GEORGE SAND
HISTOIRE DE MA VIE

Calmann-L�vy 1876

{LP T.? ?; CL T.3 [189]; Lub T.1 [957]} QUATRIÈME PARTIE
Du mysticisme � l'ind�pendance
1819-1832 a

{Presse 8/6/1855 1; CL T.4 [99]; Lub T.2 [132]} XIV b

Derni�re visite au couvent. — Vie excentrique. — Debureau. — Jane et Aim�e. — La baronne Dudevant me d�fend de compromettre son nom dans les arts. — Mon pseudonyme. — Jules Sand et George Sand. — Karl Sand. — Le chol�ra. — Le clo�tre Saint-Merry. — Je change de mansarde.



{CL 99} Il n'y a peut-�tre pas pour moi autant de contraste qu'on croirait � descendre de ces hauteurs du sentiment pour revenir � la vie d'�colier litt�raire que j'�tais en train de raconter. J'appelais cela cr�ment alors ma vie de gamin, et il y avait bien un reste d'aristocratie d'habitudes dans la mani�re railleuse dont je l'envisageais; car, au fond, mon caract�re se formait, et la vie r�elle se r�v�lait � moi sous cet habit d'emprunt qui me permettait d'�tre assez homme pour voir un milieu � jamais ferm� sans cela � la campagnarde engourdie que j'avais �t� jusqu'alors. Je regardai � cette �poque dans les arts et dans la politique, non plus seulement par induction et par d�duction, comme j'aurais fait dans une donn�e historique quelconque, mais dans l'histoire et dans le roman de la soci�t� et de l'humanit� vivante. Je contemplai ce spectacle de tous les points o� je pus me placer, dans les coulisses et sur la sc�ne, aux loges et au parterre. Je montai � tous les �tages: du club � l'atelier, du caf� � la mansarde. Il n'y eut que les salons o� je n'eus que faire. Je connaissais le monde interm�diaire entre l'artisan et l'artiste. Je l'avais cependant peu fr�quent� dans ses r�unions et je m'�tais toujours sauv�e {CL 100} autant que possible de ses f�tes, qui m'ennuyaient au del� de mes forces; mais je connaissais sa vie int�rieure, elle n'avait plus rien � me r�v�ler. c

{Lub 133} Des gens charitables toujours pr�ts � avilir dans leurs sales pens�es la mission de l'artiste, ont dit qu'� cette �poque et plus tard j'avais eu les curiosit�s du vice. Ils en ont menti l�chement; voil� tout ce que j'ai � leur r�pondre. Quiconque est po�te sait que le po�te ne souille pas volontairement son �tre, sa pens�e, pas m�me son regard, surtout quand ce po�te l'est doublement par sa qualit� de femme.

Bien que cette existence bizarre n'e�t rien que je pr�tendisse cacher plus tard, je ne l'adoptai pas sans savoir quels effets imm�diats elle pouvait avoir sur les convenances et l'arrangement de ma vie. Mon mari la connaissait et n'y apportait ni bl�me ni obstacle. Il en �tait de m�me de ma m�re et de ma tante. J'�tais donc en r�gle vis-�-vis des autorit�s constitu�es de ma destin�e. Mais, dans tout le reste du milieu o� j'avais v�cu, je devais rencontrer probablement plus d'un bl�me s�v�re. Je ne voulus pas m'y exposer. Je vis � faire mon choix et � savoir quelles amiti�s me seraient fid�les, quelles autres se scandaliseraient. À premi�re vue, je triai un bon nombre de connaissances dont l'opinion m'�tait � peu pr�s indiff�rente, et � qui je commen�ai par ne donner aucun signe de vie. Quant aux personnes que j'aimais r�ellement et dont je devais attendre quelque r�primande, je me d�cidai � rompre avec elles sans leur rien dire. « Si elles m'aiment, pensai-je, elles courront apr�s moi, et si elles ne le font pas, j'oublierai qu'elles existent, mais je pourrai toujours les ch�rir dans le pass�; il n'y aura pas eu d'explication blessante entre nous; rien n'aura g�t� le pur souvenir de notre affection. »

Au fait, pourquoi leur en aurais-je voulu? Que pouvaient-elles {CL 101} savoir de mon but, de mon avenir, de ma volont�? Savaient-elles, savais-je moi-m�me, en br�lant mes vaisseaux, si j'avais quelque talent, quelque pers�v�rance? Je n'avais jamais dit � personne le mot de l'�nigme de ma pens�e, je ne l'avais pas trouv� encore d'une mani�re certaine; et quand je parlais d'�crire, c'�tait en riant et en me moquant de la chose et de moi-m�me.

Une sorte de destin�e me poussait cependant. Je la sentais invincible et je m'y jetais r�sol�ment: non une grande destin�e, j'�tais trop ind�pendante dans ma fantaisie pour embrasser aucun genre d'ambition, mais une destin�e de libert� morale et d'isolement po�tique, dans {Lub 134} une soci�t� � laquelle je ne demandais que de m'oublier en me laissant gagner sans esclavage le pain quotidien.

