George Sand
L'HISTOIRE DU RÊVEUR

Pr�sence de George Sand, n� 17, 1983; pp.4-39; �d. de Thierry Bodin

[Premi�re partie:] {MsBNF f° 10 v°} HISTOIRE DU RÊVEUR a

1er Chapitre
LA GROTTE DES CHÈVRES b

Par une belle matin�e c du mois de juin, vers la fin du si�cle dernier, un beau jeune homme d s'avan�ait dans cette contr�e admirable qui forme la base de l'Etna du c�t� de Catane, et qui, en raison e de sa position, porte le nom de regióne piemont�se f. Il allait visiter g le volcan gigantesque de la Sicile, et comme h ce n'�tait pas la premi�re fois qu'il entreprenait cette excursion i, il n'avait pas jug� n�cessaire de se munir d'un guide surtout dans la j partie riante et habit�e qu'il parcourait et dont chaque sentier, chaque vallon couvert de fleurs et de fruits, chaque coteau tapiss� de vignes k, lui �taient devenus familiers dans ses fr�quentes promenades. Il montait un beau et bon cheval qu'il laissa � Nicolosi 1, village d'un aspect assez sombre, b�ti de laves et de basaltes, et servant de limite entre le pays enchant� que notre voyageur venait de franchir et l la r�gion d�serte et sauvage, qui s'�l�ve rapidement vers la sommit� de l'Etna. Apr�s s'�tre repos� quelques heures et avoir lou� une mule, la plus vigoureuse qu'il p�t trouver dans le bourg, — et ce n'�tait pas beaucoup dire —, il m repartit vers 5 heures de l'apr�s-midi, d�termin� n � marcher toute la soir�e et toute la nuit afin d'arriver o au crat�re au lever du soleil et d'y contempler le plus magnifique spectacle de l'univers: toute la Sicile d�ploy�e en triangle sous ses pieds et baign�e de l'immense mer, o� la vue ne rencontre plus de bornes que du c�t� du d�troit et des monts de la Calabre.

— Il me semble, mon bon Tricket, dis-je en interrompant le narrateur, que tu fais des phrases un peu longues.

— Elles ne le sont pas encore assez pour �tre � la mode, me r�pondit-il sans se d�concerter et il p continua.

Le voyageur q eut un assaut r � soutenir contre le {PGS17 p.10 col.2} babil de l'h�tesse de Nicolosi qui voulait l'engager � prendre un guide. « Sainte Vierge! disait-elle s, c'est une v�ritable folie que de vous engager ainsi tout seul t dans ces bois, o� il est si facile de s'�garer, que nos p�tres eux-m�mes s'y �garent tous les jours u. {RDM 116} Et si vous alliez vous engloutir dans une de ces chemin�es souterraines qu'on rencontre � chaque pas. Gies� v mio signore, ne vous exposez pas ainsi, car si vous �chappez aux dangers de la route, qui sait w quels malins esprits peuvent se jouer de vous et vous jeter en bas de la montagne? Il y a un certain g�nie malfaisant x qu'on appelle...

— Vous me conterez cette histoire demain, ma bonne h�tesse, interrompit le voyageur. Aujourd'hui, elle retarderait trop mon d�part. Je pense que les malins esprits m'attaqueront y aussi bien avec une escorte de cent hommes, s'ils ont envie de contrarier ma marche z. J'ai d�j� fait cinq ou six fois ce chemin aa, et je dois le conna�tre assez bien pour m'y maintenir avec quelque attention.

— Et puis ab, pensa-t-il en s'�loignant de Nicolosi au trot de sa mule, et en traversant la plaine inclin�e, couverte de cendres rouge�tres qui domine le village, mon plaisir sera sans m�lange. Si je parviens seul au terme de ce d�sert terrible et majestueux, je n'aurai pas � essuyer les �ternels et fatigans ac avis d'un guide qui veut se rendre n�cessaire et doubler son importance, en vous exag�rant les dangers du chemin. Je n'aurai pas non plus l'importune distraction de ses explications plates et grossi�res, ni l'inqui�tante contrari�t� de ses fatigues feintes ou r�elles, ni l'embarras de ces mille ruses perfides par lesquelles ils cherchent � faire doubler leur salaire et manquer votre voyage. Il faut �tre seul pour sentir toute l'exaltation qu'une nuit sur l'Etna est capable d'inspirer. La pr�sence ad d'un �tre de mon esp�ce me rappellerait que je suis un homme, et seul avec le vent et la neige, j'esp�re l'oublier. Je veux pouvoir enfin abandonner ae mon �me au d�sordre de ces �l�ments af fougueux qui r�gnent en ma�tres absolus sur une terre ag d�chir�e et boulevers�e chaque jour au gr� de leur caprice.

Le jeune homme dans son enthousiasme ne manqua pas ah de s'identifier avec Emp�docle 2. Sa situation ai l'exigeait rigoureusement quoiqu'il aj fit le plus beau tems ak du monde, et que rien ne rendit l'approche du volcan p�rilleuse al.

Il arriva sans difficult� � la grotte des Ch�vres am, station ordinaire des voyageurs et seul g�te qu'ils puissent trouver dans cette for�t inhabitable 3. Il y fit les pr�paratifs d'usage pour y passer le moins mal possible la premi�re partie an de la nuit, c'est-�-dire qu'il coupa de l'herbe qu'il pla�a devant sa mule attach�e ao � un arbre {PGS17 p.11 ill., p.12 col.1} voisin; qu'il abattit du bois et alluma du feu {RDM 117} que la temp�rature glac�e de cette r�gion rend indispensable ap, et aupr�s duquel il fit un souper assez frugal dont aq il s'�tait pr�cautionn� en quittant l'auberge de Nicolosi ar. Apr�s quoi, il donna un dernier coup d'œil � sa monture, que ses habitudes rustiques et sa sobri�t� naturelle pr�serv�rent du besoin de l'enthousiasme pour s'accommoder de sa position as. Puis il ranima le feu en y tra�nant la moiti� d'un bouleau dess�ch�, et at s'enveloppant dans son vaste manteau, il chercha � go�ter quelques heures de sommeil en au attendant celle av de se remettre en route; cependant il ferma en vain les yeux. En vain il s'�tendit sur son lit de feuilles s�ches et y changea vingt fois de position. Quoiqu'il s'assur�t bien en examinant aw s�v�rement son �me ferme et aventureuse, qu'elle ax ne recevait pas la plus l�g�re �motion de crainte. Soit ay la nouveaut� de sa situation dans cette imposante solitude, soit la subtilit� d'un air qu'il n'�tait pas accoutum� � respirer, il lui fut impossible de s'endormir. L'abondance az et la vivacit� de ses pens�es fatiguaient son cerveau. Tous ba ses nerfs �prouvaient une excitation extraordinaire. Tant�t la chaleur du foyer le suffoquait bb, mais s'il �cartait un peu son manteau pour s'all�ger, le froid le saisissait et le faisait frissonner bc de la t�te aux pieds: tant�t il lui semblait que des voix humaines se m�laient aux plaintes du vent dans les vieux ch�nes de la for�t. Il les �coutait avec un plaisir bd m�lancolique et puis son be imagination leur pr�tant des modulalions qu'elles n'avaient pas, il bf les r�p�tait int�rieurement jusqu'� ce qu'il f�t exc�d� de leur monotonie. Enfin, renon�ant au sommeil, il s'assit et resta, les coudes bg appuy�s sur ses genoux et ses yeux fix�s sur la braise bh rouge de son foyer d'o� bi s'�chappaient sous mille formes bj et avec mille ondulations vari�es, des flammes blanches et bleues. C'est l�, pensait-il, une image r�duite des jeux bk de la flamme et des mouvements de la lave dans les irruptions de l'Etna bl. Que ne suis-je appel� bm � contempler cet admirable spectacle dans toutes ses horreurs! Ou bn que n'ai-je les yeux d'une fourmi pour admirer ce bouleau embras�! Avec bo quels transports de joie aveugle et de fr�n�sie d'amante, ces essaims de petites phal�nes bp blanch�tres viennent s'y pr�cipiter! Voil� pour elles le volcan bq dans toute sa majest�! Voil� le spectacle d'un immense incendie. Cette lumi�re �clatante les enivre et les exalte br comme ferait pour moi la vue de toute la for�t embras�e. La nature bs n'a rien fait {RDM 118} de mis�rable. Tout bt y jouit d'une richesse relative de sensations, tout y poss�de des tr�sors de jouissance et des torrents bu de d�lices. Au milieu de la Cr�ation l'homme bv est de tous les �tres celui qui, avec plus de facult�s pour appr�cier le bonheur, se montre plus ingrat devant tant de bienfaits bw...

Une sorte de fr�missement qui se fit entendre non loin {PGS17 p.12 col.2} du voyageur, interrompit le cours de ses pens�es. Il porta la main � ses pistolets bx et levant les yeux il by aper�ut de l'autre c�t� du foyer, au bz travers de la fum�e qui se d�ployait en l�gers tourbillons tant�t blancs et opaques, tant�t transparens ca comme un voile de gaze, une longue et noire figure o� brillaient deux gros yeux effar�s cb et que surmontaient deux longues oreilles. Heureusement pour le voyageur il �tait esprit fort. Aucun cc sentiment de terreur n'alt�rait sa vue et son jugement; il reconnut cd sa pauvre mule qui transie de froid avait ce r�ussi � se d�tacher et, s'�tant approch�e machinalement du brasier fixait cf sur cet objet �clattant cg des regards d'une terreur panique et stupide. Son cavalier s'approcha d'elle, lui frotta les flancs avec une poign�e d'herbe s�che, et lui repla�ant la bride il se remit en marche comme la lune recommen�ait � blanchir l'horizon ch.

