George Sand
L'HISTOIRE DU RÊVEUR

Pr�sence de George Sand, n� 17, 1983; pp.4-39; �d. de Thierry Bodin

{MsBNF f° 39 v°; PGS17 p.28 col.2} 3me Partie a

[Chapitre 1er] b

[...]



[Premier fragment] 1



{Ms B fragment B}« C'est assez c parler des merveilles de sa voix, dit le prince, parlez moi un peu aussi des gr�ces de sa personne, on la dit aussi belle qu'habile.

— Et l'on dit vrai, r�pondit le ma�tre de chapelle. J'ose dire que Votre Seigneurie n'a jamais rien vu de plus ravissant que cette cr�ature divine.

{PGS17 p.29 col.1} — J'avoue, dit le prince, que je me m�fie de votre enthousiasme mon cher Pezzanini, dans votre amour pour votre art d, vous jugez de la beaut� moins comme un peintre que comme un musicien. Vos yeux sont dans vos oreilles et je me souviens de vous avoir entendu vanter la beaut� de Polidoro, dont l'effroyable grimace d�truisait pour moi tout l'effet de ses accens harmonieux.

— Effroyable grimace! ah mon prince! Polidoro grimacier, Polidoro effroyable! lorsqu'il arrivait � ce fameux fa di�se, e la plus belle note que jamais gosier humain ait fait entendre, pouviez-vous songer � la forme que pr�sentait � l'œil l'ouverture de sa bouche ou � la distribution des muscles de ses joues! Un homme peut-il �tre laid quand il descend jusqu'au dernier fa di�se, f atteint cette note aussi pleine, aussi sonore g que je la tiendrais sur les cordes d'une basse? Non! Polidoro n'�tait point laid! c'�tait � mes yeux le plus beau des hommes lorsque...

— Lorsque h sa bouche se fendait jusqu'� son oreille droite et mena�ait d'engloutir la moiti� de l'orchestre, musiciens i et instrumens? dit le beau marquis j de Montefucino?

— Vous avez de si singuli�res id�es sur la beaut�, vous autres gens du monde? dit le ma�tre de chapelle avec une chaleur qui tenait de bien pr�s � l'indignation. Vos femmes r�guli�rement belles sont des statues dont l'�ternel sourire devient aussi insipide � la longue que le sourire de marbre k de la belle Terpsichore de X qui d�core le portique de ce palais. Je ne puis le regarder sans tristesse et pour peu que j'y fixe longtems mes regards, cette expression d'enjouement l que les si�cles n'alt�reront pas, me cause de l'effroi et du d�gout. Dans le sexe f�minin, il n'y a qu'une esp�ce de femmes � qui appartienne exclusivement la beaut�, car celles l� peuvent la remplacer, l'imiter, l'acqu�rir par le talent en d�pit des dispositions aveugles de la nature � leur �gard. La femme artiste, la trag�dienne, la cantatrice sont toujours belles en d�pit du cours des ans, tant que subsiste le g�nie qui les embellit et les �l�ve. Mais, s'�cria Pezzanini en se levant de l'air d'un inspir�, Ô Divine Portia, reine du Chant, gloire de l'Italie, merveille de notre si�cle! as-tu besoin des secours de la beaut� pour embraser les cœurs, et enchainer les hommes depuis le barcarole jusqu'au St P�re!

— Voila, dit le prince en riant de cette exclamation, qui me fait craindre pour la figure m de la signora, Grand Dieu, aurait-elle une bouche semblable � celle de Polidoro! n

[...]



[Second fragment] 2



{Ms B fragment C} [« Avouez o], mes amis, [dit le prince,] que la passion des beaux arts remplit d�licieusement ma vie. Assez riche pour m'entourer de leurs merveilles, j'aime � les voir en harmonie avec celles de la nature. J'ai plac� cette belle villa sur le bord d'une mer d'argent, dans le plus magnifique aspect de la terre, au pied du gigantesque et sublime Etna. Au milieu de ces laves formidables qui brisaient le flot rugissant de la M�diterran�e, j'ai vu s'�lever avec orgueil mes jardins enchant�s, ma villa de marbre, mes statues d'albatre et de porphyre. J'ai consacr� ce palais comme un temple au vrai beau. J'y ai rassembl� mes amis et j'y ai appelle les plus belles femmes de Naples. Vous n'ignorez pas, ajoura-t-il en baissant la voix, comme je fus d�sagr�ablement surpris en voyant arriver parmi ces charmantes fleurs la p�le signora Luigina Bagliani. Une laide femme m'inspire une sorte d'aversion et tout l'esprit tant vant� de celle-ci ne peut me faire supporter ses joues livides p et ses l�vres bleu�tres. Qu'a donc � dire notre jeune L�onardo? ses l�vres ont remu� une objection mais il n'a os� �lever la voix devant nous?

— Le respect doit emp�cher mon petit-fils q de se m�ler � la conversation de vos seigneuries, r�pondit dans un mauvais italien le vieux intendant Grinville qui se tenait dans un coin du salon, assis au bord de sa chaise avec la roideur et la g�ne d'un subalterne admis � l'honneur d'une esp�ce d'�galit� dans la soci�t� de ses ma�tres.

