cz, dit le nabab, et retiens pour ma fille et moi les deux meilleures {Foy7 50} chambres du b�timent. Nous partirons tous ensemble.

— Allons, d�cid�ment, pensa Melchior, il ne me sera pas possible de me d�barrasser de la tendresse de mon oncle.

Le 2 mars 1825, l'EM;Inkle-et-Yariko mit � la voile, emportant Melchior et sa famille.



II



Deux mois da de travers�e s'�coul�rent sans apporter de notables changements � la position respective de ces trois personnes.

{Foy7 54} Le peu db d'empressement de Melchior �tonnait profond�ment le nabab. Il affligeait douloureusement {:RDP 286} Jenny, car elle avait beaucoup aim� Melchior avant de le voir ; et, depuis dc qu'elle connaissait sa bravoure et sa franchise, elle dd le regrettait. Elle e�t voulu en {Mel42 28} �tre aim�e. Mais en vain d�ploya-t-elle toutes les ressources de l'adresse f�minine pour lui faire comprendre la v�rit�, Melchior {L69 331} sembla prendre � t�che de l'emp�cher de se r�tracter.

Franc et de affectueux lorsqu'elle le traitait comme son fr�re, il devenait sceptique et moqueur d�s qu'une pens�e {Foy7 55} d'amour se glissait � l'insu de Jenny dans ses paroles. Cette sorte de r�sistance, qui intervertissait compl�tement l'ordre des r�les, enflamma l'int�r�t et la curiosit� de la jeune fille ; elle lui fit une vie de souffrance, de douleur et d'anxi�t�. Elle alluma dans son cœur une de ces passions romanesques si pleines d'�nergie et de dur�e 8, quelque fragiles qu'en soient les �l�ments.

Elle avait compt� d'abord sur les rapprochements forc�s de la vie maritime ; elle ignorait que l�, plus qu'ailleurs, Melchior df pouvait �chapper � ses {Foy7 56} innocentes s�ductions et se distraire aux chastes dangers du t�te-�-t�te.

Cependant dg le gros temps ayant confin� pendant quinze jours les passagers dans les dunettes dh 9, et clou� p;Mel42 29} les officiers � la manœuvre, elle esp�ra encore, se disant que Melchior ne la fuyait pas, qu'il �tait seulement emp�ch� de la voir, et que le beau temps le ram�nerait peut-�tre aupr�s d'elle.

Les rayons matineux d'un beau soleil et le splendide aspect des montagnes {Foy7 56} d'Afrique attir�rent un jour la jeune Indienne sur le pont, avant que l'�quipage f�t �veill�, et lorsque Melchior achevait sa station de quart le long de la grande voile.

La rouge clart� di du levant dj embrasait les flots, que dk le voisinage des bas-fonds dl avait fait passer du bleu de cobalt au vert �meraude.

La montagne dm de la Table avec sa blanche nappe de nu�es, les pics du Tigre et les mornes de la c�te Nathol se teignaient de reflets dn d'un rose argent�. Une d�licieuse odeur d'herbages venait {Foy7 58} � plus de quatre lieues en mer parfumer les brises fol�tres qui se jouaient dans la plissure des voiles.

{L69 332} Des troupes do de pingouins et de damiers bondissaient dans l'�cume que soulevait la proue du {Mel42 30} navire ; et le bel oiseau appel� manche de velours semblait � peine porter sur les flots, moins souples dp, moins �lastiques que lui.

Jenny s'assit sur un banc sans para�tre remarquer son cousin.

{Ill3 90-2} Il dq la vit bien passer, mais il ne l'aborda point, pour deux raisons : la {Foy7 59} premi�re fut un sentiment de discr�tion respectueuse ; la seconde fut l'envie d'achever son cigare dr, dont Jenny n'aimait point la fum�e.

{RDP 287} Cependant, lorsqu'il ds vit l'attitude bris�e de cette triste jeune fille, un mouvement de bonhomie lui fit jeter le reste de son maryland, et il s'approcha d'elle avec autant de douceur qu'il en put mettre dans sa d�marche et dans sa voix.

— A quoi donc pensez-vous, miss Jenny? lui dit-il en s'asseyant sur le banc aupr�s d'elle.

{Foy7 60} — Je me demande o� vont ces flots, r�pondit-elle en lui montrant les remous que fendait la coque du {Mel42 31} navire ; je dt me demande o� va la vie. Peut-�tre faudrait-il, pour �tre heureux, courir du comme ces vagues et ne s'attacher nulle part. C'est ainsi que vous faites, Melchior ; vous n'aimez que la mer, n'est-il pas vrai? vous pensez que la terre n'est pas la patrie des �mes fortes.

— Ma foi, je ne sais pas quelle est la destination de l'homme, dit Melchior : je dv ne m'en inqui�te pas plus que de ce que devient la fum�e de ma pipe quand je la jette au vent qui l'emporte ; j'aime {Foy7 61} la terre, j'aime la mer, j'aime tout ce qui passe � travers ma vie.

» Quand dw je suis ici, je ne sais rien de plus beau qu'un navire bien gr��, qui a le vent dans toutes ses voiles, et dont la banderole dx voltige au milieu d'un bataillon de p�trelles.

» Mais, quand dy je suis l�-bas, j'aime � regarder une {L69 333} belle maison dont toutes les fen�tres, dont tous les balcons sont pavois�s de jolies femmes.

» Le ciel dz est beau sur l'Oc�an ea; il est beau la nuit {Mel42 32} sur les savanes ; il est beau {Foy7 62} encore le matin derri�re les nuages gris de ma patrie.

» Que sais-je eb, moi, si l'homme est fait pour voyager ou pour rester ? Dites-moi lequel est plus heureux de l'oiseau ou du poisson? ec Je ne suis pas de ceux � qui il faut peser l'air et choisir le biscuit.

» O� je suis, je sais ed vivre ; o� le vent me porte, je ee m'acclimate et me mets � fleurir, en attendant qu'un vent contraire me pousse � l'autre rive du monde, comme ces algues que vous voyez passer l� dans notre sillage, et {Foy7 63} qui s'en vont achever sur les c�tes d'Am�rique leur floraison commenc�e aux gr�ves de l'Asie.

— Aucun lieu du monde ne vous a donc laiss� de regrets ? dit lentement Jenny ef.

— Aucun, dit Melchior, si ce n'est celui o� tous les ans je laisse ma m�re. Apr�s elle, et apr�s vous, Jenny, je n'aime personne eg beaucoup plus qu'un bon cigare. Je n'ai connu aucun homme assez longtemps eh pour �changer du bonheur avec lui. Notre {Mel42 33} amiti� n'�tait jamais qu'un jour vol� en passant aux {Foy7 64} dangers de la mer et aux chances de la destin�e. Le lendemain devait nous s�parer, et c'e�t �t� faiblesse que de nous appr�ter des regrets.

{RDP 288} — Vous avez raison, dit tristement Jenny, le bonheur est dans l'absence des affections.

— Pour moi, c'est ma r�gle, reprit Melchior. J'ai vu dans le Zuyderz�e de braves bourgeois qui �levaient leurs enfants et qui travaillaient pour leurs petits-enfants. Moi, je suis marin. L'hirondelle niche o� elle peut, et la mouette n'a pas de patrie.

{Foy7 65} — Vous ei n'avez donc jamais aim�? dit Jenny avec na�vet�.

{L69 334} Puis ej, rougissant de sa curiosit�, elle reprit :

— Pardonnez, mon cousin ; mes questions sont indiscr�tes, mais ek l'impossibilit� o� nous sommes de nous marier ne rend-elle pas notre confiance exempte de tout danger ?

{Mel42 34} Melchior trouva cette s�curit� bien na�ve ; mais elle ne lui �ta rien de son respect pour Jenny.

— A votre aise, dit-il. Je vous dirai {Foy7 66} la v�rit�. J'ai aim� tr�s-souvent, mais � ma mani�re, et nullement � la v�tre. Une fois, l'on el a voulu me faire croire que j'�tais �pris s�rieusement... Mais, que Satan me chavire si je mens ! jamais je ne l'avais �t� moins.

— Contez-moi cela, dit la p�le jeune fille, qui em �coutait avec anxi�t� toutes les paroles de Melchior.

{Ill3 91-1} — Pardon! Jenny, r�pondit-il ; restons-en l� en. Il y a des souvenirs d�plaisants pour moi dans cette histoire.

— C'est moi qui vous demande pardon, {Foy7 67} reprit Jenny avec douceur. J'ai peut-�tre r�veill� quelque reproche assoupi dans votre conscience ?

— Non, sur mon honneur, Jenny. J'�tais bien jeune alors, et sans exp�rience eo. Je fus tromp�. C'est une histoire qui n'a que ces trois mots.

{Mel42 35} — Je voulais dire que c'�tait un regret, peut-�tre ep...

— Pas davantage. Comment aurais-je regrett� une m�chante et menteuse femme, moi qui ai quitt� sans humeur les ananas de Saint-Domingue pour le {Foy7 68} poisson sec des Esquimaux? Le monde est grand, la mer est libre, la vie est longue. Il y a de l'air pour tous les hommes, des femmes pour tous les go�ts... J'ai sombr� ce malheur-l� dans ma m�moire, et, depuis, je eq me suis fait une morale � moi : c'est de ne jamais aimer une femme plus de quinze jours. Ensuite, je l�ve l'ancre, et er le vent du d�part souffle sur mon amour.

— Ainsi, dit Jenny, c'est par ressentiment contre les {L69 336} femmes que vous les vouez toutes au m�pris et � l'indiff�rence ?

— Point, r�pondit le marin, je ne les {Foy7 69} juge pas. Je fais mieux, je les aime toutes, sauf pourtant les vieilles et les laides.

{289} Jenny fut saisie d'un sentiment de d�go�t, et elle se leva pour s'en aller.

{Mel42 36} Melchior es reprit, sans para�tre s'en apercevoir :

— Si j'ose vous dire cela, Jenny, c'est parce que vous n'�tes point une femme pour moi, et que jamais la pens�e ne m'est venue...

— Je vais rejoindre mon p�re, qui doit �tre �veill�, r�pondit-elle.

{Foy7 70} Et eu Jenny alla s'enfermer dans sa cabine pour y pleurer encore.

Apr�s ev quelques jours de d�couragement, elle revint � se dire que Melchior pouvait �tre capable d'aimer une femme digne de lui ; et elle se demanda humblement si elle �tait cette femme. {Foy7 72} Elle ignorait, l'innocente Jenny, quelle immense sup�riorit� la distinguait de toutes celles que Melchior avait pu rencontrer.

Son ew cœur �tait si candide, si modeste, qu'il {Mel42 38} s'accusait sans cesse du peu de succ�s de ses tentatives. Elle se blasph�mait elle-m�me en reprochant � la nature les formes sveltes et nobles, la beaut� toute chaste, tout anglaise, que sa m�re lui avait transmises.

Elle ex maudissait ce coloris septentrional que le soleil de l'Inde et le h�le des brises maritimes ne pouvaient ternir, {Foy7 73} cette ceinture d�licate qu'une G�orgienne e�t regard�e avec d�dain, et jusqu'� ces blanches mains qu'une Indoue e�t peintes ey en rouge. Elle n'avait point habit� la contr�e o� elle devait �tre belle, et s'imaginait ne pas l'�tre pour Melchior.

Elle craignait aussi de manquer d'esprit ; elle oubliait {L69 336} que l'habitude de lire et de m�diter lui avait ouvert un cercle d'id�es plus �lev�es que celles de cet homme nativement bon et brave, mais auquel il manquait de savoir la raison de ses qualit�s. Elle le voyait au travers de son ancien enthousiasme pour la {Foy7 74} chim�re de l'avenir, et ez le pla�ait bien haut pour s'�pargner un m�compte.

Enfin fa elle se reprochait comme autant de d�fauts {Mel42 39} toutes les qualit�s que Melchior n'avait pas, ne devinant m�me pas que l'amour qu'elle �prouvait et celui qu'il n'�prouvait pas faisaient fb d'elle une femme compl�te et de lui un homme incomplet.

Tandis qu'elle souffrait de l'alternative d'espoir et de d�couragement o� la jetait chacun de ces entretiens fc avec Melchior, tandis qu'incertaine et d�chir�e elle luttait tant�t contre {Foy7 75} l'indiff�rence de son amant, tant�t contre son propre amour, James Lockrist, dont l'intelligence de nabab se refusait � saisir toutes les subtilit�s de l'amour chez une jeune fille, lui faisait subir une sorte de pers�cution pour qu'elle e�t � se prononcer.

Son fd r�le � lui devenait de plus en plus difficile dans tous ces myst�res de cœur, auxquels il n'entendait rien. Il avait vu d'abord cette intimit� avec plaisir ; mais, lorsqu'au bout fe de trois mois il voulut en savoir le r�sultat, {RDP 290, Ill3 91-2} il fut �trangement surpris du ton de {Foy7 76} n�gligence m�lancolique avec lequel Jenny lui r�pondit :

— Je ff ne sais pas.

{Mel42 42 40} L'�quipage �tait alors en vue des c�tes de Guin�e.

Apr�s fg de longues et vaines discussions, le nabab crut comprendre que Melchior �tait compl�tement dupe du pu�ril artifice invent� pour l'�prouver. James Lockrist n'alla point jusqu'� soup�onner que le cœur de son neveu p�t �tre enti�rement vide d'amour et d'ambition.

Mais Jenny, voyant son p�re d�termin� � instruire {L69 337} Melchior de ses {Foy7 77} v�ritables intentions, prit un parti extr�me.

Sa fh fiert� de femme se r�volta de penser qu'on offrirait sa main � un homme si peu d�sireux d'obtenir son cœur. Elle e�t mieux aim� la mort qu'un refus de sa part ; car � toute son humiliation venaient se joindre les douleurs d'un amour malheureux.

Pr�f�rant fi le d�sespoir � la honte d'esp�rer peut-�tre en vain, elle d�clara formellement � son p�re qu'elle estimait beaucoup Melchior, mais qu'elle ne l'aimait point assez pour en faire son �poux.