Je voulus pourtant revoir une derni�re fois mes plus ch�res amies de Paris. J'allai passer quelques heures � mon couvent. Tout le monde y �tait si pr�occup� des effets de la r�volution de Juillet, de l'absence d'�l�ves, de la perturbation g�n�rale dont on subissait les cons�quences mat�rielles, que je n'eus aucun effort � faire pour ne point parler de moi. Je ne vis qu'un instant ma bonne m�re Alicia. Elle �tait affair�e et press�e. Sœur H�l�ne �tait en retraite. Poulette me promenait dans les clo�tres, dans les classes vides, dans les dortoirs sans lits, dans le jardin silencieux, en disant � chaque pas: « Ça va mal! �a va bien mal! »

Il ne restait plus personne de mon temps que les religieuses et la bonne Marie-Jos�phe, la brusque et rieuse servante qui me sembla la plus cordiale et la seule vivante au milieu de ces �mes pr�occup�es. Je compris que les nonnes ne peuvent pas et ne doivent pas aimer avec le cœur. Elles vivent d'une id�e et n'attachent une v�ritable importance qu'aux conditions ext�rieures qui sont le cadre n�cessaire � cette id�e. Tout ce qui trouble l'arrangement {CL 102} d'une m�ditation qui a besoin d'ordre immuable et de s�curit� absolue est un �v�nement terrible, ou tout au moins une crise difficile. Les amiti�s du dehors ne peuvent rien pour elles. Les choses humaines n'ont de valeur � leurs yeux qu'en raison du plus ou moins d'aide qu'elles apportent � leurs conditions d'existence exceptionnelle. Je ne regrettai plus le couvent en voyant que l� l'id�al �tait soumis � de telles �ventualit�s. La vie d'une communaut� c'est tout un monde � immobiliser, et le canon de Juillet ne s'�tait pas inqui�t� de la paix des sanctuaires*.

* Les d sanctuaires, d'ailleurs, rec�lent des volcans dans leur sein. J'apprends, en relisant ces lignes, que sœur H�l�ne a, depuis longtemps, quitt� le couvent, et qu'elle est all�e vivre en Angleterre, emmenant Poulette dans sa tente; et Poulette, apr�s cinquante ans de claustration aux Anglaises, Poulette, si aimante et si aim�e, Poulette, qui semblait la pierre de fondation et la clef de vo�te du monast�re, est all�e mourir au loin, brouill�e avec toutes les sœurs, brouill�e avec H�l�ne aussi, dont elle avait �pous� la querelle!

Moi, j'avais l'id�al log� dans un coin de ma cervelle, et il ne me fallait que quelques jours d'enti�re libert� {Lub 135} pour le faire �clore. Je le portais dans la rue, les pieds sur le verglas, les �paules couvertes de neige, les mains dans mes poches, l'estomac un peu creux quelquefois, mais la t�te d'autant plus remplie de songes, de m�lodies, de couleurs, de formes, de rayons et de fant�mes. Je n'�tais plus une dame, je n'�tais pas non plus un monsieur. On me poussait sur le trottoir comme une chose qui pouvait g�ner les passants affair�s. Cela m'�tait bien �gal, � moi qui n'avais aucune affaire. On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas; j'�tais un atome perdu dans cette immense foule. Personne ne disait comme � La Ch�tre: « Voil� madame Aurore qui passe; elle a toujours le m�me chapeau et la m�me robe; » ni comme � Nohant: « Voil� not'dame qui poste sur son grand {CL 103} chevau; faut qu'elle soit d�rang�e d'esprit pour poster comme �a. » À Paris, on ne pensait rien de moi, on ne me voyait pas. Je n'avais aucun besoin de me presser pour �viter des paroles banales; je pouvais faire tout un roman d'une barri�re � l'autre, sans rencontrer personne qui me d�t: « À quoi diable pensez-vous? » Cela valait mieux qu'une cellule, et j'aurais pu dire avec Ren�, mais avec autant de satisfaction qu'il l'avait dit avec tristesse, que je me promenais dans le d�sert des hommes.

Apr�s que j'eus bien regard� et comme qui dirait rem�ch� et savour� une derni�re fois tous les coins et recoins de mon couvent et de mes {Presse 8/6/1855 2} souvenirs ch�ris, je sortis en me disant que je ne repasserais plus cette grille derri�re laquelle je laissais mes plus saintes tendresses � l'�tat de divinit�s sans courroux et d'astres sans nuages; une seconde visite e�t amen� des questions sur mon int�rieur, sur mes projets, sur mes dispositions religieuses. Je ne voulais pas discuter. Il est des �tres qu'on respecte trop pour les contredire et de qui l'on ne veut emporter qu'une tranquille b�n�diction.