— Parlez mon enfant, dit le prince avec un m�lange de bont� et de hauteur qui donnait � ses mani�res quellque chose de singulier. Vous �tes artiste et quoiqu'un sang fran�ais coule dans vos veines, l'air natal de l'Italie et l'�cole de Rome ont d� donner de la chaleur � votre imagination. Voyons mon jeune peintre, trouvez-vous quelque chose de supportable dans la figure de la Sa Bagliani.

— Seigneur, r�pondit le jeune homme avec une assurance et une vivacit� qui contrastaient avec l'attitude empes�e et craintive de son ayeul, je suis bien jeune et bien peu habile pour former un jugement qui m�rite attention. Cependant si mon go�t n'est pas d�j� form�, si j'ai quelque intelligence du grand art que j'�tudie, je puis dire en faveur de la signora B. qu'il ne lui manque que de la sant� pour �tre la plus belle femme de l'Italie apr�s la cantatrice Portia. Ses traits sont d'une r�gularit� parfaite, ses yeux seraient beaux si la souffrance ne les avait enfonc�s dans des cercles bleu�tres, son visage aurait une coupe agr�able sans l'excessive maigreur qui le d�pare. Il n'est pas jusqu'� sa taille s�che et vo�t�e qui ne fut {PGS17 p.30 col.1} susceptible d'offrir les plus gracieux contours si un peu d'embonpoint...

— Fort bien, dit le marquis de Montefucino avec un rire d�daigneux. Pour tout dire en un mot elle serait la plus belle des femmes si elle n'�tait la plus laide. »

Le vieux Grinville convaincu au sourire du prince que son petit-fils avait dit une sottise lan�a sur lui � la d�rob�e un regard courrouc� comme pour lui reprocher la hardiesse qu'il avait eue de se m�ler r � la conversation de ces illustres seigneurs. Le jeune homme n'y prit pas garde. Il n'�tait frapp� que du regard m�prisant qui avait accompagn� la r�ponse de Montefucino et dans son �me fi�re et bouillante s'�tait allum� d�j� le feu de la col�re. Une vive rougeur colora ses joues dont la blancheur conntrastait avec la nuance plus sombre des visages italiens qui l'entouraient. Il aurait r�pondu avec plus de franchise que de prudence � cette attaque, si le prince n'eut pris la parole.

« Je ne veux pas mon jeune ami, lui dit-il, vous d�tourner d'une action aussi g�n�reuse que la d�fense de cette pauvre Sa Luigina. Les vertus chevaleresques sont de votre �ge et j'ai plus envie de vous admirer que de vous imiter, en voyant que vous vous d�clarez le champion de la laideur. Mais songez qu'en r�parant l'injure faite � votre dame, vous compromettez gravement la r�putation de beaut� d'une autre et comme s les femmes tiennent plus � ce genre de gloire qu'� tout autre, je doute que la Sa Portia vous adress�t t des remerciemens pour avoir accol� son nom � celui de la sig. Bagliani.

— La Sa Portia, r�pondit L�onardo sans faire attention au mouvement d'impatience du vieux u Grinville, n'a rien � craindre du go�t s�v�re v qui pr�side aux jugemens de votre seigneurie. Je l'ai vue une fois, une seule fois, il y a bien longtems et il me semble que c'�tait hier. »

Le jeune homme s'arr�ta comme s'il eut �t� fach� d'en avoir trop dit et son grand p�re laissa exhaler un profond soupir, comme si son enfant en fermant la bouche le d�livrait chaque fois d'un mal aise insupportable.

« Eh bien, dit le Marquis d'un air moqueur, vous nous laissez en si beau chemin? cela commen�ait comme un �pisode de roman, et je m'appr�tais � entendre un second volume de l'Aminta w 3.

— Je crois, dit le Prince x, que mon gentil L�onardo pourra un jour nous raconter des aventures qui nous donneront de l'envie et des regrets, marquis, je donnerais volontiers ma fortune mon nom et mon palais de la Sciarra, pour les dix-neuf ans de ce gar�on. Mais voyons mon enfant, ajouta-t-il en se tournant vers L�onardo et cette {PGS17 p.30 col.2} fois la bont� naturelle domina dans ses mani�res. Il faut que tu nous fasses le portrait de la D�esse telle qu'elle apparut pour la premi�re fois � tes yeux �blouis.

— Que votre seigneurie m'en dispense, r�pondit L�onard. Je ne saurais lui dire si Portia est brune ou blonde. Je n'ai pas eu le tems de faire son portrait dans ma pens�e z car je ne l'ai vue qu'un instant. Je sais seulement qu'elle aa me parut une cr�ature c�leste et comme le seigneur marquis de Montefucino a bien voulu me faire sentir que le r�cit de mes impressions serait fort d�plac� devant vos seigneuries, je n'ai pas un mot de plus � dire. »