Chapitre 2
LE CHANTEUR 4 ci

Il avait encore quelques milles � faire au travers des bois de ch�nes verts, de sapins et de bouleaux dont cette partie du mont, appel�e regione silvosa cj, est couverte, avant que d'arriver � la r�gion des neiges et des glaces qui environnent le crat�re. Le chemin �tait facile et assez doux aux pieds de la mule quoique ck s'�levant rapidement � mesure qu'elle s'avan�ait. Le vent cl s'�tait calm� avec le lever de la lune et le froid devenait beaucoup moins rigoureux surtout cm dans les parties abrit�es par la for�t. Le voyageur cheminait sous l'influence de pens�es riantes et de sensations nouvelles. Il respirait avec d�lices cet air �th�r� de la montagne, qui peu � peu cn produit sur le cerveau une sorte d'ivresse. La solitude et la nuit exercent toujours sur nous un effet moral qui co se manifeste d�licieux ou terrible suivant les nuances de notre caract�re. Am�d�e — c'�tait le nom du voyageur— ne trouvait cp dans la majest� imposante de ces lieux que des sentiments de bien-�tre et d'enthousiasme. La Lune en s'�levant cq derri�re les sapins, projetait cr leurs ombres {RDM 119} gigantesques d'une colline � l'autre. Son rayon oblique per�ant dans les intervalles jetait cs sur les objets une blancheur lumineuse qui les rev�tait de formes fantastisques. Chaque gen�t �pineux agit� par le vent semblait ct un �tre anim�, chaque bloc de lave {PGS17 p.13 col.1} qui pr�sentait ses asp�rit�s bizarres et ses boursouflures cu cassantes, ressemblait aux ruines d'un �difice moresque. Le voyageur �tait plong� dans une de ces r�veries vagues pendant lesquelles une partie de notre �me ne s'aper�oit cv pas de ce qui occupe l'autre, lorsqu'un chant doux et plaintif comme la brise, s'�leva cw avec la lune du coteau bois� qui bornait l'horizon. Cette fois, dit-il, ce n'est pas une illusion: un hasard cx peu ordinaire am�ne quelqu'un cette nuit dans la for�t. Il faut que ce soit un voyageur comme moi ou un p�tre �gar�...

C'�tait en effet le lai m�lancolique d'un berger mais cy les intonations avaient une justesse et une puret� que rencontrent rarement ceux qui suivent en chantant les seules inspirations de la nature. À mesure que cette m�lodie se rapprochait, Am�d�e, qui �tait lui-m�me un excellent musicien et un chanteur plein de go�t, acqu�rait la conviction qu'un artiste fort habile et dou� d'�tonnantes facult�s �tait cz seul capable de remplir ainsi l'espace du son de sa voix puissante sans le secours d'aucun instrument. Pourtant cette voix da �tait trop suave, trop caressante, trop argentine parfois, pour s'exhaler d'une poitrine d'homme. Elle �tait aussi trop pleine, trop grave, trop sonore pour le gosier d�licat d'une femme; c'�tait un m�lange de ce qu'il y a de plus harmonieux dans les facult�s musicales de chaque sexe. C'�tait db � la fois une basse, un contralto et un tenore dc, c'�tait enfin une voix comme Am�d�e n'en avait jamais entendue dd, m�me en ces chanteurs d'Italie qu'une cons�cration particuli�re d�voue au culte des muses et aux tourments des furies.

Il s'arr�ta pour mieux �couter. Mais de comme la voix semblait monter il df se remit en marche pour la suivre, s'�tonnant avec raison qu'on p�t dg chanter avec cette pr�cision, cette longue haleine et cette force prodigieuse en gravissant une c�te rapide dh au milieu d'un air vif et p�n�trant. Ce chant myst�rieux n'�tait ni moins bizarre ni moins ravissant que l'organe qui le modulait. C'�tait di une invocation tant�t plaintive tant�t passionn�e dj adress�e aux Esprits de la montagne. Les paroles dk semblaient � peine astreintes aux r�gles de la versification et {RDM 120} pourtant c'�tait une po�sie enthousiaste et sauvage qui portait le caract�re de l'improvisation. Elles arrivaient distinctes � l'oreille du voyageur, quoique le chanteur invisible par�t marcher sur un autre sentier � quelque distance.

« Je te salue, Etna! disait la voix. G�ant parmi les g�ants, roi de la terre et des mers! Esprits de la nuit; vents qui soufflez sur les vieux arbres, fins souterrains qui fr�missez sous les bruy�res; g�nies des ravins et des pr�cipices, vous, qui l�gers dl comme l'air, reposez sur la pointe de ces roches fragiles que le poids dm d'un petit {PGS17 p.13 col.2} oiseau ferait �crouler, vous qui dansez sur l'ar�ne des cendres bleues et rouges du volcan sans y imprimer la trace de vos pas. Vous dn qui prenez pour monture un flocon do de neige emport� par l'ouragan ou un brin de mousse dess�ch�e, enlev�e � l'�corce des bouleaux, saluez tous le mont Gibel, le mont � la triple t�te, le roi � la couronne flamboyante, le monarque � la robe de feu. »

« Et toi, ajoutait la voix en mod�rant son �clat et s'abaissant dp par degr�s vers une m�lodie suave et religieuse, et toi douce et blanche dq reine des nuits, silencieuse H�cate, belle, �ternellement jeune et belle, enveloppe-nous de tes reflets argent�s, re�ois l'hommage myst�rieux et pur des enfants de la for�t antique. »

Ici le chanteur s'arr�ta, et le voyageur transport� d'admiration et ravi de plaisir ne put r�sister au d�sir de voir l'incommparable artiste qui l'avait charm�. Il r�solut de l'appeler par un chant du m�me genre. Se livrant dr donc aux inspirations de son g�nie musical qui le servit ds assez bien dans cette circonstance et trouvant facilement dt dans l'harmonie des terminaisons italiennes une sorte de rime libre � la mani�re de son comp�titeur: du

« Toi qui ravis mon �me de tes accens dv divins, s'�cria-t-il, toi qui m'as fait entendre une m�lodie plus enchanteresse que la harpe d'or des Élus, qui que tu sois, homme ou femme, ange ou d�mon, sylphide ou n�croman, viens � moi, que je rende hommage au talent sublime dw que tu poss�des. »

La voix d'Am�d�e �tait fra�che et belle, mais, quoique plus m�le que celle de son compagnon invisible, elle ne remplissait pas de m�me les vallons et les collines. Il faut, pensa-t-il, que mon adversaire soit plac� bien favorablement et qu'un �cho propice se charge de doubler le volume de sa voix, car je d�fie le plus robuste chantre de lutter contre ce vent qui emporte {RDM 121} les sons avant qu'on les lui ait confi�s. En m�me tems il dx regardait de tous c�t�s, impatient de voir arriver son inconnu dy, lorsque la lune s'�levant dans l'air pur et bleu du firmament jeta dz une vive clart� sur le chemin jusqu'alors envelopp� dans l'ombre des arbres. Am�d�e vit distinctement, � deux pas de lui, un homme qui marchait sur le m�me sentier, mais sans que ses pas l�gers fussent trahis par le craquement ea des lapilli eb et des scories dont le chemin �tait sem�. Am�d�e allait lui adresser la parole, lorsqu'il s'�lan�a sur une ar�te de laves qui bordait le chemin et qui s'�levant progressivement forma ec bient�t comme une muraille de vingt pieds de haut si mince, si d�coup�e, si fragile, que ed c'�tait un spectacle effrayant � voir qu'un ee homme courant lestement sur cet �difice de cendre vitrifi�e. Tout en {PGS17 14 col.1} voltigeant pour ainsi dire, il ef se remit � chanter les paroles suivantes sur un air anim� et brillant:

« Esprits de la for�t vierge de toute domination, pourquoi eg laissez-vous violer votre sanctuaire par des pas humains? Vents du soir, emportez eh le t�m�raire, rochers ei sourcilleux, brisez-le contre vos flancs aigus! »

— Chante, chante, r�pondit Am�d�e, quand ej tu devrais me maudire, je m'enivrerais du plaisir de t'�couter. »

La cr�te volcanique que suivait l'inconnu se trouvant tout d'un coup interrompue, Am�d�e fut effray� de le voir sur le haut de ce rempart fragile qui semblait pr�t � se pulv�riser sous ses pieds. Mais ek le chanteur fit un saut de dix pieds de haut, sans que le moindre bruit accompagn�t la chute de son corps, et se trouva � c�t� d'Am�d�e marchant avec la gr�ce et l'aisance d'un jeune montagnard dont il avait le costume. Sa taille d�licate annon�ait un enfant el de ce climat br�lant de la Sicile qui ne permet pas � la force physique de se d�velopper. Il �tait v�tu � la mani�re du pays. Son chapeau rond et pointu �tait surmont� de plumes d'aigle, et un ample manteau �carlate em, comme on en voit souvent aux banditi de quelque importance �tait en �l�gamment drap� autour de lui.

« Compagnon, lui dit Am�d�e, permettez que je vous remercie du plaisir que vous m'avez fait �prouver. Je ne m'attendais gu�res eo � trouver dans ce d�sert la voix enchant�e du premier chanteur de l'Italie.

— Vous �tes louangeur, mon camarade, r�pondit le ragazzo en marchant toujours et sans se retourner vers Am�d�e: cela {RDM 122} seul vous ferait ep signaler pour un Fran�ais, si votre accent eq rude et f�cheux ne suffisait er pas pour cela. Mais vous pourriez bien vous tromper en me prenant pour un chanteur de profession.

— Je puis me tromper en ceci, mais du moins je suis certain que l'habit que vous portez n'est qu'un d�guisement emprunt� pour satisfaire une fantaisie, ou dans un but de commodit� es.

— Voulez-vous dire que je sois une fille d�guis�e?

— Non. Il y a et bien dans la petitesse de votre taille et dans certaines notes de votre voix, de quoi faire na�tre quelques doutes � cet �gard, mais vive Dieu! ceux qui vous verront gravir sur les rochers et sauter en bas comme un chamois, ne vous eu soup�onneront pas d'avoir jamais port� des jupes. Je vous tiens donc pour un �tre du sexe masculin des plus intr�pides, mais non ev pour un p�tre des montagnes comme votre costume l'annonce. Ou la nature a fait de vous un prodige, ou vous avez fait vous-m�me de l'art du chant l'�tude la plus approfondie, {PGS17 p.14 col.2} car je jure qu'il n'y a pas un chanteur � Paris, � Vienne ou � Naples qui puisse vous �tre compar�.

