George Sand
INDIANA

George Sand; "Indiana" / Nouvelle �dition; Paris; Michel L�vy fr.; 1861; nombreuses r��d. Michel L�vy puis Calmann L�vy

TROISIÈME PARTIE

{Perr 174} XVII a.

En quittant sir Ralph, madame Delmare s'�tait enferm�e dans sa chambre, et mille pens�es orageuses s'�taient �lev�es dans son �me. Ce n'�tait pas la premi�re fois qu'un soup�on vague jetait ses clart�s sinistres sur le fr�le �difice de son bonheur. D�j� M. Delmare avait, dans la conversation, laiss� �chapper quelques-unes de ces ind�licates plaisanteries qui passent pour des compliments. Il avait f�licit� Raymon de ses succ�s chevaleresques de mani�re � mettre presque sur la voie les oreilles �trang�res � cette aventure. Chaque fois que madame Delmare avait adress� la parole au jardinier, le nom de Noun �tait venu, comme une fatale n�cessit�, {Perr 175} se placer dans les d�tails lus plus indiff�rents, et puis celui de M. de Rami�re s'y �tait gliss� aussi par je ne sais quel encha�nement d'id�es qui semblaient s'�tre empar�es b de la t�te de cet homme et l'obs�der malgr� lui. Madame Delmare avait �t� frapp�e de ses questions �tranges et maladroites. Il s'�garait dans ses paroles pour la moindre affaire; il semblait qu'il f�t sous le poids d'un remords qu'il trahissait en s'effor�ant de le cacher. D'autres fois, c'�tait dans le trouble de Raymon lui-m�me qu'Indiana avait trouv� ces indices qu'elle ne cherchait pas et qui la poursuivaient. Une circonstance particuli�re l'e�t �clair�e davantage si elle n'e�t ferm� son �me � toute m�fiance.

On avait trouv� au doigt de Noun une bague fort riche que madame Delmare lui avait vu porter quelque temps avant sa mort, et que la jeune fille pr�tendait avoir trouv�e. Depuis, madame Delmare ne quitta plus ce gage de douleur, et souvent elle avait vu p�lir Raymon au moment o� il saisissait sa main pour la porter � ses l�vres. Une fois il l'avait suppli�e de ne lui jamais parler de Noun, parce qu'il se regardait comme coupable de sa mort; et, comme elle cherchait � lui �ter cette id�e douloureuse en prenant tout le tort sur elle, il lui avait r�pondu :

— Non, pauvre Indiana, ne vous accusez pas; vous ne savez pas � quel point je suis coupable.

Cette parole, dite d'un ton amer et sombre, avait effray� madame Delmare. Elle n'avait pas os� insister, et, maintenant qu'elle commen�ait � s'expliquer tous ces lambeaux de d�couvertes, elle n'avait pas encore le courage de s'y attacher et de les r�unir.

Elle ouvrit sa fen�tre, et, voyant la nuit si calme, la lune si p�le et si belle derri�re les vapeurs argent�es de l'horizon, se rappelant que Raymon allait venir, qu'il {Perr 176} �tait peut-�tre dans le parc, en songeant � tout le bonheur qu'elle s'�tait promis pour cette heure d'amour et de myst�re, elle maudit Ralph, qui d'un mot venait d'empoisonner son espoir et de d�truire � jamais son repos. Elle se sentit m�me de la haine pour lui, pour cet homme malheureux qui lui avait servi de p�re, et qui venait de sacrifier son avenir pour elle; car son avenir, c'�tait l'amiti� d'Indiana, c'�tait son seul bien, et il se r�signait � le perdre pour la sauver.

Indiana ne pouvait pas lire au fond de son cœur, elle n'avait pu p�n�trer celui de Raymon. Elle �tait injuste, non point par c ingratitude, mais par ignorance. Ce n'�tait pas sous l'influence d'une passion forte qu'elle pouvait ressentir faiblement l'atteinte qu'on venait de lui porter. Un instant elle rejeta tout le crime sur Ralph, aimant mieux l'accuser que de soup�onner Raymon.