Leonardo pronon�a ces derniers mots d'un ton qui d�mentait l'humilit� de ses paroles. Le marquis leva sur lui ses grands yeux noirs o� se peignait un insultant m�pris ab. L�onardo affronta ce regard avec audace et le vieux Grinville qui ne comprenait rien � l'insolence de son [petit-]fils allait b�gayer quelque platte excuse ac lorsque la porte du salon s'ouvrit et Am�d�e entra. Il venait de r�parer le d�sordre que son voyage sur l'Etna avait d� laisser ad � sa toilette. Il �tait v�tu ae � la Fran�aise avec tout le soin af qu'un homme de bon ton apportait � cette �poque � l'importante affaire de l'habillement. Mais malgr� ag la recherche de son ajustement et la sym�trie de sa chevelure, son visage hal� et d�fait portait l'empreinte de la fatigue, de l'agitation et de la souffrance. Le prince courut � lui, le pressa dans ses bras, lui fit mille questions sur son voyage, sur sa sant� qui paraissait alt�r�e. Le chevalier de Montanvert (c'�tait le v�ritable nom d'Am�d�e), remercia son ami, r�pondit � ses questions avec aisance mais avec bri�vet�, en profitant du premier pr�texte pour se d�barrasser ah de ce genre d'interrogation. Il demanda si la c�l�bre cantatrice tant d�sir�e par la brillante soci�t� r�unie � la Sciarra �tait enfin arriv�e. Le vieux Grinville savait trop ce qu'il ai devait � ses ma�tres pour prendre la parole en leur pr�sence � moins d'�tre interrog�. N�anmoins les n�gociations qui devaient r�gler le voyage de la cantatrice, lui avaient �t� confi�es, il pensa qu'il devait r�pondre � une question de son ressort, et de ce ton grave et mesur� qui rendait encore plus ridicule sa prononciation fran�aise, il annon�a au chevalier qu'un billet de la signora venait de lui signaler son arriv�e � Catane aj, et de lui promettre sa pr�sence au concert qui devait avoir lieu le lendemain soir � la Sciarra. Le ma�tre de chapelle qui depuis quelques tems laissait courir n�gligemment ses doigts sur le clavecin, reprit l'�loge du talent de Portia avec des expressions si passionn�es d'enthousiasme que le d�daigneux ak marquis dirigea sur lui ses froides railleries. Pezzanini �tait un homme qui se fachait continuellement, s'irritait jusqu'� la fureur des moindres contradictions, et ne traitait qu'avec emportement {PGS17 p.31 col.1} toutes les discussions relatives � la musique. Pour tout le reste il semblait que son �me �puis�e ne conserv�t al pas la facult� de sentir. Les attaques dirig�es contre son caract�re ou sa personne le trouvaient enti�rement insensible; le marquis fit donc des �pigrammes en pure perte. Pezzanini indiff�rent aux traits de la satyre, ramenait toujours l'�loge enthousiaste de Portia. Le jeune L�onard �tait assis n�gligemment sur le bord d'une crois�e, en d�pit des signes et des regards furieux par lesquels son ayeul l'avertissait de prendre une posture plus respecctueuse. Il s'enivrait des discours anim�s du ma�tre de chapelle et du nom de Portia mille fois r�p�t� et toujours accompagn� des �pith�tes de sublima, Divina, diva. À certaines descriptions de sa mani�re de chanter et des facult�s �tonnantes de sa voix, le Chr de Montanvert se troubla et parut frapp� comme d'un rapprochement dans ses souvenirs. Enfin le marquis dont la position devenait insupportable, accoutum� comme il l'�tait � la possession despotique du premier r�le dans la conversation, interrompit brusquement le torrent d'�loquence de Pezzanini.

— À force de vanter la Portia, dit-il, vous la ferez para�tre mesquine en r�alit�. Ce n'est pas qu'elle n'ait un talent fort remarquable, mais quant � sa beaut�, n'en d�plaise � vos syst�mes mon cher maestro et aux �loges que [comme] peintre am et comme adorateur le seigneur L�onard lui a donn�s, moi qui connais assez particuli�rement la {PGS17 p.31 col.2} signora, je puis prononcer sur cette grave question. Figurez-vous, dit-il en leur tournant le dos et s'adressant an au prince et au chevalier, que la Portia n'est ni belle ni laide... c'est une petite femme assez piquante, sans fraicheur, sans �clat, sans gr�ce et sans dignit�. Elle retrouve tous ces avantages sur la sc�ne, ou dans l'inspiration du chant, mais l'enveloppe de ce grand g�nie musical est fort commune, croyez-moi.

— Ô stelle! s'�cria le maestro, est-il possible de parler ainsi de la Diva donna! de celle que l'univers adore et qui a vu � ses pieds tous les princes de l'Europe!

— Sans parler du marquis de Montefucino, dit aigrement ao le jeune L�onard.

— Il est vrai que j'ai �t� de ses amis. r�pondit le maestro ap avec une fatuit� affect�e; mais je n'ai pas l'humeur romanesque comme vous. Je l'ai oubli�e quoique je l'aie aq vue plus d'une fois.

— La mani�re ar dont vous en parlez ressemble plus au d�pit qu'� l'indiff�rence, reprit L�onard.

— Voulez-vous venir voir as avec moi le nouveau canal qu'on a creus� dans la lave de l'ouest, dit le maestro at avec un regard significatif.

— De tout mon cœur, » r�pondit le jeune homme qui comprit cette proposition, et se levant avec l'imp�tuosit� de caract�re qui per�ait dans tous ses mouvemens il suivit le maestro au dans les jardins de la villa.

{PGS17 p.32 col.1} « Que j'aie �t� ou non li� avec la signora Portia, que vous ayez con�u ou non pour elle un amour romanesque, dit le marquis s�chement aussitot qu'ils furent seuls, c'est ce qui importe fort peu. Mais ce qui ne me convient pas, ce que je ne souffrirai jamais, c'est le ton d'arrogance et de provocation qu'en toute rencontre vous affectez de prendre avec moi. Je veux bien monsieur vous donner cet avertissement en particulier, mais je ne suis pas dispos� � faire deux fois preuve de patience. Rappeliez-vous qu'� la prochaine av, je ne vous �pargnerai pas une humiliation publique.

