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INTRODUCTION
Bigarrures était le titre d'une rubrique de textes satiriques au caractère parfois polémique. C'étaient des textes courts, et même souvent fort courts — deux lignes —, non signés et dont l'attribution est essentiellement difficile.
Cette bigarrure a été vraisemblablement rédigée vers le 3 ou le 4 mars 1831. Elle est assurément d'Aurore Dudevant: « Dans le même numéro [du Figaro du 5 mars] il y a une bigarurre (la première) qui fait un grand scandale » (L.365 du 6 mars 1831, à Charles Duvernet, in Corr.I pp.822-823).
L'article fit scandale: « Alors le roi citoyen s'est fâché et voilà qu'on a saisi le Figaro et qu'on lui intente un procès de tendance. Si on incrimine les articles en particulier, le mien [la "bigarrure"] le sera pour sûr. Je m'en déclare l'auteur et je me fais mettre en prison. Vive Dieu! quel scandale à La Châtre! Quelle horreur et quel désespoir dans ma famille! Mais aussi ma réputation est faite et je trouve un éditeur pour acheter mes platitudes et des sots pour les lire. Je donnerais 9 fr 50 c pour avoir le bonheur d'être condamnée » (même lettre à Duvernet, in Corr.I p.823; voir aussi la L.366 au même).
Nous donnons le texte du Figaro (5 mars 1831, VIème année, N° 64, p.3 col.1). Cette bigarrure est la première de la rubrique, ce qui, mis en regard de la L.365 (« il y a une bigarurre (la première) »), garantit l'attribution à Aurore.
M. le préfet de police va publier une nouvelle ordonnance, dont voici les principales dispositions : 1° Tous les citoyens capables de porter les armes seront convoqués tous les jours, depuis 7 heures du matin jusqu'à 11 heures du soir, à l'effet de garder le Palais-Royal; et toutes les nuits, depuis 11 heures du soir jusqu'à 7 heures du matin, pour garder les temples et autres édifices publics. Pendant ce tems, les femmes, enfans et vieillards monteront la garde devant la porte de leurs maisons. Les familles qui manqueraient à cet avertissement perdraient droit à la protection de la force armée et resteraient exposées aux violences des agitateurs. 2° Afin que la tranquillité des habitants ne soit plus troublée, tous les matins avant le point du jour, vingt-cinq coups de canon seront tirés sur les places publiques. Le tocsin sonnera dans toutes les églises, et le rappel battra dans toutes les rues à toutes les heures de la nuit. Une patrouille nationale parcourra tous les quartiers de la ville, en criant : Prenez garde à vous, ainsi qu'il est d'usage dans les citadelles. 3° On engage chaque propriétaire à faire creuser autour de sa maison un fossé de sept pieds et demi de large, à fortifier la porte-cochère, griller les fenêtres, et à avoir au moins chez lui vingt fusils pour armer ses locataires et domestiques en cas de besoin. Moyennant ces précautions, le gouvernement promet aux habitans une tranquilité pure et durable. Il s'engage à ne pas déjouer plus de douze conspirations par mois, et à ne pas souffrir plus de trois émeutes par semaine. Les lundi, mercredi et vendredi seront consacrés à prévenir les rassemblemens, et les mardi, jeudi et samedi à les disperser.