Et puis elle avait peu de temps pour se reconna�tre, pour prendre un parti : Raymon allait venir. Peut-�tre m�me �tait-ce lui qu'elle voyait errer depuis quelques instants autour du petit pont. Quelle aversion Ralph ne lui e�t-il pas inspir�e d en cet instant si elle l'e�t devin� sous cette forme vague qui se perdait � chaque moment dans le brouillard, et qui, plac�e comme une ombre � l'entr�e des Champs-Elys�es, cherchait � en d�fendre l'approche au coupable!

Tout � coup il lui vint une de ces id�es bizarres, incompl�tes, que les �tres inquiets e et malheureux sont seuls capables de rencontrer. Elle risqua tout son sort sur une �preuve d�licate et singuli�re contre laquelle Raymon ne pouvait �tre en garde. Elle avait � peine pr�par� ce myst�rieux moyen, qu'elle entendit les pas de Raymon dans l'escalier d�rob�. Elle courut lui ouvrir, et revint s'asseoir, si �mue, qu'elle se sentait pr�s de f {Perr 177} tomber; mais, comme dans toutes les crises g de sa vie, elle conservait une grande nettet� de jugement, une grande force d'esprit.

Raymon �tait encore p�le et haletant quand il poussa la porte, impatient de revoir la lumi�re, de ressaisir la r�alit�. Indiana lui tournait le dos, elle �tait envelopp�e d'une pelisse doubl�e de fourrure. Par un �trange hasard, c'�tait la m�me que Noun avait prise � l'heure du dernier rendez-vous pour aller � sa rencontre dans le parc. Je ne sais pas si vous souvenez que Raymon eut alors pendant un instant l'id�e invraisemblable que cette femme envelopp�e et cach�e �tait madame Delmare. Maintenant, en retrouvant la m�me apparition tristement pench�e sur une chaise, � la lueur d'une lampe vacillante et p�le, � cette m�me place o� tant de souvenirs l'attendaient, dans cette chambre o� il n'�tait pas entr� depuis la plus sinistre nuit de sa vie, et toute h meubl�e de ses remords, il recula involontairement et resta sur le seuil, attachant son regard effray� i sur cette figure immobile, et tremblant comme un poltron qu'en se retournant elle ne lui offr�t les traits livides d'une femme noy�e.

Madame Delmare ne se doutait point de l'effet qu'elle produisait sur Raymon. Elle avait entour� sa t�te d'un foulard des Indes, nou� n�gligemment � la mani�re des cr�oles; c'�tait la coiffure ordinaire de Noun. Raymon, vaincu par la peur, faillit tomber � la renverse, en croyant voir ses id�es superstitieuses se r�aliser. Mais, en reconnaissant la femme qu'il venait s�duire, il oublia celle qu'il avait s�duite, et s'avan�a vers elle. Elle avait l'air s�rieux et r�fl�chi; elle le regardait fixement, mais avec plus d'attention que de tendresse, et ne fit pas un mouvement pour l'attirer plus vite aupr�s d'elle.

{Perr 178} Raymon, surpris de cet accueil, l'attribua � quelque chaste scrupule, � quelque d�licate retenue de jeune femme. Il se mit � ses genoux en lui disant :

Ma bien-aim�e, avez-vous donc peur de moi?

Mais aussit�t il remarqua que madame Delmare tenait quelque chose qu'elle avait l'air d'�taler devant lui avec une badine affectation de gravit�. Il se pencha, et vit une masse de cheveux noirs irr�guli�rement longs qui semblaient avoir �t� coup�s � la h�te et qu'Indiana rassemblait et lissait dans ses mains.

— Les reconnaissez-vous? lui dit-elle en attachant sur lui ses yeux transparents, d'o� s'�chappait un �clat p�n�trant et bizarre.

Raymon h�sita, reporta son regard sur le foulard dont elle �tait coiff�e, et crut comprendre.

— M�chante enfant! lui dit-il en prenant les cheveux dans sa main, pourquoi donc les avoir coup�s? Ils �taient si beaux, je les aimais tant!