— Et quelle sera cette humiliation, je vous prie, dit L�onard comprimant sa col�re sous un air de froid m�pris.

— Je vous ferai sentir ce qu'un inf�rieur doit � la dignit� de ceux qui le font vivre, dit le marquis.

— Je ne vous dois donc rien gr�ce au Ciel! r�pondit L�onard.

— Vous devez tout aux bont�s du prince dont je suis l'�gal et l'ami. M'offenser c'est lui manquer de respect et oublier qu'il est votre ma�tre.

— Mon maitre! s'�cria aw L�onard dont les yeux p�till�rent d'audace et de fiert�, dites mon bienfaiteur, mon protecteur si vous voulez, mais mon ma�tre, il ne l'est pas et nul ne le sera jamais.

— Je ne pr�tends pas disputer avec vous sur vos id�es de vanit� et d'ind�pendance. Seulement je vous avertis que si vous ne changez de ton, je vous ferai chasser d'ici.

— Chasser? vous? mis�rable! c'en est trop, vous me rendrez raison de cette insulte.

— Il se peut que ce soit l'usage en France maintenant, dit le maestro ax avec une froideur qui mit le comble � l'irritation du jeune homme. Mais en Italie nous n'en sommes pas encore l�. Les rangs ne sont pas encore confondus. Le valet ne commande pas au ma�tre ay et le fils d'un concierge ne se bat pas avec un gentilhomme.

— En ce cas, dit l'imp�tueux L�onard incapable de se contenir davantage, quiconque hait et m�prise ce gentilhomme peut l'insulter impun�ment. »

En m�me tems il lui saisit fortement le bras, et passant ses doigts crisp�s de fureur az dans la riche manchette de point d'Angleterre ba du marquis il l'arracha, la mit en pi�ces et la roula par terre avec son pied. Le marquis p�le de col�re portait la main sur son poignard, lorsqu'un petit homme des montagnes envelopp� d'un manteau rouge et coiff� d'un chapeau dont la forme pointue �tait orn�e de plumes d'aigles, et dont le rebord {PGS17 p.32 col.2} s'abaissait de mani�re � cacher presque enti�rement bb ses traits, sortit tout � coup d'un massif de figuiers et se tint bc immobile devant le marquis, la main de celui-ci retomba comme frapp�e de paralysie, ses yeux n'exprim�rent plus qu'une terreur m�l�e d'�garement, deux taches bd violettes parurent sur ses joues et on eut pu entendre ses dents s'entrechoquer. L'Inconnu lui fit un signe imp�ratif et le marquis baissant la t�te d'un air constern� le suivit dans l'�paisseur du bois o� ils disparurent, laissant L�onard frapp� de surprise et d'une sorte d'�motion ind�finissable.

Chapitre 2 be

La salle du concert regorgeait d'auditeurs. L'habile intendant des plaisirs du prince, le vieux Grinville avait d�ploy� toutes les ressources de son g�nie inventif pour faire ressortir l'�clat des riches d�cors et m�ler le bon gout fran�ais au luxe oriental �tal� dans cette f�te. Dans les gradins, au milieu des guirlandes et des bougies, les plus belles femmes de l'Italie rivalisaient de gr�ces bf de parure et de coquetterie. L'�clat des lumi�res et le prestige des diamans et des fleurs dont elles �taient couvertes donnaient � leur beaut� un aspect magique. Leurs joues anim�es, leurs gestes pleins de la vivacit� italienne, leurs regards de feu, tout en elles annon�ait le d�sir de succ�s ou la joie du triomphe bg. Au milieu des plus attrayantes le prince attendait avec une secr�te bh impatience l'apparition de la cantatrice tant vant�e, le maestro bi de Montefucino d'un air d�gag� fesait aux belles dames qui l'interrogeaient, les honneurs de la signora. Il affectait de faire de sa personne assez peu de cas et il eut �t� difficile de d�cider si son langage bj �tait celui d'un amant d�pit� par les rigueurs, ou d'un vainqueur ennuy� de ses triomphes. La beaut�, l'esprit et la richesse du marquis semblaient donnner bk cependant un d�menti � cette derni�re hypoth�se, surtout lorsqu'il bl s'agissait d'une cantatrice, d'une femme appartenant � cette classe moins rigide dans ses mœurs que ne le sont les femmes en France, moins d�prav�e aussi que ne le sont dans ce m�me pays les chanteuses et les actrices. La signora Portia en particulier jouissait d'une r�putation de d�licatesse et de fiert� qu'on eut difficilement trouv�e � cette �poque chez les personnes de son �tat, incorruptible � la vanit� des pr�sens, elle ne c�dait disait-on qu'au sentiment d'un amour d�sint�ress�, et les jeunes seigneurs qui se disputaient ses pr�f�rences, briguaient d'autant plus un succ�s qui devait leur apporter plus de gloire. On avait longtems vu � Venise le marquis de Montefucino jouir aupr�s d'elle d'une grande {PGS17 p.33 col.1} intimit� et il avait pass� pour le favori de la divine cantatrice. Cependant quelques personnes qui les avaient vu de plus pr�s, assuraient que de tous les hommes, le marquis �tait bm le dernier qui eut pu conqu�rir un cœur aussi ind�pendant, aussi fier bn que celui de Portia. Ces conjectures passaient bo de bouche en bouche parmi ces belles Italiennnes qui occupaient les gradins, tandis que parmi les groupes d'hommes qui se formaient autour d'elles, des dilettanti qui avaient eu le bonheur de conna�tre bp la cantatrice racontaient de son esprit, de son originalit�, de ses bizarreries, mille traits bq qui devaient plus ou moins de leur piquant br � l'esprit inventif du narrateur.