Je remis mes ch�res bottes en rentrant, et j'allai voir Debureau dans la pantomime: un id�al de distinction exquise servi deux fois par jour aux titis de la ville et de la banlieue, et cet id�al les passionnait. Gustave Papet, qui �tait le riche, le milord de notre association berrichonne, paya du sucre d'orge � tout le parterre, et puis, comme nous sortions affam�s, il emmena souper trois ou quatre d'entre nous aux Vendanges de Bourgogne. Tout {Lub 136} � coup il lui prit envie d'inviter Debureau, qu'il ne connaissait pas le moins du monde. Il rentre dans le th��tre, le trouve en train d'�ter son costume de Pierrot dans une cave qui lui servait de loge, le prend sous le bras et l'am�ne. Debureau fut charmant de mani�res. Il ne se laissa pas tenter par la moindre pointe de champagne, craignant, disait-il, {CL 104} pour ses nerfs, et ayant besoin du calme le plus complet pour son jeu. Je n'ai jamais vu d'artiste plus s�rieux, plus consciencieux, plus religieux dans son art. Il l'aimait de passion et en parlait comme d'une chose grave, tout en parlant de lui-m�me avec une extr�me modestie. Il �tudiait sans cesse et ne se blasait pas, malgr� un exercice continuel et m�me excessif. Il ne s'inqui�tait pas si les finesses admirables de sa physionomie et de son originalit� de composition �taient appr�ci�es par des artistes ou saisies par des esprits na�fs. Il travaillait pour se satisfaire, pour essayer et pour r�aliser sa fantaisie, et cette fantaisie, qui paraissait si spontan�e, �tait �tudi�e � l'avance avec un soin extraordinaire. Je l'�coutai avec grande attention: il ne posait pas du tout, et je voyais en lui, malgr� la bouffonnerie du genre, un de ces grands artistes qui m�ritent le titre de ma�tres e. Jules Janin venait de faire alors un petit volume sur cet artiste, un opuscule spirituel, mais qui ne m'avait rien fait pressentir du talent de Debureau. Je lui demandai s'il �tait satisfait de cette appr�ciation: « J'en suis reconnaissant, me dit-il. L'intention en est bonne pour moi et l'effet profite � ma r�putation; mais tout cela ce n'est pas l'art, ce n'est pas l'id�e que j'en ai; ce n'est pas s�rieux, et le Debureau de M. Janin n'est pas moi. Il ne m'a pas compris. »

J'ai revu Debureau plusieurs fois depuis et me suis toujours senti pour le paillasse des boulevards une grande d�f�rence et comme un respect d� � l'homme de conviction et d'�tude.

J'assistais, douze ou quinze ans plus tard, � une repr�sentation � son b�n�fice, � la fin de laquelle il tomba � faux dans une trappe. J'envoyai savoir de ses nouvelles le lendemain, et il m'�crivit, pour me dire lui-m�me que ce n'�tait rien, une lettre charmante qui finissait ainsi: « Pardonnez-moi de ne pas savoir mieux vous remercier. {CL 105} Ma plume est comme la voix du personnage muet que je repr�sente; mais mon cœur est comme mon visage, qui exprime la v�rit�. »

{Lub 137} Peu de jours apr�s, cet excellent homme, cet artiste de premier ordre, �tait mort des suites de sa chute.

Apr�s le couvent, j'avais encore quelque chose � briser, non dans mon cœur, mais dans ma vie. J'allai voir mes amies Jane et Aim�e. Aim�e n'e�t pas �t� l'amie de mon choix. Elle avait quelque chose de froid et de sec � l'occasion qui ne m'avait jamais �t� sympathique. Mais outre qu'elle �tait la sœur ador�e de Jane, il y avait en elle tant de qualit�s s�rieuses, une si noble intelligence, une si grande droiture, et, � d�faut de bont� spontan�e, une si g�n�reuse �quit� de jugement, que je lui �tais r�ellement attach�e. Quant � Jane, cette douce, cette forte, cette humble, cette ang�lique nature, aujourd'hui comme au couvent, je lui garde, au fond de l'�me, une tendresse que je ne puis comparer qu'au sentiment maternel.

Toutes deux �taient mari�es. Jane �tait m�re d'un gros enfant qu'elle couvait de ses grands yeux noirs avec une muette ivresse. Je fus heureuse de la voir heureuse; j'embrassai bien tendrement l'enfant et la m�re, et je m'en allai promettant de revenir bient�t, mais r�solue � ne revenir jamais.

Je me suis tenu parole et je m'en applaudis. Ces deux jeunes h�riti�res, devenues comtesses, et plus que jamais orthodoxes en toutes choses, appartenaient d�sormais � un monde qui n'aurait eu pour ma bizarre mani�re d'exister que de la raillerie, et pour l'ind�pendance de mon esprit que des anath�mes. Un jour f�t venu o� il e�t fallu me justifier d'imputations fausses, ou lutter contre des principes de foi et des id�es de convenances que je ne voulais pas combattre ni froisser dans les autres. Je savais que l'h�ro�sme de l'amiti� f�t rest� pur dans le cœur de Jane; {CL 106} mais on le lui e�t reproch�, et je l'aimais trop pour vouloir apporter un chagrin, un trouble quelconque dans son existence. Je ne connais pas cet �go�sme jaloux qui s'impose, et j'ai une logique invincible pour appr�cier les situations qui se dessinent clairement devant moi. Celle que je me faisais �tait bien nette. Je choquais ouvertement la r�gle du monde. Je me d�tachais de lui bien sciemment; je devais donc trouver bon qu'il se d�tach�t de moi d�s qu'il saurait mes excentricit�s. Il ne les savait pas encore. J'�tais trop obscure pour avoir besoin de myst�re. Paris est une mer o� les petites barques passent inaper�ues par milliers entre les gros vaisseaux. {Lub 138} Mais le moment pouvait venir o� quelque hasard me placerait entre des mensonges que je ne voulais pas faire et des remontrances que je ne voulais pas accepter. Les remontrances perdues sont toujours suivies de refroidissement, et du refroidissement on va en deux pas aux ruptures. Voil� ce dont je ne supportais pas l'id�e. Les personnes vraiment fi�res ne s'y exposent pas; et quand elles sont aimantes, elles ne les provoquent pas, mais elles les pr�viennent, et par l� savent les rendre impossibles.