{Foy7 78; Mel42 41} Cette �trange conclusion � trois mois d'incertitude chagrina fj d'abord vivement le nabab ; et puis il se consola en pensant que l'h�riti�re de plusieurs millions ne serait pas longtemps au d�pourvu ; il s'applaudit m�me de n'avoir pas compromis la dignit� de son argent en faisant d'inutiles ouvertures � son neveu, et laissa Jenny fk compl�tement ma�tresse de l'avenir et du pr�sent.

Mais, malgr� fl toutes ces volont�s contradictoires, la fatalit� faisait concourir toutes choses � la formation de son œuvre in�vitable. 10

{Foy7 79} Melchior fm donnait aveugl�ment dans une ruse qu'on ne prenait presque plus la peine de lui voiler. Jamais il ne se f�t avis� de deviner qu'� lui, pauvre marin sans �ducation et sans fortune, on e�t song� � offrir la plus riche et la plus jolie h�riti�re des deux presqu'�les.

Ces fn sortes de perceptions audacieuses ne viennent qu'aux �mes dou�es d'assez d'amour ou de cupidit� pour entreprendre de les r�aliser.

{Mel42 42} Il alla m�me jusqu'� se persuader que Jenny �tait triste � cause d'un {Foy7 80} amour contrari� dans l'Inde par la volont� de son p�re. Il se d�fia tant d'elle, qu'il fo ne songea point � se d�fier de lui, et il crut que son cœur devait toujours dormir calme � l'abri de sa m�diocre destin�e.

{L69 338} Comment fp e�t-il pr�vu l'avenir, lui qui ne se connaissait pas, et qui n'avait jamais �t� surpris par les passions ?

Alors il se fit une �trange et soudaine r�volution dans ce jeune homme ; il continua de nier l'amour pour son propre compte, mais il se prit � {RDP 291} croire ce sentiment possible chez les autres ; il se {kFoy7 81} dit qu'une femme comme Jenny �tait digne de l'inspirer, et il s'estima beaucoup moins qu'il ne l'avait fait jusqu'alors ; car il se convainquit par la comparaison qu'il �tait beaucoup au-dessous d'elle.

Peut-�tre que la conscience de la nullit� est le premier pas vers un noble essor. Les sots ne l'ont jamais.

{Mel42 43} L'ignorance fq peut se passer longtemps de modestie ; mais, si fr elle vient un jour � rougir d'elle-m�me, elle n'est d�j� plus l'ignorance.

{Foy7 82} Melchior n'eut pas plus t�t plac� Jenny � son v�ritable point de vue par rapport � lui, qu'il fs devint moins indigne d'elle ; mais les �motions toutes nouvelles qui s'�veill�rent en lui d�s lors troubl�rent ft sa conscience pour des motifs dont elle seule avait le secret.

Il r�solut d'�viter la pr�sence de sa cousine ; il se croyait tr�s-fort parce qu'il n'avait jamais fait l'exp�rience de sa force en de semblables combats ; mais c'�tait une entreprise plus difficile qu'il ne se l'�tait imagin� fu. A son insu, le mal fv avait envahi bien du terrain.

Un fw jour, il fx fit un effort h�ro�que : ce fut de se vanter encore � Jenny de son m�pris pour ce qu'elle appelait l'amour ; mais, au moment fy o� il �non�ait ce sentiment, un sentiment contraire se r�v�lait si hautement fz � son �me, qu'il s'�loigna brusquement, et, se livrant ga � un ordre de r�flexions qu'il n'avait jamais faites, il fut {Ill3 92-1} �pouvant� de sentir en lui deux volont�s oppos�es, deux {L69 339} besoins absolument contraires ; il s'�veilla comme {Foy7 84} d'un profond sommeil, {Mel42 46} et se demanda comment il avait v�cu vingt-cinq ans sans savoir des choses si positives et si simples.

Bien rarement nous arrivons � la force de l'�ge sans avoir abus� de notre premi�re �nergie, �mouss� nos passions, gaspill� cette sensibilit� virginale si pr�cieuse et si fragile. L'�ducation d�veloppe en nous, d�s les jours de l'adolescence, une ardente curiosit� et souvent m�me de faux besoins du cœur.

Dans gb une litt�rature dont le but semble �tre de po�tiser le d�sir et d'aiguiser l'amour, nos imaginations pr�coces {Foy7 85} ont puis�, beaucoup trop peut-�tre, le r�ve des grandes affections.

Il gc en est r�sult� qu'en demandant � la vie ses joies inconnues, nous n'avons jou� sur la sc�ne r�elle qu'une parodie am�re ; nous n'avons recueilli que honte et douleur l� o� nous arrivions pleins de s�ve, guid�s en m�me temps qu'abus�s par les traditions des temps po�tiques, des amours perdus. Nous avons pitoyablement d�pens� nos aveugles richesses ; nous avons donn� de notre cœur � pleines mains et � tout le monde. Aussi nous sommes {RDP 292} d�sabus�s avant {Mel42 47} d'atteindre � nos plus belles ann�es. La nature n'a pas encore donn� {Foy7 86} le compl�ment � nos facult�s, que l'exp�rience nous les a �teintes.

Nos gd anciennes chim�res vinssent-elles � se r�aliser, notre �me ne pourrait plus les accueillir ; ces fleurs trop fr�les se fl�triraient en tombant sur un sol amaigri.

Le ge m�me jour qui nous fait hommes nous fait vieillards, ou plut�t il n'y a pas d'heure interm�diaire entre l'enfance et la caducit� : tel est l'ouvrage de la civilisation. 11

Mais le jeune Lockrist, �lev� loin du {Foy7 87} monde et des {L69 340} arts, p�tri d�s l'enfance pour une vie dure et frugale, n'avait jamais bu � ces sources empoisonn�es. Il �tait dans la soci�t� comme une pi�ce de monnaie toute neuve dans la circulation, alors que le frottement n'a point encore us� son empreinte.

S'il gf n'avait eu que peu d'id�es jusque-l�, du moins n'en avait-il jamais eu de fausses ; il ne poss�dait ni le savoir, ni l'erreur, qui tient gg de si pr�s {Mel42 48} au savoir. L'amour, r�duit dans ses perceptions au plaisir d'un jour, n'avait pas br�l� son sang, fatigu� son cerveau, amorti sa force intellectuelle.

{Foy7 88} Ce gh hardi marin, si rude d'�corce, si prosa�que de langage et de mani�res, ce brut m�tal coul� dans un moule vulgaire renfermait pourtant des tr�sors d'amour et de po�sie qui n'attendaient qu'un rayon de lumi�re pour �clore.

Combien gi de semblables hommes n'avons-nous pas rencontr�s ! Combien semblaient inf�conds, qui ont produit de grandes choses ! Combien promettaient de hautes destin�es, qui sont demeur�s st�riles ! Si celui-l� ne f�t n� pr�s d'un tr�ne, il n'e�t �t� propre qu'aux derni�res fonctions de la soci�t� ; si gj cet autre e�t appris � lire, il e�t �t� Cromwell.

Aussi, quand gk le v�ritable amour envahit le cœur de Melchior, ce fut une irruption si large et si violente, qu'il gl emporta en un instant le pass� comme un r�ve. Il trouva des aliments intacts qu'il d�vora comme un incendie, et, chez gm ce marin grossier, ignorant et libertin, il se d�veloppa certes plus intense {Mel42 49} et plus dramatique que dans le cerveau d'un po�te gn dandy de nos salons.

Le go progr�s fut si effrayant et si rapide, que Melchior gp n'eut pas le temps de {Foy7 90} se reconna�tre. Tout ce qui avait rempli son existence pass�e s'effa�a comme un nuage � {L69 341} l'horizon. Le vin, le jeu, le tabac, les seuls plaisirs du marin, lui inspir�rent du d�go�t ; la flamme du punch ne l'�gaya plus ; les propos grossiers choqu�rent son oreille.

Dans les chants de l'orgie, il gq apparaissait sombre et irrit�, craignant toujours qu'on ne troubl�t le repos de Jenny, et, quand gr ses compagnons, devinant � demi son mal, os�rent le railler, ils rencontr�rent la menace sur ses l�vres et {RDP 293} la vengeance dans gs son regard. Le premier qui e�t prononc� alors le nom {Foy7 91} de Jenny f�t tomb� sous {Ill3 92-2} le couteau que gt Melchior pressait dans sa main tremblante.

Il n'y a pas � bord de secret longtemps gard� ; Jenny entendit bient�t faire la remarque du changement qui s'op�rait dans le caract�re de son cousin.

{Mel42 50} La gu femme du monde la plus simple ne manque jamais de perspicacit� lorsqu'il s'agit du principal, du seul int�r�t de sa vie. Melchior croyait encore son secret cach� bien avant dans son cœur, que Jenny l'avait d�couvert.

{Foy7 92} Alors le bonheur embellit Jenny de tout l'�clat du triomphe ; la na�ve enfant ne sentit pas plus t�t sa puissance, qu'elle gv en usa en reine de quinze ans ; elle devint fol�tre, maligne, coquette avec candeur, cruelle avec tendresse. Ce fut le dernier coup.

Melchior gw ne chercha plus � lutter contre son propre cœur ; il accepta les maux et les biens de cette existence nouvelle, et ne voulut r�sister qu'autant qu'il le fallait pour n'�tre pas coupable.

Mais, si gx cette r�sistance e�t �t� {Foy7 93} difficile dans une circonstance ordinaire de la vie, elle devenait pour ainsi dire surhumaine l� o� �tait Melchior.

Jet� au milieu de l'immense Oc�an, dans une petite soci�t� d'exception, o� la n�cessit� est dieu, le {Mel42 51} navigateur {L69 342} ne saurait plier sa conviction aux m�mes volont�s qui r�gissent les continents.

La gz mer est une contr�e de refuge ; elle a ses immuables franchises, ses droits d'asile, ses solennels pardons. L� meurt l'empire des lois, si le faible parvient � devenir fort ; l�, l'esclavage peut ha se rire du joug bris� et hb demander {Foy7 94} aux �l�ments protection contre les hommes.

Pour hc celui qui, comme Melchior, ne peut plus �tablir son bonheur dans la soci�t�, c'est une redoulable tentation que six mois arrach�s sur les flots � l'inflexibilit� des lois humaines.



III



H�las ! hd c'est quelquefois un r�ve bien bizarre qu'une travers�e maritime ! L�, tout he se confond, tout s'oublie ; l� deviennent possibles les intimit�s proscrites sur le sol habit�.

{Foy7 98} Il hf ne faut pas croire qu'il n'y ait d'�trange dans cette vie que le nom barbare des planches et des cordes, les mœurs brutales ou les sonores jurements des matelots ; la litt�rature nautique a fauss� sa {Mel42 56} vocation et m�connu sa richesse, quand elle s'est born�e � ces st�riles d�tails statistiques 12 ; elle ne nous a pas assez dit l'influence de la situation sur le cœur humain, lorsqu'il se trouve ainsi pouss� en dehors de la vie commune, et que son existence sociale est, pour ainsi dire, suspendue.

Une hg semblable transition dans ses {Foy7 99} mœurs peut le bouleverser et lui ouvrir une carri�re d'esp�rances chim�riques. Songe heureux berc� {RDP 294} par les flots hospitaliers, mais que la moindre secousse d'un atterrissement hh doit faire �vanouir !

{L69 343} Melchior se laissa emporter plus d'une fois � ces d�cevantes pens�es. Il se demanda, dans sa philosophie sauvage et naturelle, si l'homme n'�tait pas le plus d�plorablement organis� des animaux, puisqu'il avait la pr�voyance, et s'il ne r�pondrait pas mieux au vœu de la cr�ation en jouissant d'un beau jour qu'en le troublant {100} par le remords de la veille ou l'appr�hension du lendemain.

C'�taient hi l� de bien hautes et t�m�raires pens�es pour Melchior, mais elles viennent ainsi plus {Mel42 57} souvent qu'on ne pense aux esprits droits et simples.

Chaque nuit, il eut hj des heures de d�lire o� il jura d'oublier toutes ces conventions int�ress�es, dont le sentiment s'appelle une conscience ; il tordit ses mains avec rage, et demanda au ciel, parmi les g�missements de la vague et les plaintes du vent dans les cordages, pourquoi, ainsi qu'aux autres hommes, {Foy7 101} il ne lui avait pas laiss� sa part d'avenir.

Quelle hk �tait donc la cause des insomnies d�sesp�r�es de ce jeune homme ? Pourquoi ne devinait-il pas que le {Ill3 93-1} bonheur �tait sous sa main ? Que ne l'acceptait-il avec transport au lieu de le fuir avec terreur ?

C'est hl qu'un horrible secret dormait dans ses entrailles ; c'est que son amour ne pouvait plus apporter � Jenny que la honte et le d�shonneur ; c'est que Melchior �tait mari�.

A peine hm �g� de vingt ans, il revenait {Foy7 102} vers sa patrie muni d'une assez forte somme de butin faite {Mel42 58} sur un pirate d'Alger, lorsqu'il s'arr�ta en Sicile, et se fit honneur d'une partie de sa richesse avec la T�r�sine. Il r�servait le reste � sa m�re.

La T�r�sine �tait une fille adroite, intrigante, et sachant jouer la vertu au d�sespoir avec assez d'intelligence.

{L69 344} Au hn moment o� Melchior voulut s'�loigner, elle d�ploya tous ses talents dramatiques avec un tel succ�s (elle �tait pr�cis�ment dans un jour d'inspiration), que ho le cr�dule et na�f jeune {Foy7 103} homme crut avoir abus� de son innocence. Il l'�pousa.

Un hp fr�re de la T�r�sine, huissier avide et retors, veilla � ce que le mariage ne manqu�t d'aucune des formalit�s qui pouvait le rendre indissoluble. Il n'est besoin de dire que le contrat assurait � madame Melchior le reste de la part de pillage �chue � Melchior sur le corsaire.