Le chevalier de Montanvert dont l'am�nit� fran�aise offrait plus de calme dans les mani�res que la p�tulance m�ridionale de ses h�tes, �tait bs assis pr�s de la Sa Luigina Bagliani et dans le charme de son entretien bt oubliait qu'elle �tait la seule femme sans beaut� de cette r�union, ou plut�t peut-�tre bu s'en apercevait � son esprit et � sa gr�ce aimable. Le vieux intendant Grinville silencieux et grave comme un majordome du 15�me si�cle, assez semblable dans son antique toilette et dans sa d�marche solennelle � ces personnages qu'on retrouve sur les tentures des vieux appartemens, se promenait de groupe en groupe bv et recevait les �loges que chacun donnait � l'arrangement de la f�te, avec un m�lange d'importance et d'humilit�. Il n'oubliait pas de rappeler bw qu'il avait �t� vingt ans � la t�te de la maison du prince de Cond�. Ce titre � la consid�ration lui paraissait si puissant qu'il ne perdait jamais une occasion d'accabler bx ceux qui voulaient bien l'�couter du r�cit des festins dont il avait ordonn� l'arrangement en France, ou la description des �quipages de chasse dont il avait r�gl� le budget by. Mais ceux qui avaient fait l'exp�rience de sa prolixit� et de sa pesanteur se h�taient bz de s'y soustraire et aussit�t ca qu'il commen�ait son exorde favori: “ En cb France, du tems que j'avais l'honneur d'appartenir � mon seigneur le prince de Cond�... ” on fuyait comme devant le sauve qui peut d'alarme.

Enfin la prima donna entra cc accompagn�e du maestro di capella dont l'�norme cravate cd de dentelle et l'habit noir se ressentaient d'une certaine pr�tention inusit�e. On venait de jouer le premier morceau d'ensemble. La cantatrice profita de l'agitation qui accompagne les applaudissements d'usage pour faire son entr�e sans �tre aper�ue. Lorsque tout le monde fut assis pour �couter le pr�lude du morceau qu'elle allait chanter elle parut debout, et un nouveau murmure o� se distinguaient les mots eccola, eccola, s'�leva de nouveau dans la salle. Portia �tait plus que jolie, plus que belle et pourtant elle n'�tait ni l'un ni l'autre. Sa taille peu �lev�e pouvait se {PGS17 p.33 col.2} comparer � ces �difices dont l'ordonnance ne frappe pas les yeux par un caract�re de grandeur, mais dont l'�l�gante simplicit� charme le regard qui s'y attache. Son teint �tait fort brun et son �paisse chevelure d'un noir d'�b�ne priv�e de poudre contre la mode existante tombait en boucles n�glig�es sur son front et sur ses �paules. L'expression habituelle de sa physionomie �tait s�rieuse et r�fl�chie, mais lorsquelle chanta toutes les sensations de son �me se r�fl�chirent ce dans ses traits. Tour � tour p�le comme une fleur mourante, et vermeille comme l'aurore d'un jour d'�t�, m�lancolique, effray�e, surprise, triomphante, exhalt�e, elle fit passer mille �motions diverses dans l'�me cf de ceux qui l'�coutaient et sa beaut� devint si expressive que sans le prestige de ses accens divins, celui de son regard eut suffi pour les produire. Quand elle se tut, un profond silence r�gna dans la salle. Personne ne songeait � l'applaudir, on craignait de d�truire par le moindre bruit l'impression d�licieuse qu'elle avait fait na�tre. Ce genre de triomphe fut compris de Portia. Il �tait digne d'elle. — Mais lorsqu'elle reparut pour chanter de nouveau, des cris, et des tr�pignemens lui exprim�rent l'admiration et les transports de l'auditoire. Portia les re�ut sans orgueil et sans d�dain. Elle s'inclina d'un air de reconnaissance et de douceur. Mais l'enivrement du triomphe n'enflammait pas ses traits cg. Elle semblait plus occup�e de recevoir les inspirations de son g�nie musical que de travailler � conqu�rir des applaudissements. Elle resta quelque tems immobile et comme absorb�e dans un r�ve de m�lodie puis se penchant vers Pezzanini elle le pria de l'accompagner avec le clavecin seulement, et posant une feuille ch de musique �crite sur le pupitre elle l'engagea � la parcourir des yeux. Le maestro �tait assez s�r de lui pour juger ci la pr�caution inutile. Il sourit d'un air qui trahissait sa confiance en lui-m�me. Portia insista et il obeit cj. C'�tait une canzonette v�nitienne avec un accompagnement si simple qu'un enfant l'eut ex�cut� ck sans peine.

« Si cl une autre que vous m'adressait cm pareille raillerie, lui dit-il en se pla�ant devant l'instrument, je crois que je me f�cherais, mais les Dieux ont leurs caprices et il n'en faut pas moins les adorer.

— Vous �tes donc bien s�r d'accompagner ce morceau, » lui dit Portia.

