George Sand
INDIANA

George Sand; "Indiana" / Nouvelle �dition; Paris; Michel L�vy fr.; 1861; nombreuses r��d. Michel L�vy puis Calmann L�vy

{RoDu t.I n.p.; Perr [13]; ML61 [17]} PREMIÈRE PARTIE

{RoDu [38 bl., 39]; Perr [32]; [ML61 34]} III.

— Rassurez-vous, monsieur, lui dit Indiana; l'homme que vous avez tu� se portera bien dans quelques jours; du moins nous l'esp�rons, quoique la parole ne lui soit pas encore revenue...

— Il ne s'agit pas de cela, madame, dit le {RoDu 40} colonel {ML61 35} d'une voix concentr�e; il s'agit de me dire le nom de cet int�ressant malade, et par a quelle distraction il a pris le mur de mon parc pour l'avenue de ma maison. b

— Je l'ignore absolument, r�pondit madame Delmare avec une froideur si pleine de fiert�, que c son terrible �poux en fut comme �tourdi un instant.

Mais, revenant d bien vite � ses soup�ons jaloux :

— Je le saurai, madame, lui dit-il � demi-voix; soyez e bien s�re que je le saurai... f

Alors, comme madame Delmare feignait de ne pas remarquer sa fureur, et continuait � donner des soins au bless�, il sortit pour ne pas �clater devant ses femmes, et rappela le jardinier.

— Comment s'appelle cet homme, qui g ressemble, dis-tu, � notre larron?

— M. de Rami�re. C'est h lui qui vient d'acheter la petite maison anglaise de M. de Cercy.

{RoDu 41, Perr 33} — Quel homme est-ce? un noble, un fat, un beau monsieur?

— Un tr�s beau i monsieur, un noble, je crois...

— Cela doit �tre, reprit le colonel avec emphase : M. j de Rami�re! Dis-moi, Louis, ajouta-t-il en parlant bas, n'as-tu jamais vu ce fat r�der autour d'ici?

— Monsieur... la nuit derni�re, r�pondit Louis embarrass�, j'ai k vu certainement... pour l dire que ce soit un fat, je n'en sais rien ; mais, � coup s�r, c'�tait m un homme.

— Et tu l'as vu?

— Comme je vous vois, sous les fen�tres de l'orangerie.

— Et tu n'es pas tomb� dessus avec le manche de ta pelle?

{ML61 36} — Monsieur, j'allais le faire; mais j'ai vu une femme en blanc qui sortait de l'orangerie et qui venait � lui. Alors je me suis dit : « o C'est peut-�tre monsieur et madame qui ont pris la fantaisie de se promener avant le jour; » {RoDu 42} et p je suis revenu me coucher. Mais, ce q matin, j'ai entendu Leli�vre qui parlait d'un voleur dont il aurait vu les traces dans le parc, je r me suis dit : « Il y a quelque chose l�-dessous. »

— Et pourquoi ne m'as-tu pas averti sur-le-champ s, maladroit?

— Dame! t monsieur, il y a des arguments si d�licates dans la vie...

— J'entends, tu te permets d'avoir des doutes. Tu es un sot; s'il t'arrive jamais d'avoir une id�e insolente de cette sorte, je te coupe les oreilles. Je sais fort bien qui est ce larron et ce qu'il venait chercher dans mon jardin. Je ne t'ai fait toutes ces questions que pour voir de quelle mani�re tu gardais ton orangerie. Songe que j'ai l� des {Perr 34} plantes rares auxquelles madame tient beaucoup, et qu'il y a des amateurs u assez fous pour venir voler dans les serres de leurs voisins; c'est v moi que tu as vu la nuit derni�re avec madame Delmare w.

Et le pauvre colonel s'�loigna plus {RoDu 43} tourment�, plus irrit� qu'auparavant, laissant son jardinier fort peu convaincu qu'il exist�t des horticulteurs fanatiques x au point de s'exposer � un coup de fusil pour s'approprier une marcotte ou une bouture.

