George Sand
INDIANA

George Sand; "Indiana" / Nouvelle �dition; Paris; Michel L�vy fr.; 1861; nombreuses r��d. Michel L�vy puis Calmann L�vy

{RoDu t.I n.p.; Perr [13]; ML61 [17]} PREMIÈRE PARTIE

{RoDu [136 bl.], [137]; Perr [81]} VIII.

— Il me semble que je connais ces traits-l�? dit-il � Noun en s'effor�ant de prendre un air indiff�rent.

— Fi! monsieur, dit la jeune fille en posant sur la table le d�jeuner qu'elle apportait; {RoDu 138} ce n'est pas bien de vouloir p�n�trer les secrets de ma ma�tresse.

Cette r�flexion fit p�lir Raymon.

— Des secrets! dit-il. Si c'est l� un secret, tu en es la confidente, Noun, et tu es doublement coupable de m'avoir amen� dans cette chambre.

— Oh! non, ce n'est pas un secret, dit Noun en souriant; car c'est M. Delmare lui-m�me qui a aid� � suspendre le portrait de sir Ralph � ce panneau. Est-ce que madame pourrait avoir des secrets avec un mari si jaloux?

— Sir Ralph, dis-tu? qu'est-ce a que sir Ralph?

— Sir Rodolphe Brown, le cousin de madame, son ami d'enfance, je pourrais dire le mien aussi; il est si bon!

Raymon examinait le tableau avec surprise et inqui�tude.

Nous avons dit que sir Ralph, � la physionomie {RoDu 139} pr�s, �tait un fort beau gar�on, blanc et vermeil, riche {Perr 82} de stature et de cheveux, toujours parfaitement mis, et capable, sinon de faire tourner une t�te romanesque, du moins de satisfaire la vanit� d'une t�te positive. Le pacifique baronnet �tait repr�sent� en costume de chasse, � peu pr�s tel que nous l'avons vu au premier chapitre de cette histoire, et entour� de ses chiens, en t�te b desquels la belle griffonne Oph�lia avait pos�, pour le beau ton gris-argent c de ses soies et la puret� de sa race �cossaise. Sir Ralph tenait un cor de chasse d'une main, et de l'autre la bride d'un magnifique cheval anglais, gris pommel�, qui remplissait presque tout le fond du tableau. C'�tait une peinture admirablement ex�cut�e, un vrai tableau de famille avec toutes ses perfections de d�tails, toutes ses pu�rilit�s de ressemblance, toutes ses minuties bourgeoises; un portrait � faire pleurer une nourrice, aboyer des chiens et p�mer d'aise un tailleur. Il n'y avait qu'une chose {RoDu 140 } au monde qui f�t plus insignifiant que ce portrait, c'�tait l'original.

Cependant il excita chez Raymon un violent sentiment de col�re.

— Eh quoi! se dit-il d, cet Anglais, jeune et carr�, a le privil�ge d'�tre admis dans l'appartement le plus secret de madame Delmare! Son insipide image est toujours l� qui regarde froidement les actes les plus intimes de sa vie! Il la surveille, il la garde, il suit tous ses mouvements, il la poss�de � toute heure! La nuit, il la voit dormir et e surprend le secret de ses r�ves; le matin, quand elle sort toute blanche et toute fr�missante de son lit, il aper�oit son pied d�licat qui se pose nu sur le tapis; et, quand f elle s'habille avec pr�caution, quand elle ferme les rideaux de sa fen�tre, et qu'elle interdit m�me au jour de p�n�trer trop indiscr�tement jusqu'� elle; quand g {Perr 83} elle se croit bien seule, bien cach�e, cette insolente figure est l� qui se repa�t de {RoDu 141} ses charmes! Cet homme tout bott� pr�side � sa toilette. — Cette gaze h couvre-t-elle ordinairement le tableau que voici? dit-il � la femme de chambre.

— Toujours, r�pondit-elle, quand madame est absente. Mais ne vous donnez pas la peine de la replacer; madame i arrive dans quelques jours.

— En ce cas, Noun, vous feriez bien de lui dire que cette figure a l'air impertinent... À la place de M. Delmare, je j n'aurais consenti � la laisser ici qu'apr�s lui avoir crev� les deux yeux... Mais voil� bien la grossi�re jalousie des maris! ils k imaginent tout et ne comprennent rien. 1

— Qu'avez-vous donc contre la figure de ce bon M. Brown? dit Noun en refaisant le lit de sa ma�tresse; c'est un si excellent ma�tre! Je ne l'aimais pas beaucoup autrefois, parce que l j'entendais toujours dire � madame {RoDu 142} qu'il �tait �go�ste; mais, depuis le jour o� il a pris tant de soin de vous... m

— En effet, interrompit Raymon, c'est lui qui m'a secouru, je le reconnais bien � pr�sent... Mais o je ne dois son int�r�t qu'aux pri�res de madame Delmare...

— C'est qu'elle est si bonne, ma ma�tresse! dit la pauvre Noun. Qui est-ce qui ne deviendrait pas bon aupr�s d'elle? p

Lorsque Noun parlait de madame Delmare, Raymon l'�coutait avec un int�r�t dont elle ne se m�fiait pas.