Le hq lendemain de la c�r�monie, il hr surprit une irr�cusable preuve de l'infid�lit� de sa femme ; il partit les mains vides et le cœur libre, mais il n'en resta {Foy7 104; Mel42 59} pas moins irr�vocablement li� � cette femme oubli�e, dont il fallut bien se ressouvenir aupr�s de Jenny. C'�tait l� le motif de sa facile soumission, de sa grossi�re froideur. Il avait cru pouvoir sans danger et sans crime transiger {RDP 295} mentalement avec la fantaisie de son oncle. Pour assurer l'existence de sa m�re, il hs �tait descendu sans remords � cette feinte, et, maintenant encore, il ht croyait n'avoir compromis que son propre bonheur, jou� que son propre avenir.

Il y avait des jours cependant o� il croyait sentir la main de Jenny br�ler {Foy7 105} et trembler dans la sienne, des jours o� son humide regard lui semblait trahir d'ineffables r�v�lations. Et puis il rougissait de son orgueil ; il avait honte de se trouver fat, et il retombait plus avant dans l'inou�e souffrance qui le d�vorait.

D�s qu'il revenait au sentiment du devoir, la douleur abreuvait son �me ; il demandait compte � Dieu avec d'amers sanglots de sa portion d'existence, si fatalement perdue. Avait-il r�ussi � engourdir ses remords, il s'�veillait en sursaut au bord d'un ab�me, et priait le ciel de le pr�server.

{Foy7 104; Mel42 60; L69 345} Six mois plus t�t peut-�tre, il e�t consenti � tromper une femme qui se f�t offerte � son grossier amour ; car, s'il hu avait �t� honn�te homme jusque-l�, c'�tait par instinct, peut-�tre par hasard.

En hv lui avait bien toujours r�sid� je ne sais quelle loyaut� inn�e, germe de grandeur longtemps inculte ; mais, aujourd'hui hw, l'image de Jenny radieuse et pure venait, comme une r�v�lation d'en haut, �clairer le n�ant de ses pens�es.

Avant elle, il hx avait eu des sensations : {Foy7 107} elle hy lui apportait des id�es ; elle trouvait des noms � toutes ses facult�s, un sens � des noms qui n'�taient pour lui jusque-l� que des mots ; elle �tait le livre o� il apprenait la vie, le miroir o� il d�couvrait son �me.

Un soir, Jenny hz lui parut plus dangereuse que de coutume ; elle avait parl� secr�tement � son p�re ; {Mel42 61} elle lui avait {Foy7 108} avou� que Melchior commen�ait � lui sembler plus digne d'elle. Le nabab s'en �tait r�joui.

Jenny ia croyait tenir le bonheur dans sa main ; elle b�nissait la destin�e qui s'ouvrait si large et si facile devant elle. La seule chose qu'elle e�t regard�e comme incertaine, l'amour de Melchior lui ib �tait assur�. Le manque d'espoir le retenait encore, mais il n'y avait qu'un mot � dire pour le combler de joie.

Jenny ic s'amusait comme une enfant de l'impatience qu'elle lui supposait ; elle jouait encore avec ses tourments ; elle {Foy7 109} �tait si s�re de les faire cesser ! Elle tenait son aveu en suspens comme un tr�sor dont elle �tait {Ill3 93-2} orgueilleuse, et se plaisait � le faire briller aux yeux de l'infortun� qui ne devait jamais s'en r�jouir.

Melchior, tout �perdu id, tout palpitant sous le feu de ses regards, d�sireux de comprendre ce muet langage, �pouvant� lorsqu'il croyait l'avoir {RDP 296} compris, fut, pendant le souper ie, en proie � une violente {Mel42 62} irritation f�brile. Le {L69 346} repas se prolongea plus que de coutume. On fit du punch et du gloria. Jenny prit du th�.

{Foy7 110} Melchior if restait encha�n� sur le divan aupr�s d'elle ; la lampe suspendue � la vo�te n'�clairait plus que faiblement l'int�rieur de la salle 13. Dans cette lueur vague, Jenny ig apparaissait comme une cr�ation si fine et si suave, que Melchior se figura �tre sous l'empire d'un de ces r�ves qui le d�voraient dans l'ardeur des nuits, alors que Jenny surgissait devant lui, fugitive ih et d�cevante comme ses esp�rances ; il prit sa main avec un mouvement de fureur, et, prot�g� par l'ombre qui s'�paississait autour d'eux, il y imprima non pas ii ses l�vres, mais ses dents. Ce fut une caresse cruelle et terrible comme son amour.

{Foy7 111} Jenny ij �touffa un cri et se tourna vers lui d'un air de reproche ; une larme de souffrance coulait sur sa joue ; mais, dans l'incertitude de la lumi�re, Melchior crut voir dans son œil humide une expression de pardon et de tendresse si passionn�e, qu'il ik faillit tomber � ses pieds.

{Mel42 63} Alors, faisant il un effort sur lui-m�me, il s'�lan�a dans l'escalier de l'�coutille sous le pr�texte d'aller demander de la lumi�re ; il courut sur le pont, enjamba les bastingages et se jeta sur un porte-haubans.

Ces im banquettes, adoss�es ext�rieurement {Foy7 112} � la coque du navire, sont des si�ges fort agr�ables pour r�ver ou pour dormir lorsqu'on est sous le vent 14, qu'un air vif et pur dilate vos poumons et que, dans une belle nuit d'�t�, l'�cume in vient mollement vous baiser les pieds.

La journ�e avait �t� sombre ; le ciel �tait encore parsem� de nuages longs, �troits, d�chir�s, lorsque la lune commen�a � sortir de la mer. Son disque �tait rouge comme le fer dans la fournaise ; un des bords plongeait io encore dans les flots noir�tres, l'autre s'enfon�ait {Foy7 113} sous un bandeau d'un bleu sombre qui ceignait l'horizon.

{L69 347} On ip e�t dit un soleil � demi �teint se levant pour la derni�re fois sur un monde pr�t � rentrer dans le chaos. Cette lune mate et sanglante avait quelque {Mel42 64} chose d'effrayant pour une �me remplie d'amour et, par cons�quent, de superstitions iq.

Melchior pensa � Dieu. Il ne se demanda plus s'il existait ; il en avait trop besoin pour en douter ; il le conjura de le prot�ger, de sauver Jenny...

Un ir l�ger bruit lui fit lever la t�te ; en {Foy7 114} se retournant, il vit au-dessus de lui comme une ombre diaphane qui semblait voltiger sur la rampe du navire ; c'�tait Jenny qui se hasardait, imprudente et fol�tre, � rejoindre son fugitif. Le vent faisait claqueter sa robe blanche et collait autour de ses jambes fines et rondes les larges plis de son pantalon.

{RDP 297} — Allez-vous-en, Jenny, cria Melchior avec un ton d'autorit�. Vous allez tomber � la mer, vous is �tes une folle !...

— Si vous me croyez si maladroite, r�pondit-elle, donnez-moi la main.

{Foy7 115} — Je ne vous la donnerai point, reprit-il avec {Mel42 65} humeur ; les femmes ne viennent point ici ; c'est contre ma consigne 15.

— Vous mentez, Melchior !

— Un coup de vent peut vous jeter � la mer.

— Et si j'y tombais, ne sauriez-vous pas me sauver ?

Et, se laissant it mollement bercer par toutes les ondulations que la houle imprimait au navire, Jenny, soit par {Foy7 116} coquetterie, soit pour se divertir de l'effroi de Melchior, restait l� comme une jeune mouette perch�e dans les cordages.

— Je ne vous sauverais peut-�tre pas, Jenny ; mais, � coup s�r, je p�rirais avec vous !

— Puisque iu c'est pour vous-m�me que vous tremblez, je vais faire cesser votre anxi�t�.

{L69 348} En iv parlant ainsi, elle s'�lan�a comme une blanche levrette, et tomba sur ses pieds, � c�t� de Melchior ; {Mel42 66; Ill3 94-1} mais il ouvrit ses bras, et le contre-coup y fit tomber la jeune fille.

{Foy7 117} En sentant ce beau corps frissonner sur sa poitrine, en respirant cette mousseline de l'Inde, tout impr�gn�e d'un chaste parfum de jeune fille, tandis que le vent lui jetait au visage les blonds cheveux de Jenny, Melchior sentit aussi s'�vanouir sa force.

Un iw nuage passa devant ses yeux, et son sang bourdonna dans ses oreilles. Il �treignit Jenny contre son cœur ; mais ce fut une joie rapide comme l'�clair. Un froid mortel lui succ�da. Il d�posa tristement sa cousine aupr�s de lui, et resta silencieux et sombre, d�courag� de souffrir.

{Foy7 118} Mais Jenny, tout enfant qu'elle �tait, sembla deviner en ce moment les dangers de son imprudence ; elle demeura quelques instants confuse, �prouva je ne sais quel malaise, et regretta d'�tre descendue dans le porte-haubans ; mais elle �tait venue l� pour r�parer ses barbaries, et la conscience du bien qu'elle allait faire lui rendit le courage.

{Mel42 67} — Tout � l'heure, Melchior ix, dit-elle, vous n'�tiez pas s�r de me sauver si je tombais � la mer. C'est l� votre caract�re, je crois. Vous doutez de la destin�e ; vous avez le courage du malheur ; {Foy7 119} mais vous n'avez pas de confiance en votre avenir.

— Oh ! dit Melchior avec humeur, chacun son lot. Vous �tes contente du v�tre, je le crois bien ! Moi, je ne me plains pas du mien : ce n'est pas le fait d'un homme.

{RDP 298} — Qui donc vous a rendu si diff�rent de vous-m�me depuis peu ? dit-elle avec une douceur insinuante ; car elle e�t bien voulu faire solliciter un peu ses bienfaits. Le malheur iy, disiez-vous nagu�re, n'a de prise que sur {L69 349} les cœurs faibles. Qu'avez-vous fait du v�tre, Melchior ? iz

{Foy7 120} — Et o� prenez-vous que j'aie un cœur, Jenny ? qui vous l'a montr� ? ja qui vous l'a vant� ? Ce n'est pas moi, sans doute. Et si, le cherchant, vous ne le trouvez pas, � qui devez-vous vous en prendre ?

— Vous �tes amer, mon bon Melchior ; vous avez {Mel42 68} quelque chagrin. jb Pourquoi ne me le pas confier ? Je l'adoucirais peut-�tre.

— Voulez-vous avoir piti� de moi, Jenny ?

Jenny prit la main de Melchior et promit.

{Foy7 121} — Eh bien, laissez-moi jc, dit-il en la repoussant : c'est tout ce que je vous demande ; car, en v�rit�, vous �tes bien cruelle envers moi sans le savoir.

— Sans le savoir ! pensa Jenny.

Elle jd trouva un reproche profond�ment m�rit� dans ces trois mots.

— Je je ne veux plus l'�tre, dit-elle avec effusion. Écoutez, Melchior ; vous me croyez coquette ? Oh ! vous avez tort ! C'est vous qui avez �t� cruel, et bien longtemps ! Mais tout cela est oubli�. Mes chagrins sont finis ; que les v�tres s'effacent de m�me. jf

{Foy7 122} Et elle sourit jg � travers ses larmes.

Mais, comme jh elle vit que Melchior restait immobile {Mel42 69} et muet, elle fit encore un effort sur cette d�licate fiert� de femme que Melchior ne savait pas �pargner.

— Oui ji, mon cousin, lui dit-elle en mettant ses petites mains dans les larges mains de Melchior, ayez confiance en moi... jj Mon Dieu ! comment vous le dirai-je ? comment vous le ferai-je croire ? Vous ne voulez pas comprendre. C'est la faute de votre modestie, {Foy7 123} et je vous en estime davantage. Eh bien, jk je fais une chose contraire � la retenue qui convient � une jeune fille : je vous ouvre mon cœur ; pourquoi vous le tiendrais-je ferm� plus longtemps ? n'�tes-vous jl pas digue de le poss�der ?

{L69 350} Melchior ne r�pondait rien. Il tenait les mains de Jenny �troitemont serr�es dans les siennes. Il tremblait, et la regardait d'un œil �gar�.

Pourtant jm il y avait de la fascination dans ses yeux, qui �tincelaient dans l'ombre comme ceux d'une panth�re ; puis il repoussa Jenny si brusquement, {Foy7 124} qu'il jn faillit la faire tomber. Il la ressaisit avec effroi et jo la serra de nouveau contre lui. Le banc �tait court pour deux personnes ; il attira Jenny � demi {Mel42 70} sur ses genoux, et meurtrit son cou d�licat de baisers rapides et furieux.

{RDP 299; Ill3 94-2} Jenny eut peur ; elle voulut fuir, puis elle pleura, et revint en sanglotant jp se jeter � son cou.

— Parle-moi, Jenny, parle-moi! dit jq Melchior d'une voix �touff�e. Il me semble, quand je t'�coute, que je suis mieux jr. Dis-moi que tu m'aimes ; dis-le-moi, afin que j'aie v�cu au moins un jour.

{Foy7 125} — Oui, je t'aimais, dit la jeune fille, et je t'aime encore, m�chant ! js Pourquoi sembles-tu en douter ? Je t'aimais alors m�me que tu m�prisais cet amour cach� dans mon cœur. Je t'aime encore mieux aujourd'hui, que j'ai vu s'ouvrir � moi ton �me virile ; et puis encore pour jt ton humble estime de toi-m�me, pour ta r�sistance loyale, pour ta fid�lit� � la foi jur�e � mon p�re, pour le m�pris que tu as des richesses, pour l'amour que tu portes � ta m�re, pour combien de vertus ignor�es de toi ne t'aim�-je pas, Melchior ! ju

— Ah ! laissez, laissez, Jenny, dit-il {Foy7 126} en cachant {Mel42 71} sa t�te dans ses mains ; ne me vantez pas ainsi : vous me faites rougir jusqu'au fond de mes entrailles. Ah ! c'est que vous ne savez pas, Jenny jv ; je n'�tais pas digne de vous ; vous ne pouvez pas, vous ne devez pas m'aimer. Ce ne sont pas toutes ces vertus qui me for�aient au silence. Je... jw je ne vous aimais pas ; j'�tais une brute, un mis�rable ; je ne voulais pas vous comprendre ; je me croyais {L69 351} un cœur d'homme au-dessus de ces faiblesses-l�. Je vous ai d�daign�e, Jenny ; vous devriez vous le rappeler, et ne pas me le pardonner ainsi... Non, Jenny jx, il ne faut pas me le pardonner...