— Vous me demandiez hier, lui dit-elle avec une esp�ce de sourire, si je vous en ferais bien le sacrifice.

— Ô Indiana! s'�cria Raymon, tu sais bien que tu seras plus belle encore d�sormais pour moi. Donne-les-moi donc; je ne veux pas les regretter � ton front, ces cheveux que j'admirais chaque jour, et que maintenant je pourrai chaque jour baiser en libert�; donne-les-moi pour qu'ils ne me quittent jamais...

Mais, en les prenant, en rassemblant dans sa main cette riche chevelure dont quelques tresses tombaient jusqu'� terre, Raymon crut y trouver quelque chose de sec et de rude que ses doigts n'avaient jamais remarqu� sur les bandeaux du front k d'Indiana. Il �prouva aussi je ne sais quel frisson nerveux en les sentant froids et lourds comme s'ils eussent �t� coup�s depuis, longtemps, {Perr 179} en s'apercevant qu'ils avaient d�j� perdu leur moiteur parfum�e et leur chaleur vitale. Et puis, il les regarda de pr�s, et leur chercha en vain ce reflet bleu qui les faisait ressembler � l'aile azur�e du corbeau l : ceux-l� �taient d'un noir n�gre, d'une nature indienne d'une pesanteur morte...

Les yeux clairs et per�ants d'Indiana suivaient toujours ceux de Raymon. Il les porta involontairement sur une cassette d'�b�ne entr'ouverte, d'o� quelques m�ches des m�mes cheveux s'�chappaient encore.

— Ce ne sont pas les v�tres! dit-il en d�tachant le mouchoir des Indes qui lui cachait ceux de madame Delmare.

Ils �taient dans leur entier et tombaient sur ses �paules dans tout leur luxe m. Mais elle fit un mouvement pour le repousser, et, lui montrant toujours les cheveux coup�s :

— Ne reconnaissez-vous donc pas ceux-l�? Lui dit-elle. Ne les avez-vous jamais admir�s, jamais caress�s? Une nuit humide leur a-t-elle fait perdre tous leurs parfums? N'avez-vous pas un souvenir, pas une larme pour celle qui portait cet anneau?

Raymon se laissa tomber sur une chaise; les cheveux de Noun �chapp�rent � sa main tremblante. Tant d'�motions p�nibles l'avaient �puis�. C'�tait un homme bilieux, dont le sang, circulait vite, dont les nerfs s'irritaient profond�ment n. Il frissonna de la t�te aux pieds, et roula �vanoui sur le parquet.

Quand il revint a lui, madame Delmare, � genoux pr�s de lui, l'arrosait de larmes et lui demandait gr�ce; mais Raymon ne l'aimait plus.

— Vous m'avez fait un mal horrible, lui dit-il; un mal qu'il n'est pas en votre pouvoir de r�parer. Vous {Perr 180} ne me rendrez jamais, je le sens, la confiance que j'avais en votre cœur. Vous venez de me montrer combien il renferme de vengeance et de cruaut�. Pauvre Noun! pauvre fille infortun�e! c'est envers elle que j'ai eu des torts, et non envers vous; c'est elle qui avait le droit de se venger, et qui ne l'a pas fait. Elle s'est tu�e, afin de me laisser l'avenir. Elle a sacrifi� sa vie � mon repos. Ce n'est pas vous, madame, qui en eussiez fait autant!... Donnez-les-moi, ces cheveux, ils sont � moi, ils m'appartiennent; c'est le seul bien qui me reste de la seule femme qui m'ait vraiment aim�... Malheureuse Noun! tu �tais digne d'un autre amour! Et c'est vous, madame, qui me reprochez sa mort, vous que j'ai aim�e au point de l'oublier, au point d'affronter les tortures o affreuses du remords; vous qui, sur la foi d'un baiser, m'avez fait traverser cette rivi�re et franchir ce pont, seul, avec la terreur � mes c�t�s, poursuivi par les illusions infernales de mon crime! Et, quand vous d�couvrez avec quelle passion d�lirante je vous aime, vous enfoncez vos ongles de femme dans mon cœur, afin d'y chercher un reste de sang qui puisse couler encore pour vous!