— Peut-�tre que si vous m'eussiez entendu sur le th��tre de la Scala, vous m'eussiez siffl�. Mais ew dans le d�sert de l'Etna, votre imagination enflamm�e m'a merveilleusement second�.

— Je n'en crois rien, et ex j'esp�re que nous ne nous quitterons pas sans que vous m'ayez dit un nom qui doit �tre d�j� c�l�bre ou qui ne tardera � le devenir. Allons, il faut que vous soyez Polidoro 5, dont parle toute l'Italie et que l'on attendait � Rome lorsque ey j'ai �t� forc� de quitter cette ville.

— Comme je me souviens fort bien de vous avoir vu � Rome, il est probable ez que je n'�tais pas � cette �poque sur la route de Milan, d'ailleurs, Polidoro a le double de mon �ge.

— Nous sommes-nous donc rencontr�s � Rome, dit Am�d�e, et ne voulez-vous pas vous faire connaitre � moi?

— Avant tout je vous ferai fa observer que vous �tes mont� sur votre mule, tandis que je suis � pied, ce qui fb n'est pas commode pour faire la conversation. Je ne me soucie fc pas de fatiguer ma voix et de m'essouffler pour satisfaire votre curiosit�.

— Cela est trop juste, je vais mettre pied � terre et nous monterons alternativement sur la mule. Il serait f�cheux fd qu'une aussi belle voix s'alt�r�t, quoique en v�rit� vous ne fe paraissiez pas tout � l'heure tr�s soigneux de la m�nager.

— Ne croyez pas cela, ma voix c'est ma vie, et j'aimerais ff {RDM 123} autant perdre l'une que l'autre. Mais fg, si les longs discours me fatiguent, il n'en est pas ainsi des plus longs airs. Je suis organis� pour chanter comme vous pour parler et c'est en chantant que je me repose. Mais ne descendez pas de votre mule, je suis fh fort l�ger et elle ne s'apercevra fi pas de ce surcro�t de bagage. D'ailleurs je fj ne vous serai pas inutile, car je connais mieux que vous tous les sentiers de la contr�e.

Sans attendre de r�ponse, l'homme sauta en croupe derri�re Am�d�e, avec une agilit� qui tenait du prestige 6. La mule qui ne s'attendait pas � ce renfort fit un bon si rapide que son cavalier, qui ne se tenait pas sur ses gardes, ne put l'emp�cher de tourner subitement de la t�te � la queue et de prendre le galop en descendant la montagne. Il s'effor�a de la calmer et de la retenir mais fk tout fut inutile; � chaque instant elle fl doublait de vitesse. Am�d�e qui fm �tait un tort bon cavalier et un homme naturellement intr�pide, ne songea d'abord qu'� rire de cette aventure; mais il con�ut fn de l'humeur, lorsqu'il vit que son malicieux {PGS17 p.15 col.1} compagnon pressait les flancs de l'animal et lui frappait continuellement les jarrets avec sa houssine pour le faire courir; l'impatience finit par se changer en col�re chez fo Am�d�e dont fp toutes les repr�sentations ne faisaient qu'exciter la gaiet� de l'inconnu.

— Si vous ne finissez cette mauvaise plaisanterie, dit-il enfin, je vous avertis que je me d�barrasse de vous en vous jetant fq par terre.

— Essaye donc! dit le bizarre compagnon en redoublant ses coups sur la pauvre mule.

— C'en est trop, » dit Am�d�e; et faisant fs un demi-tour sur lui-m�me, il ft s'attendait � d�monter d'un coup de poing son adversaire en apparence fort gr�le. Mais fu il trouva une r�sistance sur laquelle il ne comptait pas. L'inconnu se cramponna autour de lui et le serrant de ses deux bras avec une force surnaturelle lui fit par cette strangulation ressentir une si horrible souffrance qu'il abandonna les r�nes. La mule, saisie fv d'un nouveau vertige, courait comme le vent, franchissant les amas de rochers et les courants de lave, qui s'opposaient � sa fuite rapide. De plus en plus effray�e de la lutte que ses deux cavaliers se livraient sur son dos, elle perdit jusqu'au sentiment de sa propre conservation et se pr�cipita avec eux dans un ravin de plus de trois cents toises de profondeur.

{MsBNF f° 18 r°, RDM 124} Chapitre 3
L'ÉRUPTION fw

La lune dans tout son �clat brillait au milieu d'un ciel pur. L'ar�ne de neige fx du milieu de laquelle s'�l�ve la triple cime de l'Etna et qu'on appelle regione scoperta fy �tincelait de blancheur aux reflets de l'astre argent�. Apr�s avoir pass� entre Monte Nuovo et Monte Frumento fz en laissant sur la droite la Schiena del asino, on ne trouve plus de chemin trac� et l'on s'oriente vers l'Etna principal qui se trouve � d�couvert de tous c�t�s. C'est ga dans cette derni�re r�gion nomm�e fort improprement piano del frumento, que gb s'�levait jadis un monument quadrangulaire dont la tradition attribue la fondation � Emp�docle. Au tems o� se rapporte cette histoire, il n'offrait plus qu'une enceinte de pierres dispos�es en carr� gc et ensevelie dans les cendres qu'elles ne d�passaient 7 que de quelques pieds. Chaque �ruption de l'Etna travaille � engloutir {PGS17 p.15 col.2} cette ruine qu'on appelait alors la Tour du philosophe et qui peut-�tre a disparu enti�rement aujourd'hui 8. C'est l� que deux hommes se reposaient la nuit dont nous venons de parler. L'un d'eux gd �tait �tendu dans une sorte de sommeil l�thargique et adoss� contre quelques pierres sculpt�es depuis longtems abattues du fronton qu'elles avaient orn�. L'autre ge se tenait � ses c�t�s dans une muette contemplation, tant�t attachant sur lui son regard fixe, tant�t l'�levant sur la cime fumeuse du volcan. Am�d�e, car le dormeur �tait le m�me voyageur que nous avons vu rouler au fond d'un pr�cipice au chapitre pr�c�dent, essayait gf vainement de se r�veiller. Il en �prouvait le d�sir. Il avait besoin de se soustraire � l'oppression ind�finissable que lui causait le regard de son compagnon, mais il n'�tait pas en son pouvoir de s'en affranchir. Enfin l'inconnu gg, se penchant vers lui, lui passa la main sur le visage gh sans le toucher en lui disant: « C'est assez »; et gi Am�d�e se souleva aussit�t et, jetant autour de lui des regards �gar�s comme vous l'eussiez fait � sa place, il tenta gj de quitter sa place et y r�ussit apr�s gk avoir vaincu un l�ger engourdissement. Il regarda alors attentivement son compagnon et apr�s s'�tre bien assur� que c'�tait le m�me petit homme en manteau rouge dans la compagnie duquel il �tait tomb� au fond du ravin:

« Ami, lui dit-il, veuillez m'expliquer comment apr�s une {RDM 125} si effroyable chute nous gl nous trouvons maintenant pr�serv�s de tout mal. Dites-moi si vous le pouvez o� gm nous sommes et d'o� nous venons.

L'inconnu, qui �tait retomb� dans sa contemplation de l'Etna, se retourna froidement vers lui gn

Ma foi, dit-il, cette explication n'est pas bien difficile � vous donner, d'autant plus que c'est la quinzi�me fois depuis un quart d'heure que vous m'adressez les m�mes questions sans vouloir entendre ma r�ponse. Nous venons de la regione scoperta go o� nous nous sommes rencontr�s et nous voici pr�s du crat�re, dans la Tour du philosophe gp.

— Cela est fort extraordinaire, dit Am�d�e en se frottant le front et cherchant � rassembler les forces de son cerveau dont il commen�ait � douter; ou gq je suis fou, mon camarade gr, ou nous avons roul� ensemble...

— Allez-vous recommencer vos folies? dit le chanteur en haussant les �paules. Votre d�lire n'est donc pas encore pass�? Allons, buvez gs un peu � ma gourde. Cet acc�s gt de fi�vre c�r�brale s'en trouvera mieux. »

« En effet, pensa Am�d�e, il faut que je sois devenu fou, ou que je sois ressuscit� apr�s ma mort, ce qui gu est moins probable. » Il but quelques gouttes du breuvage que le chanteur lui pr�senta et il se trouva aussit�t plein de {PGS17 p.16 col.1} force et de vie, sans pouvoir n�anmoins perdre le vague souvenir des �v�nements inexplicables de la soir�e.

— C'est donc un r�ve que j'ai fait, dit-il. Cependant gv il m'a sembl� que vous sautiez en croupe derri�re moi et que ma mule...

— Encore! dit l'inconnu. Finissez, de gr�ce, de battre gw ainsi la campagne. Nous avons gx fait route ensemble depuis la r�gion des bouleaux jusqu'ici. Mais gy la subtilit� de l'air a fait sur votre cerveau une trop vive impression, ainsi qu'il gz arrive � beaucoup de voyageurs qui se hasardent � cette heure sur l'Etna. À mesure que nous montions, votre d�lire ha a augment�. Il est probable que sans moi vous vous hb fussiez en effet pr�cipit� dans quelque ab�me, car vous aviez l'esprit frapp� de cette fantaisie. Mais hc le hasard m'a donn� � vous pour compagnon et pour guide et, quoique hd vous vous soyez imagin� de me prendre pour ce que je ne suis pas, je ne veux point vous abandonner.

— Mais la mule? demanda Am�d�e, dans le cerveau duquel {RDM 126} un reste de doute luttait encore contre les explications beaucoup plus raisonnables de son compagnon.

— La mule, r�pondit celui-ci, est attach�e dans le bois � une place o� nous la retrouverons facilement. J'ai vu que vous �tiez hors d'�tat de vous tenir en selle. Je vous ai persuad� he d'en descendre et de me suivre � pied. Ne vous en rappelez-vous hf point?