{Foy7 127} L'infortun� �ludait le motif, le terrible motif de sa r�sistance. Jenny se plaisait toujours � l'espoir de la vaincre.

— Je sais tout, lui disait-elle ; vous �tiez un grand enfant ; vous ne saviez rien de toutes ces choses que l'�ducation m'avait apprises. Oh ! moi, je vous avais r�v� depuis longtemps. J'�tais de beaucoup moins grande que je ne suis maintenant, et d�j� je vous demandais � l'avenir. J'�tais si seule, si m�lancolique !

{Mel42 72} » Si vous saviez dans quels ennuis, dans {Foy7 128} quelles douleurs j'ai v�cu ! et puis dans quel isolement affreux je me suis trouv�e apr�s que tous mes fr�res eurent disparu tour � tour ! Comme le d�sespoir de mon p�re me navrait, comme ses larmes retombaient sur mon cœur !

» Alors ka je sentis le besoin d'avoir un appui, un fr�re qui m'aid�t � le consoler ; mais nul de ceux qui s'approch�rent ne r�pondit � mon attente. Ils ne voyaient en moi, ces hommes � l'�me �troite, que l'h�riti�re du nabab. Aucun ne se mit en peine de comprendre Jenny. Alors, mon ami, je priais chaque {Foy7 129} soir mon ange gardien de t'amener vers moi. J'appelais un cœur noble, ing�nu comme le tien, {RDP 300} un cœur o� n'eussent pas r�gn� d'autres femmes, et qui m'apport�t en dot les m�mes tr�sors d'amour que je lui gardais.

» Oh ! kb quand j'ai entendu prononcer ton nom pour la premi�re fois, j'ai tressailli ! comme si cela me rappelait quelque chose.

» Vois-tu kc, Melchior, j'ai un peu des superstitions {Mel42 73} du pays o� je suis n�e. Il me semble que nous vivons plus d'une vie sur cette terre, et peut-�tre que, sous {Foy7 130} une {L69 352} autre forme, nous nous sommes d�j� connus, d�j� aim�s...

— Que Dieu t'entende, Jenny ! s'�cria imp�tueusement Melchior, et qu'il me donne une autre vie que celle-ci pour te poss�der ! kd

Un coup de vent sec et brusque fit p�ter ke l'�coute du grand hunier.

Le kf capitaine s'�lan�a sur le pont, son braillard � la main.

— A kg la manœuvre, � la manœuvre ! les passagers dans la dunette ! Melchior, veillez � l'artimon !

{Foy7 131} Melchior saisit Jenny dans ses bras, la porta sur le tillac, et se rendit � son poste par kh une habitude d'ob�issance passive, si forte, qu'elle ki faisait encore taire la passion.

La nuit fut mauvaise, la mer dure et houleuse.

{Mel42 74} Cependant kj le vent tomba vers le matin ; le ciel �tait balay� de tous ses nuages, lorsque le soleil se leva clair et chaud derri�re le rocher de Sainte-H�l�ne. La brise matinale apportait le parfum des g�raniums.

{Foy7 132} Deux kk seules personnes, Melchior et Jenny, pass�rent {Ill3 95-1} presque indiff�remment en vue de cette �le, qui renfermait encore le dernier prestige de la royaut�.

Le ciel �tait d'un bleu si �tincelant, que kl les yeux en �taient fatigu�s. Seulement, une l�g�re vapeur troublait un peu la transparence de l'horizon.

Melchior km pr�tendit que c'�tait l� un temps de grain ; de vieux matelots ni�rent le fait ; les passagers s'effray�rent. Melchior, avec une joie cruelle, insista sur ce sinistre pr�sage. Ne jamais revoir la terre, mourir en tenant Jenny embrass�e, c'est le seul bonheur possible {Foy7 133} pour lui d�sormais, et il invoquait la col�re des �l�ments. 16

Bient�t kn la fra�cheur du matin se convertit en brise {Mel42 75} soutenue ; l'air devint piquant, et les vagues commenc�rent {L69 353}moutonner. Des troupes de marsouins passaient en grondant sous la proue du navire, et des satanites au plumage fun�bre 17 s'arr�taient par intervalles sur le sillage du gouvernail.

Peu ko � peu les flots se teignirent en noir 18 ; le vent d'ouest augmenta, et cette partie de l'horizon se trouva comme subitement charg�e de nuages l�gers kp et {Foy7 134} blanch�tres � leur naissance. On les voyait grandir avec rapidit�, prendre du corps et passer � des teintes livides, mornes, cadav�reuses. D'abord ils traversaient les airs sans se dissoudre ; puis, tombant sous le vent, ils disparurent ; {RDP 301} mais, � la fin, il kq s'en forma un plus fixe et plus �pais que les autres. Il s'�tendit insensiblement jusque sur le navire, sans que sa base e�t chang� de place.

Peu kr de temps apr�s, il avait envahi tout le ciel, et la temp�te qu'il renfermait �clata avec un bruit semblable au claquement d'un fouet.

{Foy7 135} Frapp� ks de ses redoutables ailes, le navire touchait les flots du bout de ses grandes vergues. Il {Mel42 76} fallut descendre les huniers et serrer toutes les voiles. 19

De kt gros oiseaux noirs s'abattirent autour de l'�quipage avec des cris sinistres. Quelquefois un rayon du soleil se glissait obliquement dans une d�chirure du nuage immense ; mais sa lumi�re p�le et sans chaleur ajoutait encore � l'horreur du tableau.

Melchior avait retrouv� sa joviale insouciance, son �nergique vivacit�. Quand tout l'�quipage �tait morne et {Foy7 136} constern�, lui seul touchait � l'accomplissement du seul de ses vœux qui p�t �tre exauc�.

Pour ku Jenny, elle �tait profond�ment abattue. A quinze ans, on kv ne renonce pas sans regret � un amour qui commence, � un bonheur qui se l�ve.

La nuit arriva, et les vents ne se calmaient point ; la mer grossissait toujours.

{L69 354} Au kw milieu des t�n�bres, les flots brillaient d'une infinit� de phosphores, et le b�timent semblait {Mel42 77} voguer sur une {Foy7 137} mer de feu. Les vagues, en se brisant, faisaient jaillir des gerbes de lumi�re.

Melchior kx quitta la manœuvre au plus fort du danger. Ses compagnons crurent qu'une des lames qui franchissaient par instants le tillac avec furie l'avait emport�.

Il �tait pass� dans la dunette. Les passagers, rassembl�s dans le salon, ne pouvant se tenir debout, s'�taient couch�s p�le-m�le sur le parquet, adoss�s au divan stationnaire qui environnait le pourtour, les uns tourment�s du mal {Foy7 138} de mer, les autres terrass�s par la frayeur. Ils avaient �puis� toutes les formules de la plainte et de l'exclamation, et gardaient un triste et morne silence.

Le ky nabab, bris� par la fatigue au point de ne plus sentir la peur, �tait tomb� dans une sorte d'imb�cillit� kz. Il s'assoupissait chaque fois que le roulis avait cess� d'imprimer au navire un de ces bonds terribles dont chacun semblait devoir �tre le dernier. Jenny, agenouill�e pr�s de lui, p�le et toute couverte de ses longs cheveux �pars, invoquait la Vierge. {Mel42 78} Jamais elle ne {Foy7 139} s'�tait montr�e si belle aux yeux de Melchior.

Il la posa sa main froide sur le bras de la jeune fllle ; elle tressaillit, et, s'attachant � lui avec force :

— Vous lb venez mourir avec nous ? lui dit-elle.

Melchior ne r�pondit rien et l'attira vers lui.

Jenny lc se laissa machinalement entra�ner dans une des cabines dont les {Foy7 140} portes donnaient sur le salon. C'�tait la chambre de Melchior, et il referma la porte.

{RDP 302; Ill3 95-2} — Pourquoi m'amenez-vous ici ? dit Jenny en s'�veillant comme d'un r�ve. ld Ma place est aupr�s de mon p�re ; allons lui demander sa b�n�diction, Melchior, et le qu'il meure entre nous deux.

— Tout � l'heure, Jenny, r�pondit Melchior d'une {L69 355} voix calme. Avant que ce noble b�timent soit bris� tout entier, il se passera encore une heure. Une heure ! entendez-vous, Jenny ? c'est lf tout ce qui nous reste.

{Mel42 79} — Mais je ne dois pas rester ici, dit {Foy7 141} Jenny, dont l'effroi lg changeait de nature ; que lh pensera-t-on?...

— Personne n'est en �tat de s'occuper de vous en ce moment, Jenny, pas m�me votre p�re. Moi seul, je li me rappelle que j'ai ici deux vies � perdre. Écoutez-moi, Jenny. Si nous �tions � cette heure libres lj tous deux, devant un pr�tre, me donneriez-vous votre main?

— Ma main, mon cœur, tout! r�pondit-elle.

— Eh bien, lk il n'y a point ici de pr�tre ; ll mais nous sommes devant Dieu. Il m'est t�moin que je vous aime de toutes les forces d'une �me humaine. {Foy7 142} N'est-ce point l� un serment solennel et sacr� ?

— Il me suffit pour mourir heureuse, dit Jenny en jetant ses bras autour du cou du marin.

— Eh bien, lm lui dit-il avec un transport qui ressemblait � de la rage, sois donc � moi sur la terre ; car qui sait si comme toi j'ai m�rit� le ciel ? Tu ne voudrais pas te s�parer � jamais de moi sans �tre {Mel42 80} ma femme, Jenny ! Quand la Providence me refuse un jour de vie, tu ne voudrais pas te faire sa complice ? Viens ! dans cet instant supr�me, tu ln es {Foy7 143} plus que le Dieu qui me frappe ; tu lui disputes sa proie, tu annules l'effet de sa col�re. Viens et ne crains pas la mort, car je ne regretterai pas la vie. 20

Il �tait � ses genoux, il couvrait son sein de larmes br�lantes.

— Oh ! lo Melchior, dit Jenny �perdue, �coutez le craquement du navire : n'irritons pas le ciel dans ce moment.

— Le ciel! c'est toi, dit Melchior ; est-ce qu'il y a un autre Dieu que toi, ma Jenny? Ne me repousse donc {L69 356} plus, si tu {Foy7 144} ne veux que la mort me soit horrible... Oh ! lp h�tons-nous ! entends-tu cette vague qui vient de tomber au-dessus de nos t�tes ? Et cette autre ! lq c'est comme le bruit du canon. O d�lices c�lestes ! Jenny, ma Jenny, il ne te reste qu'un instant pour me prouver que tu m'aimes, et tu ne peux me refuser !... lr



IV



Cependant ls le navire, battu par la houle, jet� tour � tour sur chacun de ses flancs fatigu�s, semblait attendre dans une p�nible agonie le moment de sa destruction.

{RDP 303; {Foy7} 148} Mais, contre toute esp�rance, il r�sista ; le vent tomba un peu, la mer s'aplanit insensiblement.

Vers le matin, on lt put entendre la voix humaine {Mel42 84} au-dessus du rugissement des vagues ; celle de James Lockrist appelait sa fille avec anxi�t� ; celle du capitaine criait par l'�coutille de l'habitacle :

— Oh�! d'en bas ! ferons-nous lu un vœu pour vous faire monter, Melchior ?

Les deux amants profit�rent de la confusion qui r�gnait encore pour se s�parer sans �tre vus.

{Foy7 149} Jenny lv alla cacher son visage br�lant dans le sein de son p�re, et Melchior, en remontant sur le pont, vit avec terreur que le danger �tait pass�, et que chacun remerciait Dieu, la Vierge ou Satan, selon sa pr�dilection particuli�re.

Ce jour-l�, Melchior lw fut p�le, abattu, distrait ; ses yeux ne rencontraient plus ceux de Jenny, et, quand lx elle se fut d�cid�e � l'interroger sur sa sant�, il lui r�pondit d'un air effar� qu'il �tait accabl� de sommeil.

Jusqu'au soir, l'�quipage ly fut trop occup� de r�parer {L69 357} les avaries du b�timent {Foy7 150} pour s'apercevoir de la {Mel42 85} pr�occupation de Melchior ; mais, le soir lz, � souper, on remarqua qu'il cherchait � s'enivrer sans y parvenir, et qu'apr�s avoir bu beaucoup de rhum, il �tait plus triste qu'auparavant ; le capitaine, qui l'aimait, remit au lendemain � {Ill3 96-1} le r�primander de son absence � la manœuvre la nuit pr�c�dente. 21

La lune n'�tait pas encore lev�e lorsque Melchior descendit dans le porte-haubans.

Un instant apr�s, Jenny ma fut � ses {Foy7 151} c�t�s ; il lui avait fait un signe en quittant le r�fectoire.

— Jenny, lui dit-il en la for�ant de s'asseoir sur ses genoux, regrettes-tu de m'avoir rendu heureux? Rougis-tu d'�tre ma femme ?

Jenny ne r�pondit que par des larmes et des caresses.

Melchior lui dit encore :

— Tu mb crois � une autre vie, n'est-ce pas, ma bien-aim�e ?

{Mel42 86} — J'y crois, surtout mc depuis que je t'aime, lui r�pondit-elle.

{Foy7 152} — L'autre nuit, pendant la tourmente, r�pondit Melchior, j'ai vu deux flammes s'agiter � la cime des m�ts : elles semblaient se chercher, se fuir, s'appeler tour � tour, puis elles se joignirent et disparurent. Penses-tu md, Jenny, que ce fussent deux �mes ?

En parlant ainsi, Melchior se dressa sur la banquette en tenant toujours Jenny dans ses bras. Ce mouvement me lui fit peur ; elle se cramponna � son v�tement.

