GEORGE SAND
HISTOIRE DE MA VIE

Calmann-L�vy 1876

{Presse 5/10/54 1; LP T.1 1; CL [T.1 1]; Lub [T.1 3]} PREMIÈRE PARTIE
HISTOIRE D'UNE FAMILLE, DE FONTENOY
À MARENGO
a.

{Presse 30/10/54 1 col.5; LP ?; CL [304]; Lub [253]} XI b

Suite des lettres. — La conduite. — Ehrenbreitstein. — Les bords du Rhin. — Thionville. — L'arriv�e au d�p�t. — Bienveillance des officiers. — Le fourrier professeur de belles mani�res. — La manœuvre. — Le premier grade. — Singuli�re coutume � Thionville. — Un pieux mensonge. c



LETTRE XXXIX

Lutzerath, 2 mesidor an VII (juin 1799 d).

Je suis parti de Cologne, ainsi que je te l'avais annonc�, ma bonne m�re, escort� de voitures et de {Presse 30/10/54 2} chevaux portant une bruyante et fol�tre jeunesse. Le cort�ge �tait pr�c�d� de Maulnoir et de Leroy, aide de camp du g�n�ral, et j'�tais entre eux deux, giberne et carabine au dos, mont� sur mon hongrois �quip� � la hussarde. À notre passage, les postes se mettaient sous les armes, et quiconque voyait ces plumets au vent et ces cal�ches en route ne se doutait gu�re quil s'agissait de faire la conduite � un simple soldat.

Au lieu de nous rendre � Bonn, comme nous l'avions projet�, nous quitt�mes la route et nous nous dirige�mes vers Br�hl e, ch�teau magnifique, ancienne r�sidence ordinaire de l'Électeur. Ce lieu �tait bien plus propre � la c�l�bration des adieux que la ville de Bonn. La bande joyeuse d�jeuna et fut ensuite visiter le ch�teau. C'est une imitation de Versailles. Les appartements d�labr�s ont encore de beaux plafonds peints � fresque. L'escalier, tr�s-vaste et {CL 305} tr�s-clair, est soutenu par des cariatides et orn� de bas-reliefs. Mais tout cela, malgr� sa richesse, porte l'empreinte ineffa�able du mauvais go�t allemand. Ils ne {Lub 254} peuvent pas se d�fendre, en nous copiant, de nous surcharger, et s'ils ne font que nous imiter, ils nous singent. J'errai longtemps dans ce palais avec l'officier de chasseurs, qui est, ainsi que moi, passionn� pour les arts. f

Puis nous f�mes rejoindre la soci�t� dans le parc, et, apr�s l'avoir parcouru dans tous les sens, on proposa une partie de ballon. Nous �tions sur une belle pelouse entour�e d'une futaie magnifique. Il faisait un temps admirable. Chacun, habit bas, le nez en l'air, l'œil fix� sur le ballon, s'escrimait � l'envi, lorsque les pr�paratifs du banquet arriv�rent du fond d'une sombre all�e. La partie est abandonn�e, on court, on s'empresse. Les petits p�t�s sont d�vor�s avant d'�tre pos�s sur la table. À la fin du d�ner, qui fut entrem�l� de folies et de tendresses, on me chargea de graver sur l'�corce du gros arbre qui avait ombrag� notre festin un cor de chasse et un sabre avec mon chiffre au milieu. À peine eus-je fini, qu'ils vinrent tous mettre leurs noms autour avec cette devise: « Il emporte nos regrets. » On forma un cercle autour de l'arbre, on l'arrosa de vin, et on but � la ronde dans la forme de mon schako, qu'on intitula la coupe de l'amiti�.

Comme il se faisait tard, on m'amena mon cheval, on m'embrassa avant de m'y laisser monter, on m'embrassa encore quand je fus dessus, et nous nous quitt�mes les larmes aux yeux. Je m'�loignai au grand trot, et bient�t je les eus perdus de vue g.

Me voil� donc seul, cheminant tristement sur la route de Bonn, perdant � la fois amis et ma�tresse, aussi sombre � la fin de ma journ�e que j'avais �t� brillant au commencement. D�cid�ment, cette mani�re de se quitter en s'�tourdissant est la plus douloureuse que je connaisse. On n'y {CL 306} fait point provision de courage, on chasse la r�flexion, qui vous en donnerait. On s'assied pour un banquet, image d'une association �ternelle, et tout � coup on se trouve seul et constern� comme au sortir d'un r�ve... h

En arrivant � Bonn, je trouvai un jeune homme, secr�taire d'un commissaire des guerres, que j'avais connu � Cologne. Il me mena promener le lendemain � Poppelsdorf i, autre ch�teau de l'Électeur, et aux eaux de Godesberg j. C'est un paradis terrestre. De retour � Bonn, nous visit�mes le palais que l'Électeur a b�ti {Lub 255} dans cette jolie petite ville. Les jardins sont d�licieux: des eaux limpides , des all�es d'orangers, d'o� l'on d�couvre le Rhin et les montagnes dont il baigne le pied. Ces beaux aspects ne me consol�rent pas, mais ils adoucirent l'amertume de mes pens�es. Le lendemain, pour me rendre � Coblentz, je c�toyai le Rhin, bord� dans toute cette partie de rochers mena�ants et de montagnes coup�es � pic. Plusieurs jolies �les sortent du sein des eaux comme des bouquets. La route est vari�e et offre des tableaux impr�vus � chaque pas. Ici un monast�re, l� un village, puis des troupeaux , des flottes de gros bateaux � voiles, plus loin des retranchements et des redoutes.