M. Delmare rentra y dans le billard, et, sans z faire attention aux marques de connaissance que donnait enfin le bless� aa, il s'appr�tait � fouiller les poches de sa veste �tal�e sur une chaise, lorsque celui-ci, allongeant ab le bras, lui dit d'une voix faible :

— Vous d�sirez savoir qui je suis, monsieur; c'est ac {ML61 37} inutile. Je vous le dirai quand nous serons seuls ensemble. Jusque-l�, �pargnez-moi l'embarras de me faire conna�tre dans la situation ridicule et f�cheuse o� je suis plac�.

— Cela est vraiment bien dommage! r�pondit le colonel aigrement; mais ad je vous avoue que j'y suis peu sensible. Cependant, comme j'esp�re que nous nous reverrons t�te � t�te ae, je veux bien diff�rer jusque-l� {RoDu 44} notre connaissance. En attendant, voulez-vous bien me dire o� je dois vous faire transporter?

— Dans l'auberge du plus prochain village, si vous le voulez bien.

— Mais monsieur n'est pas en �tat d'�tre transport�! dit af vivement madame Delmare; n'est-il ag pas vrai, Ralph?

— L'�tat de monsieur vous affecte beaucoup trop, madame, dit le colonel. Sortez, vous autres, dit-il aux femmes de service. Monsieur se sent mieux, et il aura la force maintenant de m'expliquer sa pr�sence chez moi.

— Oui, monsieur, r�pondit le bless�, et je prie toutes {Perr 35} les personnes qui ont eu la bont� de me donner des soins de ah vouloir bien entendre l'aveu de ma faute. Je sens qu'il importe beaucoup ici qu'il n'y ait pas de m�prise sur ma conduite, et ai il m'importe � moi-m�me de ne pas passer pour ce que je ne suis pas. Sachez donc quelle supercherie m'amenait {RoDu 45} chez vous. Vous avez �tabli, monsieur, par des moyens extr�mement simples et connus de vous seulement aj, une usine dont le travail ak et les produits surpassent infiniment ceux de toutes les fabriques de ce genre �lev�es al dans le pays. Mon fr�re poss�de dans le midi de la France am un �tablissement � peu pr�s semblable, mais dont l'entretien absorbe des fonds immenses. Ses op�rations devenaient d�sastreuses, lorsque an j'ai appris le {ML61 38} succ�s des v�tres; alors je me suis promis de venir vous demander quelques conseils, comme ao un g�n�reux service qui ne pourrait nuire � vos int�r�ts, mon fr�re exploitant des denr�es 1 d'une tout autre nature ap. Mais la porte de votre jardin anglais m'a �t� rigoureusement ferm�e; et, lorsque aq j'ai demand� � m'adresser � vous, on m'a r�pondu que vous ne me permettriez pas m�me de visiter votre �tablissement. Rebut� par ces refus d�sobligeants, je r�solus alors, au p�ril m�me ar de ma vie et de mon honneur, de sauver l'honneur {RoDu 46} et la vie de mon fr�re; je as me suis introduit chez vous la nuit par-dessus les murs, et j'ai t�ch� de p�n�trer dans l'int�rieur de la fabrique afin at d'en examiner les rouages. J'�tais d�termin� � me cacher dans un coin, � s�duire les ouvriers, � voler votre secret, en au un mot, pour en faire profiter un honn�te homme sans vous nuire. Telle �tait av ma faute. Maintenant av, monsieur, si vous exigez une autre r�paration que celle que vous venez de vous faire, aussit�t que j'en aurai la force, je suis pr�t � vous l'offrir, et peut-�tre � vous la demander.

{Perr 36} — Je crois que nous devons nous tenir quittes, monsieur, r�pondit le colonel � demi soulag� ax d'une grande anxi�t�. Soyez t�moins, vous autres, de l'explication que monsieur m'a donn�e. Je suis beaucoup trop veng�, en supposant que j'aie besoin d'une vengeance. Sortez maintenant, et laissez-nous causer de mon exploitation avantageuse.