La journ�e se passa donc assez paisiblement, sans que q Noun os�t amener la conversation � son v�ritable but. Enfin, vers le soir r, elle fit un effort, et le forca de lui d�clarer ses intentions.

Raymon n'en avait pas d'autre que de se d�barrasser {Perr 84} d'un t�moin dangereux et d'une femme qu'il n'aimait plus. Mais il voulait {RoDu 143} assurer son sort, et il lui fit en tremblant les offres les plus lib�rales...

Cet affront fut amer � la pauvre fille; elle s'arracha les cheveux s, et se f�t bris� la t�te si Raymon n'e�t employ� la force pour la retenir. Alors, faisant usage de toutes les ressources de langage et d'esprit que la nature lui avait donn�es, il lui fit comprendre que ce n'�tait pas � elle, mais � l'enfant dont elle allait �tre m�re, qu'il voulait offrir ses secours.

— C'est mon devoir, lui dit-il; c'est � titre d'h�ritage pour lui que je vous les transmets, et vous seriez coupable envers lui si une fausse d�licatesse vous les faisait repousser.

Noun se calma, elle s'essuya les yeux.

— Eh bien, dit-elle, je les accepterai si vous voulez me promettre de m'aimer encore; car, pour vous �tre acquitt� envers l'enfant, vous ne le serez point envers la m�re. Lui, vos dons le feront vivre; mais t, moi, votre indiff�rence me tuera. Ne pouvez-vous {RoDu 144} me prendre aupr�s de vous pour vous servir? Voyez, je ne suis pas exigeante; je u n'ambitionne point ce qu'une autre � ma place aurait peut-�tre eu l'art d'obtenir. Mais permettez-moi d'�tre votre servante. Faites-moi entrer chez votre m�re. Elle sera contente de moi, je vous le jure, et, si v vous ne m'aimez plus, du moins je vous verrai.

— Ce que vous me demandez est impossible, ma ch�re Noun. Dans l'�tat o� vous �tes, vous w ne pouvez songer � entrer au service de personne; et tromper ma m�re, me jouer de sa confiance, serait une bassesse � laquelle je ne consentirai jamais. Allez � Lyon ou � Bordeaux; je x me charge de ne vous laisser manquer de rien jusqu'au moment o� vous pourrez vous montrer. Alors je y {Perr 85} vous placerai chez quelque personne de ma connaissance, � Paris m�me si vous le d�sirez... si vous tenez � vous rapprocher de moi... mais sous le m�me toit, cela est impossible...

— Impossible! dit Noun en joignant les {RoDu 145} mains avec douleur; je vois bien que vous me m�prisez, vous rougissez de moi... Eh bien, non z, je ne m'�loignerai pas, je ne m'en irai pas, seule et humili�e, mourir aa abandonn�e dans quelque ville lointaine o� vous m'oublierez. Que m'importe ma r�putation! c'est ab votre amour que je voulais conserver!...

— Noun, si vous craignez que je vous trompe, venez avec moi. La m�me voiture nous conduira au lieu que vous choisirez; partout, except� � Paris ou chez ma m�re, je vous suivrai, je vous prodiguerai les soins que je vous dois...

— Oui, pour m'abandonner le lendemain du jour o� vous m'aurez d�pos�e, inutile fardeau, sur une terre �trang�re! dit-elle ac en souriant am�rement. Non, monsieur, non; je reste : je ad ne veux pas tout perdre � la fois. J'aurais sacrifi�, pour vous suivre, la personne ae que j'aimais le mieux au monde avant de vous conna�tre; mais je ne suis pas assez jalouse de cacher mon d�shonneur pour sacrifier et mon {RoDu 146} amour et mon amiti�. J'irai me jeter aux pieds de madame Delmare, je lui dirai tout, et elle me pardonnera, je le sais; car elle est bonne, et elle m'aime. Nous sommes n�es presque le m�me jour, elle est ma sœur de lait. Nous ne nous sommes jamais quitt�es, elle ne voudra pas que je la quitte, elle pleurera avec moi, elle af me soignera, elle aimera mon enfant, mon pauvre enfant! Qui sait? elle ag qui n'a pas le bonheur d'�tre m�re, elle l'�l�vera peut-�tre comme le sien!... ah Ah! j'�tais folle de vouloir la quitter; car ai c'est {Perr 86} la seule personne au monde qui prendra piti� de moi!... aj

Cette r�solution jetait Raymon dans une affreuse perplexit�, quand tout � coup le roulement d'une voiture se fit entendre dans la cour. Noun, �pouvant�e, courut ak � la fen�tre.

— C'est madame Delmare! s'�cria-t-elle; fuyez! al

La clef de l'escalier d�rob� fut introuvable dans ce moment de d�sordre. Noun prit le {RoDu 147} bras de Raymon et l'entra�na pr�cipitamment dans le corridor; mais am ils n'en avaient pas atteint la moiti�, qu'ils an entendirent marcher dans ce m�me passage; la voix de madame Delmare se fit entendre � dix pas devant eux, et d�j� une bougie, port�e ao par un domestique qui l'accompagnait jetait sa lueur vacillante ap sur leurs figures effray�es. Noun n'eut que le temps de revenir sur ses pas, entra�nant toujours Raymon, et de rentrer avec lui dans la chambre � coucher.

