George Sand
INDIANA

George Sand; "Indiana" / Nouvelle �dition; Paris; Michel L�vy fr.; 1861; nombreuses r��d. Michel L�vy puis Calmann L�vy

{RoDu t.I [163]; Perr [95]} DEUXIÈME PARTIE

{RoDu [287]; Perr [156]} XV.

Malgr� ces dissensions continuelles, madame Delmare se livrait � l'espoir d'un riant avenir avec la confiance de son �ge. C'�tait son premier bonheur; et son ardente imagination, son cœur jeune et riche savaient le {RoDu 288} parer a de tout ce qui lui manquait. Elle �tait ing�nieuse � se cr�er des jouissances vives et pures, � se restituer le compl�ment des faveurs pr�caires de sa destin�e. Raymon l'aimait. En effet, il ne b mentait pas lorsqu'il lui disait qu'elle �tait le seul amour de sa vie; il n'avait jamais aim� si purement ni si longtemps. Pr�s d'elle, il oubliait tout ce qui n'�tait pas elle; le monde et la politique s'effa�aient de son souvenir; il se plaisait � cette vie int�rieure, � ces habitudes de famille qu'elle lui cr�ait. Il admirait la patience et la force de cette femme; il s'�tonnait du contraste de son esprit avec son caract�re; il s'�tonnait surtout qu'apr�s tant de solennit� dans leur premier pacte, elle se montr�t si peu exigeante, heureuse de si furtifs et de si rares bonheurs, confiante avec tant d'abandon et d'aveuglement. C'est que l'amour �tait dans son cœur une passion neuve et g�n�reuse; c'est que mille sentiments d�licats et {RoDu 289} nobles s'y rattachaient et lui donnaient une force que ne pouvait pas comprendre.

{Perr 157} Pour lui, il souffrit c d'abord de l'�ternelle pr�sence du mari ou du cousin. Il avait song� � traiter cet amour comme tous ceux qu'il connaissait; mais bient�t Indiana le for�a � s'�lever jusqu'� elle. Sa r�signation � supporter la surveillance, l'air de bonheur avec lequel elle le contemplait � la d�rob�e, ses yeux qui avaient pour lui un �loquent et muet langage, son sublime sourire lorsque, dans la conversation, une allusion rapprochait leurs cœurs d : ce furent bient�t l� des plaisirs fins et recherch�s que Raymon comprit, gr�ce � la d�licatesse de son esprit et � la culture de l'�ducation.

Quelle diff�rence entre cet �tre chaste qui {RoDu 290} semblait ignorer la possibilit� d'un d�no�ment � son amour, et toutes ces femmes occup�es seulement de le h�ter en feignant de le fuir! Lorsque par hasard Raymon se trouvait seul avec elle, les joues d'Indiana ne s'animaient pas d'un coloris plus chaud, elle ne d�tournait pas ses regards avec embarras. Non, ses yeux limpides et calmes le contemplaient toujours avec ivresse; le sourire des anges reposait toujours sur ses l�vres roses comme celles d'une petite fille qui n'a connu encore que les baisers de sa m�re. À la voir si confiante, si passionn�e, si pure e, vivant tout enti�re de la vie du cœur, et ne comprenant pas qu'il y e�t des tortures dans celui de son amant lorsqu'il �tait � ses pieds, n'osait plus �tre homme, dans la crainte f de lui para�tre au-dessous de ce qu'elle l'avait r�v�, et, par amour-propre, il se faisait vertueux comme elle.

{RoDu 291} Ignorante comme une vraie cr�ole, madame Delmare n'avait jusque-l� jamais song� � peser les graves int�r�ts que maintenant on discutait chaque jour devant elle. Elle avait �t� �lev�e par sir Ralph, qui avait une m�diocre opinion de l'intelligence et du raisonnement chez {Perr 158} les femmes g, et qui s'�tait born� � lui donner quelques connaissances positives et d'un usage imm�diat. Elle savait donc � peine l'histoire abr�g�e du monde, et toute dissertation s�rieuse l'accablait d'ennui. Mais, quand elle entendit Raymon appliquer � ces arides mati�res toute la gr�ce de son esprit, toute la po�sie de son langage, elle �couta et essaya de comprendre; puis elle hasarda timidement de na�ves questions qu'une fille de dix ans �lev�e dans le monde e�t habilement r�solues. Raymon se plut � �clairer cet esprit vierge qui semblait devoir s'ouvrir h � ses principes; mais, malgr� l'empire qu'il {RoDu 292} exer�ait sur son �me neuve et ing�nue, ses sophismes rencontr�rent quelquefois de la r�sistance.