Je retournai sans tristesse � ma mansarde et � mon utopie, certaine de laisser des regrets et de bons souvenirs, satisfaite de n'avoir rien de sensible f � rompre.

Quant � la baronne Dudevant, ce fut bien lestement emball�, comme nous disions au quartier latin. Elle me demanda pourquoi je restais si longtemps � Paris sans mon mari. Je lui dis que mon mari le trouvait bon. « Mais est-il vrai, que vous ayez l'intention d'imprimer des livres? — Oui, madame. — T�! s'�cria-t-elle (c'�tait une locution gasconne qui signifie Tiens! Et dont elle avait pris l'habitude), voil� une dr�le d'id�e! — Oui, madame. — C'est bel et bon, mais j'esp�re que vous ne mettrez pas le nom que je porte sur des couvertures de livres imprim�es? — Oh! {CL 107} Certainement non, madame, il n'y a pas de danger. » Il n'y eut pas d'autre explication. Elle partit peu de temps apr�s pour le Midi, et je ne l'ai jamais revue.

Le nom que je devais mettre sur des EM;couvertures imprim�es ne me pr�occupa gu�re. En tout �tat de choses, j'avais r�solu de garder l'anonyme. Un premier ouvrage fut �bauch� par moi, refait en entier ensuite par Jules Sandeau, � qui Delatouche fit le nom de Jules Sand. Cet ouvrage amena un autre �diteur qui demanda un autre roman sous le m�me pseudonyme. J'avais �crit Indiana � Nohant, je voulus le donner sous le pseudonyme demand�; mais Jules Sandeau, par modestie, ne voulut pas accepter la paternit� d'un livre auquel il �tait compl�tement �tranger. Cela ne faisait pas le compte de l'�diteur. Le nom est tout pour la vente, et le petit pseudonyme s'�tant bien �coul� g, on tenait essentiellement � le conserver. Delatouche, consult�, trancha la question par un compromis: Sand resterait intact et je prendrais un autre pr�nom qui ne servirait qu'� moi. Je pris vite et {Lub 139} sans chercher celui de George qui me paraissait synonyme de Berrichon. Jules et George, inconnus au public, passeraient pour fr�res ou cousins.

{Presse 12/6/1855 2} Le nom me fut donc bien acquis, h et Jules Sandeau, rest� l�gitime propri�taire de Rose et Blanche, voulut reprendre son nom en toutes lettres, afin, disait-il, de ne pas se parer de mes plumes. À cette �poque, il �tait fort jeune et avait bonne gr�ce � se montrer si modeste. Depuis il a fait preuve de beaucoup de talent pour son compte et il s'est fait un nom de son v�ritable nom. J'ai gard�, moi, celui de l'assassin de Kotzebue qui avait pass� par la t�te de Delatouche et qui commen�a ma r�putation en Allemagne, au point que je re�us des lettres de ce pays o� l'on me priait d'�tablir ma parent� avec Karl Sand, comme une chance de succ�s de plus. Malgr� la v�n�ration de la jeunesse allemande pour le jeune fanatique dont la mort fut si belle, j'avoue {CL 108} que je n'eusse pas song� � choisir pour pseudonyme ce symbole du poignard de l'illuminisme. Les soci�t�s secr�tes vont � mon imagination dans le pass�, mais elles n'y vont que jusqu'au poignard exclusivement, et les personnes qui ont cru voir dans ma persistance � signer Sand et dans l'habitude qu'on a prise autour de moi de m'appeler ainsi une sorte de protestation en faveur de l'assassinat politique se sont absolument tromp�es. Cela n'entre ni dans mes principes religieux ni dans mes instincts r�volutionnaires. Le mode de soci�t� secr�te ne m'a m�me jamais paru d'une bonne application � notre temps et � notre pays; je n'ai jamais cru qu'il en p�t sortir autre chose d�sormais chez nous qu'une dictature, et je n'ai jamais accept� le principe dictatorial en moi-m�me.

Il est donc probable que j'eusse chang� ce pseudonyme, si je l'eusse cru destin� � acqu�rir quelque c�l�brit�; mais jusqu'au moment o� la critique se d�cha�na contre moi � propos du roman de L�lia, je me flattai de passer inaper�ue dans la foule des lettr�s de la plus humble classe. En voyant que, bien malgr� moi, il n'en �tait plus ainsi, et qu'on attaquait violemment tout dans mon œuvre, jusqu'au nom dont elle �tait sign�e, je maintins le nom et poursuivis l'œuvre. Le contraire e�t �t� une l�chet�.