Un cabinet de toilette, ferm� aq par une porte vitr�e, pouvait offrir un refuge pour quelques instants; mais il n'y avait aucun moyen de s'y enfermer, et madame Delmare pouvait y entrer en arrivant. Pour n'�tre donc pas surpris sur-le-champ, Raymon fut oblig� de se jeter dans l'alc�ve et de se cacher derri�re les rideaux. Il n'�tait pas probable que madame Delmare se coucherait tout de suite, et, jusque-l�, Noun ar pouvait trouver un moment pour le faire �vader.

{RoDu 148} Indiana entra vivement, jeta son chapeau sur le lit et embrassa Noun avec la familiarit� d'une sœur. Il y avait si peu de clart� dans l'appartement, qu'elle as ne remarqua pas l'�motion de sa compagne.

— Tu m'attendais donc? lui dit-elle en approchant du feu; comment savais-tu mon arriv�e?

Et, sans at attendre sa r�ponse :

{Perr 87} — Monsieur Delmare, ajouta-t-elle, sera ici demain. En recevant sa lettre, je suis partie sur-le-champ. J'ai des raisons pour le recevoir ici et non � Paris. Je te les dirai au. Mais parle-moi donc; tu av n'as pas l'air heureuse aw de me voir comme � ton ordinaire.

— Je suis triste, dit Noun en s'agenouillant aupr�s de sa ma�tresse pour la d�chausser. Moi aussi, j'ai � vous parler, mais plus tard; maintenant, venez ax au salon.

— Dieu m'en garde! quelle id�e! il y fait un froid mortel.

— Non, il y a un bon feu.

— Tu r�ves! je ay viens de le traverser.

{RoDu 149} — Mais votre souper vous attend.

— Je ne veux pas souper; d'ailleurs, il az n'y a rien de pr�t. Va chercher mon boa, que ba j'ai laiss� dans la voiture.

— Tout � l'heure.

— Pourquoi pas tout de suite? Va donc, va donc! bb

En parlant ainsi, elle poussait Noun d'un air fol�tre, et celle-ci, voyant qu'il fallait de la hardiesse et du sang-froid, sortit quelques instants. Mais � peine fut-elle hors de l'appartement, que madame Delmare poussa le verrou, et, d�tachant son vitchoura 2, le posa sur le lit � c�t� de son chapeau. Dans cet instant, elle approcha Raymon de si pr�s, qu'il bc fit un mouvement pour se reculer; mais le lit, pos� sur des roulettes apparemment tr�s mobiles, c�da avec un l�ger bruit 3. Madame Delmare �tonn�e, mais non effray�e, car elle pouvait croire que le lit avait �t� pouss� par elle-m�me, avan�a n�anmoins la t�te, �carta un peu le rideau, et d�couvrit, {RoDu 150} dans la demi-clart� que jetait le feu de la chemin�e, la t�te d'un homme qui se dessinait sur la muraille.

Épouvant�e, elle fit un cri, s'�lan�a vers la chemin�e bd {Perr 88} pour s'emparer de la sonnette et appeler du secours. Raymon e�t mieux aim� passer encore une fois pour un voleur que d'�tre reconnu dans cette situation. Mais, s'il be ne prenait ce dernier parti, madame Delmare allait appeler ses gens et se compromettre elle-m�me. Il esp�ra en l'amour qu'il lui avait inspir�, et bf, s'�lan�ant sur elle, il essaya d'arr�ter ses cris et de l'�loigner de la sonnette en lui disant � demi-voix, de peur bg d'�tre entendu de Noun, qui sans doute n'�tait pas loin. bh

— C'est moi, Indiana, reconnais-moi et bi pardonne-moi. Indiana! pardonnez � un malheureux dont vous avez �gar� la raison 4, et qui n'a pu se r�soudre � vous rendre � votre mari avant bj de vous avoir vue encore une fois.

{RoDu 151} Et, comme il pressait Indiana bk dans ses bras, autant pour l'attendrir que pour l'emp�cher de sonner, Noun bl frappa � la porte avec angoisse. Madame Delmare, se d�gageant alors des bras de Raymon, courut ouvrir et bm revint tomber sur un fauteuil.

P�le et pr�s de mourir bn, Noun se jeta contre la porte du corridor pour emp�cher les domestiques, qui allaient et venaient, de bo troubler cette sc�ne �trange; plus p�le encore que sa ma�tresse, les genoux tremblants, le dos coll� � la porte, elle attendait son sort bp.

Raymon sentit qu'avec de l'adresse il pouvait encore tromper ces deux femmes � la fois.

— Madame, dit-il en se mettant � genoux devant Indiana, ma pr�sence ici doit vous sembler un outrage; me voici � vos pieds pour en implorer le pardon. Accordez-moi {RoDu 152} un t�te-�-t�te de quelques instants, et je vous expliquerai...

— Taisez-vous, monsieur, et sortez d'ici, s'�cria madame Delmare en reprenant toute la dignit� de son r�le; {Perr 89} sortez-en publiquement. Noun bq, ouvrez cette porte et laissez passer monsieur, afin que tous mes domestiques le voient et br que la honte d'un tel proc�d� retombe sur lui bs.

