Et si Trump avait raison sur les tarifs douaniers ?
À l’approche d’une potentielle seconde présidence de Donald Trump, les marchés s’agitent et les prophéties catastrophistes fusent : les tarifs douaniers vont provoquer une inflation galopante, le président n’a aucun contrôle sur la valeur du dollar… Balivernes ! Ces prédictions alarmistes passent à côté de l’essentiel. Une administration Trump dispose d’outils puissants pour rééquilibrer le commerce international en faveur des États-Unis, et elle peut le faire sans plonger le pays dans le chaos économique. Tarifs douaniers, politiques monétaires : les options sont nombreuses, et leurs effets secondaires, maîtrisables. Voici pourquoi cette opportunité mérite d’être saisie.
Le diagnostic : un dollar surévalué qui étrangle l’industrie américaine
Avant de parler solutions, comprenons le problème. Le déséquilibre commercial des États-Unis ne vient pas d’une frénésie de consommation, mais d’une dynamique perverse : le monde a une demande insatiable pour les actifs de réserve, notamment les titres du Trésor américain. Ces titres, achetés pour faciliter le commerce entre pays tiers ou stabiliser des devises étrangères, ne dépendent pas de leur rendement ou de la santé économique des États-Unis. Résultat ? Une pression constante à la hausse sur le dollar, qui devient artificiellement fort.
Cette surévaluation a des conséquences dramatiques. Elle handicape le secteur manufacturier américain, incapable de concurrencer des importations bon marché, et freine les exportations. Regardez cette illustration éloquente :
Les travailleurs américains paient le prix fort pour un système qui profite au reste du monde. Nos importations massives ne reflètent pas une faiblesse nationale, mais notre rôle de pourvoyeur d’actifs de réserve pour le commerce et l’épargne globale.
Injuste ? Sans aucun doute. Intolérable ? Absolument.
Les tarifs douaniers : une arme sous-estimée
Pour corriger cette injustice, deux leviers principaux s’offrent à Trump : les tarifs douaniers et les interventions sur les devises. Commençons par les tarifs, qui ont déjà prouvé leur efficacité lors de son premier mandat. Contrairement aux prédictions apocalyptiques, ils n’ont ni déclenché d’inflation ni freiné la croissance. Pourquoi ? Grâce à ce qu’on appelle « l’effet de compensation monétaire ». Quand les tarifs ont été imposés, le dollar s’est apprécié presque exactement dans les mêmes proportions, laissant les prix des importations stables.
Résultat concret : pas d’inflation, des recettes fiscales importantes pour le Trésor, et une facture réglée… par la Chine ! Avec un Yuan affaibli, les Chinois ont vu leur pouvoir d’achat diminuer – eux, pas les Américains. Sur dix ans, les revenus des tarifs sur la Chine ont couvert environ un tiers du coût des réductions d’impôts de 2017. En clair, Pékin a financé une partie des baisses d’impôts pour les travailleurs et entreprises américains. Pas mal, non ?
Mais attention : si cet effet de compensation monétaire maintient les prix stables, il limite aussi l’incitation à déplacer les chaînes d’approvisionnement hors de Chine. Sans lui, les entreprises auraient plus de raisons de relocaliser, mais les recettes fiscales seraient moindres. Trump 2.0 devra trancher.
Une approche graduelle pour des tarifs ambitieux
Trump envisage des tarifs bien plus élevés cette fois-ci – jusqu’à 60 % sur la Chine et 10 % ou plus sur le reste du monde. Les risques sont réels : volatilité des marchés, perturbations brutales… Mais une solution existe : la gradualité. Imaginez des hausses mensuelles de 2 %, appliquées jusqu’à ce que la Chine respecte des normes commerciales de base – propriété intellectuelle, ouverture de son marché, etc. Cette montée progressive, claire et prévisible, donnerait aux entreprises le temps de s’adapter, réduisant l’incertitude et les secousses économiques. En quelques années, on atteindrait des niveaux dissuasifs sans provoquer de crise.
Pour le reste du monde, une idée astucieuse émerge : classer les pays en « catégories » selon leurs relations avec les États-Unis. Les partenaires loyaux en défense et en commerce bénéficieraient de tarifs bas ; les profiteurs du système paieraient plus cher. Un partage du fardeau enfin équitable !
Et si on touchait au dollar ?
Les tarifs, c’est bien, mais ils ne règlent pas tout. La surévaluation du dollar appelle aussi des politiques monétaires audacieuses. Deux voies possibles : multilatérale ou unilatérale. La première passerait par un grand accord international – un « Accord de Mar-a-Lago » – où les partenaires commerciaux revaloriseraient leurs devises. Cela nécessiterait des incitations, mais aussi des garde-fous pour éviter une hausse des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis. Une piste ? Encourager ces pays à acheter des obligations du Trésor à très long terme, soulageant ainsi la pression sur le financement américain.
L’approche unilatérale, elle, serait plus audacieuse : accumuler des devises étrangères pour en augmenter la valeur, vendre des réserves d’or, ou décourager l’accumulation excessive de dollars par d’autres nations. Plus risqué, moins testé, mais faisable. Si Trump veut affaiblir le dollar, il a les moyens de le faire.
Tarifs d’abord, dollar ensuite
Dans la pratique, les tarifs seront probablement la première étape. Ils ont fait leurs preuves, ils créent un levier de négociation – rappelez-vous l’accord de phase 1 avec la Chine –, et ils renforcent le dollar dans un premier temps. Les politiques monétaires, plus complexes et moins familières, viendront peut-être plus tard, inversant la tendance en revalorisant les devises étrangères. Cette séquence pourrait transformer les marchés – énergie, taux, actions – mais surtout redonner aux États-Unis une position dominante.
Pour aller plus loin, plongez dans cette analyse complète : A Users Guide to Restructuring the Global Trading System.pdf
Une opportunité historique
Sous Trump 2.0, les États-Unis ont une chance unique de réécrire les règles du commerce mondial. Tarifs graduels, catégories intelligentes, politiques monétaires ciblées : ces outils peuvent corriger des décennies d’injustice, redonner vie à l’industrie américaine et faire payer les profiteurs. Oui, le chemin sera semé d’embûches, mais l’alternative – continuer à subir un système qui sacrifie les travailleurs américains – est inacceptable. Alors, prêts à saisir cette opportunité ?
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