Pezzanini cn leva les �paules et commen�a en la mineur. Il n'avait pas jou� les trois premi�res co mesures du pr�lude, qu'il s'aper�ut de sa m�prise et reportant ses regards sur la clef au lieu des trois b�mols il y vit trois di�ses cp. Il recommen�a en la majeur, mais les sons qu'il produisit furent si discordans et si bizarres qu'il s'arr�ta frapp� de surprise. Il s'�tait encore tromp�, la clef �tait charg�e cq de cinq {PGS17 p.34 col.1} b�mols cr; il se frotte les yeux, s'assure bien qu'il ne se trompe pas; et recommence... nouvelle cacophonie, nouvelle erreur, les trois di�ses cs ont reparu, puis les trois b�mols. Apr�s cinq ou six ct efforts infructueux, pendant lesquels l'assembl�e muette de surprise se demande si Pezzzanini est frapp� de d�lire, ou s'il risque une ridicule plaisanterie, le maestro s'arr�te, et croise ses bras cu sur sa poitrine; rouge de fureur, il se tourne vers Portia:

« Vous m'avez ensorcel�, s'�crie-t-il. Il y a l� de la magie, vous voulez me d�shonorer.

— Allons donc mon cher maestro, dit la cantatrice d'un air calme. Je vous attends.

— Levez donc le charme que vous avez jett� sur moi, s'�crie Pezzanini avec une nouvelle violence.

— Vous �tes fou, r�pond Portia, on attend, commencez-donc. »

Le maestro risque une derni�re tentative, il pr�lude, dans le ton indiqu� sur le feuillet. C'est d�cid�ment en la mineur, mais o nouvelle terreur cv! Les sons qu'il produit ne sont pas ceux qui r�pondent aux touches de l'instrument qu'il fait parler. S'il croit frapper l'accord parfait de si mineur, c'est celui de sol majeur qui r�sonne, et tandis que ses doigts incertains et glac�s cherchent � cw rappeler l'harmonie dans sa composition, un d�mon cach� dans les entrailles du clavecin se plait il rendre muettes les cordes qui devraient vibrer, � mettre en mouvement celles qui devraient se taire. Une effroyable confusion de notes �tonn�es de se rencontrer, une guerre terrible entre des sons qu'on ne peut unir sans faire saigner l'oreille, un grossier bavardage de gammes embrouill�es cx, voila l'unique r�sultat des efforts surhumains du malheureux maestro. Un murmure d�sapprobateur, des hu�es, des {PGS17 p.34 col.2} rires, partent de tous c�t�s. Personne ne croit que l'erreur de Pezzanini soit involontaire. Le prince cy commence � trouver la plaisanterie de mauvais go�t cz. Le vieux Grinville d�clare qu'elle est ind�cemment irrespectueuse. Les cheveux du maestro se h�rissent sur sa t�te, de grosses gouttes de sueur coulent de son front, son sang bourdonne dans ses oreilles comme un bruit lointain de cloche qui se rapproche par d�gr�s, ses b�vues involontaires le d�chirent de douleur encore plus qu'elles ne l'humilient. Enfin ses bras retombent � ses c�t�s da. Un g�missement �touff� accompagne ce cri de d�tresse: Il diavolo db! � il diavolo! Et il tombe sur le carreau priv� de connaissance. Tandis qu'on s'empresse autour de lui dans l'orchestre, une sc�ne pareille se passe dc sur les gradins. Le chevalier de Montanvert dd dont la p�leur depuis quelques tems �tait devenue de plus en plus effrayante tombe �vanoui entre les bras du jeune L�onard; au m�me instant que le maestro, comme de si l'extr�mit� d'une chaine magn�tique �tablie entre eux fut venue le frapper d'un coup �lectrique. On les emporte de la salle, et � peine ont-ils senti l'air frais de l'ext�rieur qu'ils reprennent l'usage de leurs sens. Le maestro veut se donner la mort mais Portia qui l'avait suivi le prend par le bras et le ram�ne dans la salle, tandis que le chevalier, apr�s avoir remerci� le prince de sa sollicitude df, lui demande la permission d'aller donner au repos le reste de la soir�e.

On remarqua que pendant cette sc�ne bizarre, le marquis de Montefucino fut infid�le � son caract�re de causticit� sceptique. Il sembla secr�tement dg �mu de ce qui se passait, mais on ne put pr�ciser la nature de cette �motion. Une l�g�re teinte violette passa sur son beau visage, et il garda le silence.

{PGS17 p.35 col.1} Lorsque le maestro, entrain� et persuad� par la prima donna, reparut au clavecin, le prince convaincu qu'il fallait attribuer � son indisposition la honte dont il s'�tait couvert, c'est � dire prenant l'effet pour la cause, le conjura de se reposer, mais Portia lui dit tout bas:

« Il faut r�parer votre d�faite et relever votre gloire.

— Je suis sur que cela depend de vous, dit le maestro du m�me ton, tuez moi ou inspirez moi de douces m�lodies. »

Portia sourit et repla�a la maudite feuille sur le pupitre. Le maestro recommen�a en tremblant. Mais le charme �tait rompu. Ses doigts couraient avec aisance sur le clavier et en tiraient des accords harmonieux. Il s'�tonnait en lisant les notes dh �crites, d'avoir pu les m�conna�tre di tant de fois. Portia chanta une canzonette dont voici la traduction.