— Pas le moins du monde, dit Am�d�e tristement. Je ne me rappelle que les r�ves �tranges que j'ai faits. Je les ai encore si pr�sens hg, je serais si fort tent� de croire � leur r�alit�, sans les peines hh que vous prenez pour me ramener � la raison, que je hi crains d'�tre devenu r�ellement fou dans ce maudit voyage.

— Rassurez-vous, dit le chanteur; j'ai hj souvent �prouv� cette sorte de vertige dans les r�gions �lev�es que j'ai parcourues. Demain vous ne vous en souviendrez plus. Vous �tes � moiti� gu�ri depuis que vous �tes tomb� dans une sorte d'accablement o� je vous ai laiss� � dessein quelques instans hk. Mais votre situation exige maintenant que nous marchions. Approchons de l'Etna.

Les deux voyageurs se prirent le bras afin de s'aider mutuellement contre la violence du vent et hl ils s'avanc�rent sur la plaine del Frumento hm, tant�t s'enfon�ant dans la neige jusqu'aux genoux, tant�t glissant sur les glaces, sur les amas de cendres et de scories d'o� s'�chappaient des vapeurs br�lantes.

Tout est prestige et fantasmagorie vers la cime du volcan. Cette neige �ternelle du sein de laquelle s'exhalent des feux souterrains, cette flamme blanche et phosphorique {PGS17 p.16 col.2} qui br�le tranquillement sur la br�che du crat�re, et comme un p�le fanal r�pand ses tristes lueurs sur la glace transparente, cette absence de tout �tre anim�, ce silence de mort portaient dans l'�me d'Am�d�e de nouvelles agitations tumultueuses. Le silence de son compagnon lui devint p�nible. Il eut besoin de le regarder, de distinguer enfin les traits de son visage pour s'assurer qu'un �tre de son esp�ce �tait � ses c�t�s. Chaque fois qu'il portait sur lui ses regards, les reflets de la lumi�re semblaient prendre une teinte verd�tre qui d�composaient le coloris de son visage et emp�chaient hn Am�d�e d'en appr�cier la beaut�. Il ne pouvait s'emp�cher d'en admirer pourtant les lignes pures et d�licates ho, mais cette p�leur livide, soit qu'elle f�t l'effet du clair de lune, soit qu'elle f�t l'empreinte de chagrins pr�matur�s, portait un effroi involontaire dans hp l'�me troubl�e du {RDM 127} voyageur. Il e�t voulu �viter le regard de ces grands yeux noirs o� se peignaient la souffrance et la fiert� d�daigneuse de toute compassion, lorsque, tout � coup, ces yeux se fixant sur Am�d�e prirent une vivacit� si extraordinaire qu'ils semblaienl deux globes ardents pr�ts � le consumer.

« Entendez-vous? s'�cria-t-il en lui hq pressant fortement le bras et lui montrant le crat�re hr lumineux.

— Je n'entends rien, r�pondit Am�d�e.

— Quoi, vous hs n'entendez pas une voix qui chante et qui m'appelle? Adieu!

— Pour le coup, mon camarade, dit Am�d�e, c'est votre tour d'�tre fou. Mais ht je ferai pour vous ce que vous avez fait pour moi. Je ne vous abandonnerai pas seul � votre d�lire.

— C'est toi qui d�lires, r�pondit l'inconnu en �tendant hu son manteau comme si c'e�t �t� une paire d'ailes pour s'envoler. Reste ici ou hv retourne � la tour. L'esprit m'appelle. Je dois hw aller � mon ma�tre.

— Voici un �trange effet de l'atmosph�re, pensa Am�d�e. Il faut que tous deux nous tombions alternativement en d�mence, dans ce lieu sauvage et glac�. Allons ami hx, dit-il, reviens � toi. Nulle voix ne t'appelle. Ne cherche pas � m'�chapper. Je veux te secourir et te suivre.

— Malheureux! dit l'inconnu, tu n'entends pas ses accents divins! Que je te plains! Ton hy oreille est ferm�e aux sons ravissants de sa voix et aux accords a�riens de la harpe �olienne!

Alors le jeune homme se mit � chanter de cette m�me voix prodigieuse et avec cet art inexprimable dont Am�d�e se souvint alors confus�ment d'avoir �t� charm�.

{PGS17 p.17 col.1 ill.; col.2} « Oui, viens! disait-il dans hz ces rimes m�lodieuses qui semblaient faites pour son chant. Viens mon roi ia. Ceins ta couronne de flamme blanche et de soufre bleu d'o� s'�chappe une pluie �tincelante de diamants et de saphyrs! — Me voici ib! enveloppe-moi dans des fleuves de lave ardente, presse-moi dans tes bras de feu, comme un amant presse sa fianc�e. J'ai mis le manteau rouge. Je me suis par� de tes couleurs. Rev�ts aussi ta br�lante robe de pourpre. Couvre les flancs de ces plis �clatans ic. Etna, viens Etna! brise id tes portes de basalte, vomis le bitume et le soufre, vomis ie la pierre, le m�tal et le feu! »

La voix du chanteur augmentait de volume avec son enthousiasme; elle devint si �clatante que le vaste horizon {RDM 128} semblait ne plus la contenir. Am�d�e sentit sa raison se troubler. C�dant aux prestiges qui l'environnaient, son cerveau s'embrasa. Un transport fr�n�tique s'empara de lui. Il saisit plus fortement le manteau de son compagnon dont if les pas l�gers semblaient ne plus eflleurer le sol.

« Ne me laisse pas v�g�ter dans cette vie r�elle, � laquelle tu ne sembles pas appartenir, s'�cria-t-il avec enthousiasme, ange ou d�mon, entra�ne-moi ig dans ce tourbillon que je vois d�j� t'envelopper. »

De violentes secousses �branl�rent la montagne. Des bouff�es de flammes rouges et de sombre fum�e s'exhal�rent de la bouche du volcan. Un bruit �pouvanlable, des craquements affreux remplirent les airs. En un instant la ih lune disparut sous les noires vapeurs qui s'amoncelaient rapidement. Le vent souleva et dispersa des montagnes de cendres et des tourbillons de neige. Le compagnon d'Am�d�e, � demi port� 9 par les airs, semblait flotter sous son manteau d�ploy�.

« Homme, dit-il, aurais-tu donc le courage de voir les merveilles de la Col�re? ne crains-tu ni le feu ni la mort?

— La mort ne saurait �tre dans cette r�gion �th�r�e o� tu me transportes, r�pondit Am�d�e. Mon corps fragile peut �tre consum� par le feu. Mais mon �me doit s'unir � ces �l�ments subtils dont tu es compos�.

— Eh bien! dit l'Esprit en jetant ij sur Am�d�e une partie de son manteau rouge, dis adieu � la vie des hommes et suis-moi dans celle des fant�mes. »

Une rafale les emporta tous deux. Am�d�e se vit envelopp� dans des vapeurs qui formaient devant ses yeux comme des rideaux �pais. Les sifflements du vent, les roulements de la foudre, les rugissements de la montagne �branl�e jusqu'en ses fondemens ik prirent mille voix terribles et funestes: et les mots retentissants, Temporale, temporale il, tomb�rent de tous c�t�s comme une pluie de sons graves et sonores. Jamais harmonie plus �clatante {PGS17 p.18 col.1} et plus sauvage n'avait �t� entendue. L'Esprit compagnon im d'Am�d�e, chantait aussi. Mais in c'�taient des paroles incompr�hensibles et sur un ton d�chirant comme les cris de la douleur et de la folie. Emport�s dans l'espace, ils flottaient sur les nu�es comme le naufrag� que la vague exhausse io et replonge cent fois dans ses aveugles caprices. Des sillons de feu dessinaient autour d'eux des caract�res hi�roglyphiques et ip {RDM 129} des cercles tournoyants. Une gr�le de pierres incandescentes et des blocs d'un rouge de sang pleuvaient iq sur eux sans les atteindre. ir

« Que dis-tu de ce spectacle? demanda is l'Esprit � son hardi compagnon en it reprenant le ton ais� et indiff�rent qu'il avait eu sur la montagne.

— Je le trouve sublime, r�pondit Am�d�e, mais je voudrais le voir de plus pr�s. »

L'Esprit le saisit par les cheveux avec un �clat de rire diabolique, et ils fendirent l'air avec la rapidit� de la foudre. Ils tomb�rent sur la cr�te aigu� d'un rocher, mais leurs corps �taient si l�gers qu'ils bondirent comme la balle lanc�e par un enfant et retomb�rent plus bas sur un autre rocher o� ils s'arr�t�rent. Am�d�e vit alors au-dessus de lui le crat�re iu vomissant des torrens iv de feu liquide, de m�taux en fusion et lan�ant dans les nuages des bombes volcaniques dont la d�tonation �tait assourdissante. Des fleuves de lave descendaient rapidement en cascades de feu, et d�j� ils entouraient la roche isol�e o� les deux voyageurs nocturnes �taient assis. Peu � peu les ondes de ce nouveau Tartare grossirent et embras�rent leur derni�re retraite. Am�d�e ne fut pas ma�tre d'un mouvement d'effroi, lorsqu'un nouveau courant de lave, rommpant ses digues, accourut iw sur eux avec l'imp�tuosit� du tonnerre. Il passa, et Am�d�e se sentit p�n�tr� jusqu'aux os par la flamme d�vorante. II se retourna et vit son corps � demi consum� que la lave emportait loin de lui et dont les mis�rables d�bris flottaient sur une mer de feu. Au m�me instant ce ix qui restait de lui se sentit entour� iy par des bras voluptueux et iz son compagnon au manteau rouge devint une femme plus ravissante que les houris tant vant�es du Proph�te. C'�taient ja bien toujours les m�mes traits qu'Am�d�e avait admir�s dans son compagnon mais jb un vif coloris de jeunesse et de sant� brillait sur la charmante figure. Ses beaux yeux n'avaient plus cette tristesse d�daigneuse ni cet �clat diabolique qui s'y �taient montr�s successivement. Ils jc avaient l'expression br�lante d'un amour passionn�. Sa jd taille flexible et d�li�e rappelait bien encore l'intr�pide allure du jeune montagnard, mais elle avait les formes gracieuses et d�licates de la femme la plus s�duisante. À ses v�tements de p�tre avait succ�d� une robe l�g�re sem�e d'or et de diamans. Ses je cheveux noirs et parfum�s {RDM 130} flottaient dans un {PGS17 p.18 col.2} d�sordre fantastique et le manteau de pourpre attach� sur ses �paules par des agrafes de rubis, voltigeait jf en plis ondoyants autour d'elle. À la vue de cette m�tamorphose, Am�d�e sentit un m�lange de d�sir et de terreur. La f�e s'enfuit et gravit la montagne embras�e avec la l�g�ret� d'un oiseau. Tandis jg que ses petits pieds blancs et nus couraient sur la braise et sur la lave bouillante, on jh e�t dit d'une jeune mouette qui �tend ses ailes pour courir sur les flots transparens ji. Elle chantait de sa voix ravissante qu'accompagnaient les �clats et les d�chirements du volcan.