Les domestiques sortirent; mais eux seuls {RoDu 47} furent dupes de cette r�conciliation. Le bless�, affaibli par son long discours, ne put appr�cier le ton des derni�res paroles du colonel. Il retomba sur les bras de madame Delmare, et ay perdit connaissance une seconde fois. Celle-ci, pench�e {MLevy 36} sur lui, ne daigna pas lever les yeux sur la col�re de son {ML61 39} mari, et les deux figures si diff�rentes de M. Delmare et de M. Brown, l'une p�le et contract�e par le d�pit, l'autre calme et insignifiante 2 comme � l'ordinaire, s'interrog�rent en silence.

M. Delmare n'avait pas besoin de dire un mot pour se faire comprendre : cependant az il tira sir Ralph � l'�cart, et lui dit en lui brisant les doigts :

— Mon ami, c'est une intrigue admirablement tissue! Je ba suis content, parfaitement content de l'esprit avec lequel ce jeune homme a su pr�server mon honneur aux yeux de mes gens. Mais, mordieu! il me payera cher l'affront que je ressens au fond du {RoDu 48} cœur. Et cette femme qui le soigne et qui fait semblant de ne le pas conna�tre! Ah! comme la ruse est inn�e chez ces �tres-l�...

Sir Ralph, atterr�, fit m�thodiquement trois tours bb dans la salle. À son premier tour, il tira cette conclusion : bc invraisemblable; au second : impossible; au troisi�me : prouv� bd. Puis, revenant au colonel avec sa figure glaciale, il lui montra du doigt Noun, qui be se tenait debout derri�re le malade, les mains tordues, les yeux {Perr 37} hagards, les joues livides, et dans l'immobilit� du d�sespoir, de la terreur et de l'�garement.

Il y a dans une d�couverte r�elle une puissance de conviction si prompte, si envahissante, que le colonel fut plus frapp� du geste �nergique de sir Ralph qu'il ne l'e�t �t� de l'�loquence la plus habile. M. Brown avait sans doute plus d'un moyen de se mettre sur la voie; il bf venait de se rappeler la pr�sence de Noun dans le parc au moment o� il l'avait {RoDu 49} cherch�e, ses bg cheveux mouill�s, sa chaussure humide et fangeuse, qui bh attestaient une �trange fantaisie de promenade pendant la pluie, menus d�tails qui l'avaient m�diocrement frapp� au moment o� madame Delmare s'�tait �vanouie, mais qui maintenant lui revenaient en m�moire. Puis cet effroi bizarre qu'elle avait t�moign�, cette agitation convulsive, et bi le cri qui lui �tait �chapp� en entendant le coup de fusil...

M. Delmare n'eut pas besoin de toutes ces indications; plus p�n�trant, parce qu'il �tait plus int�ress� � l'�tre, il n'eut qu'� examiner la contenance de cette fille pour voir qu'elle seule �tait coupable. Cependant l'assiduit� de sa femme aupr�s du h�ros de cet exploit galant lui d�plaisait de plus en plus.

— Indiana, lui dit-il, retirez-vous. Il est tard, et vous n'�tes pas bien. Noun bj restera aupr�s de monsieur pour le soigner cette nuit, et, demain bk, s'il est mieux, nous aviserons au moyen bl de le faire transporter chez lui.

{RoDu 50} Il n'y avait rien � r�pondre � cet accommodement inattendu. Madame Delmare, qui savait si bien r�sister � la violence de son mari, c�dait toujours � sa douceur. Elle pria sir Ralph de rester encore un peu aupr�s du malade, et se retira dans sa chambre.

Ce n'�tait pas sans intention que le colonel avait arrang� les choses ainsi. Une heure apr�s, lorsque tout le {Perr 38} monde fut couch� et la maison silencieuse, il se glissa doucement dans la salle occup�e par M. de Rami�re, et, cach� bn derri�re un rideau, il put se convaincre, � l'entretien du jeune homme avec la femme de chambre, qu'il s'agissait entre eux d'une intrigue amoureuse. La beaut� peu commune de la jeune cr�ole avait fait sensation bo dans les bals champ�tres des environs. Les hommages ne lui avaient pas manqu�, m�me parmi les premiers du pays. Plus d'un bel officier de lanciers en garnison � Melun s'�tait mis en frais pour lui plaire; mais Noun en �tait � son premier amour, et une seule attention l'avait flatt�e : c'�tait celle de M. de Rami�re.