Et � pr�sent j'y tiens, � ce nom, bien que ce soit, a-t-on dit, la moiti� du nom d'un autre �crivain. Soit. Cet �crivain {Lub 140} a, je le r�p�te, assez de talent pour que quatre lettres de son nom ne g�tent aucune couverture imprim�e, et ne sonnent point mal � mon oreille dans la bouche de mes amis. C'est le hasard de la fantaisie de Delatouche qui me l'a donn�. Soit encore: je m'honore d'avoir eu ce po�te, cet ami pour parrain. Une famille dont j'avais trouv� le nom assez bon pour moi a trouv� ce nom de Dudevant (que la baronne susnomm�e essayait d'�crire avec une {CL 109} apostrophe)* trop illustre et trop agr�able pour le compromettre dans la r�publique des arts. On m'a baptis�e, obscure et insouciante, entre le manuscrit d'Indiana, qui �tait alors tout mon avenir, et un billet de mille francs qui �tait en ce moment-l� toute ma fortune. Ce fut un contrat, un nouveau mariage entre le pauvre apprenti po�te que j'�tais et l'humble muse qui m'avait consol�e dans mes peines. Dieu me garde de rien d�ranger � ce que j'ai laiss� faire � la destin�e. Qu'est-ce qu'un nom dans notre monde r�volutionn� et r�volutionnaire? Un num�ro pour ceux qui ne font rien, une enseigne ou une devise pour ceux qui travaillent ou combattent. Celui qu'on m'a donn�, je l'ai fait moi-m�me et moi seule apr�s coup, par mon labeur. Je n'ai jamais exploit� le travail d'un autre, je n'ai jamais pris, ni achet�, ni emprunt� une page, une ligne � qui que ce soit. Des sept ou huit cent mille francs que j'ai gagn�s depuis vingt ans, il ne m'est rien rest�, et aujourd'hui, comme il y a vingt ans, je vis, au jour le jour, de ce nom qui prot�ge mon travail et de ce travail dont je ne me suis pas r�serv� une obole. Je ne sens pas que personne ait un reproche � me faire, et, sans �tre fi�re de quoi que ce soit (je n'ai fait que mon devoir), ma conscience tranquille ne voit rien � changer dans le nom qui la d�signe et la personnifie.

* Elle pr�tendait que le nom primitif �tait O'Wen.

Mais avant de raconter ces choses litt�raires, j'ai encore � r�sumer diverses circonstances qui les ont pr�c�d�es.

Mon mari venait me voir � Paris. Nous ne logions point ensemble, mais il venait d�ner chez moi et il me menait au spectacle. Il me paraissait satisfait de l'arrangement qui nous rendait, sans querelles et sans questions aucunes, ind�pendants l'un de l'autre.

Il ne me sembla pas que mon retour chez moi lui f�t {CL 110} aussi agr�able. Pourtant je sus faire supporter ma {Lub 141} pr�sence en ne critiquant et ne troublant rien des arrangements pris en mon absence. Il ne s'agissait plus pour moi d'�tre chez moi, en effet. Je ne regardais plus Nohant comme une chose qui m'appart�nt. La chambre de mes enfants et ma cellule � c�t� �taient un terrain neutre o� je pouvais camper, et si beaucoup de choses me d�plaisaient ailleurs, je n'avais rien � dire et ne disais rien. Je ne pouvais m'en prendre � personne i de la d�mission que j'avais librement donn�e. Quelques amis pens�rent que j'aurais d� ne pas le faire, mais lutter contre les causes premi�res de cette r�solution. Elles avaient raison en th�orie, mais la pratique ne se met pas toujours si volontiers qu'on croit aux ordres de la th�orie. Je ne sais pas combattre pour un int�r�t purement personnel. Toutes mes facult�s et toutes mes forces peuvent se mettre au service d'un sentiment ou d'une id�e; mais quand il ne s'agit que de moi, j'abandonne la partie avec une faiblesse apparente qui n'est, en somme, que le r�sultat d'un raisonnement bien simple: puis-je remplacer pour un autre les satisfactions bonnes ou mauvaises que je lui ferais sacrifier? Si c'est oui, je suis dans mon droit; si c'est non, mon droit lui para�tra toujours inique et ne me para�tra jamais bien l�gitime � moi-m�me.

Il faut avoir pour contrarier et pers�cuter quelqu'un dans l'exercice de ses go�ts des motifs plus graves que l'exercice des siens propres. Il ne se passait alors dans ma maison rien d'apparent dont mes enfants dussent souffrir. Solange allait me suivre, Maurice vivait, en mon absence, avec Jules Boucoiran j, son bon petit pr�cepteur. Rien ne dut me faire croire que cet �tat de choses ne p�t pas durer, et il n'a pas tenu � moi qu'il ne dur�t pas.

