Leasing social 2025 : un cheval de Troie pour relancer les ZFE ?

Dans un précédent article, je dénonçais les Zones à Faibles Émissions (ZFE) comme un dispositif liberticide, inégalitaire et inefficace, prétendant améliorer la qualité de l’air en excluant les véhicules les plus anciens des centres urbains. Les justifications écologiques pleuvent, mais la réalité est plus brute : les ZFE sont mal appliquées, rejetées par de nombreuses municipalités, et elles frappent d’abord les ménages modestes, incapables de remplacer leur vieille voiture. En 2025, le gouvernement revient à la charge avec un outil présenté comme une bouée de sauvetage : le leasing social. Derrière cette façade généreuse, se cache une opération politique visant à redorer l’image vacillante des ZFE.

Un leasing dit “social”, mais financé par des détours

Lancé fin 2023, le leasing social permet à certains ménages de louer une voiture électrique pour environ 100 euros par mois. Sur le papier, l’idée semble louable : démocratiser l’accès à la mobilité électrique. Mais pour 2025, le dispositif change de braquet. Exit le financement direct de l’État, qui avait déboursé 700 millions d’euros en 2024 pour 50 000 véhicules. Cette année, le budget tombe à 369 millions d’euros, financé par les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE). Traduction : ce sont les fournisseurs d’énergie, via des contributions indirectes, qui paient la facture. Une taxe déguisée, aussi opaque que les pots d’échappement qu’on prétend bannir, et un signe clair que l’État se désengage tout en fanfaronnant sur son “engagement écologique”.

Une carotte pour faire passer la pilule des ZFE

La nouveauté de 2025 ? 10 % des véhicules, soit 5 000 unités, sont réservés aux travailleurs des 25 ZFE actives en France, couvrant des métropoles comme Paris, Lyon ou Lille. Pour être éligible, il faut un revenu fiscal de référence par part inférieur à 15 400 euros, parcourir plus de 15 km pour se rendre au travail, et rouler plus de 8 000 km par an à titre professionnel. Cette mesure cible ceux qui, sans voiture conforme aux normes Crit’Air, se retrouvent bloqués par les restrictions des ZFE.

Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas un élan de compassion pour les travailleurs modestes. C’est une carotte pour calmer la grogne contre des ZFE de plus en plus contestées. Une commission parlementaire a récemment rejeté une proposition liée à ces zones, et plusieurs villes ont abandonné leur catégorisation. En offrant des voitures électriques subventionnées, l’État espère acheter la paix sociale et relancer un projet en perte de vitesse. Une opération de com’ habile, mais qui sent le désespoir.

Une rustine sur une roue crevée

Le leasing social 2025 ressemble à une rustine sur une roue crevée. D’un côté, il offre une solution à ceux qui ne peuvent pas se permettre une voiture neuve pour circuler dans les ZFE. De l’autre, il esquive les vrais problèmes : l’efficacité douteuse des ZFE, qui poussent à des trajets de contournement polluants ; leur coût social, qui exclut les plus précaires ; et leur incohérence écologique. Car produire une voiture électrique, c’est loin d’être neutre pour l’environnement. L’extraction du lithium et du cobalt pour les batteries, les besoins énergétiques de la fabrication, et la destruction prématurée de véhicules thermiques encore fonctionnels génèrent un bilan carbone qui donne le vertige. En 2023, une étude de Volvo estimait que la production d’une voiture électrique émettait jusqu’à 70 % de CO₂ de plus qu’un véhicule thermique équivalent. Forcer le passage à l’électrique sans interroger ces impacts, c’est soigner les symptômes sans revoir le diagnostic.

Oui, la pollution atmosphérique tue – 40 000 décès prématurés par an en France, dont 7 000 liés aux oxydes d’azote, selon le ministère de la Transition écologique. Mais les ZFE, avec leurs restrictions aveugles, ne sont pas la panacée. Elles déplacent le problème, rallongent les trajets, et pénalisent ceux qui n’ont pas les moyens de suivre.

Une hypocrisie écologique qui change de costume

L’idée que l’électrique résoudra magiquement la pollution urbaine est une simplification trompeuse. Outre la production polluante des batteries, la recharge des véhicules dépend souvent d’une électricité qui, en France, repose encore sur des sources non renouvelables pour une part non négligeable. Et que dire de la mise au rebut de millions de voitures thermiques encore fonctionnelles ? Cette logique de renouvellement forcé est un gaspillage de ressources, masqué par un vernis vert. Les ZFE et le leasing social ne visent pas tant à réduire la pollution qu’à envoyer un signal politique : l’État agit, l’État est vert. Peu importe si les résultats concrets sont en demi-teinte.

Conclusion : un replâtrage qui trahit l’essoufflement des ZFE

Le leasing social 2025, avec ses 5 000 véhicules réservés aux travailleurs des ZFE, n’est pas une réponse à la fracture territoriale ni à la crise de la mobilité durable. C’est une tentative désespérée de sauver un modèle à bout de souffle. Les résistances locales s’accumulent, les villes reculent, et l’État, plutôt que de repenser les ZFE, mise sur une subvention ciblée pour maintenir la façade.

Ce dispositif n’est pas un progrès, mais un cheval de Troie : sous couvert de justice sociale, il cherche à prolonger une politique impopulaire et mal ficelée. Les ZFE ne tiennent plus que par des artifices, et le leasing social n’y changera rien. Il est temps d’imaginer une mobilité durable qui ne sacrifie ni les libertés ni les portefeuilles des plus modestes.

Article publié le et actualisé le .


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