1

La gondole qui fuit ne laisse point de traces sur les flots de l'Adriatique. Le sillon lumineux de son fanal brille un instant apr�s elle et quand elle a pass� tout rentre dans l'ombre de la nuit.

2

Le gondolier chante dans la nuit, accompagn� du seul bruit de sa rame. Un autre accepte le d�fi et r�pond � sa voix. L'onde, pour les �couter, bat plus mollement le pied des �difices. Mais quand leurs voix ont cess�, les dj �chos n'ont rien retenu et restent dans le silence de la nuit.

3

Ainsi Ô Gina, le pass� n'a point laiss� de traces dans ton �me, tu m'as souri, tu m'as jur�... mais autant vaudrait compter sur la constance des flots que sur celle d'une femme. Le cœur de Gina a chang� et mon bonheur est tomb� dans l'oubli plus triste que la nuit.

Portia chanta le premier couplet avec une simplicit� {PGS17 p.35 col.2} pure et suave. Au second elle alt�ra le th�me dk pour suivre ses inspirations et l'on se crut transport� sur les flots de Venise. On �couta le doux murmure des vagues et le refrain lointain du barcarole. Au troisi�me, elle reprit le th�me, mais elle lui donna une autre expression. La douleur, l'amour, le reproche s'y montr�rent avec �nergie, l'abattement m�lancolique de ses derniers accens s'empara de tous les cœurs. Mais on ne sut qui admirer le plus de la chanteuse ou de l'accompagnateur. Pezzanini avait suivi les inspirations de Portia, il semblait qu'un g�nie les lui communiqu�t dl par une r�v�lation ant�rieure � leur manifestation dm. Il produisit dn dans l'imagination des tableaux avec des sons. Il peignit Venise, le ciel bleu, la mer calme, la gondole l�g�re. Il ne fut personne qui ne vit tout cela dans l'accompagnement de Pezzanini. Quand la chanteuse eut fini les strophes, elle vocalisa un refrain de sa composition � la mani�re des gondoliers, et s'�garant sur les flots on entendit le barcarole s'�loigner, se rapprocher et s'�loigner encore. Pezzanini imitait les ondulations de la mer, l'haleine du vent et le choc de la rame. Quand il se leva, le prince courait � lui pour l'embrasser, mais le maestro tombant aux genoux de la signora et portant contre ses l�vres l'extr�mit� des franges de sa longue ceinture:

« Vous m'avez donn� une rude lecon, lui dit-il, mais vous m'avez d�dommag�; vous m'avez souffl� le feu du g�nie, vous avez fait de moi, un musicien, d'un barbare que j'�tais. Vous feriez �galement de moi, si vous vouliez un peintre ou un po�te, car le g�nie des beaux arts r�side en vous. »

Les hommes applaudirent � ce discours, les femmes sourirent de l'exhaltation passionn�e du maestro. Portia se retira en riant et refusa do de rester au bal en se plaignant d'un peu de fatigue.

Le soir descendait lentement sur les cimes de l'Etna, le vent tout parfum� des fleurs de l'oranger et du cytise courait mollement sur les vagues et les brisait en �cume l�g�re sur les degr�s de marbre des jardins de la Sciarra. dp