« Suis-moi, si tu l'oses, disait-elle en se retournant vers Am�d�e avec un sourire c�leste, suis-moi dans les entrailles de la fournaise, c'est jj l� que mon palais enchant� et mon premier baiser accueilleront jk mon fianc�. »

D�vor� d'amour, il s'�lan�a sur la montagne jl ruisselante de feu. Aussi jm l�ger que la vapeur br�lante qui se balan�ait sur ces ondes infernales, il suivit jn rapidement les traces de la f�e et lorsqu'elle se plongea dans la bouche du volcan, il jo s'y �lan�a apr�s elle. Il ne sentait plus en lui ces frayeurs, ces r�pugnances ins�parables de la nature humaine. Pur esprit il �prouvait jp l'ardeur de la flamme, non jq comme une douleur cuisante, mais comme une indicible volupt�. Dans l'int�rieur du volcan, il songea � peine � admirer les tr�sors de la lumi�re �clatante qui, sous jr mille formes et sous mille nuances, fr�missait balanc�e js par un vent imp�tueux renvoy� du fond de l'ab�me. Sur ce lit de feu tremblant la f�e jt tendait ses bras de neige vers Am�d�e. Mais ju � peine eut-il touch� de ses l�vres la rose ardente de sa bouche, qu'il jv fut frapp� d'une violente commotion �lectrique et perdant tout sentiment de cette vie magique qui l'enivrait...

{MsBNF f° 24 r°} Chapitre 4 10

Il se trouva couch� jw sur son lit de feuilles s�ches � l'entr�e de la grotte des Ch�vres tandis que jx sa mule paissait � ses pieds l'herbe fine humect�e de la ros�e du matin...

{Ms B fragment A; PGS17 p.28 col.2 } Il regarda autour de lui avec cette sorte d'�garement qui suit un profond sommeil, et les souvenirs tumultueux de la nuit s'agitant dans son cerveau. Il chercha avec effroi les traces de l'�ruption jy dont il avait encore l'esprit rempli mais il n'en aper�ut aucune. Le tems �tait clair et frais, les arbres �taient couverts de cette belle verdure jz qui n'est nulle part aussi vigoureuse que dans les r�gions �lev�es. Rien n'avait chang� de place et la nature se r�veillait non avec le d�sordre et la consternation d'un d�sastre r�cent mais avec le calme et la s�r�nit� d'une belle matin�e d'�t�. Am�d�e reprit sa mule et revint � Nicolosi dans un trouble d'esprit difficile � exprimer. Il aimait mieux croire � la possibilit� d'une irrupption 11 qui n'aurait laiss� aucune trace que de s'avouer le d�rangement de son esprit. En arrivant chez son h�tesse et la trouvant aussi tranquille, aussi gaie que la veille, il eut honte de ses visions et pourtant il ne put s'emp�cher ka de lui demander comment elle avait pass� la nuit.

« Eh mais c'est � vous qu'il faudrait faire cette question mon bon seigneur, dit l'Italienne kb, car vous avez d� trouver un lit bien dur et une chambre � coucher bien froide dans la grotta delle capriole kc.

— Si ce n'�tait que cela ce serait bien peu de chose, dit Am�d�e kd, mais dites-moi ma bonne Gina quel tems a-t-il fait cette nuit dans la vall�e? ke

— Le m�me que sur toute la montagne, clair et froid. Pourquoi votre seigneurie me fait-elle une telle demande? mais sainte m�re de Dieu! comme votre seigneurie a le visage alt�r� et l'air abattu? que lui est-il donc arriv� cette nuit?

— Rien en v�rit�, dit Am�d�e Monteux 12. La fatigue et la faim sont causes de cette alt�ration. Donnez-moi � d�jeuner. kf »

{MsBNF f° 24 r°; RDM 130; PGS17 p.18 col.2} « Mais, dit Tricket, il est tems que je me retire, car voici kg r�ellement luire le jour et je devrais d�j� �tre � Baltimore o� un de mes amis m'a donn� rendez-vous, nous kh reprendrons une autre fois l'histoire du r�veur ki. En attendant, dors kj, pauvre cr�ature, et oublie jusqu'au sentiment de ta ch�tive existence kk. »

{PGS17 p.19 col.1} Tricket s'envola et du sommeil kl magn�tique, je tombai dans le sommeil animal le plus complet.

{RDM 131} Puissiez-vous, mes chers amis, en faire autant avec l'aide de cette lecture.