Quand vint l'�tablissement au quai Saint-Michel avec Solange, outre que j'�prouvais le besoin de retrouver mes {CL 111} habitudes naturelles, qui sont s�dentaires, la vie g�n�rale devint bient�t si tragique et si sombre, que j'en dus ressentir le contre-coup. Le chol�ra enveloppa des premiers les quartiers qui nous entouraient. Il approcha rapidement, il monta, d'�tage en �tage, la maison que nous habitions. Il y emporta six personnes et s'arr�ta � la porte de notre mansarde, comme s'il e�t d�daign� une si ch�tive proie.

Parmi le groupe de compatriotes amis qui s'�tait form� autour de moi, aucun ne se laissa frapper de cette terreur {Lub 142} funeste qui semblait appeler le mal et qui g�n�ralement le rendait sans ressources. Nous �tions inquiets les uns pour les autres, et point pour nous-m�mes. Aussi, afin d'�viter d'inutiles angoisses, nous �tions convenus de nous rencontrer tous les jours au jardin du Luxembourg, ne f�t-ce que pour un instant, et quand l'un de nous manquait � l'appel, on courait chez lui. Pas un ne fut atteint, m�me l�g�rement. Aucun pourtant ne changea rien � son r�gime et ne se mit en garde contre la contagion.

C'�tait un horrible spectacle que ce convoi sans rel�che passant sous ma fen�tre et traversant le pont Saint-Michel. En de certains jours, les grandes voitures de d�m�nagements, dites tapissi�res, devenues les corbillards des pauvres, se succ�d�rent sans interruption, et ce qu'il y avait de plus effrayant, ce n'�tait pas ces morts entass�s p�le-m�le comme des ballots, c'�tait l'absence des parents et des amis derri�re les chars fun�bres; c'�tait les conducteurs doublant le pas, jurant et fouettant les chevaux; c'�tait les passants s'�loignant avec effroi du hideux cort�ge; c'�tait la rage des ouvriers qui croyaient � une fantastique mesure d'empoisonnement et qui levaient leurs poings ferm�s contre le ciel; c'�tait, quand ces groupes mena�ants avaient pass�, l'abattement ou l'insouciance qui rendaient toutes les physionomies irritantes ou stupides.

J'avais pens� � me sauver, � cause de ma fille; mais tout {CL 112} le monde disait que le d�placement et le voyage �taient plus dangereux que salutaires, et je me disais aussi que si l'influence pestilentielle s'�tait d�j�, � mon insu, attach�e � nous au moment du d�part, il valait mieux ne pas la porter � Nohant, o� elle n'avait pas p�n�tr� et o� elle ne p�n�tra pas.

Et puis, du reste, dans les dangers communs dont rien ne peut pr�server, on prend vite son parti. Mes amis et moi, nous nous disions que, le chol�ra s'adressant plus volontiers aux pauvres {Presse 12/6/1855 2} qu'aux riches, nous �tions parmi les plus menac�s et devions, par cons�quent accepter la chance sans nous affecter du d�sastre g�n�ral o� chacun de nous �tait pour son compte, aussi bien que ces ouvriers furieux ou d�sesp�r�s qui se croyaient l'objet d'une mal�diction particuli�re.

Au milieu de cette crise sinistre, survint le drame {Lub 143} poignant du clo�tre Saint-Merry. J'�tais au jardin du Luxembourg avec Solange, vers la fin de la journ�e. Elle jouait sur le sable, je la regardais, assise derri�re le large socle d'une statue. Je savais bien qu'une grande agitation devait gronder dans Paris; mais je ne croyais pas qu'elle d�t sit�t gagner mon quartier: absorb�e, je ne vis pas que tous les promeneurs s'�taient rapidement �coul�s. J'entendis battre la charge, et, emportant ma fille, je me vis seule de mon sexe avec elle dans cet immense jardin, tandis qu'un cordon de troupes au pas de course traversait d'une grille � l'autre. Je repris le chemin de ma mansarde, au milieu d'une grande confusion et cherchant les petites rues, pour n'�tre pas renvers�e par les flots de curieux qui, apr�s s'�tre group�s et press�s sur un point, se pr�cipitaient et s'�crasaient, emport�s par une soudaine panique. À chaque pas, on rencontrait des gens effar�s qui vous criaient: « N'avancez pas, retournez, retournez! La troupe arrive, on tire sur tout le monde. » Ce qu'il y avait jusque-l� de {CL 113} plus dangereux, c'�tait la pr�cipitation avec laquelle on fermait les boutiques au risque de briser la t�te � tous les passants. Solange se d�moralisait et commen�ait � jeter des cris d�sesp�r�s. Quand nous arriv�mes au quai, chacun fuyait en sens diff�rent. J'avan�ai toujours, voyant que le pire c'�tait de rester dehors, et j'entrai vite chez moi, sans prendre le temps de voir ce qui se passait, sans m�me avoir peur, n'ayant encore jamais vu la guerre des rues, et n'imaginant rien de ce que j'ai vu ensuite, c'est-�-dire l'ivresse qui s'empare tout d'abord du soldat et qui fait de lui, sous le coup de la surprise et de la peur, l'ennemi le plus dangereux que puissent rencontrer des gens inoffensifs dans une bagarre.