Indiana opposait aux int�r�ts de la civilisation �rig�s en principes, les id�es droites et les lois simples du bon sens et de l'humanit�; ses objections avaient un caract�re de franchise sauvage qui embarrassait quelquefois Raymon, et qui le charmait toujours par son originalit� enfantine. Il s'appliquait comme � un travail s�rieux, il se faisait une t�che importante de l'amener peu � peu � ses croyances, � ses principes. Il e�t �t� fier de r�gner sur cette conviction si consciencieuse et si naturellement �clair�e; mais il eut quelque peine � y parvenir. Les syst�mes g�n�reux de Ralph, sa haine rigide pour les vices de la soci�t�, son �pre impatience de voir r�gner d'autres lois et d'autres mœurs, c'�taient bien l� des sympathies auxquelles r�pondaient {RoDu 293} les souvenirs malheureux d'Indiana. Mais tout � coup Raymon tuait son adversaire en lui d�montrant que cette aversion pour le pr�sent �tait l'ouvrage de l'�go�sme; il peignait avec chaleur ses propres affections, son d�vouement � la famille royale, qu'il savait parer de tout l'h�ro�sme i d'une fid�lit� dangereuse, son respect pour la croyance pers�cut�e de {Perr 159} ses p�res, ses sentiments religieux qu'il ne raisonnait pas, et qu'il conservait par instinct et par besoin, disait-il. Et puis le bonheur d'aimer ses semblables, de tenir � la g�n�ration pr�sente par tous les liens de l'honneur et de la philanthropie; le plaisir de rendre des services � son pays, en repoussant des innovations dangereuses j, en maintenant la paix int�rieure, en donnant, s'il le fallait, tout son sang pour �pargner une goutte de sang au dernier de ses compatriotes! il peignait toutes ces b�nignes utopies {RoDu 294} avec tant d'art et de charme, qu'Indiana se laissait entra�ner au besoin d'aimer et de respecter tout ce qu'aimait et respectait Raymon. Au fait, il �tait prouv� que Ralph �tait un �go�ste; quand il soutenait une id�e g�n�reuse, on souriait; il �tait av�r� que son esprit et son cœur �taient alors en contradiction. Ne valait-il pas mieux croire Raymon, qui avait une �me si chaleureuse, si large et si expansive?

Il y avait pourtant bien des moments o� Raymon oubliait � peu pr�s son amour pour ne songer qu'a son antipathie. Aupr�s de madame Delmare, il ne voyait que sir Ralph, qui k, avec son rude et froid bon sens, osait s'attaquer � lui, homme sup�rieur, qui avait terrass� de si nobles ennemis. Il �tait humili� de se voir aux prises avec un si pauvre adversaire, et alors il l'accablait du poids de son �loquence; il mettait {RoDu 295} en œuvre toutes les ressources de son talent, et Ralph, �tourdi, lent � rassembler ses id�es, plus lent encore � les exprimer, subissait la conscience de sa faiblesse.

Dans ces moments-l�, il semblait � Indiana que Raymon �tait tout � fait distrait d'elle; elle avait des mouvements d'inqui�tude et d'effroi en songeant que, peut-�tre, tous ces nobles et grands sentiments si bien dits n'�taient que le pompeux �talage des mots, l'ironique faconde de {Perr 160} l'avocat, s'�coutant lui-m�me et s'exer�ant � la com�die sentimentale qui doit surprendre la bonhomie de l'auditoire. Elle tremblait surtout lorsqu'en rencontrant son regard, elle croyait y voir briller, non le plaisir d'avoir �t� compris par elle, mais l'amour-propre triomphant d'avoir fait un beau plaidoyer. Elle avait peur alors, et songeait � Ralph, l'�go�ste, envers qui l'on �tait injuste peut-�tre; mais Ralph ne savait {RoDu 296} rien dire pour prolonger cette incertitude, et Raymon �tait habile � la dissiper.