Arriv� � Coblentz, j'errais au hasard dans les rues, lorsque je rencontrai le fr�re du commissaire des guerres charg� du service d'Ehrenbreitstein. Belle occasion pour voir cette fameuse forteresse dont on parle tant aujourd'hui. Nous renouvel�mes connaissance, il m'emmena d�ner chez lui, et au coucher du soleil nous mont�mes au fort. Figure-toi, ma bonne m�re, P�lion entass� sur Ossa, l'ouvrage des Titans, en un mot. D'�normes rochers couverts de bastions h�riss�s de deux cents bouches � feu; des magasins de bombes et de boulets, des quartiers de pierres plac�s � toutes les pentes, et destin�s � �craser les assaillants. Sur le plateau du rocher est une cour entour�e de huit rang�es de remparts d'o� l'on d�couvre Coblentz � vol d'oiseau, et le {CL 307} Rhin comme un ruban qui entoure le rocher. Jamais cette place n'avait change de ma�tre. Nous sommes les premiers qui nous en soyons empar�s. Je me suis d�tourn� de quatre lieues pour la voir, et je n'y ai pas regret.

Tu es �tonn�e de la quantit� de gens qui me connaissent; ma foi, je le fus aussi hier soir. En traversant une de ces gorges de Hunsr�ck o� l'on descend comme dans des pr�cipices, il faisait presque nuit: l'�paisseur de la for�t augmentait l'obscurit�, lorsque, passant � c�t� d'une birouchte, je m'entendis appeler k. Je me retourne et je vois, � c�t� d'une jeune femme, un officier que j'avais rencontr� plusieurs fois au bal de Cologne. Nous voil� d'entrer en conversation et d'admirer le hasard qui nous fait faire connaissance au milieu des bals, pour nous r�unir ensuite dans ce s�jour �pouvantable, car tous les enfers de l'Op�ra ne sont rien en comparaison de ces gorges. Ce ne sont que for�ts � pic, noirs torrents {Lub 256} ou plaines arides. Enfin, apr�s nous �tre souhait� mutuellement un bon voyage, nous nous s�par�mes, et j'arrivai fort tard � un ramassis de chaumi�res appel� Kaisersech l. Oh! c'est bien l�, ma ch�re m�re, que je t'ai b�nie encore de m'avoir fait apprendre l'allemand! Je frappe � toutes les portes. Les habitants mettent le nez � leurs lucarnes; mais, � la vue de mon uniforme, ils se renferment et se barricadent en toute h�te. Ils ne nous logent que quand ils ne peuvent faire autrement, et ont peur de nous comme du diable. Quant � moi, j'aurais autant aim� coucher en plein air que dans ces baraques. Mais mon pauvre cheval, qui n'est pas encore parfaitement remis de sa maladie, �tait � moiti� mort de faim et de fatigue. J'imaginai donc de me faire passer pour un uhlan, et, gagnant l'autre extr�mit� du village, j'y annonce l'arriv�e des troupes imp�riales. Je forge des noms allemands, je parle de M. le colonel baron de Stromberg, du prince je ne sais plus qui, et un bon paysan m'ouvre sa porte et nous re�oit, {CL 308} mon cheval et moi, avec beaucoup de respect. Il se sera d�tromp� ensuite si bon lui semble, c'est son affaire. Je suis parti � la pointe du jour. Je t'�cris de Lutzerath, je serai demain � Tr�ves, Je verrai dans peu le g�n�ral Harville. Il doit venir � Thionville passer sa revue. Il m'a fait les adieux les plus aimables, m'a indiqu� o� je devais lui �crire, et m'a promis d'�crire pour moi au quartier-ma�tre et au commandant du d�p�t. Adieu m, ma bonne m�re, je t'embrasse, et je me remets en route.

LETTRE XL

Thionville, 14 messidor an VII (juillet 1799 n).

Bah! ma bonne m�re, cesse donc, une fois pour toutes, de t'alarmer, car me voil� heureux, ici comme partout; les choses s'arrangent toujours � souhait pour moi. En entrant dans la ville, je commence par tomber dans la boutique d'un perruquier, mon cheval � la porte, moi dans l'int�rieur. Comme � l'ordinaire, je ne me fais pas le moindre mal. Je me ramasse plus vite que mon cheval. Je regarde cet �v�nement comme d'un bon augure, et je remonte sur ma b�te, qui n'avait pas de mal non plus.

