L’ombre des Frères Musulmans plane-t-elle sur la République ?
Un récent rapport de 76 pages sur les Frères Musulmans, discuté au Conseil de défense, a suscité des débats animés sur l’influence de l’islam politique en France. Ce document, qui analyse l’histoire, les stratégies et l’implantation de la confrérie, met en lumière des dynamiques préoccupantes, notamment au niveau local. Il est crucial de distinguer les musulmans pratiquants, qui vivent leur foi dans le respect des lois républicaines, des individus ou groupes influencés par l’idéologie politique des Frères Musulmans, qui promeuvent un agenda spécifique. Cette distinction est essentielle pour éviter tout amalgame et mener une réflexion objective. En tant que blogueur, je propose ici une synthèse critique de ce rapport, avec un parti pris assumé, tout en invitant à une discussion nuancée sur un sujet complexe et sensible.
Islam : Religion pratiquée par plus d’un milliard de fidèles, majoritairement sunnites, avec une minorité chiite. Elle peut être vécue de façon strictement spirituelle et apolitique.
Islamisme : Idéologie politique qui cherche à imposer une vision religieuse de la société, souvent par le biais de la charia. Il peut être légaliste, militant ou radical.
Salafisme : Courant sunnite ultra-conservateur. Il se décline en tendances quiétiste (non-violente), politique (engagée) ou djihadiste (violente). Tous les salafistes ne sont pas violents,
Une histoire mouvementée
Fondée en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna, la confrérie des Frères Musulmans ambitionne de gouverner tous les aspects de la vie musulmane à travers un État islamique régi par la charia. Après l’assassinat d’Al-Banna en 1949, des figures comme Sayyid Qutb ont radicalisé l’idéologie, prônant des tactiques plus agressives. Réprimée dans de nombreux pays arabes après le Printemps arabe, la confrérie s’est tournée vers l’Europe, où elle opère depuis les années 1950 via un réseau d’organisations.
Stratégies européennes : Secret, dissimulation et victimisation
Le rapport identifie trois caractéristiques majeures de l’implantation des Frères Musulmans en Europe :
- Culte du secret : La confrérie fonctionne comme une société secrète, avec une structure pyramidale, des rites d’initiation et un processus de recrutement rigoureux. Les candidats sont repérés, évalués et validés par des décideurs locaux et nationaux avant de prêter serment (Rapport, p. 41).
- Double discours : Contrairement à d’autres courants islamistes, les Frères Musulmans adoptent un discours modéré en public tout en poursuivant leur objectif d’instaurer la charia. Chakib Ben Makhlouf, ancien président d’une organisation frériste, est cité : « Le cadre juridique européen permet de présenter le modèle d’un musulman décent, considéré comme un bon modèle pour propager l’islam de manière positive sans attirer l’attention sur le fait que nous islamisons l’Occident » (Rapport, p. 41).
- Instrumentalisation de l’islamophobie : Le rapport dénonce l’utilisation du concept d’islamophobie comme un « concept piégé » pour se poser en victime et gagner des soutiens, notamment auprès de groupes progressistes (Rapport, p. 41).
Ces stratégies permettent à la confrérie d’opérer discrètement tout en étendant son influence.
Une présence significative en France
En France, l’organisation « Musulmans de France », anciennement Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), est le principal relais des Frères Musulmans. Classée comme groupe terroriste par les Émirats arabes unis, elle gère 139 lieux de culte et en influence 68 autres, soit 7 % des 2 800 mosquées recensées en France. Environ 10 % des nouveaux lieux de culte ouverts entre 2010 et 2020 lui sont affiliés. Le rapport estime le nombre de membres actifs entre 400 et 1 000 individus, mais leur influence s’étend à travers 280 associations, 114 écoles coraniques accueillant 66 050 élèves, et 21 écoles confessionnelles avec 4 200 élèves (Rapport, pp. 41, 44, 53).