{Foy7 153} — Sois tranquille mf, lui dit-il, rien ne nous s�parera ; tu ne seras jamais � un autre que moi, et je ne perdrai jamais ton amour.

En mg disant ces mots, il s'�lan�a avec elle dans la mer.

{RDP 303} Le cri que poussa Jenny fut entendu du timonier : mh l'alarme fut donn�e. On vit Melchior lutter {Mel42 87} contre la {L69 358} houle encore trop rude qui le rejetait contre la poupe.

Un mi matelot, habile nageur, dont mj il avait sauv� la vie, le retira de la mer ; mais le corps que Melchior tenait embrass� ne rouvrit pas les yeux, et {Foy7 154} retourna le lendemain � la mer 22 avec les c�r�monies d'usage pour les s�pultures nautiques. Melchior ne comprit rien � ce qui se passait autour de lui ; il sourit d'un air stupide en voyant le nabab arracher ses cheveux blancs.

Sa mk sant� se r�tablit plus vite qu'on ne l'esp�rait, et il {Ill3 96-2} reprit son service, qu'il remplit avec une admirable ponctualit�, jusqu'� ml son d�barquement en France. Seulement, il fut impossible de lui arracher une parole relative � sa vie pass�e et au terrible �v�nement qui lui avait fait perdre la m�moire.

En mm arrivant chez sa m�re, Melchior trouva, parmi mn des lettres qui l'attendaient, un mo papier qui sembla fixer son attention ; il le regarda longtemps et parut faire d'incroyables efforts pour ressaisir le sens des choses qu'il contenait ; puis, tout d'un coup, il le froissa dans ses {Foy7 156} mains, poussa un cri terrible et courut � une fen�tre pour s'y pr�cipiter.

On mp se jeta sur lui, on ramassa le papier : c'�tait mq l'extrait mortuaire de la T�r�sine. 23

On le tint garrott� pendant plusieurs jours ; il d�chirait les cordes avec ses dents ; il les rompait avec la tension de ses muscles ; il mr couvrait d'impr�cations les gardiens qui cherchaient � le pr�server de sa propre fureur ; il leur demandait ensuite avec des sanglots une arme pour s'�ter la vie.

{Mel42 89} Cette ms crise cessa ; la m�moire disparut. Melchior reprit son service � bord d'un b�timent fr�t� pour Bu�nos-Ayres.

{Foy7 157} C'est mt encore aujourd'hui un excellent officier de marine, ponctuel, vigilant et brave. Seulement, une fois {L69 359} par an, sa m�moire mu revient ; il s'�lance aux sabords, appelle Jenny et veut se noyer.

Les mv matelots qui l'ont connu � bord de l'Inkle-et-Yariko assurent qu'il a perdu la raison pour n'avoir jamais su boire, et ils en tirent comme principe d'hygi�ne la cons�quence qui leur pla�t le mieux. Ils regardent comme ses instants lucides ceux o� il perd le sentiment de son infortune et de ses remords ; mais, au contraire, c'est la raison {Foy7 158} qui revient avec le d�sespoir et la fureur.

Alors mw on est oblig� de le garder � fond de cale.

Le mx reste du temps, il est paisible et raisonne parfaitement sur toutes les choses pr�sentes.







27 novembre 2017 : collationnement de {Foy7} ; r�vision.
16 novembre 2013 : original