Fin de la 1�re partie km


Variantes

  1. HISTOIRE DU RÊVEUR {PGS}Premi�re partie {RDM} p.115. — Une version primitive de ce chapitre figure dans {MsLov} f° F-G (note de {PGS})
  2. I. - LA GROTTE DES CHÈVRES {RDM}
  3. belle [soir�e ray�] matin�e {MsLov}
  4. un beau jeune homme {MsBNF} ♦ un jeune homme de haute taille et de la plus noble figure {MsLov}
  5. et qui en raison {MsLov}, {PGS}
  6. piemontese {MsBNF}, {MsLov}, {PGS}
  7. visiter de pr�s {MsLov}
  8. la Sicile, et, comme {RDM}
  9. entreprenait cette excursion {MsBNF} ♦ entreprenait ce voyage [qui n'est pas sans fatigue ni sans p�ril ray�] {MsLov}
  10. dans toute la {MsLov}
  11. de vignes d'une v�g�tation vigoureuse {MsLov}
  12. venait de [parcourir ray�] franchir et {MsLov} ♦ venait de franchir, et {RDM}
  13. dans le bourg et ce n'�tait pas beaucoup dire il {MsBNF}, {MsLov}, {PGS} ♦ dans le bourg, — et ce n'�tait pas beaucoup dire, — {RDM} nous adoptons la mise en incise de la {RDM}, utile au sens, mais en inversant le tiret et la virgule
  14. 5 h de l'apr�s-midi; d�termin� {MsBNF}, {MsLov}, {PGS}
  15. marcher tout le reste de la nuit afin d'arriver {MsLov} ♦ marcher toute la soir�e et toute la nuit, afin d'arriver {RDM}
  16. d�concerter, et il {RDM}
  17. — Le voyageur {MsBNF}, {MsLov}, {PGS}
  18. un [combat ray�] assaut {MsBNF}
  19. et des monts de la Calabre. / — Il me semble, mon bon Tricket, [...] Sainte Vierge! disait-elle {MsBNF}, {PGS}, {RDM} ♦ et des monts de la Calabre. / Il h�sita quelques instans � prendre un guide en cet endroit. Son hotesse l'y engageait; Ste Vierge lui disait elle {MsLov}
  20. tout seul add. {MsBNF}
  21. nos patres s'�garent eux m�mes continuellement {MsLov}
  22. � chaque pas? Ges� {RDM} le point d'interrogation et le Ges� ne sont peut-�tre pas opportuns; voir encore la variante suivante
  23. dans une de ces chemin�es qu'on ne peut �viter la nuit sans une grande habitude, ou de grandes pr�caution. Jesumaria. Ne faites pas cette imprudence, caro mio signore, car si vous echappez � tous les dangers du chemin, qui sait {MsLov}
  24. en bas de la montagne! Il y a un certain g�nie malfesant {MsBNF}, {MsLov}, {PGS}
  25. Vous me conterez cette histoire demain � mon retour ma bonne h�tesse dit le jeune homme, pour aujourdhui elle me retarderait trop. Je pense d'ailleurs que si les esprits malfesans veulent se m�ler de me contrarier, ils m'attaqueraient {MsLov}
  26. marche [solitaire ray�] {MsBNF} ♦ marche solitaire {MsLov}
  27. ce chemin depuis peu {MsLov}
  28. avec quelque attention. / — Et puis {MsBNF}, {PGS} ♦ avec quelque attention. / D'ailleurs {MsLov} ♦ avec quelque attention. Et puis {RDM} cette jonction d'alin�as ne se justifie pas
  29. fatigants {RDM}
  30. d'inspirer: la pr�sence {RDM} le changement de construction fait obstacle au sens
  31. l'oublier. J'esp�re abandonner {MsLov}
  32. �l�ments {RDM}
  33. sur [cette nature ray�] une terre {MsLov}
  34. homme, dans son enthousiasme, ne manqua pas {RDM}
  35. Emp�docle ainsi que sa situation {MsLov}
  36. rigoureusement, quoiqu'il {RDM}
  37. tems {PGS} est �crit ainsi partout sauf une fois que nous rel�verons; il en va de m�me de longtems.
  38. et que rien n'annon�at que la tranquillit� de l'Etna dut �tre troubl�e par la moindre agitation {MsLov}
  39. � la grotta delle capriole {MsLov}
  40. les pr�paratifs ordinaires pour s'y installer une partie {MsLov}
  41. il coupa de l'herbe pour sa mule apr�s l'avoir attach�e {MsLov}
  42. indispensable {MsBNF} ♦ fort n�cessaire {MsLov}
  43. assez frugal, dont {RDM}
  44. un souper dont la bonne hotesse de Nicolosi [avait charg� la [mule ray�] monture ray�] l'avait muni avec une sollicitude toute particuli�re {MsLov}
  45. � sa monture que ses habitudes rustiques et sa sobri�t� naturelle pr�serv�rent du besoin de l'enthousiasme pour s'accommoder de sa position {MsBNF}, {PGS} ♦ � sa monture dont les habitudes rudes et frugales s'accommodaient mieux que lui de ce g�te [en d�pit ray�] sans le secours de l'enthousiasme ni de la philosophie {MsLov} ♦ � sa monture, que [...] de sa position {RDM} la virgule n'am�liore en rien la structure ni la compr�hension
  46. Il ranima le feu avec la moiti� d'un bouleau dess�ch� qu'il y jeta, et {MsLov}
  47. de sommeil, en {RDM}
  48. celle {MsBNF} ♦ le moment {MsLov}
  49. il ferma en vain les yeux. En vain il s'�tendit [...] s'assur�t bien en examinant {MsBNF}, {PGS} ♦ il ferma [vainement ray�] en vain les yeux dans l'espoir que son cerveau [gouterait ray�] partagerait bientot le [doux ray�] repos de ses membres; En vain il s'assura bien en examinant {MsLov} ♦ cependant, il ferma en vain les yeux; en vain, il s'�tendit [... comme {MsBNF}] s'assur�t bien, en examinant {RDM} ponctuation fantaisiste et abusive dans tout ce passage
  50. aventureuse, qu'elle {RDM}
  51. crainte, soit {RDM}
  52. s'endormir. L'abondance {MsBNF}, {PGS} ♦ s'endormir [enti�rement ray�]. L'abondance {MsLov} ♦ s'endormir: l'abondance {RDM}
  53. fatiguaient son cerveau. Tous {MsBNF}, {PGS} ♦ fatiguaient son esprit. Tous♦ fatiguaient son cerveau, tous {RDM}
  54. ses nerfs �taient dans un �tat d'excitatiou peu ordinaire, tant�t la chaleur du foyer qu'il avait allum� le suffoquait {MsLov}
  55. pour s'all�ger le froid le saisissait et le fesait frissonner {MsBNF}, {MsLov}, {PGS} ♦ pour s'all�ger, le froid le saisissait et le faisait frissonner {RDM} que nous suivons
  56. avec un certain plaisir {MsLov}
  57. m�lancolique; et puis, son {RDM}
  58. n'avaient pas il {MsBNF}, {MsLov}, {PGS} ♦ n'avaient pas, il {RDM} cette le�on est pr�f�rable
  59. Enfin renon�ant au sommeil, il s'assit et resta, les coudes {MsBNF}, {PGS} ♦ Enfin renon�ant au sommeil, il se souleva sur son lit de feuilles, les coudes {MsLov} ♦ Enfin, renon�ant [... comme {MsBNF}] {RDM}
  60. braize {MsBNF}, {MsLov}, {PGS}
  61. foyer, d'o� {RDM}
  62. en mille formes diverses {MsLov}
  63. une image en miniature [des irruptions de l'Etna ray�] des jeux {MsLov}
  64. du volcan {MsLov}
  65. appell� {PGS} (ce redoublement du l est constant, nous n'y reviendrons plus)
  66. horreurs? Ou {RDM}
  67. embras�; avec {RDM}
  68. phall�nes {MsBNF}, {MsLov}, {PGS} la forme correcte est bien phal�ne
  69. l'Etna {MsLov}
  70. exhalte {MsBNF}, {MsLov}, {PGS} la forme correcte est bien exalte
  71. la vue de toute la for�t embras�e. La nature {MsBNF}, {PGS} ♦ la vue de cette foret en feu. La nature {MsLov} ♦ la vue de toute la for�t embras�e; la nature {RDM}
  72. de mis�rable. Tout {MsBNF}, {PGS} ♦ de vraiment mis�rable. Tout {MsLov} ♦ de mis�rable, tout {RDM}
  73. torrents {RDM}
  74. la cr�ation, l'homme {RDM}
  75. celui qui, avec plus de facult�s pour appr�cier le bonheur, se montre plus ingrat devant tant de bienfaits {MsBNF}, {PGS} ♦ celui qui avec plus de facult�s pour les appr�cier se montre plus ingrat devant ces bienfaits {MsLov} ♦ celui qui, avec plus de facult�s pour appr�cier le bonheur, se montre [... comme {MsBNF}] {RDM} que nous suivons
  76. Une sorte de fr�missement retentit non loin du voyageur. Il mit la main sur sa ceinture munie de pistolets {MsLov} ♦ Une sorte de fr�missement [...] du voyageur interrompit [...] pistolets {MsBNF}? {PGS} ♦ Une sorte de fr�missement [...] du voyageur, interrompit [...] pistolets {RDM} que nous suivons
  77. et, levant les yeux, il {RDM}
  78. du brazier au {MsLov} ♦ du foyer au {MsBNF}? {PGS} ♦ du foyer, au {RDM}
  79. transparents {RDM}
  80. ardens {MsLov}
  81. oreilles. Un homme faible et superstitieux eut fr�mi devant cette apparition. Mais le voyageur dont aucun {MsLov} ♦ oreilles. Heureusement pour le voyageur il �tait esprit fort. Aucun {MsBNF}? {PGS} ♦ oreilles. Heureusement pour le voyageur, il �tait esprit fort; aucun {RDM}
  82. eut bientot reconnu {MsLov}
  83. qui, transie de froid, avait {RDM}
  84. brasier, fixait {RDM}
  85. �clatant {RDM}
  86. lui frotta les flancs avec une poign�e d'herbes s�ches, et layant rechauff�e par de vigoureuses frictions, il lui repla�a la bride et se remit en marche comme la lune paraissait au dessus des arbres {MsLov} fin du f° G
  87. Chapitre 2 / Le [chevrier ray�] chanteur {MsBNF} ♦ II. - LE CHANTEUR {RDM}
  88. regióne silvósa {RDM}
  89. mule, quoique {RDM}
  90. s'avan�ait; le vent {RDM}
  91. rigoureux, surtout {RDM}
  92. cet air �th�r� de la montagne qui peu � peu {MsBNF}, {PGS} ♦ cet air �th�r� de la montagne, qui peu � peu {RDM} (la virgule nous para�t utile au sens)
  93. un effet moral, qui {RDM}
  94. Am�d�e, c'�tait le nom du voyageur, ne trouvait {MsBNF}, {PGS} ♦ Am�d�e, — c'�tait le nom du voyageur, — ne trouvait {RDM}
  95. La lune, en s'�levant {RDM}
  96. projettait {MsBNF}, {PGS}
  97. per�ant dans les intervalles jettait {MsBNF}, {PGS} ♦ per�ait dans les intervalles, jetait {RDM}
  98. par le vent, semblait {MsBNF}, {PGS}
  99. boursoufflures {MsBNF}, {PGS}
  100. apper�oit {MsBNF}, {PGS} toutes les autres occurences d'apercevoir ont le redoublement du 'p'; nous ne reviendrons pas l�-dessus.
  101. comme la brise s'�leva {RDM}
  102. hazard {PGS} (orthographe r�currente sur laquelle nous ne reviendrons plus)