Et il ne faut pas qu'on s'en �tonne. Dans presque tous ces �v�nements d�plorables ou magnifiques dont une grande ville est le th��tre, la masse des spectateurs, et souvent celle des acteurs, ignore ce qui se passe � deux pas de l�, et court risque de s'entr'�gorger, chacun c�dant � la crainte de l'�tre. L'id�e qui a soulev� l'ouragan est souvent plus insaisissable encore que le fait, et quelle qu'elle soit, elle ne se pr�sente aux esprits incultes qu'� travers mille fictions d�lirantes. Le soldat est peuple, lui aussi; la discipline n'a pas contribu� � �clairer sa raison, qu'elle lui commanderait d'ailleurs d'abjurer k, s'il avait {Lub 144} la pr�tention de s'en servir. Ses chefs le poussent au massacre par la terreur, comme souvent les meneurs poussent le peuple � la provocation par le m�me moyen. De part et d'autre, avant qu'on ait br�l� une amorce, des r�cits horribles, des calomnies atroces ont circul�, et le fant�me du carnage a d�j� fait son fatal office dans les imaginations troubl�es.

Je ne raconterai pas l'�v�nement au milieu duquel je me trouvais. Je n'�cris que mon histoire particuli�re. Je commen�ai par ne songer qu'� tranquilliser ma pauvre {CL 114} enfant, que la peur rendait malade. J'imaginai de lui dire qu'il ne s'agissait, sur le quai, que d'une chasse aux chauves-souris comme elle l'avait vu faire sur la terrasse de Nohant � son p�re et � son oncle Hippolyte, et je parvins � la calmer et � l'endormir au bruit de la fusillade. Je mis un matelas de mon lit dans la fen�tre de sa petite chambre, pour parer � quelque balle perdue qui e�t pu l'atteindre, et je passai une partie de la nuit sur le balcon, � t�cher de saisir et de comprendre l'action � travers les t�n�bres.

On sait ce qui se passa en ce lieu. Dix-sept insurg�s s'�taient empar�s du poste du petit pont de l'H�tel-Dieu. Une colonne de garde nationale les surprit dans la nuit. « Quinze de ces malheureux, dit Louis Blanc (Histoire de dix ans) furent mis en pi�ces et jet�s dans la Seine. Deux furent atteints dans les rues voisines et �gorg�s. »

Je ne vis pas cette sc�ne atroce, envelopp�e dans les ombres de la nuit, mais j'en entendis les clameurs furieuses et les r�les formidables; puis un silence de mort s'�tendit sur la cit� endormie de fatigue apr�s les �motions de la crainte.

Des bruits plus �loign�s et plus vagues attestaient pourtant une r�sistance sur un point inconnu. Le matin on put circuler et aller chercher des aliments pour la journ�e, qui mena�ait les habitants d'un blocus � domicile. À voir l'appareil des forces d�velopp�es par le gouvernement, on ne se doutait gu�re qu'il s'agissait de r�duire une poign�e d'hommes d�cid�s � mourir.

Il est vrai qu'une nouvelle r�volution pouvait sortir de cet acte d'h�ro�sme d�sesp�r�: l'Empire pour le duc de Reichstadt et la Monarchie pour le duc de Bordeaux, aussi bien que la R�publique pour le peuple. Tous les partis avaient, comme de coutume, pr�par� l'�v�nement, {Lub 145} et ils en convoitaient le profit; mais quand il fut d�montr� que ce {CL 115} profit, c'�tait la mort sur les barricades, les partis s'�clips�rent, et le martyre de l'h�ro�sme s'accomplit � la face de Paris constern� d'une telle victoire.

La journ�e du 6 juin fut d'une solennit� effrayante vue du lieu �lev� o� j'�tais. La circulation �tait interdite, la troupe gardait tous les ponts et l'entr�e de toutes les rues adjacentes. À partir de dix heures du matin jusqu'� la fin de l'ex�cution, la longue perspective des quais d�serts prit au grand soleil l'aspect d'une ville morte, comme si le chol�ra e�t emport� le dernier habitant. Les soldats qui gardaient les issues semblaient des fant�mes frapp�s de stupeur. Immobiles et comme p�trifi�s le long des parapets, ils ne rompaient, ni par un mot ni par un mouvement, la morne physionomie de la solitude. Il n'y eut d'�tres vivants, en de certains moments du jour, que les hirondelles qui rasaient l'eau avec une rapidit� inqui�te, comme si ce calme inusit� les e�t effray�es. Il y eut des heures d'un silence farouche, que troublaient seuls les cris aigres des martinets autour des combles de Notre-Dame. Puis tout � coup les oiseaux �perdus rentr�rent au sein des vieilles tours, les soldats reprirent leurs fusils qui brillaient en faisceaux sur les ponts. Ils re�urent des ordres � voix basse. Ils s'ouvrirent pour laisser passer des bandes de cavaliers qui se crois�rent, les uns p�les de col�re, les autres bris�s et ensanglant�s. La population captive reparut aux fen�tres et sur les toits, avide de plonger du regard dans les sc�nes d'horreur qui allaient se d�rouler au del� de la Cit�. Le bruit sinistre avait commenc�. Des feux de pelotons sonnaient le glas des fun�railles � intervalles devenus r�guliers. Assise � l'entr�e du balcon, et occupant Solange dans la chambre pour l'emp�cher de regarder dehors, je pouvais compter chaque assaut et chaque r�plique. Puis le canon tonna. À voir le pont encombr� de brancards qui revenaient par la Cit� en laissant une tra�n�e {CL 116} sanglante, je pensai que l'insurrection, pour �tre si meurtri�re, �tait encore importante; mais ses coups s'affaiblirent; on aurait presque pu compter le nombre de ceux que chaque d�charge des assaillants avait emport�s. Puis le silence se fit encore une fois, la population descendit des toits dans la rue; les portiers des maisons, caricatures expressives des alarmes de la propri�t�, se cri�rent les uns aux autres d'un air de {Lub 146} triomphe: C'est fini! et les vainqueurs qui n'avaient fait que regarder repass�rent en tumulte. Le roi se promena sur les quais. La bourgeoisie et la banlieue fraternis�rent � tous les coins de rue. La troupe fut digne et s�rieuse. Elle avait cru un instant � une seconde r�volution de Juillet.