{Lub 257} J'arrive au quartier. Je vais trouver le quartier-ma�tre Boursier, qui me re�oit et m'embrasse avec sa gaiet� et sa franchise ordinaires. Il me dit que les lettres du g�n�ral ne sont pas encore arriv�es, mais que je suis bien bon pour me pr�senter et me recommander moi-m�me, et il me m�ne chez le commandant du d�p�t, nomm� Dupr�. C'est un officier de l'ancien r�gime, qui ressemble � notre ami M. de La Domini�re o. Je lui dis qui je suis, d'o� je viens. Il m'embrasse aussi! il m'invite � souper, il m'autorise � ne point aller coucher au quartier, et me dit qu'il esp�re que je {CL 309} vivrai avec les officiers. En effet, je d�ne tous les jours avec lui et avec eux, p � une table q qui nous co�te trente-six francs r par mois. Mon logement m'en co�te quinze; ce n'est pas cher et j'y suis tr�s-bien. À mon grade pr�s, je suis comme un officier. Ils sont tous tr�s-aimables, et celui qui commande la manœuvre est tr�s-bon pour moi; j'ai manœuvr� hier pour la premi�re fois, et il m'a fait beaucoup de compliments. Je ne m'�tais jamais trouv� au centre d'un escadron, et je t'assure que ce n'est pas tendre. J'�tais au premier rang, et lorsqu'on se forme en avant, en bataille, les deux ailes se rapprochant, vous �tes press� de droite et de gauche de la force de cinquante chevaux. Nous recommen�ons demain. Les os et les muscles se font � cela, et je suis bien aise de m'y faire tout de suite.

Je s passe mes journ�es chez le quartier-ma�tre, et je t'�cris de son bureau. Nous avons � notre table un autre jeune homme de la conscription, simple chasseur comme moi. Il est d'une des premi�res familles de Li�ge et joue du violon comme Gu�nin ou Mestrino. En outre, il est aimable et spirituel, et le commandant l'aime beaucoup, car il joue lui-m�me de la fl�te, adore la musique, et fait grand cas des talents et de la bonne �ducation. Voil�, je crois, la distinction qui survivra toujours � la chute des privil�ges justement abolis; et l'�galit� r�v�e par nos philosophes ne sera possible que lorsque tous les hommes auront re�u une culture qui pourra les rendre agr�ables et sociables les uns pour les autres. Tu t'effrayais de me voir soldat, pensant que je serais forc� de vivre avec des gens grossiers. D'abord, figure-toi qu'il n'y a pas tant de gens grossiers qu'on le pense, que c'est une affaire de temp�rament, et que l'�ducation ne la d�truit pas toujours chez ceux qui sont n�s rudes et d�sobligeants. Je {Lub 258} pense m�me que le vernis de la politesse donne � ces caract�res-l� les moyens d'�tre encore plus blessants que ne le sont ceux {CL 310} qui ont pour excuse l'absence totale d'�ducation. Ainsi j'aimerais mieux vivre avec certains conscrits sortant de la charrue qu'avec M. de Caulaincourt, et je pr�t�re beaucoup le ton de nos paysans du Berry � celui de certains grands barons allemands. La sottise est partout choquante, et la bonhomie, au contraire, se fait tout pardonner. Je conviens que je ne saurais me plaire longtemps avec les gens sans culture; l'absence d'id�es chez les autres provoque chez moi, je le sens, un besoin d'id�es qui me ferait faire une maladie. Sous ce rapport, tu m'as g�t�, et si je n'avais eu la ressource de la musique qui me jette dans une ivresse � tout oublier, il y a certaines soci�t�s in�vitables o� je p�rirais d'ennui. Mais, pour en revenir � ton chagrin, tu vois qu'il n'est pas fond�, et que partout o� je me trouve je rencontre des personnes aimables qui me font f�te et qui vivent avec ton soldat sur le pied de l'�galit�. Le titre de petit-fils du mar�chal de Saxe, dont j'�vite de me pr�valoir, mais sous lequel je suis annonc� et recommand� partout, est certainement en ma faveur et m'ouvre le chemin: mais il m'impose aussi une responsabilit�, et si j'�tais un malotru ou un impertinent, ma naissance, loin de me sauver, me condamnerait et me ferait ha�r davantage. C'est donc par nous-m�mes que nous valons quelque chose, ou, pour mieux dire, par les principes que l'�ducation nous a donn�s; et si je vaux quelque chose, si j'inspire quelque sympathie, c'est parce que tu t'es donn� beaucoup de peine, ma bonne m�re, pour que je fusse digne de toi.

Ajoute � cela mon �toile qui me pousse vers les gens aimables, car le r�giment de Schomberg-dragons, qui est maintenant ici, ne ressemble en rien au n�tre. Les officiers y ont beaucoup de morgue et tiennent � distance les jeunes gens sans grade, quelque bien �lev�s qu'ils soient. Chez nous, c'est tout le contraire, nos officiers sont comp�res et compagnons avec nous quand nous leur plaisons. {CL 311} Ils nous prennent sous le bras et viennent boire de la bi�re avec nous; et nous n'en sommes que plus soumis et plus respectueux quand ils sont dans leurs fonctions et nous dans les n�tres t.