Le colonel Delmare �tait peu d�sireux bp de suivre le d�veloppement de leur liaison ; aussi se retira-t-il d�s qu'il fut bien assur� que sa femme n'avait pas occup� un instant l'Almaviva de cette aventure 3. N�anmoins, il en entendit assez pour comprendre la diff�rence de cet amour entre la pauvre Noun, qui bq s'y jetait avec toute la violence de son organisation ardente, et le fils de famille, qui br s'abandonnait � l'entra�nement d'un jour sans abjurer le droit de reprendre sa raison le lendemain.

Quand madame Delmare s'�veilla, elle vit Noun � c�t� de son lit, confuse et triste. Mais elle avait ing�nument ajout� foi aux explications de M. de Rami�re, d'autant plus que d�j� des personnes int�ress�es dans le commerce avaient tent� de surprendre, par ruse ou par fraude, le secret de la fabrique {RoDu 52} Delmare. Elle bs attribua donc l'embarras de sa compagne � l'�motion et � la fatigue de la nuit, et Noun se rassura en voyant le colonel entrer avec calme dans la chambre de sa femme et l'entretenir de l'affaire de la veille comme d'une chose toute naturelle.

D�s le matin, sir Ralph s'�tait assur� de l'�tat du malade. {Perr 39} La chute, quoique violente, n'avait eu aucun r�sultat grave; la blessure de la main �tait d�j� cicatris�e; M. de Rami�re avait d�sir� qu'on le transport�t sur-le-champ � Melun, et il avait distribu� sa bourse aux domestiques pour les engager � garder le silence sur cet �v�nement, afin, disait-il, de ne pas effrayer sa m�re, qui bt habitait � quelques lieues de l�. Cette histoire ne s'�bruita donc que lentement et sur des versions diff�rentes. Quelques renseignements sur la fabrique anglaise d'un M. de Rami�re, fr�re de celui-ci, vinrent � l'appui de la fiction qu'il avait heureusement improvis�e. {RoDu 53}Le colonel et sir Brown eurent la d�licatesse de garder le secret de Noun, sans m�me lui faire entendre qu'ils le savaient bu, et la famille Delmare cessa bient�t de s'occuper de cet incident.