Pendant quelques jours, les abords de la place et du quai Saint-Michel conserv�rent de larges taches de sang, et la Morgue, encombr�e de cadavres dont les t�tes superpos�es faisaient devant les fen�tres comme un massif de hideuse ma�onnerie, suinta un ruisseau rouge qui s'en allait lentement sous les arches sans se m�ler aux eaux du fleuve. L'odeur �tait si f�tide, et j'avais �t� si navr�e, autant, je l'avoue, devant les pauvres soldats expirants que devant les fiers prisonniers, que je ne pus rien manger pendant quinze jours. Longtemps apr�s, je ne pouvais seulement voir de la viande; il me semblait toujours sentir cette odeur de boucherie qui avait mont� �cre et chaude � mon r�veil les 6 et 7 juin, au milieu des bouff�es tardives du printemps.

Je passai l'automne � Nohant. C'est l� que j'�crivis Valentine, le nez dans la petite armoire qui me servait de bureau et o� j'avais d�j� �crit Indiana.

L'hiver fut si froid dans ma mansarde que je reconnus l'impossibilit� d'y �crire sans br�ler plus de bois que mes finances ne me le permettaient. Delatouche quittait la sienne, qui �tait �galement sur les quais, mais au troisi�me {CL 117} seulement, et la face tourn�e au midi, sur des jardins. Elle �tait aussi plus spacieuse, confortablement arrang�e, et depuis longtemps je nourrissais le doux r�ve d'une chemin�e � la prussienne. Il me c�da son bail, et je m'installai au quai Malaquais, o� je vis bient�t arriver Maurice, que son p�re venait mettre au coll�ge. l

Me voici d�j� � l'�poque de mes premiers pas dans le monde des lettres, et, press�e d'�tablir le cadre de ma vie ext�rieure, je n'ai encore rien dit des petites tentatives que j'avais faites pour arriver � ce but. C'est donc le moment de parler des relations que j'avais nou�es et des esp�rances qui m'avaient soutenue.


Variantes

  1. 1810-1832 {CL} (cette inadvertance de l'�diteur est corrig�e dans la table des mati�res du T.3) ♦ 1819-1822 {Lub} (cette indavertance de l'�diteur est r�p�t�e dans la table des mati�res du T.1. Nous corrigeons)
  2. Chapitre vingt-septi�me {Presse}, {Lecou} ♦ Chapitre quatorzi�mc {LP} ♦ XIV {CL}
  3. rien � me dire. {Presse} ♦ rien � me r�v�ler. {Lecou} et sq.
  4. Cette note n'est pas dans {Presse}, l'appel de note pas davantage.
  5. ma�tres {CL} ♦ ma�tre {Lub}
  6. de n'avoir plus rien de sensible {Presse}, {Lecou}, {LP} ♦ de n'avoir rien de sensible {CL}
  7. s'�tant bien �coul� {Presse}, {Lecou}, {LP} ♦ s'�tait bien �coul� {CL} ♦ s'�tant bien �coul� {Lub} r�tablissant la le�on originale, nous le suivons.
  8. Le nom de George Sand me fut donc bien acquis, ♦ Le nom me fut donc bien acquis, {Lecou} et sq.
  9. Je ne pouvais me plaindre � personne {Presse} ♦ Je ne pouvais m'en prednre � personne {Lecou} et sq.
  10. Jules Boncoiran {CL} (� l'instar de {Lub} nous corrigeons cette coquille)
  11. abjurer {Presse}, {Lecou}, {LP} objurer {CL} (coquille) ♦ abjurer {Lub} (rectifiant la le�on ant�rieure, nous le suivant)
  12. venait de mettre au coll�ge {Presse}, {Lecou}, {LP} ♦ venait mettre au coll�ge {CL}

Notes