Du reste, il y a un des officiers de Schomberg-dragons {Lub 259} auquel le g�n�ral m'a particuli�rement recommand� et qui fait exception. C'est M. Favet, quartier-ma�tre. Le g�n�ral m'a dit de le regarder comme un autre lui-m�me et de lui demander de m'avancer de l'argent quand j'en aurais besoin. Ce M. Favet, n'ayant pas encore re�u la lettre du g�n�ral, m'a accueilli au mieux sur parole, m'a pr�sent� � sa femme, qui est charmante, et m'a men� � la campagne chez son p�re.

Je ne sais qui diable a pu me donner ici la r�putation d'�tre riche: ce matin mon h�te voulait m'emprunter dix louis, et M. Dupr� voulait me vendre un cheval. Le fait est que je ne poss�de pourtant qu'un seul louis. Je suis arriv� avec deux, et le premier est d�j� pass� dans l'estomac de mon fourrier et de mon mar�chal des logis, car il �tait indispensable de faire connaissance avec eux par un r�gal splendide. Aussi m'aiment-ils jusqu'� l'adoration, ce qui m'est fort commode. Ils ont ou� dire que j'�tais prot�g� par le g�n�ral, et ils me demandent ma protection aupr�s de lui. Ils m'apportent leurs �tats de service, et j'ai beau leur dire que je voudrais bien avoir de l'avancement pour moi-m�me, ils s'obstinent � croire que je peux leur en faire obtenir et que je ne suis soldat que pour mon plaisir particulier.

Ils sont u pour moi aux petits soins et me choient comme si j'�tais leur sup�rieur; ce qui est lout le contraire. Ils ont le droit de me commander et de me mettre � la salle de police, et pourtant ce sont eux qui me servent comme s'ils �taient mes palefreniers. À la manœuvre, j'ai toujours le meilleur {CL 312} cheval, je le trouve tout sell�, tout brid�, tenu en main par ces braves gens, qui, pour un peu, me tiendraient l'�trier. Quand la manoeuvre est finie, ils m'�tent mon cheval des mains et ne veulent plus que je m'en occupe. Avec cela ils sont si dr�les que je ris avec eux comme un bossu. Mon fourrier surtout est un homme � principes d'�ducation, et il fait le Deschartres avec ses conscrits; ce sont de bons petits paysans qu'il veut absolument former aux belles mani�res. Il ne leur permet pas de jouer au palet avec des pierres, parce que cela sent trop le village. Il s'occupe aussi de leur langage. Hier il en vint un pour lui annoncer que les chevaux �tiont tretous sell�s. « Comment! v lui dit-il d'un air indign�, ne vous ai-je pas dit cent fois qu'il ne fallait pas dire tretous? On dit tout simplement: Mon fourrier, {Lub 260} vl� qu' c'est pr�t. Au reste, je m'y en vas moi-m�me. » Et le voil� parti apr�s cette belle le�on. w

Je voudrais bien que tu fusses en route par ce beau temps. Il fait ici une chaleur �touffante, mais je ne m'en plains pas. J'ai eu si froid cet hiver qu'il me semble que je ne suis pas encore bien d�gel�. Sur quoi le p�re Deschartres aura-t-il mont� pour faire le voyage de N�ris? Je ne pense pas qu'il ait choisi un �ne? Parle-moi bien de Nohant, bonne m�re. Tout ce qui ne m'y int�ressait pas quand j'y �tais a du prix maintenant, puisque tu t'en occupes et y trouves du plaisir. Je t'embrasse de toute mon �me.

LETTRE XLI

Thionville, 16 messidor (juillet 1799 x).