Variantes

  1. {RDP} n'a pas de sections{[9]} I [entre fleurons] // {10 blanche} // {[11]} I [rappel] {Foy7}{[1]} CHAPITRE PREMIER // {2 blanche} // {[3]} I {Mel42}I {Ill3}, {L69}
  2. un pauvre pilote-c�tier {RDP}, {Foy7} ♦ un pauvre pilote c�tier {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  3. de la p�che des {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de la p�che aux {L69}
  4. ma�tre-coq {RDP}, {Foy7} ♦ ma�tre coq {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  5. ma�tre-d'h�tel {RDP}, {Foy7} ♦ ma�tre d'h�tel {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  6. apr�s quoi il �pousa {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ apr�s quoi, il �pousa {L69}
  7. Mme {RDP} ♦ madame {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (nous ne rel�verons plus cette variante)
  8. nombreuse post�rit�. Il {RDP} ♦ nombreuse post�rit�. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  9. et par cela m�me la plus {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ et, par cela m�me, la plus {L69}
  10. roseau qui verdit {RDP} ♦ roseau qui grandit {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  11. fils du ciel {RDP} ♦ Fils du Ciel {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  12. associer personne. Il {RDP} ♦ associer personne. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  13. en un mot cette {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ en un mot, cette {Ill3}, {L69}
  14. de sa vieillesse. Une {RDP} ♦ de sa vieillesse. / Une {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  15. la mena�aient {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Hau43} ♦ le mena�aient {Ill3}, {L69}
  16. de l� James {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ de l�, James {Ill3}, {L69}
  17. quatorze enfants. Mais {RDP} ♦ quatorze enfants. / Mais {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  18. d'Henri {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ de Henri {Ill3}, {L69}
  19. celle de James. Les {RDP} ♦ celle de James. / Les {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  20. survivans {RDP} ♦ survivants {Foy7}, {Mel42}, {L69} (nous ne reviendrons plus sur cette r�gle du pluriel des noms en ~ant et ~ent)
  21. de chaume, o� [...] le jour, qui {RDP} ♦ de chaume o� [...] le jour, qui {Foy7}, {Mel42} ♦ de chaume o� [...] le jour qui {L69}
  22. ces renseignements. Ce {RDP} ♦ ces renseignements. / Ce {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  23. gothiques {RDP} ♦ antiques {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  24. richesses ; d'efforts {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ richesses, d'efforts {Ill3}, {L69}
  25. ses pauvres parens. Il {RDP} ♦ ses pauvres parents. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  26. si pauvre ; {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ si pauvre, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  27. lui �tre plus utile. « Melchior {RDP} ♦ lui �tre plus utile. / « Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ lui �tre plus utile. / — Melchior {L69}
  28. que je connaisse. » Il {RDP} ♦ que je connaisse. » / Il {Foy7}, {Mel42} ♦ que je connaisse. / Il {Ill3}, {L69}
  29. le navire Inkle et Yariko {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ le navire Inkle-et-Yariko {L69} (Nous ne reviendrons plus sur cette variante)
  30. Yariko, fr�t� {RDP}, {Foy7}, {Mel42}Yariko fr�t� {Ill3}{L69} comme {RDP}
  31. l'archipel Indien ; et {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ l'archipel Indien, et {L69}
  32. un nouveau caract�re d'intensit� {RDP} ♦ une nouvelle ardeur {Foy7}, {Mel42}, {L69}
  33. son jeune parent. Jenny {RDP} ♦ son jeune parent. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  34. de Jenny. Le mariage �tait une n�cessit� de sa constitution. {RDP} ♦ de Jenny. Il fallait la marier sans trop de d�lais. {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  35. avait encore � atteindre six mois {L69} (nous r�tablissons la le�on ant�rieure qui est pr�f�rable)
  36. fixer avec elle. Il {RDP} ♦ fixer avec elle. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  37. de suffisantes garanties. Enfin {RDP} ♦ de suffisantes garanties. / Enfin {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  38. et quand elle vit {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ et, quand elle vit {Ill3}, {L69}
  39. en lui disant : « Je {RDP} ♦ en lui disant : / — Je {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  40. � pr�sent, car si je meurs tu {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ � pr�sent ; car, si je meurs, tu {L69}
  41. son pr�cieux neveu. Il {RDP} ♦ son pr�cieux neveu. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  42. enfin un jour, un {RDP}, {Foy7} ♦ enfin, un jour, un {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  43. sans l'esp�rer, le {RDP} ♦ sans l'esp�rer le {Foy7}{Mel42} comme {RDP}{Ill3} comme {Foy7}{L69} comme {RDP}
  44. de Calcutta. Aussit�t {RDP} ♦ de Calcutta. / Aussit�t {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  45. sur son �l�phant ; et apr�s {RDP} ♦ dans sa liti�re, et apr�s {Foy7}, {Mel42} ♦ dans sa liti�re, et, apr�s {Hau43}{Ill3} comme {Mel42}{L69} comme {Hau43}
  46. et le Ma foi, tant mieux! dont {RDP} ♦ et le / — Ma foi, tant mieux! / dont {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  47. merveilleuses r�suma {RDP} ♦ merveilleuses, r�suma {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  48. le gouverneur. « Votre {RDP} ♦ le gouverneur. / — Votre {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  49. lui dit-il ; et tout au contraire le c�libat {RDP} ♦ lui dit-il gaiement, tout au contraire, le c�libat {Foy7}, {Mel42} ♦ lui dit-il gaiement ; tout au contraire, le c�libat {Hau43}{Ill3} comme {Mel42}{L69} comme {Hau43}
  50. chibouque. / Deux {RDP} ♦ chibouque. // {Foy7 [29]} Deux {Foy7} (le paragraphe est en bas de page, comme pour un chapitre) ♦ chibouque. // {Mel42 [13]} [filet orn�] / Deux {Mel42} ♦ chibouque. // II. / Deux {Hau43} ♦ chibouque. / Deux {Ill3}, {L69}
  51. de 1780. La {RDP} ♦ de 1780. / La {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  52. M. Duplex {RDP}, {Foy7} ♦ M. Dupleix {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  53. nacarat {RDP}, {Foy7} ♦ nacarat {Mel42}nacarat {Ill3}, {L69} comme {RDP}
  54. �tincelait {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ �tincelaient {L69} (Nous r�tablissons le le�on ant�rieure qui est pr�f�rable)
  55. perles fines. Ce {RDP} ♦ perles fines. / Ce {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  56. Dubarry {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Du Barry {L69}
  57. de Calcutta. L'�l�phant {RDP} ♦ de Calcutta. / L'�l�phant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  58. une seule journ�e. Durant {RDP} ♦ une seule journ�e. / Durant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  59. la jeune Indienne. Inform�e {RDP} ♦ la jeune Indienne. / Inform�e {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  60. se donner. Jenny {RDP} ♦ se donner. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  61. une complexion d�licate {RDP} ♦ une organisation d�licate {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  62. une ame {RDP} (l'orthographe d'�me n'�tait pas encore fix�e) ♦ une �me {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (nous ne rel�verons plus cette variante)
  63. pendant quatre heures. Mais {RDP} ♦ pendant quatre heures. / Mais {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  64. � la Revue du monde fashionable de Londres {RDP}, {Foy7} ♦ � la Revue du monde fashionable de Londres {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  65. la journ�e, et dans ses moments perdus fit {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ la journ�e, et, dans ses moments perdus, fit {L69}
  66. sa surprise ; et, prenant {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ sa surprise, et, prenant {L69}
  67. de galanterie : « En ce cas {RDP} de galanterie : / — En ce cas {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  68. vive Dieu!.. {Foy7} faute de place pour mettre le 3e point!
  69. monsieur {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Monsieur {Ill3} (de m�me deux paragraphes plus bas){L69} comme {RDP}
  70. volont�, ou, si {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ volont� ou, si {L69}
  71. de mon p�re est {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de mon p�re, est {L69}
  72. apr�s ma mort {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ apr�s sa mort {Ill3}, {L69}
  73. et de m�pris. Je {RDP} ♦ et de m�pris. / Je {Foy7}, {Mel42} (ces deux �ditions n'utilisent pas les guillemets dans les conversations ; nous ne reviendrons pas l�-dessus) ♦ et de m�pris. / « Je {Ill3}, {L69}
  74. je ne le suis. Vous {RDP} ♦ je ne le suis. / » Vous {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  75. mon digne oncle que j'aime de tout mon cœur malgr� {RDP} ♦ mon digne oncle, que j'aime de tout mon cœur, malgr� {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  76. huit jours je {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ huit jours, je {L69}
  77. qu'il exist�t. J'arrive {RDP} ♦ qu'il existait. / J'arrive {Foy7}, {Mel42} ♦ qu'il exist�t. / » J'arrive {Ill3}, {L69}
  78. Aujourd'hui vous {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Aujourd'hui, vous {L69}
  79. pour moi, et � rejoindre {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ pour moi, � rejoindre {L69}
  80. que vous nous faites. » Et comme {RDP} ♦ que vous nous faites. / Et comme {Foy7}, {Mel42} ♦ que vous nous faites. » / Et comme {Ill3} ♦ que vous nous faites. / Et, comme {L69}
  81. d�nouement {RDP}, {Foy7} ♦ d�no�ment {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  82. reprit courage. « Cousine {RDP} ♦ reprit courage. / — Cousine {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  83. de ma demande. Voici {RDP} ♦ de ma demande. / Voici {Foy7}, {Mel42} ♦ de ma demande. / « Voici {Ill3} ♦ de ma demande. / » Voici {L69}
  84. ma paie {RDP}, {Foy7} ♦ ma paye {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  85. et de froid. Vous {RDP} ♦ et de froid. / Vous {Foy7}, {Mel42} ♦ et de froid. / « Vous {Ill3} ♦ et de froid. / » Vous {L69}
  86. chez nous c'est {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ chez nous, c'est {L69}
  87. 600 livres {RDP} ♦ six cents livres {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (il en va de m�me quelques alin�as plus bas, ainsi que 6,000 pour six mille, et 600 pour six cents, respectivement)
  88. et pour moi ce sera {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ et, pour moi, ce sera {L69}
  89. au marin. « Allons {RDP} ♦ au marin. / — Allons {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  90. s'�panouit. En {RDP} ♦ s'�panouit. / En {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  91. de rentes pour {RDP} ♦ de rente pour {Foy7}, {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  92. pas l� : bient�t {RDP} ♦ pas l�. Bient�t {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  93. de ma tante ; mais auparavant il faut {RDP} ♦ de ma tante : mais auparavant il faut {Foy7}, {Mel42}{Ill3} comme {RDP} ♦ de ma tante ; mais, auparavant, il faut {L69}
  94. avec Melchior ; bient�t {RDP}, {Foy7} ♦ avec Melchior, bient�t {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  95. avec vous. Quant {RDP} ♦ avec vous... Quant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  96. avec surprise ; et voyant {RDP}? {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ avec surprise. / Et, voyant
  97. le sourcil. Rappelez-vous, Melchior, dit-il {RDP} ♦ le sourcil. Rappelez-vous Melchior, dit-il {Foy7} (l'absence de virgule devant Melchior est une faute) ♦ le sourcil, Rappelez-vous, Melchior, dit-il {Mel42} (cette virgule apr�s sourcil semble �tre une distraction){Ill3} comme {RDP} ♦ le sourcil. / — Rappelez-vous, Melchior, dit-il {L69}
  98. contre mon gr�?... {RDP}, {Foy7} ♦ contre mon gr�? {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  99. votre m�re... vous {RDP}, {Foy7} ♦ votre m�re... Vous {Mel42}{Ill3}, {L69} ,comme {RDP}
  100. tranquille. / — Quant {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ tranquille. Quant {L69}
  101. comprend pas ! dit {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ comprend pas, dit {L69}
  102. elle fut seule ; et {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ elle fut seule. / Et {L69}
  103. indispensable. Le d�part {RDP} ♦ indispensable. / Le d�part {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  104. fort prochain. « Va {RDP} ♦ fort prochain. / — Va {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  105. et sa famille. / Deux mois {RDP} ♦ et sa famille. // {[51]} II [entre fleurons] // {52 blanche} // {[53]} I [rappel fautif] / [filet] / Deux mois {Foy7} ♦ et sa famille // {[25]} CHAPITRE DEUXIÈME. // [page 26 bl.] // {[27]} II / Deux mois ♦ et sa famille. / II / Deux mois {Ill3}, {L69}
  106. trois personnes. Le peu {RDP} ♦ trois personnes. / Le peu {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  107. et depuis {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ et, depuis {L69}
  108. sa franchise elle {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ sa franchise, elle {L69}
  109. de se r�tracter. Franc et {RDP} ♦ de se r�tracter. / Franc et {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  110. l� plus qu'ailleurs Melchior {RDP} ♦ l�, plus qu'ailleurs, Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  111. du t�te-�-t�te. Cependant {RDP} ♦ du t�te-�-t�te. / Cependant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  112. dans la dunette {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ dans les dunettes {L69}
  113. le long de la grand'voile. La rouge clart� {RDP} ♦ le long de la grand'voile. / La rouge clart� {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ le long de la grande voile. / La rouge clart� {L69}
  114. du Levant {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ du levant {L69}
  115. les flots que {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ les flots, que {Ill3}, {L69}
  116. des bas-fonds {RDP}, {Foy7} ♦ des bas-fonds {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  117. vert �meraude. La montagne {RDP} ♦ vert �meraude. / La montagne {Foy7} ♦ vert-�meraude. / La montagne {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {Foy7}
  118. des reflets {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de reflets {L69}
  119. des voiles. Des troupes {RDP} ♦ des voiles. / Des troupes {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  120. sur les flots moins souples {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ sur les flots, moins souples {Ill3}, {L69}
  121. son cousin. Il {RDP} ♦ son cousin. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  122. cigarre {RDP} ♦ cigare {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (nous ne rel�verons plus cette variante)
  123. Cependant lorsqu'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Cependant, lorsqu'il {Ill3}, {L69}
  124. du navire ; je {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ du navire : je {Ill3}{L69} comme {RDP}
  125. faudrait-il pour �tre heureux courir {RDP} ♦ faudrait-il, pour �tre heureux, courir {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  126. Melchior ; je {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Melchior : je {L69}
  127. ma vie. Quand {RDP} ♦ ma vie. / » Quand {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  128. banderolle {RDP}, {Foy7} ♦ banderole {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  129. de p�trelles. Mais quand {RDP}, {Foy7} ♦ de p�trels. / Mais quand {Mel42} ♦ de p�trelles. / » Mais quand {Ill3} ♦ de p�trelles. / » Mais, quand {L69}
  130. jolies femmes. Le ciel {RDP} ♦ jolies femmes. / Le ciel {Foy7}, {Mel42} ♦ jolies femmes. / » Le ciel {Ill3}, {L69}
  131. l'oc�an {RDP} ♦ l'Oc�an {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  132. de ma patrie. Que sais-je {RDP} ♦ de ma patrie. / Que sais-je {Foy7}, {Mel42} ♦ de ma patrie. / » Que sais-je {Ill3}, {L69}
  133. ou du poisson. {RDP} ♦ ou du poisson? {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  134. le biscuit. O� je suis je sais {RDP} ♦ le biscuit. / O� je suis, je sais {Foy7}, {Mel42} ♦ le biscuit. / » O� je suis, je sais {Ill3}, {L69}
  135. me porte je {RDP} ♦ me porte, je {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  136. dit Jenny {RDP} ♦ dit lentement Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  137. Apr�s elle je n'aime personne {RDP} ♦ Apr�s elle, et apr�s vous, Jenny, je n'aime personne {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  138. long-temps {RDP}, {Foy7} ♦ longtemps {Mel42}, {Ill3}, {L69} (nous ne rel�verons plus cette variante)
  139. {Ill3} remplace par erreur le tiret par un espace de m�me longueur : probablement un caract�re us�
  140. avec na�vet�. Puis {RDP} ♦ avec na�vet�. / Puis {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  141. elle reprit : Pardonnez, mon cousin, mes questions sont indiscr�tes ; mais {RDP} ♦ elle reprit : / Pardonnez, mon cousin, mes questions sont indiscr�tes ; mais {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ elle reprit : / — Pardonnez, mon cousin ; mes questions sont indiscr�tes, mais {L69}
  142. Une fois l'on {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Une fois, l'on {Ill3}, {L69}
  143. jeune fille qui {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ jeune fille, qui {L69}
  144. Pardon, Jenny, r�pondit-il, restons-en l� {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Pardon, Jenny, r�pondit-il ; restons-en l� {Ill3} ♦ Pardon! Jenny, r�pondit-il ; restons-en l� {L69}
  145. alors, sans exp�rience {RDP} ♦ alors, et sans exp�rience {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  146. un regret peut-�tre {RDP} ♦ un regret, peut-�tre {Foy7}{Mel42} comme {RDP}{Ill3}, {L69} comme {Foy7}
  147. et depuis je {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ et, depuis, je {L69}
  148. Ensuite je l�ve l'ancre et {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Ensuite, je l�ve l'ancre, et {Ill3}, {L69}
  149. s'en aller. Melchior {RDP} ♦ s'en aller. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  150. mon p�re qui {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mon p�re, qui {L69}
  151. r�pondit-elle. Et {RDP} ♦ r�pondit-elle. / Et {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  152. r�pondit-elle. / Apr�s {RDP} ♦ r�pondit-elle // {[Foy7 71]} Apr�s {Foy7} (le paragraphe est en bas de page, comme pour un chapitre) ♦ r�pondit-elle. // {[37]} [filet orn�] / Apr�s {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  153. pu rencontrer. Son {RDP} pu rencontrer. / Son {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  154. transmise. Elle {RDP} ♦ transmise. / Elle {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ transmises. / Elle {L69}
  155. {Ill3} donne peinte par erreur
  156. chim�re de l'avenir, et {RDP} ♦ chim�re de l'avenir ; et {Foy7}, {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  157. m�compte. Enfin {RDP} ♦ m�compte. / Enfin {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  158. n'�prouvait pas faisaient {RDP} ♦ n'�prouvait pas, faisaient {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  159. de ses entretiens {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de ces entretiens {L69}
  160. se prononcer. Son {RDP} ♦ se prononcer. / Son {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  161. avec plaisir, mais lorsqu'au bout {RDP} ♦ avec plaisir ; mais lorsqu'au bout {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ avec plaisir ; mais, lorsqu'au bout {L69}
  162. lui r�pondit : Je {RDP} ♦ lui r�pondit : / — Je {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  163. Guin�e. Apr�s {RDP} ♦ Guin�e. / Apr�s {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  164. parti extr�me. Sa {RDP} ♦ parti extr�me. / Sa {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  165. amour malheureux. Pr�f�rant {RDP} ♦ amour malheureux. / Pr�f�rant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  166. d'incertitude chagrina {RDP} ♦ d'incertitude, chagrina {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  167. et il laissa Jenny {RDP} ♦ et laissa Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  168. Mais malgr� {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Mais, malgr� {L69}
  169. œuvre in�vitable. Melchior {RDP} ♦ œuvre in�vitable. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  170. deux presqu'�les. Ces {RDP} ♦ deux presqu'�les. / Ces {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  171. tant d'elle qu'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ tant d'elle, qu'il {L69}
  172. m�diocre destin�e. Comment {RDP} ♦ m�diocre destin�e. / Comment {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  173. ne l'ont jamais. L'ignorance {RDP} ♦ ne l'ont jamais. / L'ignorance {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  174. mais si {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mais, si {L69}
  175. par rapport � lui qu'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ par rapport � lui, qu'il {L69}
  176. d�s lors troubl�rent {RDP} ♦ d�s-lors, troubl�rent {Foy7} ♦ d�s lors, troubl�rent {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  177. ne s'�tait imagin� {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ ne se l'�tait imagin� {Ill3}, {L69}
  178. A son insu le mal {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ A son insu, le mal {L69}
  179. terrain. Un {RDP} ♦ terrain // {[Foy7 83]} Un jour {Foy7} (le paragraphe est en bas de page, comme pour un chapitre) ♦ terrain. // [page 44 blanche] // {[45]} [filet orn�] / Un {Mel42} ♦ terrain. / Un {Ill3}, {L69}
  180. Un jour, il {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Un jour il {Ill3}{L69} comme {RDP}