  103. d'un berger, mais {RDM}
  104. �tonnantes facult�s, �tait {RDM}
  105. de sa voix puissante, sans le secours d'aucun instrument; pourtant, cette voix {RDM}
  106. de chaque sexe; c'�tait {RDM}
  107. tenore {MsBNF}, {PGS} ♦ t�nor {RDM} (nous mettons le mot tenore en italiques comme le sont dans le manuscrit les autres mots italiens)
  108. une voix comme Am�d�e n'en avait jamais entendu {RDM} (cette forme est pr�f�rable, mais celle du manuscrit n'est pas consid�r�e comme une faute par Grevisse)
  109. �couter, mais {RDM}
  110. semblait monter, il {RDM}
  111. s'�tonnant avec raison, qu'on p�t {MsBNF}, {PGS}
  112. cette force prodigieuse [en gravissant add.] une c�te rapide (Note de {PGS}: en gravissant est ajout� dans l'interligne, ce qui semble prouver que le carnet [{MsBNF}] est recopi� � partir d'un brouillon)
  113. modulait: c'�tait {RDM}
  114. tant�t plaintive, tant�t passionn�e {RDM}
  115. de la montagne; les paroles {RDM}
  116. vous qui, l�gers {RDM}
  117. roches fragiles, que le poids {RDM} (cette variante introduit un contresens)
  118. de vos pas, vous {RDM}
  119. pour monture, un flocon {MsBNF}, {PGS}
  120. et [se donnant un volume ray�] s'abaissant {MsBNF}
  121. et toi, douce et blanche {RDM}
  122. du m�me genre: se livrant {RDM}
  123. son g�nie musical, qui le servit {RDM}
  124. circonstance, il trouva facilement {RDM} (cette correction ne s'impose pas)
  125. comp�titeur, {MsBNF}, {PGS}
  126. accents {RDM}
  127. talent [divin ray�] sublime {MsBNF}
  128. En m�me temps, {RDM}
  129. « inconnu » {RDM}
  130. jetta {MsBNF}, {PGS}
  131. ses pas l�gers le pussent trahir par le craquement {RDM}
  132. des rapilli {MsBNF}, {PGS}
  133. et qui, s'�levant progressivement, forma {RDM}
  134. si fragile que {RDM}
  135. voir [que celui d'un ray�] qu'un {MsBNF}
  136. pour ainsi dire il {MsBNF}, {PGS}
  137. domination pourquoi {MsBNF}, {PGS}
  138. Vents du soir emportez {MsBNF}, {PGS}
  139. t�m�raire; rochers {RDM}
  140. r�pondit Am�d�e; quand {RDM}
  141. sous ses pieds: mais {RDM}
  142. un [jeune ray�] enfant {MsBNF}
  143. �carlatte {MsBNF}, {PGS}
  144. importance, �tait {RDM}
  145. gu�re {RDM}
  146. Cela [suffirait ray�] seul vous ferait {MsBNF}
  147. un Fran�ais si votre accent {MsBNF}, {PGS}
  148. ne [vous ray�] suffisait {MsBNF}
  149. un but de [libert� ray�] commodit� {MsBNF}
  150. Non, il y a {RDM}
  151. comme un chamois ne vous {RDM}
  152. intr�pides mais non {MsBNF}, {PGS}
  153. siffl�; mais {RDM}
  154. crois rien, et {RDM}
  155. � Rome, lorsque {RDM}
  156. � Rome il est probable {MsBNF}, {PGS}
  157. Avant tout, je vous ferai {RDM}
  158. votre mule tandis que je suis � pied ce qui {MsBNF}, {PGS} (La ponctuation de {RDM} donne plus de clart� au sens)
  159. conversation; je ne me soucie {RDM}
  160. facheux [en v�rit� ray�] {MsBNF}
  161. quoique, en v�rit�, vous ne {RDM}
  162. c'est ma vie, et [le chant ray�] j'aimerais {MsBNF}
  163. que l'autre; mais {RDM}
  164. votre monture : je suis {RDM}
  165. appercevra {MsBNF}, {PGS}
  166. D'ailleurs, je {RDM}
  167. retenir, mais {RDM}
  168. � chaque instant, elle {RDM}
  169. Am�d�e, qui {RDM}
  170. aventure, mais il con�ut [peu � peu ray�] {MsBNF} ♦ aventure, mais il con�ut {PGS} ♦ aventure; mais il con�ut {RDM}
  171. en col�re [lorsq ray�] chez {MsBNF}
  172. Am�d�e, dont {RDM}
  173. jettant {MsBNF}, {PGS}
  174. Essaye donc, dit {RDM}
  175. fesant {MsBNF}, {PGS} il en est ainsi tout au long du texte, nous n'y reviendrons pas.
  176. sur lui-m�me il {MsBNF}, {PGS}
  177. fort gr�le, mais {RDM}
  178. La mule saisie {MsBNF}, {PGS}
  179. Chapitre 3 / L'IRRUPTION {MsBNF} (f° 18 r°), {PGS} ♦ III. - L'ÉRUPTION {RDM}
  180. ciel pur; l'ar�ne de neiges {RDM}
  181. regióne scop�rta {RDM}
  182. Monte Pumento {RDM} (Erreur probable de lecture du manuscrit)
  183. de tous c�t�s: c'est {RDM}
  184. frum�nto, que {RDM}
  185. en quarr� {MsBNF}, {PGS}
  186. de parler: l'un d'eux {RDM}
  187. avaient orn�; l'autre {RDM}
  188. la cime fumeuse du volcan. // Am�d�e, — car le dormeur [...] chapitre pr�c�dent, — essayait {RDM} (L'alinea ne se justifie pas)
  189. l'inconnu, [qui n'�tait autre que le Chanteur ray�] {MsBNF}
  190. sur [son ray�] le visage {MsBNF}
  191. en lui disant, C'est assez, et {MsBNF}, {PGS}
  192. aussit�t et jettant [...] � sa place il tenta {MsBNF}, {PGS} ♦ aussit�t, et, jetant [...] � sa place, il tenta {RDM}
  193. y r�ussit, apr�s {RDM}
  194. comment, apr�s une si effroyable chute, nous {RDM}
  195. tout mal; dites-moi, si vous le pouvez, o� {RDM}
  196. vers lui: {RDM}
  197. regione coperta {MsBNF}? {PGS}regióne scop�rta {RDM}
  198. tour du philosophe {MsBNF}, {PGS} (nous suivons {RDM} en conformit� avec la pr�c�dente occurence de l'expression)
  199. douter: ou {RDM}
  200. fou mon camarade {MsBNF}, {PGS} ♦ fou, mon camarade {RDM} (cette le�on est plus claire)
  201. Allons buvez {MsBNF}, {PGS}
  202. � ma gourde, cet acc�s {RDM}
  203. ma mort ce qui {MsBNF}, {PGS}
  204. dit-il; cependant {RDM}
  205. l'inconnu; finissez, de gr�ce, de battre {RDM}
  206. campagne: nous avons {RDM}
  207. jusqu'ici, mais {RDM}
  208. impression ainsi qu'il {PGS}
  209. nous montions votre d�lire {PGS}
  210. probable que, sans moi, vous vous {RDM}
  211. cette fantaisie, mais {RDM}
  212. pour guide et quoique {PGS}
  213. Je vous ai persuad� {PGS} ♦ Je vous ai permis {RDM} cette variante se con�oit mal, elle modifie et le sens de la phrase et les rapports entre personnages
  214. Ne vous rappelez-vous {RDM}
  215. pr�sent {RDM}
  216. la peine {RDM}
  217. � la raison que je {PGS}
  218. dit le chanteur, j'ai {RDM}
  219. instants {RDM}
  220. du vent, et {RDM}
  221. del Frum�nto {RDM}
  222. qui d�composaient [...] emp�chaient {PGS} accord de George Sand sur reflets. ♦ qui d�composait [...] emp�chait {RDM} accord d'Aurore Sand sur lumi�re ou plus probablement sur teinte.
  223. d�licates [de ce visage ray�] {MsBNF}
  224. [sur ray�] dans {MsBNF}
  225. s'�cria-t-il, en lui {RDM}
  226. [la cime ray�] le crat�re {MsBNF}
  227. Quoi! vous {RDM}
  228. d'�tre fou, mais {RDM}
  229. l'inconnu en �tendant {PGS} ♦ l'inconnu, en �tendant {RDM}
  230. Reste ici, ou {RDM}
  231. � la tour, l'esprit m'appelle: je dois {PGS}
  232. Allons, ami {RDM}
  233. accents divins! que je te plains! ton {PGS}
  234. disait-il, dans {RDM}
  235. son chant. « Viens mon roi {PGS} voir variante suivante
  236. et de saphyrs! « Me voici {PGS} la mise entre guillemets ne se comprend pas bien, nous suivons {RDM}
  237. �clatants {RDM}
  238. viens, Etna! Brise {RDM}
  239. soufre. Vomis {RDM}
  240. son compagnon, dont {RDM}
  241. d�mon: entra�ne-moi {RDM}
  242. instant, la {RDM}
  243. par le feu. Mais mon �me {PGS} ♦ par le feu, mon �me {RDM}
  244. dit l'Esprit, en jetant {RDM}
  245. fondements {RDM}
  246. Temporále, temporále {PGS}
  247. L'Esprit, compagnon {RDM}
  248. aussi; mais {RDM}
  249. exhauce {PGS} (pour exhausse)
  250. hi�roglyphiques, et {PGS} la virgule du manuscrit para�t superflue
  251. pleuvait {PGS} faute d'accord dans le manuscrit
  252. atteindre; {PGS}
  253. ce spectacle, demanda {PGS}
  254. compagnon, en {RDM}
  255. de lui, le crat�re {PGS}
  256. torrents {RDM}
  257. ses digues accourut {PGS}
  258. Au m�me instant ce {PGS}
  259. [embrass� ray�] entour� {MsBNF}
  260. voluptueux, et {RDM}
  261. Proph�te: c'�taient {RDM}
  262. compagnon, mais {RDM}
  263. successivement; ils {RDM}
  264. passionn�; sa {RDM} si la variante pr�c�dente se justifiait, celle-ci pas
  265. diamants; ses {RDM}
  266. de rubis voltigeait {RDM}
  267. oiseau, tandis {RDM}
  268. bouillante: on {RDM}
  269. transparents {RDM}
  270. fournaise: c'est {RDM}
  271. [revereront (?) ray�] accueilleront {MsBNF}
  272. il s'�lan�a sur [ses traces ray�] la montagne {MsBNF}
  273. de feu, aussi {RDM}
  274. infernales; il suivit {RDM} cette variante concorde avec la pr�c�dente
  275. du volcan il {PGS}
  276. humaine; pur esprit, il �prouvait {RDM}
  277. la flamme non {PGS}
  278. �clatante qui sous {PGS}
  279. fr�missait, balanc�e {RDM}
  280. de l'ab�me; sur ce lit de feu tremblant, la f�e {RDM}
  281. vers Am�d�e, mais {RDM}
  282. de sa bouche qu'il {RDM}
  283. cette vie magique qui l'enivrait... / Chapitre 4 / Il se trouva couch� {PGS} ♦ cette vie magique qui l'enivrait... il se trouva couch� {RDM}
  284. Ch�vres tandis que {PGS} ♦ Ch�vres, tandis que {RDM}
  285. l'[incendie ray�] �ruption {MsB}
  286. belle verdure [vigoureuse ray�] {MsB}
  287. empecher {PGS}
  288. l'[hotesse ray�] Italienne {MsB}
  289. la grotta [des ch�vres ray�] delle capriole {MsB}
  290. peu de chose [— Sainte m�re ray�] dit Am�d�e {MsB}
  291. dans la vall�e. {PGS}
  292. Fin du fragment A de {MsB}
  293. tems que je me retire car voici {PGS}
  294. rendez-vous. Nous {RDM}
  295. l'Histoire du R�veur {RDM}
  296. attendant dors {PGS}
  297. ta [propre ray�] chetive existence {MsBNF}
  298. s'envola et, du sommeil {RDM}
  299. cette indication manque dans {RDM}

