La fabrication du consentement européen à l’ère du choc permanent

Gouverner sans convaincre. Telle est la devise implicite des élites européennes, qu’il s’agisse d’Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Friedrich Merz, Keir Starmer ou Ursula von der Leyen. Leur pouvoir ne repose pas sur un charisme éclatant ou une vision mobilisatrice, mais sur une mécanique sophistiquée de contrôle des esprits et des résistances. Cette fabrique du consentement s’articule autour de trois piliers, orchestrés pour maintenir les peuples dans un état de soumission passive, loin de toute adhésion véritable.

La sidération comme méthode de gouvernement

La peur est une arme. Pandémie, inflation, guerre, crise climatique, intelligence artificielle, terrorisme : les chocs se succèdent, écrasant la capacité des citoyens à réfléchir. Prenez la gestion du COVID-19 en 2020-2021 : des confinements imposés du jour au lendemain, des injonctions contradictoires, des chiffres alarmants diffusés en boucle. Les gouvernements, soutenus par des médias unanimes, ont transformé l’incertitude en panique organisée, rendant toute critique suspecte. L’esprit sidéré ne débat plus, il obéit. La succession ininterrompue de crises – réelles ou amplifiées – devient une politique publique, où l’urgence dispense de délibération. Les citoyens, submergés, se résignent face à des décisions qu’on leur présente comme inévitables.

Le récit contre le réel

Le monde est complexe ? Simplifions-le. Les récits binaires envahissent l’espace public : démocratie contre barbarie, inclusion contre haine, Europe contre Russie. La guerre en Ukraine illustre cette mécanique. Dès 2022, le conflit a été réduit à une fable morale : l’Occident vertueux face à un ennemi absolu. Les nuances – intérêts géopolitiques, responsabilités partagées, conséquences économiques – sont balayées par une vague d’émotion savamment orchestrée. La presse, les ONG, les réseaux sociaux amplifient ce storytelling, où douter équivaut à trahir. La réalité, avec ses contradictions, disparaît sous un vernis de slogans. La morale remplace l’analyse, et la pensée critique devient une faute.

La neutralisation des contre-pouvoirs

Plus besoin de censurer : il suffit de marginaliser. Les contre-pouvoirs, garants d’une démocratie vivante, sont systématiquement désamorcés. La presse, alignée, relaie le discours officiel sans questionner. La justice, sélective, cible les dissidents tout en protégeant les puissants. Prenez l’exemple de Julian Assange : poursuivi, emprisonné, diabolisé pour avoir révélé des vérités dérangeantes, tandis que les crimes qu’il dénonçait restent impunis. Les oppositions politiques, domestiquées, se contentent de postures inoffensives. Les experts, triés pour leur conformisme, monopolisent les tribunes. La dissidence n’est plus interdite ; elle est rendue inaudible, reléguée aux marges, étiquetée comme extrémiste ou complotiste. Le système ne combat pas ses adversaires : il les noie dans l’indifférence.

L’Union européenne : une technocratie hors sol

Si les États membres déploient ces mécaniques, l’Union européenne en est le laboratoire par excellence. La Commission européenne, sous la houlette d’Ursula von der Leyen, incarne cette gouvernance technocratique, où les décisions – du Pacte vert aux sanctions économiques – sont prises loin des citoyens, dans l’opacité des cabinets bruxellois. La Banque centrale européenne, avec ses politiques monétaires, impose des choix qui échappent à tout contrôle démocratique. Le Parlement européen, censé représenter les peuples, se réduit trop souvent à une chambre d’enregistrement, validant des directives sans débat véritable. Cette machine bureaucratique ne cherche pas à convaincre : elle administre, elle ordonne, elle standardise, au nom d’une vision unilatérale de l’« intérêt européen ».

Un murmure qui gronde

Les peuples ne sont pas dupes. Ils sentent l’écart entre les promesses du récit officiel et la réalité de leur quotidien : précarité, insécurité, perte de souveraineté. Mais asphyxiés par la sidération, étouffés par des récits binaires, privés de contre-pouvoirs, ils peinent à formuler leur colère. Leur critique reste un murmure, un vote contestataire, une défiance silencieuse. Ce système, pourtant, est fragile. Le consentement qu’il produit n’est pas une conviction, mais une résignation. Et dans les failles de cette machinerie, des voix émergent, prêtes à briser le silence. La question n’est pas de savoir si les peuples se révolteront, mais quand – et à quel prix.


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