anonyme [Aurore Dudevant]
[BIGARRURE].

Figaro, 5 mars 1831 (VI�me ann�e, N� 64)



Retour � la page principale Œuvres de G.S. sur ce site
Écrire � [email protected]





INTRODUCTION

Bigarrures �tait le titre d'une rubrique de textes satiriques au caract�re parfois pol�mique. C'�taient des textes courts, et m�me souvent fort courts — deux lignes —, non sign�s et dont l'attribution est essentiellement difficile.

Cette bigarrure a �t� vraisemblablement r�dig�e vers le 3 ou le 4 mars 1831. Elle est assur�ment d'Aurore Dudevant: « Dans le m�me num�ro [du Figaro du 5 mars] il y a une bigarurre (la premi�re) qui fait un grand scandale » (L.365 du 6 mars 1831, � Charles Duvernet, in Corr.I pp.822-823).

L'article fit scandale: « Alors le roi citoyen s'est f�ch� et voil� qu'on a saisi le Figaro et qu'on lui intente un proc�s de tendance. Si on incrimine les articles en particulier, le mien [la "bigarrure"] le sera pour s�r. Je m'en d�clare l'auteur et je me fais mettre en prison. Vive Dieu! quel scandale � La Ch�tre! Quelle horreur et quel d�sespoir dans ma famille! Mais aussi ma r�putation est faite et je trouve un �diteur pour acheter mes platitudes et des sots pour les lire. Je donnerais 9 fr 50 c pour avoir le bonheur d'�tre condamn�e » (m�me lettre � Duvernet, in Corr.I p.823; voir aussi la L.366 au m�me).

Nous donnons le texte du Figaro (5 mars 1831, VI�me ann�e, N° 64, p.3 col.1). Cette bigarrure est la premi�re de la rubrique, ce qui, mis en regard de la L.365 (« il y a une bigarurre (la premi�re) »), garantit l'attribution � Aurore.






M. le pr�fet de police va publier une nouvelle ordonnance, dont voici les principales dispositions : 1° Tous les citoyens capables de porter les armes seront convoqu�s tous les jours, depuis 7 heures du matin jusqu'� 11 heures du soir, � l'effet de garder le Palais-Royal; et toutes les nuits, depuis 11 heures du soir jusqu'� 7 heures du matin, pour garder les temples et autres �difices publics. Pendant ce tems, les femmes, enfans et vieillards monteront la garde devant la porte de leurs maisons. Les familles qui manqueraient � cet avertissement perdraient droit � la protection de la force arm�e et resteraient expos�es aux violences des agitateurs. 2° Afin que la tranquillit� des habitants ne soit plus troubl�e, tous les matins avant le point du jour, vingt-cinq coups de canon seront tir�s sur les places publiques. Le tocsin sonnera dans toutes les �glises, et le rappel battra dans toutes les rues � toutes les heures de la nuit. Une patrouille nationale parcourra tous les quartiers de la ville, en criant : Prenez garde � vous, ainsi qu'il est d'usage dans les citadelles. 3° On engage chaque propri�taire � faire creuser autour de sa maison un foss� de sept pieds et demi de large, � fortifier la porte-coch�re, griller les fen�tres, et � avoir au moins chez lui vingt fusils pour armer ses locataires et domestiques en cas de besoin. Moyennant ces pr�cautions, le gouvernement promet aux habitans une tranquilit� pure et durable. Il s'engage � ne pas d�jouer plus de douze conspirations par mois, et � ne pas souffrir plus de trois �meutes par semaine. Les lundi, mercredi et vendredi seront consacr�s � pr�venir les rassemblemens, et les mardi, jeudi et samedi � les disperser.