Noun, se croyant d�couverte, vint se jeter � genoux � c�t� de Raymon. Madame Delmare, gardant le silence, la contemplait avec surprise.

Raymon voulut s'emparer de sa main; mais bt elle la lui retira avec indignation. Rouge de col�re, elle se leva, et lui montrant la porte :

— Sortez, vous dis-je! r�p�ta-t-elle; sortez, car bu votre conduite est inf�me. Ce sont donc l� les moyens que vous vouliez employer! vous bv, monsieur, cach� dans ma chambre comme un voleur! C'est donc une habitude {RoDu 153} chez vous que de vous introduire ainsi dans les familles! c'est l� bw l'attachement si pur que vous me juriez hier au soir! C'est bx ainsi que vous deviez me prot�ger, me respecter et me d�fendre! Voil� le culte que vous me rendez! Vous voyez une femme qui vous a secouru de ses mains, qui, pour vous rendre la vie, a brav� la col�re de son mari; vous l'abusez par une feinte reconnaissance, vous lui jurez un amour digne d'elle, et, pour prix de ses soins, pour prix de sa cr�dulit�, vous voulez surprendre son sommeil et h�ter votre succ�s par je ne sais quelle infamie! Vous by gagnez sa femme de chambre, vous vous glissez presque dans son lit, comme un amant d�j� heureux; vous bz ne craignez pas de mettre ses gens dans la confidence d'une intimit� qui n'existe pas... Allez, monsieur, vous avez pris soin de me d�sabuser bien vite!... ca Sortez, vous dis-je, ne restez pas un instant de plus chez moi!... cb Et vous, mis�rable fille, qui respectez si peu l'honneur de votre ma�tresse, vous {RoDu 154} m�ritez que je vous chasse. Otez-vous de cette porte, vous dis-je!... cc

{Perr 90} Noun, � demi morte de surprise et de d�sespoir, avait les yeux fix�s sur Raymon comme pour lui demander l'explication de ce myst�re inou�. Puis, l'air �gar�, tremblante, elle se tra�na vers Indiana, et, lui saisissant cd le bras avec force :

— Qu'est-ce que vous avez dit? s'�cria-t-elle, les dents contract�es par la col�re; cet homme avait de l'amour pour vous?

— Eh! vous le saviez bien, sans doute! dit madame Delmare en la poussant avec force et d�dain; vous saviez bien quels motifs un homme peut avoir pour se cacher derri�re les rideaux d'une femme. Ah! Noun! ce ajouta-t-elle en voyant le d�sespoir de cette fille, c'est une l�chet� insigne et dont je ne t'aurais jamais crue capable; tu as voulu vendre l'honneur de celle qui avait tant de foi au tien!...

Madame Delmare pleurait, mais de col�re {RoDu 155} en m�me temps que de douleur. Jamais Raymon ne l'avait vue si belle; mais il osait � peine la regarder, car sa fiert� cf de femme outrag�e le for�ait � baisser les yeux. Il �tait l�, constern� cg, p�trifi� par la pr�sence de Noun. S'il ch e�t �t� seul avec madame Delmare, il aurait eu peut-�tre la puissance ci de l'adoucir. Mais cj l'expression de Noun �tait terrible; la fureur et la haine avaient d�compos� ses traits.

Un coup frapp� � la porte les fit tressaillir tous trois. Noun s'�lan�a de nouveau pour d�fendre l'entr�e de la chambre; mais madame Delmare, la repoussant avec autorit�, fit � Raymon le geste imp�ratif de se retirer vers l'angle de l'appartement. Alors, avec ce sang-froid qui la rendait si remarquable dans les moments de crise, elle s'enveloppa d'un ch�le, entr'ouvrit elle-m�me la porte, et demanda au domestique qui avait frapp� ce qu'il avait � lui dire : ck

{RoDu 156; Perr 91} — M. Rodolphe Brown vient d'arriver, r�pondit-il; il demande si madame veut le recevoir.

— Dites � M. Rodolphe que je suis charm�e de sa visite et que je vais aller le trouver. Faites du feu au salon, et qu'on pr�pare � souper. Un instant! Allez me chercher la clef du petit parc.

Le domestique s'�loigna. Madame Delmare resta debout, tenant toujours la porte entr'ouverte, ne daignant pas �couter Noun, et commandant imp�rieusement le silence � Raymon.

Le domestique revint trois minutes apr�s. Madame Delmare, tenant toujours le battant de la porte entre lui et M. de Rami�re, re�ut la clef, lui ordonna d'aller h�ter le souper, et, d�s cl qu'il fut parti, s'adressant � Raymon :

— L'arriv�e de mon cousin sir Brown, lui dit-elle, vous sauve du scandale auquel je voulais vous livrer; c'est un homme d'honneur et qui prendrait chaudement ma {RoDu 157} d�fense; mais, comme je serais f�ch�e d'exposer la vie d'un homme comme lui contre celle d'un homme comme vous, je vous permets de vous retirer sans �clat. Noun, qui vous a fait entrer ici, saura vous en faire sortir. Allez! cm

— Nous nous reverrons, madame, r�pondit Raymon avec un effort d'assurance; et, quoique cn je sois bien coupable, vous regretterez peut-�tre la s�v�rit� avec laquelle vous me traitez maintenant.