  181. mais au moment {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mais, au moment {L69}
  182. un sentiment si contraire se r�v�lait hautement {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ un sentiment contraire se r�v�lait si hautement {L69}
  183. brusquement, et se livrant {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ brusquement, et, se livrant {L69}
  184. besoins du cœur. Dans {RDP} ♦ besoins du cœur. / Dans {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  185. grandes affections. Il {RDP} ♦ grandes affections. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  186. �teintes. Nos {RDP} ♦ �teintes. / Nos {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  187. sol amaigri. Le {RDP} ♦ sol amaigri. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  188. son empreinte. S'il {RDP} ♦ son empreinte. / S'il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  189. ni l'erreur qui tient {RDP}, {Foy7}, {Mel42} (qui imprime errreur) ♦ ni l'erreur, qui tient {Ill3}, {L69}
  190. force intellectuelle. Ce {RDP} ♦ force intellectuelle. / Ce {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  191. pour �clore. Combien {RDP} ♦ pour �clore. / Combien {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  192. soci�t� / si {Foy7} (le point-virgule est oubli�)
  193. Aussi quand {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Aussi, quand {L69}
  194. si violente qu'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ si violente, qu'il {L69}
  195. un incendie, et chez {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ un incendie, et, chez {L69}
  196. po�te {RDP}, {Foy7} ♦ po�te {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  197. de nos salons. Le {RDP} ♦ de nos salons. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  198. si rapide que Melchior {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ si rapide, que Melchior {L69}
  199. son oreille. Dans les chants de l'orgie il {RDP} ♦ son oreille. / Dans les chants de l'orgie il {Foy7}, {Mel42} ♦ son oreille. / Dans les chants de l'orgie, il {Ill3}, {L69}
  200. de Jenny, et quand {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de Jenny, et, quand {L69}
  201. la vengeance terrible dans {RDP} ♦ la vengeance dans {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  202. le couteau de table que {RDP} ♦ le couteau que {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  203. de son cousin. La {RDP} ♦ de son cousin. / La {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  204. sa puissance qu'elle {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ sa puissance, qu'elle {Ill3}, {L69}
  205. dernier coup. Melchior {RDP} ♦ dernier coup. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  206. Mais si {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Mais, si {L69}
  207. Melchior. Jet� {RDP} ♦ Melchior. / Jet� {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  208. les continens. La {RDP} ♦ les continents. / La {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  209. l� l'esclave peut {RDP} ♦ l� l'esclavage peut {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}♦ l�, l'esclavage peut {L69}
  210. du joug bris�, et {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ du joug bris� et {L69}
  211. les hommes. Pour {RDP} ♦ les hommes. / Pour {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  212. lois humaines. / H�las ! {RDP} ♦ lois humaines. // {[95]} III [entre fleurons] // {96 blanche} // {[97]} III [rappel] / [filet] / H�las ! {Foy7} ♦ lois humaines. // [page 52 blanche] // {[53]} CHAPITRE TROISIÈME. // [page 54 blanche] // {[55]} III / H�las ! {Mel42} ♦ lois humaines. / III / H�las ! {L69}
  213. travers�e maritime. L� tout {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ travers�e maritime ! L�, tout {L69}
  214. sol habit�. Il {RDP} ♦ sol habit�. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  215. suspendue. Une {RDP} ♦ suspendue. / Une {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  216. att�rissement {RDP}, {Foy7} ♦ atterrissement {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  217. du lendemain. C'�taient {RDP} ♦ du lendemain. / C'�taient {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  218. Chaque nuit il eut {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Chaque nuit, il eut {L69}
  219. sa part d'avenir. Quelle {RDP} ♦ sa part d'avenir. / Quelle {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  220. avec terreur ? C'est {RDP} ♦ avec terreur ? / C'est {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  221. �tait mari�. A peine {RDP} ♦ �tait mari�. / A peine {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  222. d'intelligence. Au {RDP} ♦ d'intelligence. / Au {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  223. jour d'inspiration) que {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ jour d'inspiration), que {L69}
  224. Il l'�pousa. Un {RDP} ♦ Il l'�pousa. / Un {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  225. sur le corsaire. Le {RDP} ♦ sur le corsaire. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  226. la c�r�monie il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ la c�r�monie, il {L69}
  227. de sa m�re il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de sa m�re, il {L69}
  228. cette feinte, et maintenant encore il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ cette feinte, et, maintenant encore, il {L69}
  229. car s'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ car, s'il {L69}
  230. par hasard. En {RDP} ♦ par hasard. / En {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  231. mais aujourd'hui {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mais, aujourd'hui {L69}
  232. de ses pens�es. Avant elle il {RDP} ♦ de ses pens�es. / Avant elle il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de ses pens�es. / Avant elle, il {L69}
  233. des sensations : elle {RDP} ♦ des sensations ; elle {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  234. son �me. / Un soir Jenny {RDP} ♦ son �me. / * * * / Un soir Jenny {Foy7}, {Mel42}{Ill3} comme {RDP} ♦ son �me. / Un soir, Jenny {L69}
  235. r�joui. Jenny {RDP} ♦ r�joui. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  236. de Melchior, lui {RDP}, {Foy7} ♦ de Melchior lui {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  237. combler de joie. Jenny {RDP} ♦ combler de joie. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  238. Melchior tout �perdu {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ Melchior, tout �perdu {Ill3}, {L69}
  239. fut pendant le souper {RDP}, {Foy7}♦ fut, pendant le souper {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  240. prit du th�. Melchior {RDP} ♦ prit du th�. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  241. lueur vague Jenny {RDP} ♦ lueur vague, Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  242. devant lui fugitive {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ devant lui, fugitive {L69}
  243. il y imprima, non pas {RDP} ♦ il y imprima non pas {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  244. comme son amour. Jenny {RDP} ♦ comme son amour. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  245. si passionn�e qu'il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ si passionn�e, qu'il {L69}
  246. � ses pieds. Alors faisant {RDP} ♦ � ses pieds. / Alors faisant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ � ses pieds. / Alors, faisant {L69}
  247. un porte-hauban. Ces {RDP} ♦ un porte-hauban. / Ces {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ un porte-haubans. / Ces {L69} (nous ne rel�verons plus la variante de porte-hauban[s])
  248. et que dans une belle nuit d'�t� l'�cume {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ et que, dans une belle nuit d'�t�, l'�cume {L69}
  249. le bord inf�rieur plongeait {RDP} ♦ le bord plongeait {Foy7} ♦ un bord plongeait {Mel42}{Ill3} comme {Foy7} ♦ un des bords plongeait {L69} (la le�on de {RDP} est pr�f�rable, mais ne satisfait pas � la po�sie du moment d�crit ; sauf celle de {Foy7} les autres le�ons sont maladroites. Ce paragaphe est assez laborieux ; le suivant est plus miltonien ou byronien)
  250. l'horizon. On {RDP} ♦ l'horizon. / On {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  251. par cons�quent de superstitions {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ par cons�quent, de superstitions {L69}
  252. de sauver Jenny... Un {RDP} ♦ de sauver Jenny... / Un {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  253. autorit� ! Vous allez tomber � la mer vous {RDP} ♦ autorit�. Vous allez tomber � la mer ; vous {Foy7}, {Mel42} ♦ autorit�. Vous allez tomber � la mer, vous {Ill3}, {L69}
  254. Et se laissant {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Et, se laissant {L69}
  255. Puisque {RDP} (un espace � la place du tiret : un caract�re us� ?,) ♦ — Puisque {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  256. votre anxi�t�. / En {RDP} ♦ votre anxi�t�. / En {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  257. s'�vanouir sa force. Un {RDP} ♦ s'�vanouir sa force. / Un {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  258. rendit le courage. « Tout-�-l'heure, Melchior {RDP} ♦ rendit le courage. / — Tout � l'heure, Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (nous ne rel�verons plus cette variante)
  259. ses bienfaits. — Le malheur {RDP}, {Foy7} ♦ ses bienfaits. Le malheur {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  260. du v�tre, Melchior ? {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ du v�tre Melchior ? {Ill3}{L69} comme {RDP}
  261. montr�? {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ montr�, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  262. quelque chagrin ? {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ quelque chagrin. {L69}
  263. Eh bien ! laissez-moi {RDP} (ici encore absence du tiret : caract�re us� ?) ♦ — Eh bien ! laissez-moi {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ — Eh bien, laissez-moi {L69}
  264. pensa Jenny. Elle {RDP} ♦ pensa Jenny. / Elle {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  265. ces trois mots. Je {RDP} ♦ ces trois mots. / — Je {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  266. de m�me ! {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de m�me. {L69}
  267. elle lui souriait {RDP} ♦ elle lui sourit {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ elle sourit {L69} (cette derni�re le�on donne plus de profondeur : Jenny peut sourire � Mechior mais n'a pas la force de le regarder)
  268. ses larmes. Mais comme {RDP} ♦ ses larmes. / Mais comme {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ ses larmes. / Mais, comme {L69}
  269. �pargner. « Oui {RDP} ♦ �pargner. / — Oui {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  270. en moi..... {RDP} ♦ en moi... {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  271. Eh bien ! {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Eh bien, {L69}
  272. plus long-temps ? n'�tes-vous {RDP} ♦ plus longtemps ; n'�tes-vous {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ longtemps ? n'�tes-vous {L69}
  273. d'un œil �gar�. Pourtant {RDP} ♦ d'un œil �gar�. / Pourtant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  274. si brusquement qu'il {RDP} ♦ si brusquement, qu'il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  275. avec effroi, et {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ avec effroi et {Ill3}, {L69}
  276. sanglottant {RDP} ♦ sanglotant {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  277. parle-moi, dit {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ parle-moi! dit {L69}
  278. Il me semble que quand je t'�coute je suis mieux {RDP} ♦ Il me semble quand je t'�coute que je suis mieux {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ ♦ Il me semble, quand je t'�coute, que je suis mieux {L69}
  279. m�chant. {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ m�chant! {L69}
  280. puis encore, pour {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ puis encore pour {L69}
  281. ignor�es de toi, ne t'aim�-je pas, Melchior ? {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ ignor�es de toi ne t'aim�-je pas, Melchior ! {L69}
  282. vous ne savez pas, Jenny {RDP} ♦ vous ne savez pas Jenny {Foy7}{Mel42} comme {RDP}{Ill3} comme {Foy7}{L69} comme {RDP}
  283. Je..... {RDP} ♦ Je... {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69} (de m�me � la fin du paragraphe)
  284. pardonner ainsi. Non, Jenny {RDP} ♦ pardonner ainsi..... Non, Jenny {Foy7} ♦ padonner ainsi... Non, Jenny {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  285. de la vaincre. « Je {RDP} ♦ de la vaincre. / — Je {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  286. si m�lancolique ! Si {RDP} ♦ si m�lancolique ! / » Si {L69}
  287. sur mon cœur ! Alors {RDP} ♦ sur mon cœur ! / » Alors {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  288. que je lui gardais. Oh ! {RDP} ♦ que je lui gardais. / » Oh ! {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  289. quelque chose. Vois-tu {RDP} ♦ quelque chose. / » Vois-tu {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  290. te poss�der. » {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ te poss�der ! {L69}
  291. peter {RDP} ♦ p�ter {Foy7}{Mel42} comme {RDP} ♦ p�ter {Ill3}, {L69}
  292. grand hunier. Le {RDP} ♦ grand hunier. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  293. � la main. « A {RDP} ♦ � la main. / — A {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  294. � son poste, par {RDP} ♦ � son poste par {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  295. passive si forte qu'elle {RDP} ♦ passive, si forte qu'elle {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ passive, si forte, qu'elle {L69}
  296. dure et houleuse. Cependant {RDP} ♦ dure et houleuse. / Cependant {Foy7} (triple interligne), {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  297. des g�raniums. Deux {RDP} ♦ des g�raniums. / Deux {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  298. si �tincelant que {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ si �tincelant, que {L69}
  299. de l'horizon. Melchior {RDP} ♦ de l'horizon. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  300. des �l�mens. Bient�t {RDP} ♦ des �l�ments. / Bient�t {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  301. du gouvernail. Peu {RDP} ♦ du gouvernail. / Peu {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  302. charg�e de unages l�gers {L69} (Nous corrigeons cette coquille)
  303. mais � la fin il {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mais, � la fin, il {L69}
  304. chang� de place. Peu {RDP} ♦ chang� de place. / Peu {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  305. claquement d'un fouet. Frapp� {RDP} ♦ claquement d'un fouet. / Frapp� {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  306. toutes les voiles. De {RDP} ♦ toutes les voiles. / De {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  307. �tre exauc�. Pour {RDP} ♦ �tre exauc�. / Pour {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  308. A quinze ans on {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ A quinze ans, on {L69}
  309. toujours. Au {RDP}♦ toujours. / Au {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  310. gerbes de lumi�re. Melchior {RDP} ♦ gerbes de lumi�re. / Melchior {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  311. morne silence. Le {RDP} ♦ morne silence. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  312. imb�cillit� {RDP} ♦ imb�cilit� {Foy7}{Mel42}, {Ill3}, {L69} comme {RDP}
  313. de Melchior. Il {RDP} ♦ de Melchior. / Il {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  314. avec force : « Vous {RDP} ♦ avec force : / — Vous {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  315. vers lui. Jenny {RDP} ♦ vers lui. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  316. m'amenez-vous ici, dit Jenny en s'�veillant comme d'un r�ve ? {RDP}, {Foy7} ♦ m'amenez-vous ici ? dit Jenny en s'�veillant comme d'un r�ve. {Mel42}{Ill3} comme {RDP}{L69} comme {Mel42}
  317. sa b�n�diction, et {RDP} ♦ sa b�n�diction, Melchior et {Foy7} (il se peut que le caract�re virgule f�t us�) ♦ sa b�n�diction, Melchior, et {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  318. entendez-vous, Jenny, c'est {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ entendez-vous, Jenny? c'est {L69}
  319. Jenny dont l'effroi {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Jenny, dont l'effroi {L69}L69
  320. de nature, que {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de nature ; que {L69}
  321. Moi seul je {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Moi seul, je {L69}
  322. � cette heure, libres {RDP}, {Foy7} ♦ � cette heure libres {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  323. Eh bien ! {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Eh bien, {L69}
  324. point ici de pr�tre, {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ point ici de pr�tre ; {L69}
  325. Eh bien ! {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Eh bien, {L69}
  326. instant supr�me tu {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ instant supr�me, tu {L69}
  327. larmes br�lantes. « Oh {RDP} ♦ larmes br�lantes. / — Oh ! {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  328. me soit horrible... Oh ! {RDP} ♦ me soit horrible... / « Oh ! {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  329. cette autre ? {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ cette autre ! {L69}
  330. me refuser !... {RDP} ♦ me refuser !.. {Foy7} ♦ me refuser ! {Mel42} (les points de suspension sont escamot�s pour �viter un saut de page exc�dentaire){Ill3}, {L69} comme {RDP}
  331. me refuser !... / Cependant {RDP} ♦ me refuser !... // {[145]} IV [entre fleurons] // {146 blanche} // {[147]} IV [rappel] / [filet] / Cependant {Foy7} ♦ me refuser ! // {[81]} CHAPITRE QUATRIÈME // {[82 blanche]} // IV / Cependant {Mel42} ♦ me refuser !... / IV / Cependant {Ill3}, {L69}
  332. insensiblement. Vers le matin on {RDP} ♦ insensiblement. / Vers le matin on {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ insensiblement. / Vers le matin, on {L69}
  333. O d'en bas, ferons-nous {RDP} ♦ Oh d'en bas ! ferons-nous {Foy7} ♦ Ho d'en bas ! ferons-nous {Mel42} ♦ Oh d'en bas ? ferons-nous {Ill3} ♦ Oh�! d'en bas ! ferons-nous {L69}
  334. sans �tre vus. Jenny {RDP} ♦ sans �tre vus. / Jenny {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  335. Ce jour-l� Melchior {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Ce jour-l�, Melchior {L69}
  336. Jenny, et quand {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ Jenny, et, quand {L69}
  337. de sommeil. Jusqu'au soir l'�quipage {RDP} ♦ de sommeil. / Jusqu'au soir l'�quipage {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ de sommeil. / Jusqu'au soir, l'�quipage {L69}
  338. mais le soir {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ mais, le soir {L69}
  339. porte-hauban. Un insant apr�s Jenny {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ porte-haubans. / Un insant apr�s, Jenny {L69}
  340. et des caresses. Melchior lui dit encore : « Tu {RDP} ♦ et des caresses. / Melchior lui dit encore : / — Tu {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  341. J'y crois, surtout {RDP}, {Foy7} ♦ J'y crois surtout {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  342. et disparurent. Penses-tu {RDP} ♦ et disparurent. / Penses-tu {Foy7}, {Mel42} ♦ et disparurent. / « Penses-tu {Ill3}{L69} comme {RDP}
  343. ses bras. Ce mouvement {RDP} ♦ ses bras. / Ce mouvement {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}{L69} comme {RDP}
  344. Sois tranquille {RDP} (pas de guillemet ouvrant) ♦ — Sois tranquille {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  345. jamais ton amour. En {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ jamais ton amour. / En {Ill3}, {L69}
  346. du timonier ; {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ du timonier : {Ill3}, {L69}
  347. contre la poupe. Un {RDP} ♦ contre la poupe. / Un {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  348. nageur dont {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ nageur, dont {L69}
  349. cheveux blancs. Sa {RDP} ♦ cheveux blancs. / Sa {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  350. ponctualit� jusqu'� {RDP} ♦ ponctualit�, jusqu'� {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  351. la m�moire. / En {RDP} ♦ la m�moire. // {Foy7 155; Mel42 88} * * * / En {Foy7}, {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  352. chez sa m�re, il trouva parmi {RDP} ♦ chez sa m�re, Melchior trouva parmi {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ chez sa m�re, Melchior trouva, parmi {L69}
  353. qui l'attendaient un {RDP}, {Foy7}, {Mel42}, {Ill3} ♦ qui l'attendaient, un {L69}
  354. s'y pr�cipiter. On {RDP} ♦ s'y pr�cipiter. / On {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  355. le papier ; c'�tait {RDP}, {Foy7} ♦ le papier, c'�tait {Mel42}{Ill3} comme {RDP} ♦ le papier : c'�tait {L69}
  356. de ses muscles ; il {RDP}, {Foy7}, {Mel42} ♦ de ses muscles, il {Ill3}{L69} comme {RDP}
  357. s'�ter la vie. Cette {RDP} ♦ s'�ter la vie. / Cette {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  358. Bu�nos-Ayres. C'est {RDP} ♦ Bu�nos-Ayres. / C'est {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  359. Seulement, une fois par an, sa m�moire {RDP}, {Foy7} ♦ Seulement une fois par an sa m�moire {Mel42}{Ill3}, {L69} comme {RDP}
  360. veut se noyer. Les {RDP} ♦ veut se noyer. / Les {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  361. et la fureur. Alors {RDP} ♦ et la fureur. / Alors {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}
  362. � fond de cale. Le {RDP} ♦ � fond de cale. / Le {Foy7}, {Mel42}, {Ill3}, {L69}

