Sarkozy et la trahison de 2008 : la démocratie française enterrée
Le 29 mai 2005, 54,68 % des Français ont rejeté le traité constitutionnel européen lors d’un référendum historique. Un « non » clair, porté par une campagne vibrante, contre une Europe jugée technocratique et déconnectée. Trois ans plus tard, Nicolas Sarkozy, président fraîchement élu, a piétiné ce verdict. Par un vote parlementaire en 2008, il a imposé le traité de Lisbonne, un copier-coller à peine masqué du texte refusé. Cette forfaiture a brisé quelque chose. Depuis, la démocratie française vacille, la confiance envers les élites s’effondre, et le système se désagrège à vue d’œil. Si ce moment fut décisif, il s’inscrit dans un malaise plus profond. Retour sur une rupture majeure et ses échos persistants.
Le traité de Lisbonne : la souveraineté sacrifiée
Le « non » de 2005 n’était pas un coup de tête. Les Français voulaient protéger leur souveraineté face à une Europe qui prenait trop de place. Le traité rejeté créait une Constitution supranationale, avec un président et un ministre des Affaires étrangères pour l’UE. Le traité de Lisbonne, adopté en 2008, a repris l’essentiel sous un autre nom. Il a renforcé le pouvoir de Bruxelles sur l’économie, la justice ou la sécurité, et gravé dans le marbre la primauté du droit européen sur les lois nationales. Résultat : des choix comme les quotas migratoires ou les normes écologiques s’imposent à la France, même si elle s’y oppose. En 2005, le peuple avait dit stop ; en 2008, Sarkozy a décidé pour lui, rompant le lien démocratique fondamental.
Ce n’est pas l’unique raison du mal-être actuel. L’abstention – 51,3 % aux législatives de 2022, un record pour ce scrutin – et des médias perçus comme des porte-voix du pouvoir ont aussi creusé le fossé. Mais le passage en force de 2008 reste un symbole : la voix des Français ne pèse plus.
Avant Sarkozy : une démocratie imparfaite mais réelle
De 1958 à 2005, dix référendums ont jalonné la Ve République. Indépendance de l’Algérie, suffrage universel pour le président, Maastricht : ces consultations, parfois tendues, donnaient vie à la souveraineté populaire. Quand De Gaulle perd en 1969, il part. Avant Sarkozy, contourner un « non » référendaire était inconcevable. Les crises – retraites en 1995, virage libéral de Mitterrand – restaient dans le cadre représentatif, sans nier ouvertement le peuple.
Depuis Sarkozy, aucun référendum national. Silence radio. 2008 a fait sauter les verrous : fini le dialogue, place aux décisions d’en haut.
Après Sarkozy : le mépris en cascade
Le délitement s’est emballé sous Hollande et Macron. Les Zones à faibles émissions (ZFE) dans des villes comme Paris ou Lyon, critiquées pour pénaliser les plus modestes, avancent sans débat citoyen. La crise du Covid ? Confinements, pass sanitaire, vaccins : tout a été imposé par ordonnances, malgré des manifestations monstres – plus de 200 cortèges en août 2021. Fessenheim, centrale rentable, ferme en 2020 pour un deal politicien, contre l’avis des salariés et des experts.
Le soutien à l’Ukraine ? 3,8 milliards d’euros d’aide depuis 2022 (chiffre du ministère des Armées), mais 62 % des Français s’y opposent, selon un sondage IFOP de janvier 2024. À chaque fois, le peuple crie, le pouvoir ignore.
Une démocratie au bord du gouffre : trois fractures béantes
Depuis Sarkozy, la France s’enfonce dans une crise à trois visages :
- Souveraineté perdue : le traité de Lisbonne a livré des pans entiers de pouvoir à l’UE. Dette publique (3 200 milliards d’euros en 2024, 112 % du PIB), normes écrasantes : 41 % des Français veulent un Frexit (Odoxa, 2023).
- Mépris affiché : ZFE, Fessenheim, Ukraine, A49 – ces choix bafouent les citoyens. La défiance atteint des sommets : 26 % font confiance au gouvernement en 2024 (CEVIPOF), contre 67 % en 2000.
- Dialogue mort : aucun référendum depuis 2005, une abstention qui explose – 33 % aux législatives de 2002 contre 51,3 % en 2022 –, et le RIC des Gilets jaunes jetés aux oubliettes. Le peuple ne se tait pas, on l’éteint.
Sarkozy n’a pas tout déclenché, mais il a accéléré la chute. En écrasant le « non » de 2005, il a légitimé un système dans lequel les élites commandent, le peuple subit, et la démocratie s’efface. Aujourd’hui, elle tient à peine debout. Jusqu’à quand ? « En 2008, Sarkozy n’a pas seulement enterré un référendum, il a creusé la tombe d’une démocratie qui, depuis, respire sous le poids de ses propres ruines. » Pendant ce temps, son fils Louis, récemment revenu sur la scène médiatique française avec des prises de position conservatrices, semble vouloir perpétuer un héritage politique, mais dans un paysage où la confiance populaire est déjà en cendres.
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