Mutuelle complémentaire : jackpot ou arnaque déguisée ?

Depuis des décennies, je signe un chèque – ou plutôt un prélèvement – de 600 € par an pour ma mutuelle complémentaire santé. À première vue, ça semble raisonnable : une petite assurance pour dormir tranquille. Mais en y regardant de plus près, je me demande si je n’ai pas jeté mon argent par les fenêtres. Peut-être que mon contrat était trop léger, peut-être que je n’ai pas assez souvent le nez qui coule ou les lunettes cassées. Toujours est-il qu’après des années à cotiser sans vraiment en voir la couleur, je me suis posé une question toute bête : est-ce que ça vaut le coup, financièrement parlant ? Pas envie d’un discours flou sur l’âge, les maladies rares ou les “on ne sait jamais”. Non, je voulais une réponse nette, sur un échantillon massif, même imparfait, qui dise : oui, la mutuelle rapporte, ou non, c’est une perte sèche. Alors, plongeons dans les chiffres et voyons si ce système tient la route.

L’idée : un test grandeur nature

Imaginons un échantillon de 100 000 Français – pas juste mes voisins ou ma tante Germaine, mais un vrai mélange : des gamins pleins de vie, des retraités sous traitement, des hypocondriaques, des costauds qui ne voient jamais le médecin. On met tout ça dans une grande marmite statistique et on compare deux scénarios sur un an :

Pas de segmentation tarabiscotée, juste une moyenne brute pour trancher.

Les chiffres qui parlent

Puisqu’on n’a pas une étude miracle sous la main (et croyez-moi, j’aimerais), prenons des données fiables, tirées de la DREES ou de l’INSEE :

Le calcul qui fait tilt

Bilan ? Une économie de 37 € par personne. Sérieusement ? Je ne vais pas courir chez le caviste avec ça. Mais attendons avant de crier victoire ou de déchirer le contrat.

La réalité derrière les chiffres

Ce calcul, c’est une photo floue. Dans la vraie vie, les dépenses de santé, c’est une loterie. Vous avez déjà entendu parler de la loi des 20/80 ? 20 % des gens consomment 80 % des soins. Prenez mon cousin Paul : une appendicite, une prothèse dentaire, et bam, 5 000 € de frais l’an dernier. Sans mutuelle, il aurait pleuré ; avec, il a limité la casse. Moi, en revanche, avec mes deux consultations annuelles et une boîte de Doliprane, mes 600 € partent direct dans la poche de l’assureur. Sur un gros échantillon, ces profils s’annulent : les “gros malades” font briller la mutuelle, les petits joueurs comme moi la tirent vers le bas.

La DREES, en 2018, donnait un reste à charge moyen de 700-800 € sans mutuelle, contre 200-300 € avec. Avec mes 600 € de cotisation, ça fait 850 € au total (600 € + 250 €) contre 750 € sans. Là, je perds 100 € ! Mais si les frais grimpent – disons 1 000 € de reste à charge –, la mutuelle redevient rentable. C’est un jeu d’équilibriste.

Le match est serré

Sur un échantillon large, voilà le topo :

Faute d’une étude en béton armé, l’hypothèse la plus solide penche pour un léger gain moyen de 10-50 € par an. Mais soyons honnêtes : c’est fragile. Si les cotisations augmentent (et elles le font toujours), ou si l’échantillon compte trop de gens comme moi qui consomment peu, on passe vite dans le négatif. Et puis, 50 € par an, c’est quoi ? Un resto sympa, pas une révolution.

Mon ras-le-bol et ma décision

Aujourd’hui, je me retrouve face à une pile de devis. Vous avez déjà essayé de comparer ces machins ? Entre les garanties floues, les pourcentages obscurs et les “sous conditions”, c’est un cauchemar. Je vérifie encore deux-trois détails – histoire de ne pas faire n’importe quoi –, mais ma patience a des limites. Après des années à engraisser ma mutuelle pour un retour riquiqui, je crois qu’il est temps de dire stop. Cette somme rondelette, je vais la garder pour autre chose : un voyage, un projet, ou juste un matelas pour les jours où la Sécu ne suffira pas. Comme le disait Victor Fuchs, économiste de la santé et voix lucide sur ces questions : “La moitié des dépenses de santé pourrait être évitée si les gens prenaient des décisions rationnelles – mais personne ne sait vraiment quelle moitié.” Moi, j’ai choisi ma moitié : adieu mutuelle, bonjour liberté.

Oh, et juste pour être clair : cet article n’est pas un conseil en investissement – si vous voulez jouer au rebelle sans mutuelle, ne venez pas me taper sur les doigts si vous finissez avec une facture d’hosto plus salée qu’un banquet de Noël !

Article publié le et actualisé le .


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