— J'esp�re, monsieur, que nous ne nous reverrons jamais, r�pondit-elle.

Et, toujours debout, tenant la porte, et co sans daigner s'incliner, elle le vit sortir avec sa tremblante et mis�rable complice.

{Perr 92} Seul dans l'obscurit� du parc avec elle, Raymon s'attendait � des reproches; Noun ne lui adressa pas une parole. Elle le conduisit jusqu'� la grille du parc de r�serve, et, lorsqu'il voulut lui prendre la main, elle avait d�j� disparu. Il l'appela � voix basse, car il {RoDu 158} voulait savoir son sort; mais elle ne lui r�pondit pas cp, et le jardinier, paraissant cq, lui dit :

— Allons, monsieur, retirez-vous; madame est arriv�e, et l'on pourrait vous d�couvrir.

Raymon s'�loigna, la mort dans l'�me; mais, dans cr sa douleur d'avoir offens� madame Delmare, il oubliait presque Noun et ne songeait cs qu'aux moyens d'apaiser la premi�re; car il �tait dans sa nature ct de s'irriter des obstacles et de ne jamais s'attacher passionn�ment qu'aux choses presque d�sesp�r�es.

Le soir, lorsque madame Delmare, apr�s avoir soup� silencieusement avec sir Ralph, se retira dans son appartement, Noun ne vint pas, comme � l'ordinaire, pour cu la d�shabiller; elle la sonna vainement, et, quand cv elle pensa que c'�tait une r�sistance marqu�e, elle ferma sa porte et se coucha : mais elle passa une nuit affreuse, et, d�s cw que le jour fut lev�, elle descendit dans le parc. Elle avait la fi�vre; elle cx avait besoin de sentir le {RoDu 159} froid la p�n�trer et calmer le feu qui d�vorait sa poitrine. La veille encore, � pareille heure, elle �tait heureuse, en s'abandonnant � la nouveaut� de cet amour enivrant; en vingt-quatre heures, quelles cy affreuses d�ceptions! D'abord la nouvelle du retour de son mari plusieurs jours plus t�t qu'elle n'y comptait; ces cz quatre ou cinq jours qu'elle avait esp�r� passer � Paris, c'�tait pour elle toute une vie de bonheur qui ne devait pas finir, tout un r�ve d'amour que le r�veil ne devait jamais interrompre; mais, d�s le matin, il da avait fallu y renoncer, reprendre le {Perr 93} joug, et revenir au-devant du ma�tre, afin db qu'il ne rencontr�t pas Raymon chez madame de Carvajal; car dc Indiana croyait qu'il lui serait impossible de tromper son mari s'il la voyait en pr�sence de Raymon. Et dd puis ce Raymon qu'elle aimait comme un dieu, c'�tait par lui qu'elle se voyait outrag�e bassement! Enfin la compagne de de sa vie, cette jeune cr�ole qu'elle ch�rissait, se trouvait tout � coup indigne de sa {RoDu 160} confiance et de son estime!

Madame df Delmare avait pleur� toute la nuit; elle dg se laissa tomber sur le gazon, encore blanchi par la gel�e du matin, au bord de la petite rivi�re qui traversait le parc. On �tait � la fin de mars, la nature commen�ait � se r�veiller; la matin�e, quoique froide, n'�tait pas sans charme; des flocons de brouillard dormaient encore sur l'eau comme une �charpe flottante, et les oiseaux essayaient leurs premiers chants d'amour et de printemps.

Indiana se sentit soulag�e, et un sentiment religieux s'empara de son �me.

— C'est Dieu qui l'a voulu ainsi, dit-elle; sa providence m'a rudement �clair�e, mais c'est un bonheur pour moi. Cet dh homme m'e�t peut-�tre entra�n�e dans le vice, il m'e�t perdue; au lieu di qu'� pr�sent la bassesse de ses sentiments m'est d�voil�e, et je serai en garde contre cette passion orageuse et funeste qui fermentait dans son sein... dj J'aimerai mon mari... je t�cherai! Du moins {RoDu 161} je lui serai soumise, je le rendrai heureux en ne le contrariant jamais; tout ce qui peut exciter sa jalousie, je l'�viterai; car, maintenant, je dk sais ce qu'il faut croire de cette �loquence menteuse que les hommes savent d�penser avec nous. Je serai heureuse, peut-�tre, si Dieu prend piti� de mes douleurs, et s'il m'envoie bient�t la mort...

{Perr 94} Le bruit du moulin qui mettait en mouvement la fabrique de M. Delmare dl commen�ait � se faire entendre derri�re les saules de l'autre rive. La rivi�re, s'�lan�ant dans les �cluses que l'on venait d'ouvrir, s'agitait d�j� � dm sa surface; et, comme dn madame Delmare suivait d'un œil m�lancolique le cours plus rapide de l'eau, elle vit flotter, entre les roseaux, comme do un monceau d'�toffes que le courant s'effor�ait d'entra�ner. Elle se leva, se pencha sur l'eau, et vit distinctement les v�tements d'une femme, des v�tements qu'elle connaissait trop bien. L'�pouvante la rendait immobile; mais dp l'eau marchait toujours, tirant dq {RoDu 162} lentement un cadavre hors des joncs dr o� il s'�tait arr�t�, et l'amenant vers madame Delmare...