Me voil� lanc� dans le monde de Thionville, comme je l'�tais � Cologne, ma bonne m�re. Hardy, le jeune conscrit {CL 313} virtuose dont je t'ai parl� dans ma derni�re lettre, a fait son d�but avec moi dans un concert que notre commandant a organis� pour chaque semaine, et qui a lieu chez un capitaine du g�nie, mari� et domicili� dans la ville. Nous avons �t� couverts d'applaudissements. Le commandant nous a pr�sent�s dans une autre maison, o� nous avons fait une collation exorbitante. Il y avait de tr�s-jolies femmes, et on a jou� aux petits jeux. Le commandant, qui est plein d'esprit et de malice sous un air grave et froid, y a dit les choses les plus dr�les, et, me prenant � partie, apr�s que je lui eus tenu t�te assez plaisamment, il m'en adressa de si flatteuses et de si amicales que j'en fus vraiment touch�. Le g�n�ral a �crit pour dire qu'on me nomm�t brigadier s'il y avait un poste vacant, et en effet il s'en trouve un, celui qui l'occupait �tant r�form� pour infirmit�s. J'attends ma nomination y au premier jour, et, en l'attendant, je me mets le plus vite z au fait de la th�orie des d�tails et je vais tous les matins � la manœuvre. Le commandant a ordonn� qu'on me m�t sur le flanc � la place du brigadier, afin de m'habituer � �tre pivot et aile marchante. Ce n'est pas difficile, et l'exercice que tu m'as fait apprendre dans mon enfance me sert beaucoup pour manier ma {Lub 261} carabine � cheval avec facilit�. Mon fourrier, que j'empiffre assez r�guli�rement, m'aime � la folie. Il m'appelle mon chasseur, comme il dirait mon g�n�ral, et � l'escadron il a soin de m'avertir tout bas de ce que j'ai � faire. Enfin je vais �tre bient�t au courant de mes fonctions, et je porterai mes galons sur la manche. C'est � Beurnonville que je dois mon avancement; car le g�n�ral Harville, excellent homme d'ailleurs, ne sait se d�cider � rien s'il n'est excit� � chaque instant. Beurnonville lui avait m�me �crit de me faire mar�chal des logis, mais il para�t que cela n'�tait pas possible. Il m'a �crit une lettre charmante, � laquelle je vais r�pondre aujourd'hui. {CL 314} C'est pourquoi je te quitte, ma bonne m�re, en t'embrassant de toute mon �me.

LETTRE XLII aa

Thioncille, 20 messidor an VII (juillet 1799 ab).

Si j'avais su lire, dit Montauciel, il y a dix ans que je serais brigadier. Moi qui sais lire et �crire, me voil�, ma bonne m�re, exer�ant mes fonctions apr�s �t� avoir promu � ce grade �clatant par les ordres du g�n�ral, et � la t�te de ma compagnie, qui, align�e et le sabre en main, a re�u injonction de m'ob�ir en tout ce que je lui commanderais. Depuis ce jour fameux, je porte deux galons en chevrons sur les manches. Je suis chef d'escouade, c'est-�-dire de vingt-quatre hommes, et inspecteur g�n�ral de leur tenue et de leur coiffure. En revanche, je n'ai plus un moment � moi. Depuis six heures du matin jusqu'� neuf heures du soir, je n'ai pas le temps d'�ternuer. ac À six heures, le pansement jusqu'� sept heures et demie. À huit heures, la manœuvre jusqu'� onze heures et demie. À midi, l'on d�ne. À deux heures, on enseigne aux conscrits � seller et � brider. À trois heures, le pansement jusqu'� quatre heures et demie. À cinq heures la manœuvre � pied jusqu'� sept heures et demie. À huit heures, on soupe. À neuf heures le dernier appel. À dix heures, on se couche tr�s-fatigu�, et le lendemain on recommence ad. Par-dessus le march�, je suis de d�cade, c'est-�-dire qu'il me faut aller au magasin d�s quatre heures du matin pour faire distribuer l'avoine aux {Lub 262} chevaux et le pain aux hommes. Enfin, depuis neuf jours que j'ai l'honneur d'�tre brigadier, je n'ai pas eu un seul instant pour t'�crire. Heureusement voil� ma d�cade qui finit, et je ne serai plus si �cras�. J'ai �t� � Metz, � la t�te de six chasseurs, {CL 315} conduire des conscrits qui s'�taient cach�s pour se soustraire � leur sort. Je m'applaudissais d'avoir donn� t�te baiss�e dans le mien et d'�tre sur un bon cheval, donnant des ordres au lieu de me faire tra�ner par les oreilles. Mais ces pauvre diables � pied, dans la poussi�re, par une chaleur affreuse, me faisaient peine. Nous les conduisions devant nous comme un troupeau de moutons, et ils �taient si tristes! Je leur ai rendu le trajet le moins dur possible, en les menant au petit pas et en les laissant s'arr�ter quand ils �taient fatigu�s.

Je ne te dirai rien de Metz; les fortifications sont superbes, tu les connais. Mais ce que tu ne connais pas, c'est l'amour que les habitants ont pour nous. Mes chasseurs �taient log�s dans une grande et belle maison. Pendant qu'ils mangeaient leur pain et leur viande du magasin, ils demand�rent � boire. On leur apporta un seau d'eau au milieu de la chambre, et on ne voulut pas leur donner un vase quelconque pour y puiser. C'�tait les traiter comme des animaux. Le plus ancien des chasseurs prit le seau et le jeta au nez du cuisinier de la maison, qui l'avait apport� et qui n'en perdit pas une goutte. J'arrivai au milieu du tapage. Le cuisinier vocif�rait et me porta sa plainte, mais, les deux parties entendues, je lui donnai tort pour sa grossi�ret� et l'engageai � garder son eau ou � changer de v�tements.

