macOS Tiger à Sequoia : le crépuscule amer des power users

Si vous êtes un utilisateur intensif (power user) sous macOS, vous savez de quoi je parle : ce système, jadis un terrain de jeu pour les bidouilleurs, est devenu une coquille vide, un jouet pour Instagrammeurs où le contrôle est un souvenir lointain. Autrefois, Mac OS X Tiger (10.4) ou Snow Leopard (10.6) étaient des références : une interface limpide, des réglages à portée de clic, et une âme Unix qui donnait les clés du royaume. Aujourd’hui ? Apple a décidé que « simplicité » rime avec « soumission », et nous, les power users, sommes laissés pour compte. Alors, quand ce déclin a-t-il vraiment commencé ? Avant, avec, ou après Ventura (13.x, 2022) ? Retraçons cette chute vertigineuse, et spoilons la fin : c’est un désastre.

Une lente agonie : avant Ventura

Le ver était déjà dans la pomme bien avant Ventura. Avec Sierra (10.12, 2016), Apple entame sa croisade pour la simplification. Les Préférences Système perdent en clarté, et des options comme la gestion détaillée des disques ou des fréquences d’écran passent dans l’ombre. À l’époque, désactiver la veille était un jeu d’enfant via l’onglet Énergie – pas besoin de fouiller dans le Terminal comme un archéologue. Mais le message était clair : Apple préférait les néophytes aux nerds.

Entre High Sierra (10.13, 2017) et Catalina (10.15, 2019), les chaînes se resserrent. Gatekeeper devient un geôlier zélé, et le passage à APFS verrouille le système en lecture seule – adieu les manipulations directes. L’UI reste utilisable, mais des tâches comme forcer une fréquence de rafraîchissement commencent à dépendre de détections automatiques capricieuses. Puis arrive Big Sur (11.x, 2020), et c’est la douche froide. Les Préférences Système se transforment en clone d’iOS, les options se planquent, et les puces M1 débarquent avec leur dictature matérielle : boot sécurisé, kexts bannis, et Terminal obligatoire pour désactiver SIP ou ajuster la veille. Big Sur marque le premier coup de poignard – discret, mais profond. La philosophie « tout automatique » s’impose, et les power users sont priés de s’adapter.

Monterey (12.x, 2021) enfonce le clou. Les réglages d’énergie deviennent un vague concept, Power Nap joue les chefs d’orchestre, et la gestion des écrans externes – un cauchemar avec ma LG C4 branchée à un Mac Mini M2 Pro – se noie dans l’opacité. Les outils CLI comme pmset ou caffeinate sont toujours là, mais l’UI les ignore superbement. On sent la tempête venir.

Ventura : la trahison assumée

Et puis, Ventura (13.x, 2022) frappe comme un uppercut. Exit les « Préférences Système », bienvenue aux « Réglages Système » – un nom qui hurle « iPad » et qui sonne comme une gifle pour tout power user. Cette interface, épurée jusqu’à l’absurde, enterre les options avancées sous une couche de design minimaliste. Voulez-vous désactiver totalement la veille ? L’UI vous rit au nez – sortez sudo pmset -a sleep 0, et priez pour que ça tienne. Gérer les fréquences d’un écran externe ? Mon setup avec la LG C4, coincé à 30 Hz malgré un câble HDMI 2.1 48Gbps, en dit long : sans BetterDisplay ou un hack Terminal, c’est mort. Ventura lance Stage Manager pour les amateurs de multitâche esthétiques, mais pour ceux qui veulent dompter leur machine ? Rien. Zéro. Ventura marque le point de non-retour : l’UI nous abandonne, et le Terminal devient notre seul refuge. Si Big Sur a planté la graine, Ventura l’arrose avec du kérosène.

Après Ventura : le chaos institutionnalisé

Sonoma (14.x, 2023) et Sequoia (15.x, 2025) transforment cette trahison en routine. Les réglages d’affichage ? Une blague automatisée – ma LG C4 s’éteint malgré un Mac Mini éveillé, et je dois jongler avec pmset pour éviter les « Pas de signal ». L’énergie ? « Éteindre l’écran après » ne va pas jusqu’à « Jamais » comme il faut, et les optimisations invisibles sabotent tout. Et ne parlons même pas du son : régler le volume audio indépendamment pour chaque application – une évidence, non ? – est impossible nativement. Moi qui veux baisser Spotify sans toucher Zoom, je dois encore mendier une app tierce, SoundSource, pour contourner cette lacune aberrante. Apple a bien tenté un coup avec l’Audio Routing Kit (ARK) dans Ventura, mais c’est un flop – une API complexe, mal documentée, et inutilisable pour les cas d’usage simples des power users. Sequoia, en 2025, est un chef-d’œuvre de superficialité : un OS sublime pour les novices, mais une punition pour quiconque veut plus qu’un jouet brillant. Les outils CLI tiennent bon, mais leur omniprésence – et notre dépendance aux apps tierces – crie l’indifférence d’Apple. On n’est plus des utilisateurs, on est des otages.