Ah! quand j'ai d�daign� un amour si d�vou� p pour rechercher un amour si f�roce, j'�tais aussi insens� que coupable.

Madame Delmare ne r�pondit rien. Immobile, p�le, avec ses cheveux �pars et ses yeux fixes q, elle fit piti� � Raymon. Il prit sa main.

— Et pourtant, lui dit-il, cet amour que j'ai pour toi est si aveugle, que je puis encore oublier, je le sens, malgr� moi, et le pass�, et le pr�sent, et le forfait qui a fl�tri ma vie, et le crime que tu viens de commettre. Aime-moi encore, et je te pardonne.

Le d�sespoir r de madame Delmare r�veilla le d�sir avec {Perr 181} l'orgueil dans le cœur de son amant. En la voyant si effray�e de perdre son amour, si humble devant lui, si r�sign�e � accepter ses lois pour l'avenir comme des justifications du pass�, il se rappela dans quelles intentions il avait tromp� la vigilance de Ralph, et comprit tous les avantages de sa position. Il affecta quelques instants une profonde tristesse, une r�verie sombre; il r�pondit � peine aux larmes et aux caresses d'Indiana; il attendit que son cœur se f�t bris� dans les sanglots, qu'elle e�t entrevu toute l'horreur de l'abandon, qu'elle e�t us� toute sa force en d�chirantes frayeurs s; et alors, quand il la vit � ses genoux, mourante, �puis�e, attendant la mort d'un mot, il la saisit dans ses bras avec une rage convulsive et l'attira sur sa poitrine. Elle c�da comme une faible enfant; elle lui abandonna ses l�vres sans r�sistance. Elle �tait presque morte.

Mais tout � coup t, s'�veillant comme d'un r�ve, elle s'arracha � ses br�lantes caresses, s'enfuit au bout de la chambre, � l'endroit o� le portrait de sir Ralph remplissait le panneau; et, comme si elle se f�t mise sous la protection de ce personnage grave, au front pur, aux l�vres calmes, elle se serra contre lui, palpitante, �gar�e, et saisie d'une �trange frayeur. C'est ce qui fit penser � Raymon qu'elle s'�tait �mue dans ses bras, qu'elle avait peur d'elle-m�me, qu'elle �tait � lui. Il courut vers elle, l'arracha avec autorit� de sa retraite, lui d�clara qu'il �tait venu avec l'intention de tenir ses promesses, mais que sa cruaut� envers lui l'avait affranchi de ses serments.

— Je ne suis plus maintenant, lui dit-il, ni votre esclave ni votre alli�. Je ne suis plus que l'homme qui vous aime �perdument et qui vous tient dans ses bras, m�chante, capricieuse, cruelle, mais belle, folle et ador�e. {Perr 182} Avec des paroles de douceur et de confiance, vous eussiez ma�tris� mon sang; calme et g�n�reuse comme hier, vous m'eussiez fait doux et r�sign� comme � l'ordinaire. Mais vous avez remu� toutes mes passions, boulevers� toutes mes id�es u; vous m'avez fait tour � tour malheureux, poltron, malade, furieux, d�sesp�r�. Il faut me faire heureux maintenant, ou je sens que je ne puis plus croire en vous, que je ne puis plus vous aimer, vous b�nir. Pardon, Indiana, pardon! si je t'effraye v, c'est ta faute; tu m'as fait tant souffrir, que j'ai perdu la raison!

Indiana tremblait de tous ses membres. Elle ignorait w la vie au point de croire la r�sistance impossible; elle �tait pr�te � c�der par peur ce que, par amour, elle voulait refuser; mais, en se d�battant faiblement dans les bras de Raymon, elle lui dit avec d�sespoir :

— Vous seriez donc capable d'employer la force avec moi?

Raymon x s'arr�ta, frapp� de cette r�sistance morale qui survivait � la r�sistance physique. Il la poussa y vivement.