Variantes

  1. et de m'expliquer par {RoDu} ♦ et par {Goss} et sq.
  2. de ma maison? {RoDu} ♦ de ma maison. ??? et sq.
  3. de fiert� que {RoDu} ♦ de fiert�, que ??? et sq.
  4. un instant. / Mais, revenant {RoDu} ♦ un instant: mais revenant ??? et sq.
  5. � demi-voix, soyez {RoDu} ♦ � demi-voix; soyez ??? et sq.
  6. je le saurai.. {RoDu} ♦ je le saurai... ??? et sq.
  7. cet homme qui {RoDu} ♦ cet homme, qui ??? et sq.
  8. —Monsieur de Rami�re; c'est {RoDu} ♦ — M. de Rami�re. C'est ??? et sq.
  9. tr�s-beau {RoDu} ♦ tr�s beau ??? et sq. (nous ne reviendrons plus cette variante du superlatif tr�s-)
  10. emphase, M. {RoDu} ♦ emphase : M. ??? et sq.
  11. derni�re... r�pondit Louis embarrass�; j'ai {RoDu} ♦ derni�re, r�pondit Louis embarrass�, j'ai ??? et sq.
  12. Pour {RoDu} ♦ pour ??? et sq.
  13. mais � coup s�r c'�tait {RoDu} ♦ mais, � coup s�r, c'�tait ??? et sq.
  14. l'orangerie... {RoDu} ♦ l'orangerie. ??? et sq.
  15. {RoDu}: pas de guillemets dans ce paragraphe
  16. avant le jour, et {RoDu}, {Hetz} avant le jour;» et {ML61} ♦ avant le jour. » Et {Gar83}
  17. Mais ce {RoDu} ♦ Mais, ce ??? et sq.
  18. dans le parc, et je {RoDu} ♦ dans le parc, je {Goss} et sq.
  19. sur le champ {RoDu} ♦ sur-le-champ ??? et sq. (le Dictionnaire de l'Acad�mie fran�aise, tant dans son �dition de 1798 que celle de 1835, ne reconna�t que sur-le-champ)
  20. Dames {RoDu} (faute d'inattention?) ♦ Dame! ??? et sq.
  21. de certains amateurs {RoDu} ♦ des amateurs {Goss} et sq.
  22. voisins. C'est {RoDu} ♦ voisins; c'est ??? et sq.
  23. avec madame Delmare {RoDu}{MLevy} ♦ chez madame Delmare {ML61}, {CL} Nous suivons Pierre Salomon qui r�tablissait la le�on originale, avec ne pouvant se justifier.
  24. des botanistes fanatiques {RoDu}, {Goss} ♦ des horticulteurs fanatiques {Perr} et sq.
  25. Le colonel rentra {RoDu} ♦ Il rentra {Goss} ♦ M. Delmare rentra {Perr} et sq.
  26. et sans {RoDu} ♦ et, sans ??? et sq.
  27. que donnait le bless� {RoDu}, {Goss} ♦ que donnait enfin le bless� {Perr} et sq.
  28. alongeant {RoDu} ♦ allongeant {Perr} et sq.
  29. Monsieur, c'est {RoDu} ♦ monsieur; c'est ??? et sq.
  30. dommage, r�pondit le colonel aigrement. Mais {RoDu} ♦ dommage! r�pondit le colonel aigrement; mais ??? et sq.
  31. t�te-�-t�te {RoDu} ♦ t�te � t�te ??? et sq. (le Dictionnaire de l'Acad�mie fran�aise, tant dans son �dition de 1798 que celle de 1835, reconna�t t�te � t�te comme locution adverbiale et t�te-�-t�te substantivement)
  32. transport�, dit {RoDu} ♦ transport�! dit ??? et sq.
  33. Delmare, n'est-il {RoDu} ♦ Delmare; n'est-il ??? et sq.
  34. des soins, de {RoDu} ♦ des soins de ??? et sq.
  35. ma conduite; et {RoDu} ♦ ma conduite, et ??? et sq.
  36. simples, et � vous seulement connus {RoDu} (l'exemplaire que nous avons examin� a pour le�on: simples et [...]) ♦ simples, connus de vous seulement {Goss} ♦ extr�mement simples et connus de vous seulement {Perr} et sq.
  37. dont les effets {RoDu} ♦ dont le travail {Goss} et sq.
  38. �tablies {RoDu} ♦ �lev�es {Goss} et sq.
  39. poss�de en Angleterre {RoDu}, {Goss} ♦ poss�de dans le midi de la France {Perr} et sq.
  40. devenaient �minemment malheureuses, lorsque {RoDu} ♦ devenaient d�sastreuses lorsque {Goss} et sq.
  41. conseils comme {RoDu} ♦ conseils, comme ??? et sq.