Variantes

  1. Apr�s ce titre {MsBNF} s'ach�ve sur un titre de chapitre: Chap. 4me de l'histoire du r�veur. le reste de la page et les autres pages sont blancs. (Note adapt�e de Thierry Bodin.){RDM} ne reprend pas ces titres de partie et de chapitre, mais Aurore Sand y fait allusion dans le texte de pr�sentation: « la nouvelle �bauch�e, abandonn�e, puis reprise, qui s'arr�te au quatri�me chapitre » (p.114).
  2. pas de titre de chapitre dans {PGS}
  3. — C'est assez {PGS}
  4. mon cher Pezzanini, [Je vous ai toujours vu ray�] dans votre amour [de l' ray�] pour votre art {MsB}
  5. fa # {PGS}
  6. fa # {PGS}
  7. au dernier fa # [en bas ray�], atteint cette note [avec autant d'aplomb ray�] aussi pleine aussi sonore {MsB}
  8. lorsque {PGS}
  9. orchestre musiciens {PGS}
  10. [prince ray�] marquis {MsB}
  11. le sourire de [pierre ray�] marbre {MsB}
  12. cette expression [de gait� ray�] d'enjouement {MsB}
  13. la [beaut� ray�] figure {MsB}
  14. Fin du fragment B de {MsB}
  15. Une petite d�chirure a enlev� le premier mot que nous r�tablissons entre crochets. (Note de Thierry Bodin.). Nous ouvrons les guillemets et nous ajoutons “ dit le prince ”
  16. ses joues [creuse ray�] livides {MsB}
  17. mon petit fils {PGS}
  18. de [parler devant ray�] se m�ler {MsB}
  19. et [peut �tre ray�] comme {MsB}
  20. addressat {PGS}
  21. [de son grand p�re ray�] du vieux {MsB}
  22. rien � craindre [de cette s�v�rit� en mati�re de go�t] du go�t s�v�re {MsB}
  23. l'Aminta {MsB}
  24. dit le Prince [avec bont� ray�] {MsB}
  25. 19 ans {PGS}
  26. dans [mon imagination ray�] ma pens�e {MsB}
  27. quelle {PGS}
  28. o� se peignaient [le d�dain ray�] un insultant m�pris {MsB} Le verbe est bien accord� au pluriel. (Note de Thierry Bodin.)
  29. plate excuse {PGS}
  30. avait d� [laisser apporter ray�] laisser {MsB}
  31. Il �tait vetu {PGS}
  32. tout le soing {PGS}
  33. Mais [le soing quil avait pris de sa ray�] malgr� {MsB}
  34. d�barasser {PGS}
  35. quil {PGS} (nous ne reviendrons sur cette variante; il en est de m�me avec quelle pour que'elle et quils pour qu'ils)
  36. [Messine ray�] Catane {MsB}
  37. dedaigneux {MsB}
  38. conservat {PGS}
  39. La premi�re r�daction donnait et [� votre g�nie de ray�] peinture; la rature et l'ajout aux �loges rendent la phrase quelque peu bancale — (Note de Thierry Bodin). Nous suppl�ons comme entre crochets, qui nous para�t rendre la phrase plus claire.
  40. et s'addressant {PGS}
  41. [hardiment ray�] aigrement {MsB}
  42. r�pondit le ms. {PGS}
  43. quoique je laye {PGS}
  44. [Il semble que ray�] La mani�re {MsB}
  45. [me mener ray�] venir voir {MsB}
  46. dit le ms {PGS}
  47. le ms {PGS}
  48. � la [premi�re ray�] prochaine {MsB}
  49. secria {PGS}
  50. dit le ms. {PGS}
  51. maitre {PGS}
  52. [col�re ray�] fureur {MsB}
  53. de point d'angleterre {PGS}
  54. presquenti�rement {PGS}
  55. se [pr�senta devant eux ray�] tint {MsB}
  56. [ses l�vres trembl�rent devinrent ray�] deux taches {MsB}
  57. Chap. 2 {PGS}
  58. de graces {PGS}
  59. le d�sir de [plaire ray�] succ�s ou [la rage ray�] la joie du triomphe {MsB}
  60. une secrette {PGS}
  61. le Ms {PGS}
  62. [ce d�dain ray�] son langage {MsB}
  63. [donnnaient ray�] semblaient donnner {MsB}
  64. lorsquil {PGS}
  65. le marquis etait {PGS}
  66. aussi ind�pendant aussi fier {PGS}
  67. Ces conjectures [�taient le sujet ray�] passaient {MsB}
  68. connaitre {PGS}
  69. mille traits [singuliers ray�] {MsB}
  70. plus ou moins [amplifies de leur [singularit�] ray�] de leur piquant {MsB}
  71. etait {PGS}
  72. son entretien [pleinde charme et de finesse ray�] {MsB}
  73. peut�tre {PGS}
  74. de grouppe en groupe {PGS}
  75. rappeller {PGS}
  76. d'accabler [d'ennui ray�] {MsB}
  77. le budg�t {PGS}
  78. se [gardaient bien ray�] h�taient {MsB}
  79. aussitot {PGS}
  80. favori “ En {PGS}
  81. la prima [signora paru ray�] donna entra {MsB}
  82. cravatte {PGS}
  83. [pass�rent ray�] se r�fl�chirent {MsB}
  84. dans l'ame {PGS}
  85. ses [regards ray�] traits {MsB}
  86. et [prenant le cahier ray�] posant une feuille {MsB}
  87. pour [trouver ray�] juger {MsB}
  88. il obe�t {PGS}
  89. [jou� ray�] ex�cut� {MsB}
  90. [Si vous �tiez ray�] Si {MsB}
  91. m'addressait {PGS}
  92. — Pezzanini {PGS}
  93. jou� les 3 1�res {PGS}
  94. il y vit 3 # {PGS}
  95. la clef [marquait ray�] �tait charg�e {MsB}
  96. 5 b�mols {PGS}
  97. les 3 # {PGS}
  98. 5 ou 6 {PGS}
  99. ses [mains ray�] bras {MsB}
  100. nouvelle [sutprise ray�] terreur {MsB}
  101. cherchent a {PGS}
  102. gammes [fausses et ray�] embrouill�es {MsB}
  103. Le [vieux ray�] prince {MsB}
  104. mauvais gout {PGS}
  105. � ses cot�s {PGS}
  106. [Le Diable! ray�] Il diavolo {MsB}
  107. [occupe ray�] se passe {MsB}
  108. Le Ch. de Montanvert {PGS}
  109. le maestro, comme {PGS}
  110. remerci� le prince [et l'avoir engag�] de sa sollicitude {MsB}
  111. secrettement {PGS}
  112. [la musique ray�] les notes {MsB}
  113. m�connaitre {PGS}
  114. ont cess� les {PGS}
  115. elle alt�ra [l�g�rement ray�] le th�me {MsB}
  116. communiquat {PGS}
  117. leur manifestation [avec des sons ray�] {MsB}
  118. Il [fit ray�] produisit {MsB}
  119. et [s'excusa ray�] refusa {MsB}
  120. Ainsi s'ach�ve, par ces quatre lignes en haut d'une page le {MsB} (note de Thierry Bodin).

Notes

  1. Voyez dans l'introduction les remarques sur le texte.
  2. Voyez dans l'introduction les remarques sur le texte.
  3. L'Aminta est l'œuvre du Tasse(Torquato Tasso, 1544-1595) la plus connue apr�s la J�rusalem d�livr�e, c'est un drame pastoral en cinq actes avec interm�des. (voir Wikip�dia art. Le Tasse)