Il para�t que le g�n�ral se compromettrait en me donnant un plus rapide avancement, et, malgr� les instances de Beurnonville, il a eu bien de la peine � me faire ae nommer brigadier. Il a �crit au commandant Dupr� de lui en faire la demande, et il m'a �crit af � moi que c'est sur cette demande qu'il m'a nomm�. Qu'il veuille faire croire aux autres que ce n'est pas lui qui m'avance, � la bonne heure; mais qu'il veuille me le persuader � moi-m�me, quand je tiens la lettre de Beurnonville qui me l'annonce, {CL 316} c'est un peu fort. N'importe, je suis brigadier. Mais tu vois que ce n'est pas encore si facile de faire le premier pas. La trompette sonne, adieu bien vite, ma bonne m�re. Ici on n'attend personne.

{Lub 263}LETTRE XLIII

Thionville, 25 thermidor (ao�t 1799 ag).

Je crois, ma bonne m�re, que je ne l'ai rien dit de la ch�tive ville de Thionville. Les fortifications sont tr�s-belles et tr�s-savantes. L'int�rieur de la ville est assez bien b�ti: mais c'est d'un petit! On fait le tour des remparts en sept minutes. La soci�t� s'assemble tous les dimanches chez un M. Guiot, parent du commandant. C'est ce qu'on appelle ici, comme � La Ch�tre, la premi�re soci�t�. On y voit quatre ou cinq femmes assez jolies, force vieilles bavardes, trois ou quatre vieux d�biteurs de nouvelles, et deux jeunes gens � tournure provinciale, qui, depuis le jour de leur naissance, ne sont pas sortis des murs de leur cit�. Je leur conte des b�tises et des extravagances qu'ils avalent de tout leur cœur.

Il y a ici une coutume fort bizarre. Lorsqu'il meurt dans une famille un gar�on ou une fille au-dessous de seize ans, comme partout ailleurs on l'enterre; mais ici c'est en riant. Puis on assemble tous les amis et parents, on leur donne un grand d�ner o� l'on boit tant qu'on peut. C'est bien comme cela chez nos paysans du Berry, mais ce repas apr�s l'enterrement s'explique par la n�cessit� de faire manger ceux qui viennent de loin, et a quelque chose de patriarcal. Ici la coutume a quelque chose de sauvage; on est gai, il faut l'�tre, et apr�s le repas on danse toute la nuit; je ne l'aurais pas cru si je ne l'avais vu de mes {CL 317} deux yeux hier. C'�tait dans la famille d'un cordonnier. Il y a eu bal et autant de bruit et de gaiet� que pour une noce.

Les officiers de la garnison ont donn� derni�rement un bal fort joli auquel j'ai �t� invit� par �crit. Comme j'y ai fait quelques entrechats et gambades, je passe ici pour un Vestris, et j'ai donn� du pied apparemment dans l'œil d'une tr�s-jolie dame que je lorgnais d�j� depuis quelque temps et qui ne faisait point attention � moi. J'ai ouvert aupr�s d'elle la tranch�e durant ce bal, � la faveur de l'estime que mes rigodons m'avaient acquise. Malheureusement je n'ai pas un instant de loisir pour faire l'agr�able, je suis toujours apr�s mes chevaux et mes soldats. Le peu de libert� qui me reste, je l'emploie {Lub 264} � �tudier la th�orie des manœuvres et � apprendre les commandements, afin de ne pas faire des b�vues ah quand j'ai un peloton � commander. Penser � autre chose ne vaudrait pas le diable, et, par nature, je ne suis que trop distrait. L'autre jour, par exemple, on me dit d'aller me placer � la droite de l'escadron, je ne sais quel diable j'avais dans l'esprit, je vais directement me placer � la gauche. Heureusement l'officier �tait occup� de son c�t�, ou distrait pour son compte, je m'aper�us avant lui de ma sottise, et j'eus le temps de la r�parer.

