George Sand
[Pr�face � Les 14 Stations du Salon - 1859 [...] de Zacharie Astruc]. a

PMdB: pr�face � "[Zacharie Astruc] - Les 14 Stations du Salon - 1859 [...] - Paris; Poulet-Malassis et De Broise; 1859



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INTRODUCTION

Cette pr�face a �t� �crite par George Sand en 1859 pour Zacharie Astruc. Les 14 Stations du Salon - 1859 parurent pour la premi�re fois en septembre 1859, avec le pr�face de George Sand. C'est l'�dition Poulet-Malassis et Bridel, nous en donnons le texte de la pr�face avec indication de la pagination originale, sous la forme {PMdB x} o� 'x' est le num�ro de page. Nous rep�rons cette �dition par {PMdB}.

L'�dition, posthume, des Souvenirs de 1848 – que nous rep�rons {S1848} – contient, dans la section M�langes, ladite pr�face titr�e « Quatorze Stations du Salon de 1859, par Zacharie Astruc ». Nous n'avons pas vu cette �dition.






{PMdB [I]} Ce r�sum� rapide, original et hardi du Salon de 1859, a �t� publi� dans le Quart d'Heure, Gazette des gens � demi-s�rieux, une jeune revue courageuse et fra�che d'id�es, forte de sentiments. C'est l'œuvre de trois jeunes gens dont l'union consolide l'�nergie. Des motifs de reconnaissance personnelle que nous ne voulons pas nier et d'autant plus vifs que ces jeunes gens nous sont inconnus, ne nous aveuglent cependant pas, et c'est, avec impartialit� et liber� enti�re de la conscience que nous applaudissons des tendances g�n�reuses soutenues par le travail, le cœur et le talent; trois belles choses qui font grandir vite et que l'on ne rencontre pas souvent d'accord.

L'un de ces jeunes gens a entrepris, de parler {PMdB II} peinture. Sous une forme neuve, pleine d'allure et d'entrain, il a jet� l� sa s�ve comme il l'e�t jet�e ailleurs. Nous partageons beaucoup de ses id�es sur l'art. Comme lui, nous avons ch�ri et admir�, au Salon de cette ann�e, les œuvres de Delacroix, de Corot, d'H�bert, de Fromentin, de Pasini et de plusieurs autres ma�tres d�j� consacr�s ou nouvellement acclam�s: mais comme, sauf les œuvres capitales, nous n'avons pas eu le loisir de voir attentivement cette exposition, nous n'avons pas le droit d'endosser la responsabilit� de tous les jugements de M. Zacharie Astruc. Notre mission n'est d'ailleurs pas de parler peinture ici et de discuter quoi que ce soit. Appel� � appr�cier le m�rite litt�raire de cette critique, nous avons � dire qu'elle nou para�t surtout un œuvre de sentiment. Nous l'avons lue avec un tr�s-grand int�r�t, parce que nous y avons trouv� de l'esprit, 'de la gr�ce, de la gaiet�, du sang, des nerfs, de la po�sie, de la vie enfin. Et que veut-on de plus et de mieux? Il y a l� l'exub�rance du bel �ge et du temp�rament m�ridional, un peu d'enivrement de soi-m�me qui ne d�pla�t pas, et beaucoup de zigzags pleins d'humour qui r�jouissent et reposent.

{PMdB III} L'�crivain est artiste de la t�te aux pieds. Il juge avec son �motion propre, avec son imagination chaude, avec son appr�ciation personnelle qui ne redoute rien et personne, avec son ardeur et sa franchise d'intentions. C'est un litt�rateur qui se passionne et qui n'affecte pas les connaissances techniques. Il compare surtout ce que la r�alit� des �tres et des objets lui fait �prouver avec l'interpr�tation que l'art met sous ses yeux. Ne faisons-nous pas que l'art met sous ses yeux. Ne faisons-nous pas tous comme lui quand nous ne sommes pas praticiens dans l'art qui nous charme? et o� trouverons-nous de plus aimables ciceroni que ceux qui voient et sentent vivement. Quand, m�me nous ne serions pas toujours de leur avis sur la chose jug�e, n'aurons-nous pas en revanche, un plaisir extr�me � nous promener en r�ve dans ces tableaux que leur fantaisie nous trace?

C'est un des m�rites frappants du livre de M. Zacharie Astruc. Un monde de couleurs, de formes, d'id�es, de compositions, tourbillonne dans son style et d�borde ses discussions. Que le peintre dont il nous parle le ravisse ou le f�che, il lui arrache sans fa�on sa palette, et le voil� de peindre � sa place. {PMdB IV} C'est-�-dire qu'� l'aide d'un autre art, la parole, il explique ou refait � sa guise le sujet trait� par le pinceau. Ses tableaux sont charmants, donc on les accepte: charmants aussi les dialogues qu'il �tablit entre les personnages, et m�me entre les objets repr�sent�s sur la toile. On sent l� une heureuse prodigalit� de talent et l'amour du beau pouss� jusqu'� l'enthousiasme.

GEORGE SAND.

Nohant, 19 ao�t 1859.


Variantes

  1. PRÉFACE {PMdB}Quatorze Stations du Salon de 1859, par Zacharie Astruc {S1848}