Il n'y avait donc qu'une existence vraiment troubl�e, qu'un bonheur vraiment g�t� dans cet int�rieur; c'�tait l'existence, c'�tait le bonheur de Ralph, homme malheureusement n�, pour qui la vie n'avait jamais eu d'aspects brillants, de joies pleines et p�n�trantes; grande et obscure infortune que personne ne plaignait et qui ne se plaignait � personne; destin�e vraiment maudite, mais sans po�sie, sans aventure; destin�e commune, bourgeoise et triste, qu'aucune amiti� n'avait adoucie, qu'aucun amour n'avait charm�e, qui se consumait en silence avec l'h�ro�sme que donnent l'amour de la vie et le besoin d'esp�rer; �tre isol� qui avait eu un p�re et une m�re comme tout le monde, un fr�re, une femme, un fils, une amie, et qui n'avait rien {RoDu 297} recueilli, rien gard� de toutes ces affections; �tranger dans la vie, qui passait m�lancolique et nonchalant, n'ayant pas m�me ce sentiment m exalt� de son infortune qui n fait trouver du charme dans la douleur. Malgr� la force de son caract�re, cet homme se sentit quelquefois d�courag� de la vertu. Il ha�ssait Raymon, et, d'un mot, il pouvait le chasser du Lagny; mais il ne le fit pas, parce que Ralph avait une croyance, une seule qui �tait plus forte que les mille croyances de Raymon. {Perr 161} Ce n'�tait o ni l'�glise, ni la monarchie, ni la soci�t�, ni la r�putation, ni les lois, qui lui dictaient ses sacrifices et son courage, c'�tait la conscience.

Il avait v�cu tellement seul, qu'il n'avait pu s'habituer � compter sur les autres; mais aussi, dans cet isolement, il avait appris � se {RoDu 298} conna�tre lui-m�me. Il s'�tait fait un ami de son propre cœur � force de se replier en lui et de se demander la cause des injustices d'autrui, il s'�tait assur� qu'il ne les m�ritait par aucun vice; il ne s'en irritait plus, parce qu'il faisait peu de cas de sa personne, qu'il savait �tre insipide et commune. Il comprenait l'indiff�rence dont il �tait l'objet, et il en avait pris son parti; mais son �me lui disait qu'il �tait capable de ressentir tout ce qu'il n'inspirait pas, et, s'il �tait dispos� � pardonner tout aux autres, Il �tait d�cid� p � ne rien tol�rer en lui. Cette vie tout int�rieure, ces sensations tout intimes q, lui donnaient tous les apparences de l'�go�sme, et peut-�tre rien n'y ressemble plus que le respect de soi-m�me.

Cependant, comme il arrive souvent qu'en voulant trop bien faire nous faisons moins bien, il arriva que sir Ralph commit une {RoDu 299} grande faute par un scrupule de d�licatesse, et causa un mal irr�parable � madame Delmare, dans la crainte de charger sa conscience r d'un reproche. Cette faute fut de ne pas l'instruire des causes v�ritables de la mort de Noun. Sans doute, alors, elle e�t r�fl�chi aux dangers de son amour pour Raymon ; mais nous verrons plus tard pourquoi M. Brown n'osa pas �clairer s sa cousine, et quels scrupules p�nibles lui firent garder le silence sur un point si important. Quand il se d�cida � le rompre, il �tait trop tard; Raymon avait eu le temps d'�tablir son empire.

Un �v�nement inattendu venait d'�branler l'avenir du {Perr 162} colonel et de sa femme; une maison de commerce de Belgique, sur laquelle reposait toute la prosp�rit� de l'entreprise Delmare, avait fait tout � coup t faillite, et le colonel, � peine r�tabli, venait de partir en toute h�te pour Anvers.

Le voyant u encore si faible et si souffrant, sa femme avait voulu l'accompagner; mais M. Delmare, menac� d'une ruine compl�te, et r�solu de faire honneur � tous ses engagements, craignit que son voyage n'e�t l'air d'une fuite, et voulut laisser sa femme au Lagny comme une caution de son retour. Il refusa de m�me la compagnie de sir Ralph, et le pria de rester pour servir d'appui � madame Delmare, en cas de tracasseries de la part des cr�anciers inquiets ou press�s.