Un cri d�chirant ds attira en ce lieu les ouvriers de la fabrique; madame dt Delmare �tait �vanouie sur la rive, et le cadavre de Noun flottait sur l'eau, devant du elle.


Variantes

  1. Sir Ralph! dis-tu, qu'est-ce {RoDu} ♦ Sir Ralph, dis-tu? qu'est-ce ??? et sq.
  2. ses chiens en t�te {RoDu} ♦ ses chiens, en t�te ??? et sq.
  3. pos� pour le beau ton gris-argent {RoDu} ♦ pos�, pour le beau ton gris argent ??? et sq.
  4. Eh quoi! dit-il {RoDu} ♦ Eh quoi! se dit-il {Goss} et sq.
  5. mouvemens; il la poss�de � toute heure; La nuit il la voit dormir, et {RoDu} ♦ mouvements, il la poss�de � toute heure! La nuit, il la voit dormir et ??? et sq.
  6. les tapis, et quand {RoDu} ♦ le tapis; et, quand ??? et sq.
  7. jusqu'� elle, quand {RoDu} ♦ jusqu'� elle; quand ??? et sq.
  8. toilette! / — Cette gaze {RoDu} ♦ toilette. — Cette gaze ??? et sq.
  9. absente; mais [...] la replacer, Madame {RoDu} ♦ absente. Mais [...] la replacer; madame ??? et sq.
  10. impertinent.... A la place de M. Delmare je {RoDu} ♦ impertinent... À la place de M. Delmare, je ??? et sq.
  11. des maris, ils {RoDu} ♦ des maris! ils ??? et sq.
  12. autrefois parce que {RoDu} ♦ autrefois, parce que ??? et sq.
  13. mais depuis {RoDu} ♦ mais, depuis ??? et sq.
  14. soin de vous.... {RoDu} ♦ soin de vous... ??? et sq.nous ne releverons plus les variantes de points de suspension : souvent "...." chez {RoDu}
  15. � pr�sent.... mais {RoDu} ♦ � pr�sent... Mais ??? et sq.
  16. Qui ne le deviendrait pas aupr�s d'elle? {RoDu} ♦ Qui ne deviendrait pas bon aupr�s d'elle? {Goss} ??? Qui est-ce qui ne deviendrait pas bon aupr�s d'elle? {CL}
  17. paisiblement sans que{RoDu} ♦ paisiblement, sans que ??? et sq.
  18. vers le soir, comme elle vit que Raymon voulait se retirer {RoDu} ♦ vers le soir {Goss} et sq.
  19. elle arracha ses cheveux {RoDu}, {Goss}, {Perr} ♦ elle s'arracha les cheveux {Hetz} et sq.
  20. feront vivre : mais {RoDu} ♦ feront vivre; mais ??? et sq.
  21. pas exigeante, je {RoDu} ♦ pas exigeante; je ??? et sq.
  22. jure; et si {RoDu} ♦ jure, et, si ??? et sq.
  23. o� vous �tes vous {RoDu} ♦ o� vous �tes, vous ??? et sq.
  24. Bordeaux, je {RoDu} ♦ Bordeaux; je ??? et sq.
  25. Alors, je {RoDu} ♦ Alors je ??? et sq.
  26. Eh bien! non {RoDu} ♦ Eh bien, non ??? et sq.
  27. pas seule et humili�e mourir {RoDu} ♦ pas, seule et humili�e, mourir ??? et sq.
  28. r�putation? C'est {RoDu} ♦ r�putation! c'est ??? et sq.
  29. �trang�re, dit-elle {RoDu} ♦ �trang�re! dit-elle ??? et sq.
  30. non, je reste, je {RoDu} ♦ non; je reste : je ??? et sq.
  31. sacrifi� pour vous suivre la personne {RoDu} ♦ sacrifi�, pour vous suivre, la personne ??? et sq.
  32. avec moi; elle {RoDu} ♦ avec moi, elle ??? et sq.
  33. Qui sait, elle {RoDu} ♦ Qui sait? elle ??? et sq.
  34. comme le sien.... {RoDu} ♦ comme le sien!... ??? et sq.
  35. la quitter, car {RoDu} ♦ la quitter; car ??? et sq.
  36. de moi... {RoDu} ♦ de moi!... ??? et sq.
  37. Noun �pouvant�e courut {RoDu} ♦ Noun, �pouvant�e, courut ??? et sq.
  38. madame Delmare, s'�cria-t-elle, fuyez!.. {RoDu} ♦ madame Delmare! s'�cria-t-elle; fuyez! ??? et sq.
  39. corridor. Mais {RoDu} ♦ corridor; mais ??? et sq.
  40. la moiti� qu'ils {RoDu} ♦ la moiti�, qu'ils ??? et sq.
  41. une bougie port�e {RoDu} ♦ une bougie, port�e ??? et sq.
  42. sa lueur saillante {RoDu} ♦ sa lueur vacillante ??? et sq. (il se peut que la le�on de {RoDu} soit une erreur de lecture du typographe)