D’autres structures incluent l’Institut Européen des Sciences Humaines près de Château-Chinon et le Forum of European Muslim Youth and Student Organisations (FEMYSO), qui forme de futurs leaders et a reçu des financements d’institutions européennes comme la Commission européenne et le Conseil de l’Europe (Rapport, p. 41).
Statistique | Détail |
---|---|
Lieux de culte affiliés | 139 directement, 68 proches |
Fréquentation hebdomadaire | ~91 000 fidèles le vendredi |
Écoles confessionnelles | 21 écoles, 4 200 élèves |
Écoles coraniques | 114 écoles, 66 050 élèves |
Associations | 280 liées au mouvement |
Budget Musulmans de France | ~500 000 €/an |
Influence politique : Un risque au niveau local
Le rapport met en garde contre une influence croissante au niveau municipal, où les Frères Musulmans mobilisent des électeurs, négocient des mesures communautaires et s’intègrent dans des positions clés. Le document note : « L’influence des islamistes laisse présager, quand ce n’est pas déjà le cas, le passage d’une gestion électorale de la communauté à l’incorporation d’islamistes à des positions importantes » (Rapport, p. 51). En Belgique, cinq communes de la région bruxelloise, comme Saint-Josse et Molenbeek, sont décrites comme des « territoires confisqués » sous contrôle islamiste, un scénario que la France pourrait suivre (Rapport, pp. 34-36).
Objectifs idéologiques et radicalisation
Les Frères Musulmans visent à faire de l’islam une religion hégémonique, traduite politiquement par la charia, qu’ils appellent « l’islam du juste milieu ». Plus inquiétant, le rapport note une « salafisation » croissante de leur discours en Europe, adoptant des doctrines plus radicales pour attirer les jeunes et lever des fonds en Arabie Saoudite (Rapport, p. 41).
Le rôle de l’ISESCO
L’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO) complète ce tableau avec sa « Stratégie de l’action islamique culturelle à l’extérieur du monde islamique », adoptée en 2000. Cette stratégie vise à renforcer l’identité islamique des communautés musulmanes en Occident via des conseils locaux pour la culture et l’éducation, chargés de coordonner mosquées, écoles et associations. Bien que distincte des Frères Musulmans, cette initiative partage des objectifs similaires de promotion culturelle et éducative (ISESCO Stratégie, 2009).
Réponses internationales
Les Émirats arabes unis ont classé les Frères Musulmans comme organisation terroriste, menant une lutte diplomatique et financière contre leur influence. En Europe, l’Autriche a créé un think-tank financé par l’État pour étudier l’islam politique, un modèle comparable au travail de @CERIFrerisme (Rapport, p. 41). La question reste ouverte : ces approches seront-elles plus efficaces que la répression émiratie ?
Conclusion
Le rapport sur les Frères Musulmans révèle une organisation qui, sous couvert de modération, s’implante en France avec des stratégies sophistiquées pour promouvoir un islam politique incompatible avec la laïcité et les valeurs républicaines. Comme l’a souligné l’historien Georges Bensoussan, « L’islamisme prospère là où la République recule, non par force, mais par abdication ». Les tentatives passées de dialogue et de compromis ont trop souvent conduit à des concessions coûteuses, tant sur le plan financier que démocratique, démographique et sociétal, laissant la voie libre à une influence insidieuse dans les mosquées, les écoles et les municipalités.
Face à ce projet de société qui menace les fondements de la démocratie, la France doit adopter une approche ferme et ciblée : dissolution d’associations promouvant des discours contraires à la République, renforcement des pouvoirs des préfets pour contrôler les organisations suspectes, audits systématiques des financements étrangers pour couper les flux opaques, et interdiction de prêches incitant à des pratiques illégales. Ces mesures, appliquées avec une précision chirurgicale, doivent protéger la cohésion nationale tout en évitant tout amalgame avec les musulmans pratiquants respectueux des lois républicaines.
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