Au milieu de ces circonstances f�cheuses, Indiana ne s'effraya que de la possibilit� de quitter le Lagny et de s'�loigner de Raymon ; mais il la rassura en lui d�montrant que le colonel irait indubitablement � Paris. Il lui jura qu'il la suivrait, d'ailleurs, en quelque lieu et sous quelque pr�texte que ce f�t, et la cr�dule femme s'estima presque heureuse d'un malheur qui lui permettait d'�prouver {RoDu 301} l'amour de Raymon. Quant � lui, un espoir vague, une pens�e irritante et continuelle l'absorbait v depuis la nouvelle de cet �v�nement : il allait enfin se trouver seul avec Indiana; ce serait la premi�re fois depuis six mois. Elle n'avait jamais sembl� chercher � l'�viter, et, quoique w peu press� de triompher d'un amour dont la chastet� na�ve avait pour lui l'attrait de la singularit�, il commen�ait � sentir qu'il �tait de son honneur de le conduire � un r�sultat x. Il repoussait avec probit� toute insinuation malicieuse sur ses relations avec madame Delmare; il assurait fort modestement qu'il n'existait entre elle et lui qu'une douce et calme amiti�; {Perr 163} mais, pour rien au monde, il n'e�t voulu avouer, m�me � son meilleur ami, qu'il �tait aim� passionn�ment depuis six mois, et qu'il n'avait encore rien obtenu de cet amour.

{RoDu 302} Il fut un peu tromp� dans son attente en voyant que sir Ralph semblait d�termin� � remplacer M. Delmare pour la surveillance, qu'il s'�tablissait au Lagny d�s le matin et ne retournait � Bellerive que le soir; m�me, comme ils avaient, pendant quelque temps, la m�me route � suivre pour gagner leurs g�tes respectifs, Ralph mettait une insupportable affectation de politesse � conformer son d�part � celui de Raymon. Cette contrainte devint bient�t odieuse � M. de Rami�re, et madame Delmare crut y voir, en m�me temps qu'une d�fiance y injurieuse pour elle, l'intention de s'arroger un pouvoir despotique sur sa conduite.

Raymon n'osait demander une entrevue secr�te; chaque fois qu'il avait fait cette tentative, madame Delmare lui avait rappel� certaines conditions �tablies, entre eux. Cependant huit jours s'�taient d�j� �coul�s {RoDu 303} depuis le d�part du colonel; il pouvait �tre bient�t de retour; il fallait profiter de l'occasion. C�der la victoire � sir Ralph �tait un d�shonneur pour Raymon. Il glissa un matin la lettre suivante dans la main de madame Delmare :

« Indiana! vous ne m'aimez donc pas comme je vous aime? Mon ange! je suis malheureux, et vous ne le voyez pas. Je, suis triste, inquiet de votre avenir, non du mien : car, en quelque lieu que z vous soyez, j'irai vivre et mourir. Mais la mis�re m'effraye pour vous; d�bile et fr�le aa comme vous l'�tes, ma pauvre enfant, comment supporteriez-vous les privations? Vous avez un cousin riche et lib�ral, votre mari acceptera peut-�tre de sa main ce {Perr 164} qu'il refusera de la mienne. Ralph adoucira votre sort, et moi, je ne ferai rien pour vous!

» Voyez, voyez bien, ch�re amie, que j'ai {RoDu 304} sujet d'�tre sombre et chagrin. Vous, vous �tes h�ro�que, vous riez de tout, vous ne voulez pas que je m'afflige. Ah! que j'ai besoin de vos douces paroles, de vos doux regards pour soutenir mon courage! Mais, par une inconcevable fatalit�, ces jours que j'esp�rais passer librement � vos genoux ne m'ont apport� qu'une contrainte encore plus cuisante.

» Dites donc un mot, Indiana, afin que nous soyons seuls au moins une heure, que je puisse pleurer sur vos blanches mains, vous dire tout ce que je souffre, et qu'une parole de vous me console et me rassure.

