Ma Super Nintendo, une décennie d’aventures inoubliables
C’est en tombant sur la vidéo YouTube de Carole Quintaine à propos de la Nintendo Switch 2 que l’idée m’est venue. Une vague de nostalgie m’a submergé, me ramenant à une époque où ma vie tournait autour d’une boîte grise magique : la Super Nintendo. Pas n’importe laquelle, hein, la mienne était celle du « coffret Scope », ma seconde console après la NES (dont je parlerai peut-être un jour). De 1990 à 2000 environ, cette machine a été bien plus qu’un simple objet : c’était une porte ouverte sur des mondes incroyables, un compagnon fidèle entre deux verres de Banga et une tablette de « Merveilles du Monde » fondant sur mes doigts collants, souvent vêtu de mon survêtement Champion U.S.A – bleu roi avec le logo bien visible, évidemment.
Commençons par le commencement : les jeux. Si je dois en citer quelques-uns qui ont marqué mes années Super Nintendo, impossible de passer à côté de Mario Kart, avec ses dérapages endiablés et ses fous rires entre copains. Street Fighter II et ses combos à m’en faire mal aux pouces. F-Zero, qui me donnait l’impression de piloter une Formule 1 futuriste à des vitesses folles. Mais s’il y a un titre qui m’a littéralement scotché à l’écran, c’est Donkey Kong Country. Une claque visuelle monumentale pour l’époque ! Ces graphismes pré-rendus, cette jungle luxuriante, ces animations fluides… et ce niveau du train de la mine ! Je me revois encore, les yeux écarquillés, à retenir mon souffle pour ne pas rater un saut. À l’époque, c’était presque de la sorcellerie.
Et puis il y avait The Legend of Zelda: A Link to the Past. Ce jeu, c’était une épopée. La carte d’Hyrule, que je connaissais par cœur grâce au poster punaisé au mur de ma chambre, était mon refuge. Chaque temple, chaque secret découvert après des heures d’exploration… c’était une aventure qui me faisait vibrer, bien plus que mes patins à roulettes Fisher Price qui prenaient la poussière dans un coin. À ça s’ajoute U.N. Squadron, un shoot’em up nerveux où je jouais les pilotes intrépides, esquivant les tirs ennemis avec une concentration digne d’un astronaute.
Mes copains de la cour de récré, eux, n’étaient pas tous dans le camp Nintendo. Certains, ces « ennemis jurés », juraient par la Master System ou la Mega Drive. On se chamaillait gentiment sur la supériorité de Sonic face à Mario, ou sur la puissance des graphismes 16 bits de Sega. Mais moi, j’étais fidèle à ma Super Nintendo. Et puis, plusieurs fois par semaine, je filais rencontrer « Laurent de Dragon Games », le magasin de jeux vidéo local. C’était mon temple. Là-bas, je pouvais essayer les dernières nouveautés, des cartouches fraîchement sorties aux consoles qui me faisaient rêver. La Neo-Geo, avec ses jeux hors de prix, et la Jaguar, avec son design futuriste, me laissaient béat d’admiration – peut-être déraisonnablement, mais à cet âge, tout semblait possible. Je rentrais rarement sans quelques cartes à collectionner Dragon Ball dans la poche, dont j’étais absolument friand. Ces petits bouts de carton brillants, avec Goku ou Vegeta en pleine action, rejoignaient ma collection de figurines LC Waikiki, trônant fièrement sur mon étagère entre deux sessions de jeu.
Des centaines d’heures passées devant cet écran cathodique, à zapper entre la console et le Club Dorothée. Parce que oui, ma Super Nintendo cohabitait avec un univers télévisuel tout aussi riche : Dragon Ball (d’ailleurs, j’ai rendu hommage à Akira Toriyama) et Nicky Larson en tête de liste, sans oublier ces pubs cultes qu’on récitait par cœur, comme celle de Bertrand Blier pour Yop : « J’ai craché dans ton Yop ! » – un classique qui nous faisait hurler de rire entre deux gorgées. Entre les combats épiques de Goku et les enquêtes de Ryô Saeba, je reprenais la manette pour sauver Hyrule ou défier Bowser. Mes copains, qu’ils soient Nintendo ou Sega, savaient que chez moi, on parlait pixels et power-ups.
Mais peu avant les années 2000, l’âge adulte a pointé le bout de son nez, et avec lui, un éloignement progressif de ce monde merveilleux des consoles. J’ai juste eu le temps de côtoyer les cinquième et sixième générations – la PlayStation, la Nintendo 64, et surtout la Dreamcast. Cette dernière me fascinait avec ses promesses de modernité, mais je ne l’ai jamais possédée. Ma Super Nintendo est restée mon dernier grand amour vidéoludique de jeunesse. Cette épopée « consoles » s’est finalement conclue avec l’achat d’un Apple Macintosh IIsi, marquant mon entrée dans un monde plus sérieux, celui de l’informatique. J’ai alors découvert les salons Apple Expo à Paris, ces grand-messes technologiques où je me perdais dans les stands, émerveillé par les promesses d’un futur numérique. Puis est arrivé Internet, avec son bruit strident de modem et ses pages qui chargeaient à l’infini – un bouleversement qui a changé la donne à bien des égards, reléguant peu à peu mes cartouches au rang de reliques. Et pourtant, ma Game Boy, elle, ne m’a jamais vraiment quitté. J’ai continué à jouer à True Lies pendant de nombreuses années, fidèle à cette petite brique portable qui prolongeait encore un peu la magie de mon enfance. Aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte à quel point cette décennie a façonné mon imaginaire. C’était une époque sans Wi-Fi, sans mises à jour interminables, où chaque jeu était une expérience brute, directe, presque sacrée.
Et parfois, je me surprends à fermer les yeux, à laisser remonter ces souvenirs comme une vieille cassette VHS qu’on rembobine. Ce n’était pas juste une console, pas juste des jeux : c’était un morceau de moi, une bulle de liberté où le temps n’avait pas de prise. Peut-être que je ne retrouverai jamais cette insouciance, ces après-midi où le seul drame était une pile usée ou une sauvegarde perdue. Mais en repensant à tout ça, je me dis que ce n’est pas grave : ces années-là, elles m’appartiennent pour toujours, gravées quelque part entre les pixels d’Hyrule et les circuits de mon vieux Macintosh. Comme un trésor que je n’échangerais pour rien au monde.
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