  43. Un cabinet ferm� {RoDu}, {Goss} ♦ Un cabinet de toilette, ferm� {Perr} et sq.
  44. et jusque-l� Noun {RoDu} ♦ et, jusque-l�, Noun ??? et sq.
  45. l'appartement qu'elle {RoDu} ♦ l'appartement, qu'elle ??? et sq.
  46. Et sans {RoDu} ♦ Et, sans ??? et sq.
  47. Paris. Je te les dirai {RoDu} ♦ Paris. Je te le dirai {Goss} ♦ � Paris. Je te les dirai {Perr} et sq.
  48. donc : tu {RoDu} ♦ donc; tu ??? et sq.
  49. l'air heureux {RoDu} ♦ l'air heureuse {Goss} et sq.
  50. maintenant venez {RoDu} ♦ maintenant, venez ??? et sq.
  51. Tu r�ves, je {RoDu} ♦ Tu r�ves! je ??? et sq.
  52. souper, d'ailleurs il {RoDu} ♦ souper; d'ailleurs, il ??? et sq.
  53. mon boa que {RoDu} ♦ mon boa, que ??? et sq.
  54. va donc. {RoDu} ♦ va donc! ??? et sq.
  55. de si pr�s qu'il {RoDu} ♦ de si pr�s, qu'il ??? et sq.
  56. s'�lan�a sur la chemin�e {RoDu}, {Goss} ♦ s'�lan�a vers la chemin�e {Perr} et sq.
  57. Mais s'il {RoDu} ♦ Mais, s'il ??? et sq.
  58. inspir� et {RoDu} ♦ inspir�, et ??? et sq.
  59. demi-voix de peur {RoDu} ♦ demi-voix, de peur ??? et sq.
  60. pas loin : {RoDu} ♦ pas loin. ??? et sq.
  61. reconnais-moi, et {RoDu} ♦ reconnais-moi et ??? et sq.
  62. votre mari, avant {RoDu} ♦ votre mari avant ??? et sq.
  63. En pressant Indiana {RoDu}, {Goss} ♦ Et, comme il pressait Indiana {Perr} et sq.
  64. sonner, il s'aper�ut qu'elle �tait presque nue. / Noun {RoDu}, {Goss} ♦ sonner, Noun {Perr} et sq.
  65. ouvrir, et {RoDu} ♦ ouvrir et ??? et sq.
  66. pr�te � mourir {RoDu} ♦ pr�s de mourir {Goss} et sq.
  67. les domestiques qui allaient et venaient de {RoDu} ♦ les domestiques, qui allaient et venaient, de ??? et sq.
  68. son sort avec angoisse {RoDu} ♦ son sort {Goss} et sq.
  69. son r�le. Sortez-en ostensiblement; Noun {RoDu} ♦ son r�le; {Perr 89} sortez-en publiquement. Noun ??? et sq.
  70. le voient, et {RoDu} ♦ le voient et ??? et sq.
  71. retombe sur lui {RoDu} {Hetz} ♦ retombe sur lui seul {MLevy} et sq.
  72. sa main, mais {RoDu} ♦ sa main; mais ??? et sq.
  73. vous dis-je, r�p�ta-t-elle, sortez; car {RoDu} ♦ vous dis-je! r�p�ta-t-elle; sortez, car ??? et sq.
  74. employer, vous {RoDu} ♦ employer! vous ??? et sq.
  75. familles! C'est l� {RoDu} ♦ familles! c'est l� ??? et sq.
  76. hier soir, c'est {RoDu} {Hetz} ♦ hier au soir! C'est {MLevy} et sq.
  77. infamie. Vous {RoDu} ♦ infamie! Vous ??? et sq.
  78. heureux, vous {RoDu} ♦ heureux; vous ??? et sq.
  79. bien vite... {RoDu} ♦ bien vite!... ??? et sq.
  80. chez moi... {RoDu} ♦ chez moi!... ??? et sq.
  81. vous dis-je... {RoDu} ♦ vous dis-je!... ??? et sq.
  82. et lui saisissant {RoDu} ♦ et, lui saisissant ??? et sq.
  83. Ah Noun! {RoDu} ♦ Ah! Noun! ??? et sq.
  84. car elle �tait presque nue, et sa fiert� {RoDu}, {Goss} ♦ car sa fiert� {Perr} et sq.
  85. l� constern� {RoDu} ♦ l�, constern� ??? et sq.
  86. Noun ; car s'il {RoDu}, {Goss} ♦ Noun. S'il {Perr} et sq.
  87. il se sentait la puissance {RoDu}, {Goss} ♦ il aurait eu peut-�tre la puissance {Perr} et sq.
  88. l'adoucir; mais {RoDu} ♦ l'adoucir. Mais ??? et sq.
  89. � lui dire. {RoDu} ♦ � lui dire : ??? et sq.
  90. et d�s {RoDu} ♦ et, d�s ??? et sq.
  91. Noun qui [...] ici saura [...] sortir. Allez. {RoDu} ♦ Noun, qui [...] ici, saura [...] sortir. Allez! ??? et sq.
  92. et quoique {RoDu} ♦ et, quoique ??? et sq.
  93. Et toujours [...] la porte et {RoDu} ♦ Et, toujours [...] la porte, et ??? et sq.
  94. son sort, mais elle ne lui r�pondit pas {RoDu}, {Goss}, {Perr} ♦ son sort; mais elle ne lui r�pondit pas {Hetz} et sq.