» Et puis, Indiana, j'ai ab un caprice d'enfant, un vrai caprice d'amant : je voudrais entrer dans votre chambre. Ah! ne vous alarmez pas, ma douce cr�ole! Je suis pay�, non pas seulement {RoDu 305} pour vous respecter, mais pour vous craindre; c'est pour cela pr�cis�ment que je voudrais ac entrer dans votre chambre, m'agenouiller � cette place o� je vous ai vue si irrit�e contre moi, et ad o�, malgr� mon audace, je n'ai pas os� vous regarder. Je voudrais me prosterner l�, y passer une heure de recueillement et de bonheur; pour toute faveur, Indiana, je te demanderais de poser ta main sur mon cœur et de le purifier de son crime, de le calmer s'il battait trop vite, et de lui rendre toute ta confiance si tu me trouves ae enfin digne de toi. Oh! oui, je voudrais te prouver que je le suis maintenant, que je te connais bien, que je te rends un culte plus pur et plus saint que jamais jeune fille n'en rendit af � sa madone! Je voudrais �tre s�r que tu ne me crains plus, que tu m'estimes autant que je te v�n�re; appuy� sur ton cœur, je voudrais vivre une heure de la {Perr 165} vie des anges. Dis, Indiana ag, le veux-tu? Une heure, la premi�re, la derni�re peut-�tre!

» Il est temps de m'absoudre, Indiana, de me rendre ta confiance si cruellement ravie, si ch�rement rachet�e.

» N'es-tu pas contente de moi? dis, n'ai-je pas pass� six mois derri�re ta chaise, bornant toutes mes volupt�s � regarder ton cou de neige pench� sur ton ouvrage, � travers les boucles ah de tes cheveux noirs, � respirer le parfum qui �mane de toi et que m'apportait vaguement l'air de la crois�e o� tu t'assieds? Tant de soumission ne m�rite donc pas la r�compense d'un baiser? un baiser de sœur, si tu veux, un baiser au front. Je resterai fid�le � nos conventions, je te le jure. Je ne demanderai rien... Mais quoi! cruelle ai, ne veux-tu rien m'accorder? Est-ce donc de toi-m�me que tu as peur? »

Madame Delmare monta dans sa chambre {RoDu 307} pour lire cette lettre; elle y r�pondit sur-le-champ, et glissa la r�ponse avec une clef du parc qu'il connaissait trop bien.

« Moi, te craindre, Raymon? Oh! non, pas � pr�sent. Je sais trop comme tu m'aimes, j'y crois avec trop d'ivresse. Viens donc, je ne me crains pas non plus, si je t'aimais moins, je serais peut-�tre moins calme; mais je t'aime comme tu ne le sais pas toi-m�me... Partez d'ici de bonne heure aj, afin d'�ter toute d�fiance � Ralph. Revenez � minuit; vous connaissez le parc et la maison ; voici la clef de la petite porte, refermez-la sur vous. »

Cette confiance ing�nue et g�n�reuse fit rougir Raymon ; il avait cherch� � l'inspirer avec l'intention d'en abuser; il avait compt� sur la nuit, sur l'occasion, sur le danger. Si Indiana avait montr� de la crainte, elle �tait perdue; mais elle �tait tranquille, elle {RoDu 308} s'abandonnait � sa foi; il jura de ne pas l'en faire repentir. {Perr 166} L'important, d'ailleurs, c'�tait de passer une nuit dans sa chambre, afin de ne pas �tre un sot � ses propres yeux, afin de rendre inutile la prudence de Ralph, et de pouvoir le railler int�rieurement. C'�tait une satisfaction personnelle dont il avait besoin.