Mon grade de brigadier m'exempte de panser mon cheval, mais je n'y gagne rien pour mes loisirs, car il faut plus de temps pour faire ex�cuter les ordres des officiers et veiller � ce que les choses soient faites en conscience que si on les faisait soi-m�me. Je suis �merveill� de la peine que l'homme a � apprendre les choses les plus simples. Il me semble pourtant qu'on devrait se faire vite � celles qu'on est forc� d'apprendre. La discipline est tr�s-s�v�re, et malgr� la douceur de nos officiers, la subordination est parfaite. L'esprit de corps est excellent. On d�teste les bavards et les faiseurs de motions. Le service se {CL 318} fait avec ob�issance, promptitude et respect. Sous les armes, nous sommes maintenant comme des Prussiens. À propos des Prussiens, sais-tu qu'il n'y a pas de caporal Schlag qui ait une plus belle queue que la mienne? J'en ai port� longtemps une fausse, attiach�e avec de fausses nattes; mais mes cheveux ont repouss�, et aujourd'hui ma queue m'appartient. Je porte toujours les cheveux coup�s par-dessus l'oreille, poudr�s � blanc, la queue � deux pouces de la t�te; agraf�, boutonn� comme un porte-manteau, et la canne � la main, c'est un des attributs et avantages d� ma charge. Qui m'e�t dit, il y a un an, que je serais un caporal Schlag? Il y a un an j'�tais pr�s de toi, ma bonne m�re, il y a presque un an que nous sommes s�par�s! À cette �poque, je chantais ton nom, je faisais des vers et des vœux pour ta f�te. Je les ferai tous les jours de ma vie, ces vœux pour ton bonheur, et je les r�aliserai en revenant pr�s de ai toi plus digne de ta tendresse que je ne l'�tais quand je me laissais g�ter comme un grand enfant. Notre aj s�paration est douloureuse, mais je me devais � moi-m�me de faire quelques efforts pour sortir de cette vie de d�lices o� mon insouciance et un peu de paresse naturelle {Lub 265} m'auraient rendu �go�ste. Tu m'aimais tant que tu ne t'en serais peut-�tre pas aper�ue. Tu aurais cru, en me voyant accepter le bonheur que tu me donnais, que ton bonheur � toi �tait mon ouvrage, et j'aurais �t� ingrat sans m'en douter et sans m'en apercevoir. Il a fallu que je fusse arrach� � ma nullit� par des circonslances ext�rieures et imp�rieuses. Il y a eu dans tout cela un peu de la destin�e. Cette fatalit�, qui brise les �mes faibles et craintives, est le salut de ceux qui l'acceptent. Christine de Su�de avait pris pour devise: Fata viam inveniunt. « Les destins guident ma route. » Moi j'aime encore mieux l'oracle de Rabelais: Ducunt volentem fata, nolentem trahunt. « Les destins conduisent ceux qui veulent, et tra�nent ceux qui{CL 319} r�sistent. » Tu verras que cette carri�re est la mienne. Dans une r�volution, ce sont les sabres ak qui tranchent les difficult�s, et nous voil� aux prises avec l'ennemi pour d�fendre les conqu�tes philosophiques; nos sabres auront raison. Voltaire et Rousseau, tes amis, ma bonne m�re, ont besoin maintenant de nos lames; qui e�t dit � mon p�re, lorsqu'il causait avec Jean-Jacques, qu'il aurait un jour un fils qui ne serait ni fermier g�n�ral, ni receveur des finances, ni riche, ni bel esprit, ni m�me tr�s-philosophe, mais qui, de gr� autant que de force, serait soldat d'une R�publique, et que cette R�publique serait la France? C'est ainsi que les id�es deviennent des faits et m�nent plus loin qu'on ne pense.

Adieu, ma bonne m�re; sur ces belles r�flexions, je m'en vais faire donner l'avoine et enlever ce qui en r�sulte al.

LETTRE XLIV

Thionville, 13 fructidor an VII (septembre 1799 am).

Toujours � Thionville, ma bonne m�re; depuis quatre heures du matin jusqu'� huit heures du soir dans les exercices � pied et � cheval, et figurant comme serre-file dans les uns et dans les autres, en ma qualit� de brigadier. Je rentre, le soir, exc�d�, n'ayant pu donner un seul instant aux muses, aux jeux et aux ris. Je manque les plus jolies parties, je n�glige les plus jolies femmes, je ne fais m�me presque plus de musique. Je suis brigadier � la lettre, je me plonge dans la tactique, et je suis p�trifi� {Lub 265} de me voir devenu un mod�le d'exactitude et d'activit�. Et le plus dr�le de l'affaire, c'est que j'y prends go�t et ne regrette rien de ma vie facile et libre. an J'ai l'espoir, d'apr�s {CL 320} les promesses de Beurnonville, de passer bient�t mar�chal des logis. Ces pour le coup que je serai d�cid�ment M. J'ordonne. Il est impossible d'�tre plus aimable que Beurnonville. Il m'a �crit deux fois depuis que je suis ici, il a �crit pour moi au chef de brigade et au commandant Dupr�. Il ne se fait pas faire de demandes par les autres pour m'avancer, et ne c aint pas de se compromettre, lui. Je ne doute pas que le g�n�ral Harville ne me veuille du bien, mais c'est un paralytique quand il s'agit de se mettre en avant pour quoi que ce soit. Je ne sais si la Terreur et les prisons ont fait sur lui une impression f�cheuse, mais on dirait qu'en toute occasion, il veut se faire oublier du gouvernement et passer inaper�u. J'ai appris aujourd'hui que mon r�giment n'�tait plus sous son inspection. Il �tablira son quartier g�n�ral � Strasbourg. Dans ce moment il doit �tre � Paris, et je ne sais plus trop o� lui �crire. Tes lettres, � toi, lui ont tourn� la t�te, et il m'a pris dans un tel amour, que s'il avait pu me mettre dans un bocal pour me conserver, il n'y aurait pas manqu�. Mais il ne devrait pas pousser sa sollicitude jusqu'� m'emp�cher de poursuivre ma carri�re. Que ao tu es bonne de t'occuper ainsi de la Petite Maison! Ah! si toutes les m�res te ressemblaient, un fils ingrat serait un monstre imaginaire!

