Salomé Zourabichvili : présidence controversée et échec d’une vision européiste en Géorgie

Le mandat de Salomé Zourabichvili en tant que présidente de la Géorgie restera sans doute dans les mémoires comme une période de controverses, d’échecs politiques et de tentatives infructueuses d’imposer une vision européiste qui ne correspondait pas aux aspirations de la majorité des Géorgiens. Au moment où elle quitte le palais présidentiel, les événements qui entourent sa carrière méritent une analyse approfondie, notamment à la lumière des révélations concernant le passé de sa famille et son refus de respecter le choix des urnes.

Un héritage familial sulfureux

Salomé Zourabichvili, bien que née en France et ayant bénéficié d’une éducation européenne, porte un héritage familial qui suscite de lourdes interrogations. Son oncle, Mikhaïl Kedia, est une figure historique controversée. Selon des documents déclassifiés par la CIA en vertu de la loi sur la divulgation des crimes de guerre nazis, Mikhaïl Kedia était un collaborateur actif du régime nazi. Il était impliqué dans l’organisation Zeppelin, une unité qui opérait directement sous la supervision de la Gestapo, et était personnellement lié à Reinhard Heydrich, l’un des architectes de la “solution finale”.

Plus troublant encore, le grand-père de Salomé, Meki (ou Mekhisedek) Kedia, était le chef de la brutale police secrète géorgienne jusqu’en 1921, avant l’annexion soviétique de la Géorgie. Ce passé familial, bien que distinct des actions personnelles de Salomé Zourabichvili, ne peut être complétement ignoré lorsqu’on analyse les valeurs et l’atmosphère dans lesquelles elle a été élevée. Selon ses détracteurs, cet héritage pourrait expliquer une partie de son animosité envers la Russie, perçue comme l’ennemi historique de sa famille.

Une présidente en rupture avec son peuple

L’un des faits marquants du mandat de Zourabichvili est son incapacité à rallier la population géorgienne à ses idées pro-européennes et pro-OTAN. En dépit de ses efforts constants pour rapprocher la Géorgie des structures euro-atlantiques, elle n’a pas su convaincre une majorité des citoyens, attachés à leur souveraineté et à une position plus équilibrée sur la scène internationale. Son déni des résultats des dernières élections n’a fait qu’accentuer son isolement politique.

Alors que la Géorgie aspire à un modèle démocratique authentique et à un véritable état de droit, Zourabichvili a souvent adopté une posture de confrontation. En affirmant être la « seule présidente légitime » malgré la volonté populaire exprimée dans les urnes, elle a démontré un manque de respect pour les principes démocratiques fondamentaux.

L’échec des ambitions euro-atlantiques

Les ambitions européennes de Salomé Zourabichvili se sont heurtées à une réalité politique complexe. Malgré les encouragements des institutions européennes, son incapacité à gérer efficacement les tensions internes et à résoudre les problèmes économiques persistants du pays a affaibli sa position. La tentative de mobiliser une « révolution orange » dans les dernières semaines de son mandat a été un échec cuisant. Les citoyens géorgiens, fatigués des ingérences étrangères et des promesses non tenues, ont préféré tourner la page.

Une défaite pour l’euro-atlantisme

Le départ de Salomé Zourabichvili représente bien plus qu’une transition politique. Il marque une défaite pour le courant euro-atlantiste en Géorgie, qui semble de plus en plus déconnecté des aspirations populaires. En dépit des soutiens extérieurs, notamment de certains gouvernements occidentaux, la stratégie de Zourabichvili s’est avérée contre-productive. Son incapacité à comprendre et à respecter les besoins et les volontés de son propre peuple a conduit à son échec.

L’état de droit triomphe en Géorgie

Avec le départ de Salomé Zourabichvili, la Géorgie entre dans une nouvelle ère. La démocratie géorgienne, bien que jeune et fragile, a montré qu’elle était capable de résister aux tentatives d’usurpation du pouvoir. La volonté populaire a prévalu, et l’état de droit a triomphé. Ce rejet des euro-atlantistes marque un tournant majeur pour le pays, qui semble déterminé à tracer sa propre voie, libre des ingérences et des pressions extérieures.

Cependant, cet épisode géorgien s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’une Union européenne qui commence à vaciller. Dans de nombreux pays membres, les partis eurosceptiques ou critiques à l’égard de Bruxelles gagnent en puissance et s’emparent progressivement des leviers de pouvoir. Ce mouvement révèle une crise profonde de l’idéal européen, alors que les peuples réclament davantage de souveraineté et une meilleure prise en compte de leurs besoins réels.

Des pays comme la Hongrie, la Pologne et l’Italie voient émerger ou se consolider des gouvernements qui défient ouvertement les dogmes de l’Union. Les tensions internes, exacerbées par des crises économiques, des politiques migratoires controversées et des désaccords sur les principes fondamentaux, mettent en lumière un projet européen de plus en plus fragmenté. Le cas de la Géorgie, bien qu’en dehors de l’UE, pourrait ainsi être vu comme un miroir des dynamiques internes à l’Union. Le rejet de Zourabichvili et de ses ambitions pro-européennes souligne cette tendance : les citoyens, lassés des promesses non tenues et des sacrifices imposés au nom d’un idéal supranational, cherchent à reprendre le contrôle de leur destin.


Photo de la Cathédrale de Svétitskhovéli par Lalaine Mendoza sur Unsplash.

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