Euro numérique : le cheval de Troie américain de notre servitude
La Banque centrale européenne (BCE) nous vend l’euro numérique comme une révolution : une monnaie moderne, sûre, taillée pour l’ère digitale. Balivernes ! Derrière ce vernis technologique se tapit une menace bien plus sombre. Loin de dynamiser notre économie, cette monnaie numérique de banque centrale (MNBC) risque de pulvériser l’égalité monétaire, socle de notre système libéral, pour servir des États financièrement aux abois. Je dis non, haut et fort, et voici pourquoi.
Une monnaie pour l’État, pas pour le marché
Oubliez l’idée d’un euro numérique au service du commerce ou de l’innovation. Avec des plafonds fixés par la BCE – probablement entre 3 000 et 4 000 euros par personne –, cette monnaie ne sera jamais un outil pour les entreprises ou les grosses transactions. À quoi sert-elle, alors ? À devenir le joujou des gouvernements en quête de liquidités. Dans une zone euro où les dettes publiques dépassent les 100 % du PIB, l’euro numérique est une tentation trop belle : une planche à billets digitale pour financer aides sociales, subventions ou « revenus universels » sans passer par les marchés ou les banques.
Ce n’est pas de la science-fiction. Imaginez un État, sous prétexte de crise, distribuant cet argent numérique directement aux citoyens. Adieu l’égalité monétaire, où individus, entreprises et institutions jouent avec les mêmes règles. On crée une monnaie à deux vitesses : une pour les « petits », dopée à la redistribution, et une autre pour les « gros », reléguée aux circuits classiques. L’économie de marché, fondée sur la liberté et la concurrence, s’efface au profit d’un système administré, avec la BCE comme marionnettiste.
Une explosion monétaire en vue
L’ampleur de ce délire est vertigineuse. Prenons un scénario plausible : 340 millions d’habitants dans la zone euro, un plafond de 3 000 euros par compte. Cela fait 1 020 milliards d’euros injectés d’un claquement de doigts. Ajoutez des programmes sociaux ambitieux – une aide de 1 000 euros par personne en cas de crise, par exemple – et vous voilà avec 500 à 1 000 milliards d’euros supplémentaires dès les premières années. Face aux 10 000 milliards de la masse monétaire M1 actuelle, c’est une bombe : 5 à 10 % de monnaie nouvelle, concentrée sur les ménages, sans les garde-fous habituels de la création monétaire.
Le résultat ? Une inflation galopante, des banques commerciales asphyxiées – privées de leur rôle d’intermédiaires – et une économie déstabilisée par des flux dictés par la politique. L’euro numérique n’est pas un outil de stabilité : c’est un accélérateur de chaos.
Un casse-tête insoluble pour la BCE
Comment la BCE compte-t-elle marier cette monnaie parallèle à l’euro classique ? C’est un mystère. Si l’euro numérique est convertible à parité, les citoyens pourraient déserter les banques privées pour se ruer sur cette monnaie « sûre », vidant les dépôts et déclenchant une crise bancaire. Si la convertibilité est restreinte ou inexistante, on crée un apartheid monétaire : un euro « premium » garanti par la BCE et un euro de seconde zone dans les circuits privés. Dans les deux cas, l’unité monétaire, si précieuse à la zone euro, part en fumée.
La BCE pourrait bidouiller une intégration progressive, en limitant l’euro numérique à des usages spécifiques – aides ciblées, paiements publics. Mais cela ne ferait que confirmer son rôle de monnaie socialisante, au détriment de la neutralité économique. Confier sa distribution aux banques ? Cela trahirait l’essence même d’une MNBC : court-circuiter les intermédiaires. Ce mariage forcé est voué à l’échec.
Un danger pour nos libertés
Au fond, l’euro numérique n’est pas qu’une aberration technique. C’est une bascule philosophique. Voulons-nous d’une monnaie qui donne à la BCE et aux États un pouvoir illimité pour manipuler l’économie, en piétinant les dynamiques du marché ? Pour moi, c’est un non catégorique. L’égalité monétaire n’est pas négociable : elle garantit que la richesse circule selon des règles impartiales, pas selon les caprices d’un planificateur central. Les aides sociales ont leur place, mais elles doivent être financées honnêtement – par des impôts ou des emprunts –, pas par une monnaie magique qui déséquilibre tout.
Ce n’est pas la première fois que je tire la sonnette d’alarme. Dans un précédent billet “L’euro numérique : un piège à refuser d’urgence”, j’exposais comment les États-Unis, via leur Genius Act, poussent l’Europe à accélérer ce piège numérique pour contrer l’hégémonie des stablecoins en dollars. Mais le danger ne vient pas seulement de l’extérieur : l’euro numérique menace de fracturer notre système économique de l’intérieur, en sapant l’égalité monétaire et en ouvrant la voie à un contrôle étatique renforcé. Pour creuser ce sujet, je vous invite aussi à regarder la vidéo « Le piège de l’euro numérique : pourquoi personne ne voit le cataclysme venir » sur YouTube, où un analyste décortique avec brio les risques d’un tel dispositif.
L’euro numérique n’est pas une modernisation, c’est un cheval de Troie. Sous couvert d’innovation, il pourrait transformer nos économies libérales en systèmes dirigistes. Comme le disait Friedrich Hayek : « rien ne rend une société plus vulnérable à l’autoritarisme que de confier à l’État le contrôle exclusif de la monnaie ».
Refusons cet euro numérique, avant qu’il ne soit trop tard : aujourd’hui promesse d’innovation, demain cage dorée, après-demain prison.