Variantes

  1. savaient se parer {RoDu} ♦ savaient le parer {Goss} et sq.
  2. Au fait Raymon l'aimait. Il ne {RoDu} ♦ Raymon l'aimait. En effet, il ne {Goss} et sq.
  3. Lui, il souffrit {RoDu} ♦ Pour lui, il souffrit {Goss} et sq.
  4. rapprochait leurs cœurs et aimantaient leur regard {RoDu} ♦ rapprochait leurs cœurs et aimantaient leurs regards {Goss} ♦ rapprochait leurs cœurs {Perr} et sq.
  5. si passionn�e, si chaste {RoDu} ♦ si passionn�e, si pure {Goss} et sq.
  6. de crainte {RoDu} ♦ dans la crainte {Goss} et sq.
  7. chez les femmes (parce qu'il les jugeait toutes d'apr�s sa m�re) {RoDu}, {Goss} ♦ chez les femmes {Perr} et sq.
  8. qui s'ouvrait sans r�sistance {RoDu}, {Goss} ♦ qui semblait devoir s'ouvrir {Perr} et sq.
  9. de tout l'�go�sme {RoDu}, {Goss} ♦ de tout l'h�ro�sme {Perr} et sq. Pierre Salomon relevait cette probable erreur des premi�res �ditions et s'�tonnait qu'elle se propage�t jusqu'� {Goss}. Ceci s'expliquerait si la faute incombait � l'auteur.
  10. les innovations dangereuses {RoDu}{Perr} ♦ des innovations dangereuses {Hetz} et sq.
  11. il ne voyait que sir Ralph, sir Ralph qui {RoDu} ♦ il ne voyait que sir Ralph, qui {Goss} et sq.
  12. sans po�sie, sans b�tardise, sans aventure, sans drame {RoDu} ♦ sans po�sie, sans aventure {Goss} et sq.
  13. pas m�me le sentiment {RoDu}, {Goss} ♦ pas m�me ce sentiment {Perr} et sq.
  14. de son infortune, la romanesque compassion de soi-m�me qui {RoDu} ♦ de son infortune romanesque qui {Goss} ♦ de son infortune qui {Perr} et sq.
  15. Ce n'�taient {RoDu}, {Goss} ♦ Ce n'�tait {Perr} et sq.
  16. Il �tait d�termin� {RoDu}{Perr} ♦ Il �tait d�cid� {Hetz} et sq.
  17. toute int�ieure, ces sensations toutes intimes {RoDu} ♦ tout intimes {Goss} et sq.
  18. sa conscience, � lui {RoDu} ♦ sa conscience {Goss} et sq.
  19. n'osa �clairer {RoDu}{Hetz} ♦ n'osa pas �clairer {MLevy} et sq.
  20. tout d'un coup {RoDu} ♦ tout � coup {Goss} et sq.
  21. {RoDu 300} En le voyant {RoDu} ♦ Le voyant {Goss} et sq.
  22. l'absorbaient {RoDu}, {Goss} ♦ l'absorbait {Perr} et sq.
  23. l'�viter; mais aussi elle n'avait jamais sembl� le d�sirer; et quoique {RoDu} ♦ l'�viter, et, quoique {Goss} et sq.
  24. � un r�sultat dans le monde {RoDu}, {Goss} ♦ � un r�sultat {Perr} et sq.
  25. m�fiance {RoDu}, {Goss} ♦ d�fiance {Perr} et sq.
  26. car, o� que {RoDu} ♦ car, en quelque lieu que {Goss} et sq.
  27. d�bile et fluette {RoDu} ♦ d�bile et fr�le {Goss} et sq.
  28. Et puis, Indiana, voyez-vous, j'ai {RoDu} ♦ Et puis, Indiana, j'ai {Goss} et sq.
  29. c'est pour l� pourquoi je voudrais {RoDu} ♦ c'est pour cela pr�cis�ment que je voudrais {Goss} et sq.
  30. o� je vous ai vue presque nue, et {RoDu}, {Goss} ♦ o� je vous ai vue si irrit�e contre moi, et {Perr} et sq.
  31. tu le trouves {RoDu} ♦ tu me trouves {Goss} et sq.
  32. ne rendit {RoDu} ♦ n'en rendit {Goss} et sq.
  33. Dis, ma {RoDu 306} gazelle {RoDu}, {Goss} ♦ Dis, Indiana {Perr} et sq.
  34. au travers des boucles {RoDu} ♦ � travers les boucles {Goss} et sq.
  35. Mais toi, cruelle {RoDu} ♦ Mais quoi! cruelle {Goss} et sq.
  36. Partez de bonne heure {RoDu}, {Goss} ♦ Partez d'ici de bonne heure {Perr} et sq.

Notes