Samba SMB : un scandale impardonnable

Et puis il y a Samba/SMB, la goutte qui fait déborder le vase – ou plutôt un seau d’essence sur ce brasier. Depuis qu’Apple a largué AFP pour SMB, c’est une catastrophe absolue. Déconnexions intempestives, lenteurs aberrantes, et une gestion des partages réseau qui frôle l’incompétence. J’en ai parlé dans mon article : bidouiller /etc/nsmb.conf est un calvaire, et même avec des heures de tweaks, ça reste instable. Sous Snow Leopard, le réseau filait doux ; aujourd’hui, c’est une loterie. Apple a pris un protocole standard, l’a massacré avec une implémentation foireuse, et nous a laissés ramasser les morceaux. Quel progrès !

Mais attendez, ça empire. Vous voulez chercher un fichier sur un montage Samba ? Oubliez ça. Spotlight, censé être la fierté de macOS, est incapable d’indexer correctement les volumes réseau SMB – un bug qui traîne depuis des années, jamais résolu. Les solutions tierces ? Path Finder, ForkLift, ou Commander One échouent à livrer une recherche fiable. Certains power users, au bout du rouleau, en viennent à faire tourner une instance Elastic Search sur leur NAS pour retrouver leurs propres fichiers. Oui, vous avez bien lu : en 2025, on doit déployer un moteur de recherche d’entreprise – conçu pour des clusters de données massifs – sur un boîtier domestique, juste parce qu’Apple ne sait pas gérer une fonctionnalité de base. C’est à hurler de rire et à pleurer de rage. Un symbole éclatant de ce naufrage.

Mon calvaire personnel : la LG C4 et le M2 Pro

Prenons mon cas : un Mac Mini M2 Pro, une LG C4 OLED, et un câble HDMI 2.1 Thunderbolt censé gérer 4K 120 Hz. Résultat ? macOS Sequoia me bloque à 30 Hz, l’écran s’éteint malgré pmset, et je dois jongler entre Terminal et apps tierces pour un semblant de contrôle. Sous Tiger, j’aurais réglé ça en trois clics – résolution, fréquence, veille, tout était là, sous mes doigts. Aujourd’hui, je suis un cobaye d’Apple, forcé de hacker mon propre système pour qu’il fasse ce que je veux. C’est ça, le progrès selon Cupertino.

Alors, quand tout a basculé ?

Le déclin a pris racine avec Big Sur (2020). Le redesign iOS-like et les puces Silicon ont posé les bases d’un contrôle réduit, d’une UI castrée, et d’une dépendance croissante au Terminal. Mais Ventura (2022) est le vrai bourreau. En refondant les Réglages Système, Apple a signé l’arrêt de mort des power users dans l’interface graphique. Avant Ventura, on pouvait encore s’en sortir avec quelques clics ; après, c’est CLI ou rien. Sonoma et Sequoia ne font que parachever cette mise à mort, polissant une prison dorée où la liberté n’a plus sa place.

Pourquoi ce massacre ?

Et maintenant ? Windows fait-il mieux ?

En 2025, macOS est un paradoxe grotesque : un Unix bridé, un titan enchaîné. Si vous êtes un power user, vos options sont claires : plier sous les limites, devenir un sorcier du Terminal, ou fuir vers Linux. Moi, je tiens encore – par masochisme, peut-être. Mais entre SMB qui tousse, des recherches réseau impossibles, un volume audio ingérable sans SoundSource, et une LG C4 qui s’éteint malgré mes efforts, je me demande combien de temps je vais supporter cette farce. Ventura a été le signal : Apple ne veut plus de nous. Et franchement, ça commence à sentir le divorce.

Et Microsoft Windows, dans tout ça ? Sans plonger dans les détails, la tendance n’est pas rose non plus – Windows 11 pousse aussi vers la simplification et les télémétries intrusives. Mais les power users y semblent mieux lotis. L’interface offre encore des leviers de contrôle (ex. : gestion fine de l’énergie ou des écrans), et les éditions professionnelles comme Windows Server ou Enterprise gardent une granularité que macOS a jetée aux orties. Samba SMB ? Ça fonctionne sans bidouiller un fichier conf à la main. Recherche réseau ? Ça marche, point. Microsoft n’a pas abandonné ses utilisateurs avancés au même degré – pas encore. Peut-être une piste à creuser avant que je craque pour de bon.

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