— Jamais! s'�cria-t-il; plut�t mourir que de ne pas te tenir de toi seule!

Il se jeta � genoux, et tout ce que l'esprit peut mettre � la place du cœur, tout ce que l'imagination peut donner de po�sie � l'ardeur du sang, il l'enferma dans une fervente et dangereuse pri�re. Et, quand il vit qu'elle ne se rendait pas, il c�da � la n�cessit� et lui reprocha de ne pas l'aimer; lieu commun qu'il m�prisait et qui le faisait sourire, presque honteux d'avoir affaire z � une femme assez ing�nue pour n'en pas sourire elle-m�me.

Ce reproche aa alla au cœur d'Indiana plus vite que toutes les exclamations ab, dont Raymon avait brod� son discours.

{Perr 183} Mais tout � coup elle se souvint ac.

— Raymon, lui dit-elle, celle qui vous aimait tant...celle dont nous parlions tout � l'heure... sans doute, elle ne vous a rien refus� ad?

— Rien! dit Raymon impatient� de cet importun souvenir. Vous qui me la rappelez toujours ae, faites plut�t que j'oublie � quel point j'en fus aim�!

— Écoutez af, reprit Indiana pensive et grave; ayez un peu de courage, il faut que je vous parle ag encore. Vous n'avez ah peut-�tre pas �t� aussi coupable envers moi que je le pensais. Il me serait doux de pouvoir vous pardonner ce que je regardais comme une mortelle offense... Dites-moi donc... quand je vous ai surpris l�... pour qui veniez-vous? pour elle ou pour moi?...

Raymon h�sita; puis, comme il pensa que la v�rit� serait bient�t connue de madame Delmare, qu'elle l'�tait peut-�tre d�j�, il r�pondit :

— Pour elle.

— Eh bien, je l'aime mieux ainsi, dit-elle d'un air triste; j'aime mieux une infid�lit� qu'un outrage. Soyez sinc�re jusqu'au bout, Raymon. Depuis quand �tiez-vous dans ma chambre quand j'y entrai? Songez que Ralph sait tout, et que, si je voulais l'interroger...

— Il n'est pas besoin des d�lations de sir Ralph, madame. J'�tais ici depuis la veille.

— Et vous avez pass� la nuit dans cette chambre?... Votre silence me suffit.

Tous deux rest�rent sans parler pendant quelques instants; Indiana ai, se levant, allait s'expliquer, lorsqu'un coup sec frapp� � sa porte arr�ta son sang dans ses art�res. Raymon et elle demeur�rent immobiles n'osant respirer.

Un papier aj glissa sous la porte. C'�tait un feuillet de {Perr 184} calepin sur lequel ces mots, presque illisibles, �taient trac�s au crayon :

« Votre mari est ici.

» RALPH. »