  42. denr�es d'une vari�t� diff�rente des v�tres {RoDu}, {Goss} ♦ denr�es d'une tout autre nature {Perr} et sq.
  43. ferm�e, et lorsque {RoDu} ♦ ferm�e; et, lorsque ??? et sq.
  44. au danger m�me {RoDu} ♦ au p�ril m�me {Goss} et sq.
  45. de mon fr�re. Je {RoDu} ♦ de mon fr�re; je ferm�e; et, lorsque ??? et sq. {ML61} ♦ de mon fr�re : je {Gar83}
  46. fabrique, afin {RoDu} ♦ fabrique afin ??? et sq.
  47. secret en {RoDu} ♦ secret, en ??? et sq.
  48. Telle a �t� {RoDu} {Hetz} ♦ Telle �tait �ditions ult�rieures
  49. faute; maintenant {RoDu} ♦ faute. Maintenant ??? et sq.
  50. � demi-soulag� {RoDu} ♦ � demi soulag� ??? et sq. (La Grammaire des grammaires, de Girault-Duvivier, 10e �dition revue par Lemaire dit ceci : « on ne fait point usage du tiret dans � demi mort, � demi faite, parce que � demi est un adverbe plac� devant un adjectif auquel il n'est pas [...] �troitement uni [...] », (Paris; Cotelle, Libr.-�d.; 1842), T.II, p.1114 o� la phrase est de construction bizarre mais son sens clair)
  51. Delmare et {RoDu} ♦ Delmare, et ??? et sq.
  52. comprendre; cependant {RoDu} ♦ comprendre : cependant ??? et sq.
  53. {RoDu}: admirablement tissue. Je {RoDu} ♦ admirablement tissue! Je ??? et sq. {MLevy}, {ML61}[, $CL?, la ponctuation est brouill�e] ♦ {Gar83} comme {RoDu}
  54. ces �tres-l�... / Il grin�ait les dents � se les broyer, Sir Ralph, atterr�, fit trois tours {RoDu} ♦ ces �tres-l�... » / Il grin�ait des dents � se les broyer, Sir Ralph, atterr�, fit, m�thodique, trois tours {Goss} ♦ ces �tres-l�... / Sir Ralph, atterr�, fit m�thodiquement trois tours {Perr} et sq. ({Gar83} semble avoir interverti les le�ons de {RoDu} ,et de {Goss}; voir aussi la variante suivante)
  55. conclusion m�thodique, {RoDu} ♦ conclusion : ??? et sq. (conclusion m�thodique �tait faible : c'est le raisonnement qui est m�thodique, et non la conclusion. La le�on de {Goss} est comique, comme si les trois tours �taient la m�thode. La le�on fit m�thodiquement est une ellipse menant des trois tours — qui ne font pas partie de la m�thode mais font comme un automatisme facilitant le raisonnement ou la concentration — � la conclusion. George Sand n'a pas pu ou pas voulu sortir de ses trois tours ou a voulu conserver un peu de ridicule � la sc�ne)
  56. {RoDu}, dans cette phrase, met des virgules l� o� les autres �ditions mettent deux-points.
  57. Noun qui {RoDu} ♦ Noun, qui ??? et sq.
  58. la voie, il {RoDu} ♦ la voie; il ??? et sq.
  59. cherch�e; ses {RoDu} ♦ cherch�e, ses ??? et sq.
  60. fangeuse qui {RoDu} ♦ fangeuse, qui ??? et sq.
  61. convulsive et {RoDu} ♦ convulsive, et ??? et sq.
  62. pas bien ; Noun {RoDu} ♦ pas bien. Noun ??? et sq.
  63. et demain {RoDu} ♦ et, demain ??? et sq.
  64. aux moyens {RoDu} ♦ au moyen {Goss} et sq.
  65. malade et {RoDu} ♦ malade, et ??? et sq.
  66. et cach� {RoDu} ♦ et, cach� ??? et sq.
  67. sensation (en italiques) {RoDu}, {Goss} ♦ sensation (en romains) {Perr} et sq.
  68. peu envieux {RoDu} ♦ peu d�sireux {Goss} et sq.
  69. Noun qui {RoDu} ♦ Noun, qui ??? et sq.
  70. famille qui {RoDu} ♦ famille, qui ??? et sq.
  71. Delmare; elle {RoDu} ♦ Delmare. Elle {Goss} et sq.
  72. sa m�re qui {RoDu} ♦ sa m�re, qui ??? et sq.
  73. lui faire entendre qu'ils en �taient possesseurs {RoDu} ♦ lui faire entendre qu'ils le savaient {Goss} et sq.