J'ai re�u l'argent, j'ai pay� toutes mes d�penses. Je suis au niveau de mes affaires, c'est-�-dire que je suis sans le sou, mais je ne dois plus rien � personne. Ne m'en envoie pas avant la fin du mois. J'ai de tout � cr�dit ici, et je ne manque de rien. Adieu, ma bonne m�re, je t'aime de toute mon �me, je t'embrasse comme je t'aime. Mes amiti�s � p�re Descharlres et � ma bonne.


{CL 321} La lettre qu'on vient de lire et qui porte la date de Thionville fut �crite de Colmar. Cette date est un pieux mensonge que va expliquer la lettre suivante ap 1. Le mouvement d'humeur contre le g�n�ral d'Harville sera expliqu� aussi. Si le lecteur s'int�resse � cette correspondance, je ne veux pas g�ter sa surprise en racontant ce qui se passa dans l'esprit du jeune brigadier durant cette quinzaine. aq


Variantes

  1. Les titres de parties n'apparaissent qu'avec {CL}.
  2. 2e vol. chap. 5 {Ms}CHAPITRE ONZIÈME {Presse} qui reprend ici., {Lecou}, {LP} ♦ XI {CL}
  3. Dans {Presse}, l'argument de ce chapitre ne comprend pas: Ehrenbreitstein. - Les bords du Rhin. - La manœuvre. - Singuli�re Coutume � Thionville. Les autres articles sont soulign�s en rouge dans {Ms}.
  4. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  5. Brull toutes les �ditions jusqu'� {CL} ♦ Br�hl {Lub} qui donne l'orthographe exacte et que nous suivons
  6. moi, [plus ray�] passionn� pour les arts [que pour les bataille ray�] {Ms}
  7. je les perdis de vue {Ms}, {Presse} ♦ je les eus perdus de vue {Lecou} et sq.
  8. Interruption de {Presse}
  9. Poppeldorf toutes les �ditions jusqu'� {CL} ♦ Poppelsdorf {Lub} qui donne l'orthographe exacte et que nous suivons
  10. Gottesberg toutes les �ditions jusqu'� {CL} ♦ Godesberg {Lub} qui donne l'orthographe exacte et que nous suivons
  11. je m'entends appeler {Ms} ♦ je m'entendis appeler {Lecou} et sq.
  12. Kaiserlich toutes les �ditions jusqu'� {CL} ♦ Kaisersech {Lub} qui donne l'orthographe exacte et que nous suivons
  13. Reprise de {Presse}.
  14. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  15. de le Domini�re {CL} ♦ de La Domini�re {Lub} que nous suivons
  16. Interruption de {Presse}: avec eux. ♦ avec eux, {Lecou} et sq.
  17. � une tabl�e {Ms} ♦ � une table {Lecou} et sq.
  18. trente-six livres {Ms} ♦ trente-six francs {Lecou} et sq.
  19. Reprise de {Presse}
  20. Interruption de {Presse}
  21. Ils sont {Ms}Mon brigadier et mon mar�chal des logis sont {Presse} qui reprend ici; sans rayer Ils, George Sand avait ajout� ces mots � l'encre rouge dans {Ms}: Mon brigadier et mon mar�chal des logis, afin d'assurer le raccord dans {Presse}{Lecou}, {LP}, {CL} comme {Presse}, conservant donc ces mots inutiles au lieu du Ils ♦ Ils sont {Lub} qui restitue la le�on originale de {Ms} et que nous suivons
  22. {CL} ne place pas ici le guillemet ouvert mais apr�s "tout simplement:"; Nous suivons {Lub}
  23. Interruption de {Presse}
  24. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  25. J'attends donc ma nomination {Ms}, {Lecou}, {LP} ♦ J'attends ma nomination {CL}
  26. je me mets au plus vite {Ms}, {Lecou}, {LP} ♦ Je me mets le plus vite {CL}{Lub} restitue la le�on originale, nous le suivons.
  27. Reprise de {Presse}
  28. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  29. Interruption de {Presse}
  30. Importante lacune de {Ms} � partir d'ici.
  31. � se d�cider � me faire {Lecou}, {LP} ♦ � me faire {CL}
  32. et il m'�crit {Lecou}, {LP} ♦ et il m'a �crit {CL} (L'autographe de Maurice Dupin porte: et me dit � moi.)
  33. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  34. pas faire de b�vues {Lecou}, {LP} ♦ pas faire des bevues {CL}
  35. Reprise de {Ms}
  36. Reprise de {Presse} qui greffe cette fin de lettre sur la lettre XLII.
  37. ce sont toujours les sabres {Ms}, {Presse}, {Lecou} ♦ ce sont les sabres {LP} et sq.
  38. enlever ce qui en r�sulte {Ms}, {Presse} ♦ enlever ce qui en resulte {Lecou} et sq.
  39. 1799 {CL} ♦ 99 {Lub}
  40. Interruption de {Presse}
  41. Reprise de {Presse}
  42. la lettre suivante: Interruption de {Presse}
  43. Un collage parait indiquer une suite de {Ms} qui a disparu.

Notes

  1. {Presse} (La suite � jeudi.), ce sera en fait le samedi 4 novembre et non le 2.