  95. le jardinier paraissant {RoDu} ♦ le jardinier, paraissant ??? et sq.
  96. dans l'�me, mais dans {RoDu} ♦ dans l'�me; mais, dans ??? et sq.
  97. Madame Delmare, oubliant presque Noun et ne songeant {RoDu}, {Goss} {Perr} ♦ madame Delmare, il oubliait presque Noun et ne songeait {Hetz} et sq.
  98. la premi�re, car il �tait de sa nature {RoDu} ♦ la premi�re; car il �tait dans sa nature {Goss} et sq.
  99. ne vint pas comme � l'ordinaire pour {RoDu} ♦ ne vint pas, comme � l'ordinaire, pour ??? et sq.
  100. et quand {RoDu} ♦ et, quand ??? et sq.
  101. et d�s {RoDu} ♦ et, d�s ??? et sq.
  102. la fi�vre, elle {RoDu} ♦ la fi�vre; elle ??? et sq.
  103. heureuse en s'abandonnant [...] enivrant! En vingt-quatre heures quelles {RoDu} ♦ heureuse, en s'abandonnant [...] enivrant; en vingt-quatre heures, quelles ??? et sq.
  104. n'y comptait. Ces {RoDu} ♦ n'y comptait; ces ??? et sq.
  105. mais d�s le matin il {RoDu} ♦ mais, d�s le matin, il ??? et sq.
  106. du ma�tre afin {RoDu} ♦ du ma�tre, afin ??? et sq.
  107. Carvajal, car {RoDu} ♦ Carvajal; car ??? et sq.
  108. son mari, s'il la voyait [...] Raymon; ett {RoDu} ♦ son mari s'il [...] Raymon. Et ??? et sq.
  109. bassement. La compagne {RoDu} {Hetz} ♦ bassement! Enfin la compagne {MLevy} et sq.
  110. son estime! Madame {RoDu} ♦ son estime! / Madame ??? et sq.
  111. toute la nuit, elle {RoDu} ♦ toute la nuit; elle ??? et sq.
  112. pour moi : cet {RoDu} ♦ pour moi. Cet ??? et sq.
  113. perdue, au lieu {RoDu} ♦ perdue; au lieu ??? et sq.
  114. dans mon sein...... {RoDu}, {Goss} ♦ dans son sein... {Perr} et sq. (P. Salomon, bien qu'il la conserv�t, jugeait cette correction malheureuse. Elle est pourtant d�fendable.)
  115. sa jalousie je l'�viterai, car maintenant je {RoDu} ♦ sa jalousie, je l'�viterai; car, maintenant, je ??? et sq.
  116. la fabrique Delmare {RoDu} ♦ la fabrique de M. Delmare ??? et sq.
  117. d'ouvrir, commen�ait � s'agiter � {RoDu} ♦ d'ouvrir, s'agitait d�j� � ??? et sq.
  118. surface, et comme {RoDu} ♦ surface; et, comme ??? et sq.
  119. flotter entre les roseaux comme {RoDu} ♦ flotter, entre les roseaux, comme ??? et sq.
  120. immobile, mais {RoDu} ♦ immobile; mais ??? et sq.
  121. toujours tirant {RoDu} ♦ toujours, tirant ??? et sq.
  122. un cadavre des joncs {RoDu}, {Goss}, {Perr} ♦ un cadavre hors des joncs {Hetz} et sq.
  123. madame Delmare... Un cri d'horreur {RoDu}, {Goss} ♦ madame Delmare... / Un cri d�chirant {Perr} et sq.
  124. la fabrique, madame {RoDu} ♦ la fabrique; madame ??? et sq.
  125. sur l'eau devant {RoDu} ♦ sur l'eau, devant ??? et sq.

Notes

  1. À travers le d�lire de ce paltoquet de Rami�res qui s'imagine comprendre alors qu'il ne fait qu'exhaler le d�pit d'un d�sir insatisfait, George Sand r�gle ses comptes avec un certain type d'homme.
  2. vitchoura (du polonais wilczura) : v�tement garni de fourrure, que l'on mettait par-dessus ses habits pour se garantir du froid ext�rieur, et que l'on quittait dans l'appartement (fr.wikipedia art. "vitchoura" — cite un passage de La Femme de trente ans de Balzac).
  3. si pr�s, qu'il fit un mouvement : On ne peut manquer de penser � Victor Hugo :
    Le coup passa si pr�s que le chapeau tomba
    Et que le cheval fit un �cart en arri�re.

    (La L�gende des si�cles : Apr�s la bataille, v.18-19)
    ... mais ces vers sont de 1859.
  4. Une fois de plus Rami�res reporte sa faute sur autrui.