Notes

  1. Pour la pr�sentation du texte, voyez la Note g�n�rale sur la pr�sentation des textes.
  2. Le keepsake {Foy7} est enti�rement de George Sand ; le nom de l'auteur appara�t sur la page [5] : « M. GEORGES SAND. ». Et le titre en page [7] : « MELCHIOR.
    {Mel42} connait d�j� les sections, que n'avait pas {RDP}. Cette �dition suit d'assez pr�s {Foy7}, l'�diteur a d� s'�tre procur� sans d�lai un exemplaire du keepsake.
  3. Dans {Foy7} et {Ill3} le paragraphe est entre guillemets, avec rappel en d�but de chaque ligne.
    Notons une fois pour toutes que l'usage des guillemets ou du tiret varie selon les �ditions. Nous ne mentionnerons ces diff�rences que lorsqu'elles sortent de l'ordinaire.
  4. La le�on de {RDP}: « Le mariage �tait une n�cessit� de sa constitution » s'accorde mieux avec ce « qui e�t fait rougir le chaste front de Jenny ». La correction a peut-�tre voulu �liminer l'ambigu�t� de la n�cessit�.
  5. au vent de l'artimon : l'artimon �tant le mat situ� � l'arri�re d'un navire, le vent de l'artimon doit s'entendre comme venant de l'arri�re, donnant au voilier une allure grand largue ou vent arri�re. Ces allures – avec le largue ou vent de hanche – sont communes aux navires � voiles carr�es, remontant difficilement au vent, contrairement aux go�lettes et autres navires � voiles triangulaires ou auriques, qui peuvent prendre des allures au plus pr�s.
  6. {Mel42}, qui fait un interligne � tous les alin�as, fait ici un double interligne.
  7. L'article 343 du Code civil (1807) dit que « l'adoption n'est permise qu'aux personnes de l'un ou de l'autre sexe, �g�es de plus de cinquante ans, qui n'auront � l'�poque de l'adoption, ni enfans, ni descendans l�gitimes, et qui auront au moins quinze ans de plus que les individus qu'elles se proposent d'adopter. » Le p�re de Jenny ne peut donc adopter Melchior du vivant de sa fille. Par ailleurs le code civil ne pr�voit pas d'adoption post mortem. La le�on originale est pr�f�rable car elle est conforme � l'article 343. La le�n post�rieure n'a pas beaucoup de sens : James Lockrist, Jenny morte, n'a pas besoin d'adopter Melchior pour en faire son h�ritier, et la perp�tuation de son nom ne doit pas �tre un souci pour lui puisque, Jenny vivante, son nom s'�teindrait par le mariage de sa fille.
    On peut se demander si c'est George Sand elle-m�me qui a chang� le « ma » en « sa ». En effet la le�on originale est comme l'annonce ou la pr�monition de la mort pr�matur�e de Jenny : en quelque sorte Jenny est l'oracle de sa propre mort et donc de la trag�die qui se pr�pare.
  8. si pleines d'�nergie et de dur�e : le mot dur�e est surprenant ; en effet la dur�e ne peut v�ritablement s'exprimer qu'au vu du temps �coul� qui, en l'occurence, bien que non pr�cis�, ne peut �tre long. Il faut probablement comprendre ici constance plut�t que dur�e.
  9. dunettes : le pluriel, apparu dans {L69}, se comprend mal : si dans la marine ancienne il arrivait que les superstructures de l'arri�re comportassent plus d'une d'une dunette, superpos�es, ce n'�tait plus le cas au XIXe si�cle o� il n'y en avait plus qu'une, abritant la cabine et les chambres.
  10. la fatalit� [...] son œuvre in�vitable : cette phrase d�voile la nature tragique de la nouvelle. Il y a trag�die parce que un ou plusieurs personnages n�gligent ou outrepassent les signes annonciateurs d'une issue sans rem�de. À chaque instant pourtant, et presque jusqu'au dernier moment, le bon sens, dans le cas du p�re, ou la franchise, dans celui de Melchior, emp�cherait la glissade fatale. Le tragique de Melchior est aussi conforme au destin�es romantiques o� la souffrance est color�e de masochisme ; George Sand conduit habilement la nouvelle sous ces deux aspects.
  11. Ces derniers paragraphes, d'une s�v�rit� am�re, entrent en contradiction : La nature n'a pas encore donn� le compl�ment � nos facult�s, que l'exp�rience nous les a �teintes ; c'est l'exp�rience qui �teint, mais l'exp�rience, fruit du temps, est individuelle. Certes la civilisation n'est pas innocente, mais faire d'elle la seule cause de cette incomp�tence qu'on peut dire en quelque sorte cong�nitale, c'est pousser un peu loin la pens�e de Jean-Jacques Rousseau.
  12. Le « nom barbare des planches et des cordes » n'a en v�rit� rien de « st�riles d�tails statistiques », mais r�sulte au contraire de l'exp�rience accumul�e par les constructeurs et les marins, d'une part, et de la n�cessit� qu'il y a en mer que chaque �l�ment du gr�ement – pour ne parler que de cela – soit identifiable instantan�ment. À bord, il n'y a pas de corde – sauf le cordage tress� de la cloche, qui sert � piquer les heures –, tout porte un nom. Dans la cale, le charpentier dispose de planches et madriers pour les r�parations ; le voilier a des cordages et de la toile � voile dans le m�me but.
    De la part de George Sand, cette premi�re partie du paragraphe est tr�s �tonnante : elle connait le vocabulaire de la campagne, celui de la musique ; probablement celui des bourreliers et des forgerons, et son pr�cepteur, Deschartres, a d� lui apprendre beaucoup de mots que peu de filles de son statut social connaissait.

    Peut-�tre doit-on comprendre ici que George Sand a voulu mettre en opposition totale la neccessit� et et la grossieret� n�e d'une « existence sociale [...] suspendue ».

    On peut se demander si elle avait lu le r�cit de la mutinerie de la Bounty, et en particulier le livre de Sir John Barrow : The Eventful History of the Mutiny and Piratical Seizure of H.M.S. Bounty, paru en 1831; et le t�moignage de William Bligh, le commandant de la Bounty : A Voyage to the South Sea [...] in His Majesty's ship the Bounty. Rappelons aussi que l'�le Pitcairn – o� s'�taient r�fugi�s la plupart des mutin�s en 1790 ou 1791 – dont la longitude n'�tait connue qu'approximativement, et qui par ailleurs �tait (et est toujours) en dehors de toute route maritime –, ne fut red�couverte qu'en 1825. Frederich W. Beechey, qui aborda alors l'�le, recueillit le t�moignage du dernier survivant de la mutinerie et en publia le r�cit. Or on a vu plus haut que le voyage de l'Inkle se fait en 1825; peut-�tre ce rapprochement n'est-il pas anodin?
  13. Les termes voute et salle donnent l'impression d'avoir quitt� le navire pour se retrouver dans un immeuble � terre. En l'occurence, la salle est la cabine, laquelle occupe tout l'arri�re du navire sous la dunette. L'ossature du pont et celle de la dunette sont cintr�es, entre autres pour permettre une meilleure �vacuation des paquets de mer par mauvais temps. Ce cintrage des poutres – qu'on nomme baux – est faible et ne permet gu�re de parler de voute. Mais sur les navires plus anciens, sur lesquels les superstructures de l'arri�re d�bordaient du navire assez consid�rablement en surplomb de la poupe, une voute d'arcasse soutenait le ch�teau arri�re. Peut-�tre George Sand confond-elle ; mais ce peut �tre aussi une po�tisation.
  14. fort agr�ables [...] sous le vent : Les porte-haubans au vent re�oivent les embruns et, sous certaines allures, �galement le vent ; tandis que sous le vent ces inconv�nients sont peu ou pas du tout sensibles.
  15. contre ma consigne : non point sa propre consigne, mais celle du bord, command�e par l'�volution du temps. C'est n�anmoins paradoxal car Melchior lui-m�me enfreint la consigne.
  16. Un temps de grain est transitoire; il est souvent accompagn� d'un fort coup de vent, d'averses et parfois de gr�le, mais, si on ne se laisse pas surprendre par lui, n'est pas d'un grand danger. On dirait que Melchior se m�prend sur le danger : ici il l'exag�re; quand viendra la temp�te, il le minimisera. On est un plein romantisme d�lirant : « il invoquait la col�re des �l�ments. »
  17. des satanites au plumage fun�bre : L'appelation satanite, peu fr�quente, d�signerait, selon A. Languetif – Le Chasseur fran�ais ; n° 658, d�cembre 1951, p.718 – un « p�trel oc�anite (Oceanistes oc�anicus) » et l'appelation satanite serait picarde d'origine. Mais Oceanites oceanicus (et non Oceanistes oc�anicus) est un oc�anite de Wilson, oiseau p�lagique de la taille d'une hirondelle, abondant dans l'Atlantique sud et l'Antarctique (Oceanites oceanicus, Kuhl 1820). L'oc�anite est de la famille des Hydrobatid�s tandis que le p�trel est de la famille des Procellariid�s, toutes deux de l'ordre des Procellariiformes. Oceanites oeanicus, aujourd'hui r�parti en trois sous-esp�ces, est de teinte fuligineuse avec le croupion blanc (voir photo sur wikipedia, article «Oc�anite de Wilson». Il est probable que le satanite �tait connu des marins avant d'�tre d�crit par Heinrich Kuhl (°1797-†1821); nous n'avons pas d�couvert quelle �tait la source de George Sand.
    À notre �poque, le satanite est �voqu� par Jean Merrien comme l'Oiseau de mort du Cap Horn, mais il ne semble pas s'agir d'un oc�anite : Merrien parle d'un oiseau blanc, or les Hydrobatid�s sont tous fonc�s, au moins sur le dessus.
  18. les flots se teignirent en noir : on a l� un oxymore : ce ne sont pas les flots qui se teignent en noir, mais le ciel ; ou, plus exactement, la lumi�re p�n�trant de moins en moins la mer, celle-ci para�t devenir d'encre.
  19. Un voilier peut se trouver dans la situation o� ses basses verges touchent les flots si une forte houle le prend de travers et tend � le coucher ; c'est une situation p�rilleuse car, si les basses voiles font poche et se chargent d'eau, le navire peut ne pas se relever avant le passage de la vague suivante. Le commandant de l'Inkle a �t� tr�s imprudent de ne pas avoir fait affaler les huniers plus t�t. On peut esp�rer qu'il avait fait carguer les voiles hautes. Dans une telle mer, il semble que la prudence aurait conseill� de mettre � la cape, c'est-�-dire sous quelques voiles basses. Le grand hunier �tant hors d'usage (son �coute ayant p�t�), le commandant aurait pu faire �tablir une voile d'�tai appel�e pouillouse et naviguer sous petit foc, misaine aris�e (r�duite) ou pouillouse, artimon de cape et foc d'artimon, ou quelque autre combinaison de basses voiles (voir P.C. Causs� ; Album du marin contenant les diverses positions du b�timent � la mer [...] ; Nantes ; Charpentier P�re, Fils et Cie ; MDCCCXXXVI – section La Cape, voir aussi Calme avec grosse houle).
    « Serrer toutes les voiles » est une mesure extr�me et laborieuse, et par laquelle le navire cesse pratiquement d'�tre manœuvrant. Le navire va se mettre spontan�ment en travers du lit du vent, ce qui en fait le jouet de la houle avec des cons�quences potentiellement gravissimes. On �tablissait une ou plusieurs ancres flottantes, ou une remorque faite de barils vides : ceci aidait le navire � demeurer dans la ligne du vent.
  20. En cet instant particuli�rement dramatique, Melchior, en plein d�lire, ne pense qu'� lui. La place de Jenny, comme celle-ci le dit elle-m�me, est aupr�s de son p�re. Le devoir de Melchior e�t �t� de se tenir avec elle aupr�s de son oncle, ou, mieux encore puisqu'il reste marin avant tout, � la manœuvre avec l'�quipage. Mais il est aveugl� par son d�sir et s'accapare Jenny. Sa rh�torique, alternant les je et les tu, impliquant la Providence et balayant d'un mot l'assistance due au p�re de Jenny, tend � r�duire Jenny � sa merci tout en ayant l'air de la placer « plus haut que le Dieu qui me frappe » (remarquons le me qui oppose la Cr�ation tout enti�re � lui). Tout cela est parfaitement dans l'esprit du drame romantique, et George Sand parvient magnifiquement � mettre en parall�le le d�sordre momentan� de la Nature et le d�sordre, qui sera d�finitif, de l'esprit de Melchior. Et Jenny est, dans les bras de Melchior, comme le navire dans la temp�te : ... un jouet.
  21. Le capitaine est bien bon de se contenter de vouloir r�primander Melchior. Ce dernier est coupable d'abandon de poste en situation p�rilleuse (qu'il jugeait lui-m�me d�sesp�r�e).
  22. et retourna le lendemain � la mer : toute la force dramatique de la sc�ne tient dans ces quelques mots.
  23. Vou� � un destin tragique, Melchior aura tout rat� dans sa vie, sauf son m�tier de marin. Mariage stupide, �trange et ignoble nuit de noce, apoth�ose mortelle o� seule Jenny p�rit, et pour finir l'inutilit� de sa d�mission suicidaire face � l'amour qui s'offrait � lui.