Notes

  1. Nicolosi: Le “ beau jeune homme ” vient de Catane. Voici ce que dit Pierre Larousse de Nicolosi: « Ce bourg est b�ti en lave noire au milieu d'une plaine de cendres; il est au pied m�me du c�ne volcanique nomm� Monte Rossi, et il est le plus �lev� des villages construits sur les flancs de l'Etna. Il fut presque enti�rement d�truit par la lave en 1578. Nicolosi est la patrie d'un homme pour lequel l'Etna a �t� un objet d'�tude et d'amour, Gemmellaro, propri�taire de Nicolosi, qui a fait construire � ses frais, en 1806, la premi�re maison de refuge qui ait encore �t� �tablie sur le volcan, au pied du c�ne m�me » (Grand Dictionnaire Universel — ci-apr�s abr�g� GDU.nn o� nn est le tome — GDU.11 p.991 art. Nicolosi).
    Et voici ce qu'en dit Louis Simond (1767-1831) qui avait voyag� en Italie et en Sicile avant l'�poque o� l'Histoire du r�veur fut �crite: « Le pays que nous avons travers� [de Catane � Nicolosi] portait tous les caract�res de la plus haute fertilit�, et la vue �tait partout magniflqne; mais les habitations avaient beauconp souffert des effets du tremblement de terre [de 1812 ou de 1819?]: nombre de maisons �taient en ruines, et le rapprochement de tant de beaut�s naturelles et de tant de calamit�s �tait triste. Nous remarqu�mes une �glise encore debout, dont on n'osait sonner les cloches qu'au moyen d'une longue corde qui sortait du clocher, et que l'on tirait de loin. Nous �tions recommand�s au principal habitant de Nicolosi, le signor Mario Gemmelaro, dont notre arriv�e interrompit, je crois, le repos au milieu du jour, mais qui ne nous re�ut pas moins avec beaucoup de politesse et de la mani�re qui nous �tait le plus agr�able. I1 nous fit tout de suite voir le logement qu'il pouvait nous donner (deux grandes chambres}; il chargea la servante d'aider notre domestique � se procurer tout ce dont nous avions besoin, et nous laissa ensuite en pleine libert�, apr�s nous avoir cependant montr� sur un rayon, quelques livres qui, ayant rapport � l'Etna, pouvaient nous �tre utiles et agr�ables. [...] Sa maison, situ�e au tiers de la hauteur de l'Etna, et construite de mani�re � braver la violence des tremblements de terre, occupait les trois c�t�s d'une grande cour, et n'avait qu'un rez-de-chauss�e, dont les murs; tr�s-�pais, �taient hauts de dix � douze pieds seulement, et dont le toit, form� de bambous, �tait tr�s-l�ger. Notre h�te, sa maison, sa servante, l'air respectueux des gens qui venaient lui parler, nous donn�rent l'id�e d'un laird �cossais des hautes terres dans son manoir.» (Voyage en Italie et en Sicile Paris; A. Sautelet; 1828; 2 vol. in-8° — ici t.2 pp.236-237). On remarquera que le “ beau jeune homme ” voyage seul et n'est pas install� chez Gemmelaro.
  2. Emp�docle: Le jeune homme r�ve de la disparition d'Emp�docle, dont le c�t� fantastique devait exalter un esprit romantique. Diog�ne La�rce rapporte: « Hippobote dit que, s'�tant lev�, il [Emp�docle] s'�tait dirig� vers l'Etna, et que parvenu au bord des crat�res de feu, il s'y �tait �lanc� et avait disparu, voulant renforcer les bruits qui couraient � son propos, selon lesquels il �tait devenu un dieu; mais ensuite on l'a su, car une de ses sandales a �t� rej�t�e par le souffle — en effet, il avait coutume de chausser des sandales de bronze » (Vies et doctrines des philosophes illustres VIII, 69; Paris; La Pochot�que / Le Livre de poche; 1999; coll. Classiques modernes; p.996).
  3. La grotte des ch�vres: « Au del� de Nicolosi, commence le d�sert. Au milieu d'un plateau aride, s'�l�ve majestueusement le mont Serrapizzuta ou Scrapizzuta, sorti des entrailles du volcan le 9 d�cembre 1634. [...] Dans la r�gion des bois qui lui succ�de, on n'aper�oit de tous c�t�s que de larges tra�n�es de laves entrecoup�es de ravins. La for�t est peu garnie d'ailleurs. Les principales essences sont les ch�nes, les charmes, les h�tres et les ch�taigniers. Pr�s de la route se trouve la fameuse grotte des Ch�vres, recouverte d'une lave �paisse. » (GDU.7 p.1060 art. Etna).
    « Nicolosi, 15 mai. — Nous �tions � cheval � quatre heures du matin (heure � laquelle dans cette latitude-ci il ne fait pas encore jour), et commnencions � gravir la montagne, dont le sommet, couvert de neige, se d�coupait nettement sur la sombre profondeur d'un ciel sans nuages. Imm�diatement au-dessus de Nicolosi, nous travers�mes une vaste �tendue de cendres ou de sable volcanique; mais, laissant bient�t cette r�gion d�sol�e, nous atteign�mes la zone bois�e de l'Etna. À cinq heures, le soleil se leva dans toute sa splendeur, sur notre droite, apr�s un tr�s-court cr�puscule. La zone bois�e est couverte de grands ch�nes, trop souvent d�pouill�s de leurs branches et quelquefois de leur cime enti�re par les charbonniers qui �taient � l'ouvrage dans maints endroits autour de leurs c�nes enfum�s. Le feuillage de ces arbres �tait d�j� du vert le plus �clatant. La foug�re d�roulait ses jeunes pousses parmi les fleurs du premier printemps, d�j� pass� au pied de la montagne, et le rossignol, l'alouette et le coucou, animaient par leurs chants les ombrages de la for�t. À six heures et demie, nous observ�mes des h�tres parmi les ch�nes et la v�g�tation de ceux-ci �tait beaucoup moins avanc�e. Bient�t nous atteign�mes la grotte aux ch�vres (la spelonca delle capriole), �galement connue sous le nom de Grotte aux Anglais, en raison du grand nombre des voyageurs de cette nation, qui y ont pass� la nuit en montant l'Etna. Elle offre un excellent abri contre le vent et la pluie » (Louis Simond, op.cit., t.2 pp.237-238).
  4. Le texte suivi par {PGS} est celui de {MsBNF}.
  5. Polidoro: Ce personnage, s'il est r�el, n'est pas clairement identifi�. On le retrouvera dans la troisi�me partie, chapitre I, premier fragment, o� il est dit de lui: « [son] effroyable grimace d�truisait pour moi tout l'effet de ses accens harmonieux. »
    Le Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse (t.12 p.1297 art. Polidoro) dit ceci: « POLIDORO, l'amoureux ridicule au XVe si�cle, dans la com�die de Ruzzante. C'est, d'apr�s l'observation de M. Maurice Sand (Masques et Bouffons), le v�ritable L�andre moderne, laid, disgracieux, malade , mais riche et connaissant le pouvoir des �cus. » Maurice Sand �tant la source du dictionnaire, peut-on en inf�rer que le Polidoro de l'Histoire du r�veur serait un chanteur d'op�ra dont le physique �tait caricatural?
    Thierry Bodin, citant Annabella Poli (L'Italie dans la vie et dans l'œuvre de George Sand), mentionne — {PGS} p.6 — l'existence d'un t�nor: Giuseppe Polidoro (†Naples, 1873). Le tome 7 de la Biographie universelle des musiciens et bibliographie g�n�rale de la musique de Fran�ois-Joseph F�tis (Firmin Didot; 8 vol. 1866-1868) ne mentionne aucun Polidoro. Le deuxi�me suppl�ment (Firmin Didot, 1880) renferme un article "Polidoro (Federico)", napolitain n� en 1845, mais aucun Giuseppe. Et pourtant Giuseppe Polidoro est nomm� par deux fois dans le premier suppl�ment comme ma�tre de deux compositeurs. Ce Giuseppe ne semblait pas �tre t�nor. Par contre le m�me suppl�ment nomme Raffaelle Polidoro qui enseignait le chant � Naple (art. Buonoimo, Alfonso). On a donc, � ce qu'il semble, une famille de Polidoro musiciens napolitains (informations trouv�es sur le site Gallica de la BNF et sur le site Archive Internet). À supposer que le Polidoro mentionn� dans l'Histoire du r�veur soit un personnage r�el, il resterait � savoir comment Aurore Dudevant avait connaissance de l'un d'eux vers 1829, suffisamment pour parler de son physique.
  6. prestige, au sens premier, aujourd'hui vieilli, signifie: “ Illusion attribu�e � la magie, � quelque sortil�ge; fascination. [...] Il se dit, par extension, des illusions qu'on sait �tre produites par des moyens naturels” (Dict.Acad.Fr., 1835).
  7. une enceinte de pierres [...] qu'elles ne d�passaient: on attendrait le singulier pour l'accord avec enceinte.
  8. La Tour du philosophe: « C'est sur cette plaine [le piano del Lago], qui supporte le cone terminal de l'Etna, que se trouve la Torre del Filosofo [...]. La tour du Philosophe [...] est un monument antique dont il reste quelques assises en briques et en lave taill�e, et qui jadis �tait rev�tu de plaques de marbre. On ne s'accorde gu�re sur l'origine et la destination de ce monument. Les uns croient qu'il a �t� b�ti et habit� par le philosophe Emp�docle [...]. D'autres supposent que la tour du philosophe �tait un temple consacr� � Vulcain ou � Jupiter Etn�en. Enfin on la regarde g�n�ralement aujourd'hui comme un tombeau ou comme un belv�d�re b�ti pour l'agr�ment de l'empereur Adrien, lorsqu'il monta sur l'Etna » (F�lix Bourquelot (1815-1868); Voyage en sicile Paris, Garnier fr.; 1848; 1 vol. in-12; pp.273-274).
    « [...] quelques grandes pierres de laves taill�es quadrangulairement, gisant � fleur de terre et souvent ensevelies sous la neige et la cendre, qu'on d�core du nom pompeux de Tour du philosophe » (GDU.7 p.1060 art. Etna).
    « On fait un petit d�tour � l'E[st] pour arriver � la Torre del Filosofo (2917 m.), mur que la tradition consid�re comme l'obsevatoire d'Emp�docle [...]; son apparence romaine fait toutefois supposer qu'elle a �t� construite � l'�poque de l'empereur Adrien qui vint sur l'Etna voir le lever du soleil » (Karl Bædeker; Italie m�ridionale / Sicile / [...] / Manuel du voyageur Leipzig / Paris; Karl Bædeker / Libr. Ollendorff; 1912 (15e �dition); p.423).
  9. {PGS} place un "[sic]" apr�s � demi, que nous ne comprenons pas.
  10. Nous faisons ici une tentative de restitution de ce chapitre IV de la premi�re partie. Voir la discussion dans l'introduction.
  11. irruption: On a vu que le chapitre trois de la premi�re partie s'intitulait "L'Irruption". Ceci confirme que le pr�sent fragment de chapitre faisait initialement suite � celui-l�.
  12. C'est ici seulement qu'on apprend le nom d'Am�d�e.