Notes

  1. denr�e: le Dictionnaire de l'Acad�mie fran�aise de 1798 ne donne qu'un seul sens : « Tout ce qui se vend pour la nourriture et l'entretien des hommes et des animaux ». L'�dition de 1835 restreint le sens � la nourriture, mais ajoute que le mot « se prend quelquefois pour Toute esp�ce de marchandise ». Il est tr�s peu probable que George Sand pense � une fabrique de denr�es alimentaires ou d'entretien.
        Sans rester attach� � l'id�e de la fa�encerie �voqu�e dans une note du chapitre pr�c�dent, deux questions se posent :
     Pourquoi l'auteur fait-il passer l'�tablissement du fr�re de Rami�res d'Angleterre au midi de la France? � quel genre d'�tablissement pense-t-elle? il est clair qu'elle ne fait pas ce changement sans avoir quelque id�e en t�te.
        Delmare a certes un caract�re qu'on pourrait difficilement qualifi� d'aimable, mais pourquoi refuser une visite � un confr�re qui exploite — dans un autre pays ou une autre r�gion, suivant les �ditions — « des denr�es d'une vari�t� diff�rente » ou « d'une tout autre nature », et dont l'entreprise « ne pourrait nuire [aux] int�r�ts » de Delmare?
        On trouve peut-�tre un �l�ment de r�ponse dans l'ouvrage de L. Michelin, Essais historiques, op.cit. pp.404-405: « On doit � M. Garnot (Hilaire) propri�taire d'une des quatre fermes [la ferme appel�e La Carri�re], cultivateur distingu� et maire de R�au, l'invention des cottes trainantes adapt�es � une charrette , et des changemens faits dans les dimensions des rouelles d'une charrue. Il r�sulte en effet, d'apr�s les exp�riences faites par des personnes de l'art, 1° que les cottes trainantes produisent un effet tr�s-avantageux; 2° que l'augmentation donn�e au diam�tre des roues de l'avant-train des charrues , est convenable dans les terrains en plaine, et que dans ce cas, elle pourrait donner lieu � une diminution d'application de force d'environ un tiers. Aussi la soci�t� d'agriculture de Melun a-t-elle vot� des remerc�mens et des �loges � M. Garnot, et une r�compense au charron qui a construit le mod�le de charrette et de charrue mis sous yeux , ainsi qu'au serrurier qui a fait le dynamom�tre d'�preuves. // On a employ� � Norfolk en Angleterre, une charrue beaucoup plus avantageuse que celle employ�e dans le m�me pays. On pense qu'elle ne doit cette grande sup�riorit� qu'� la hauteur de ses rouelles. Ceci vient � l'appui des exp�riences qui ont �t� faites � R�au, et confirme l'avantage obtenu par M. Garnot. » Le 8 juin 1834, Hilaire Garnot n'obtiendra cependant que le 7e prix au concours de charrues du comice agricole de Melun, avec une charrue « � roues de cinq pieds » (Soci�t� d'agriculture et d'�conomie domestique de Rosoy (Seine-et-Marne), Bulletin trimestriel, Nos 8, 9, 10, et 11 — Janvier, Avril, Juillet, Octobre 1834; pp.33-34).
        L'agrandissement des roues de charrue pourrait �tre un des « moyens extr�mement simples » dont parle Rami�res. Et la mention de Norfolk par Michelin peut �tre rapproch�e de l'�tablissement « en Angleterre » du fr�re de Rami�res. Notons cependant que les sources cit�es sont post�rieures � Indiana. Le fait est que la charrue en g�n�ral et celle dite de Brie en particulier avait fait l'objet de nombreux essais d'am�liorations, avec plus ou moins de succ�s (Voyez le Dictionnaire des d�couvertes en France, de 1789 � la fin de 1820, T.III (CHA-COR), art. charrues, pp.48-61).
  2. insignifiant: George Sand utilise ici le mot dans le sens: « qui ne signifie rien », que le Dictionnaire de l'Acad�mie fran�aise de 1798 ne donne pas, mais qu'introduit, comme premier sens, l'�dition de 1835.
  3. l'Almaviva de cette aventure: allusion aux amours du comte Almaviva dans Le Barbier de S�ville ou la Pr�caution inutile de Beaumarchais.