Variantes

  1. I {RoDu}{Goss} ♦ XVII {Perr} et sq.
  2. s'�tre empar� {RoDu}{Hetz} ♦ s'�tre empar�es {MLevy} et sq.
  3. elle n'�tait point injuste par {RoDu}{Hetz} ♦ elle �tait injuste, non point par {MLevy} et sq.
  4. inspir� {RoDu} ♦ inspir�e {Goss} et sq.
  5. les �tres faibles {RoDu}, {Goss} ♦ les �tres inquiets {Perr} et sq.
  6. pr�te � {RoDu} ♦ pr�s de {Goss} et sq.
  7. les crises majeures {RoDu}{Perr} ♦ les crises {Hetz} et sq.
  8. et qu'il retrouvait toute {RoDu} ♦ et toute {Goss} et sq.
  9. son regard contract� {RoDu} ♦ son regard effray� {Goss} et sq.
  10. p�n�trant et verd�trre {RoDu}, {Goss} ♦ p�n�trant et bizarre {Perr} et sq.
  11. les bandeaux luisans au front {RoDu} ♦ les bandeaux du front {Goss} et sq.
  12. du canard sauvage {RoDu}, {Goss} ♦ du corbeau {Perr} et sq.
  13. tombaient dans tout leur luxe sur ses �paules {RoDu} ♦ tombaient sur ses �paules dans tout leur luxe {Goss} et sq.
  14. s'irritaient facilement {RoDu}, {Goss} ♦ s'irritaient profond�ment {Perr} et sq.
  15. ces tortures {RoDu} ♦ les tortures {Goss} et sq.
  16. un amour si pur et recherch� {RoDu}, {Goss} ♦ un amour si d�vou� {Perr} et sq.
  17. �pars, ses l�vres violac�es, ses yeux fixes {RoDu}, {Goss} ♦ �pars et ses yeux fixes {Perr} et sq.
  18. je te pardonne. / Entendez-vous? Raymon offrit sa mis�ricorde � Indiana, et elle se trouva heureuse de l'accepter. Avis � vous, cerveaux faibles, esprits �troits, qui perdez courage apr�s un revers et qui cessez de vous estimer apr�s une faute. Raymon est le mod�le des h�ros de roman ; c'est en vain que la justice c�leste poursuit un tel homme; elle ne sait o� le prendre, il lui �chappe sans cesse. À peine l'a-t-elle frapp�, il se rel�ve, il remonte au fa�te de sa destin�e, il se redresse de toute la hauteur de son audace, il �pouvante les timides et subjugue les faibles. C'est qu'il sait vivre, c'est que pour lui al vie est une science exacte; c'est qu'il a analys�, �tudi�, r�sum� l'art d'�tre heureux; c'est que personne mieux que lui ne sait ce que la destin�e lui doit de jouissances, de pardons et de compensations; c'est qu'il ne veut pas se dessaisir de la plus petite portion de son ien-�tre et que tout doit reculer et c�der devant la puissante consid�ration de son moi. C'est l'homme qui sait le mieux mettre � profit les faveurs du hasard ou les dons du ciel. En ce sens, c'est l'�me la plus sensible, l'esprit le plus impressionnable. Aussi c'est l'homme de la soci�t� actuelle, c'est l'homme le mieux p�n�tr� de ce qu'elle lui doit et le plus d�termin� � lui donner raison pour s'acquitter envers elle. / Le d�sespoir {RoDu} ♦ je te pardonne. / Le d�sespoir {Goss} et sq.
  19. � de d�chirantes frayeurs {RoDu} ♦ en d�chirantes frayeurs {Goss} et sq.
  20. Mais tout d'un coup {RoDu} ♦ Mais tout � coup {Goss} et sq.
  21. id�es {RoDu} ♦ id�es, irrit� toutes mes fibres par des �motions d�lirantes et sq.
  22. si je t'effraie {RoDu}, {Goss} ♦ si je t'effraye {Perr} et sq.
  23. Elle �tait ignorante {RoDu} ♦ Elle ignorait {Goss} et sq.
  24. Et Raymon {RoDu} ♦ Raymon {Goss} et sq.
  25. Il la repoussa {RoDu} ♦ Il la poussa {Goss} et sq.
  26. sourire d'avoir affaire {RoDu} ♦ sourire, presque honteux d'avoir affaire {Goss} et sq.
  27. Ce classique reproche {RoDu} ♦ Ce reproche {Goss} et sq.
  28. les romantiques exclamations {RoDu} ♦ les exclamations {Goss} et sq.
  29. elle se rappela {RoDu} ♦ elle se souvint {Goss} et sq.
  30. elle ne vous a pas refus� {RoDu}, {Goss} ♦ elle ne vous a rien refus� {Perr} et sq.
  31. Vous qui toujours me la rappelez {RoDu} ♦ Vous qui me la rappelez toujours {Goss} et sq.
  32. Laissez {RoDu} ♦ Écoutez {Goss} et sq.
  33. que je vous en parle {RoDu}{Perr} ♦ que je vous parle {Hetz} et sq.
  34. Vous ne f�tes {RoDu} ♦ Vous n'avez {Goss} et sq.
  35. quelques instants, et puis Indiana {RoDu} ♦ quelques instants; Indiana {Goss} et sq.
  36. Alors un papier {RoDu} ♦ Un papier {Goss} et sq.

Notes