Les “économistes” de pacotille : révélations et mise au point sur leurs erreurs
Il est temps de remettre les pendules à l’heure face à ces économistes universitaires qui, diplômes en poche, occupent radios et plateaux télé en diffusant un économisme souvent faux et caricatural. Cet article apporte des précisions essentielles pour réfuter leurs affirmations douteuses et simplistes.
Le rôle des banques dans le financement des États
Contrairement à ce que certains prétendent, les banques ne prêtent pas directement aux États. Leur rôle se limite principalement à gérer l’adjudication des obligations sur les marchés et à en assurer l’animation (« market making »). Les véritables prêteurs sont des investisseurs institutionnels tels que les assureurs, les fonds de pension ou encore les gestionnaires d’actifs.
Cependant, il est vrai que les banques souscrivent parfois elles-mêmes à des obligations d’État pour les revendre sur les marchés secondaires. Ce rôle, bien qu’essentiel, est souvent mal compris ou déformé dans les discours publics.
Les particuliers et l’accès aux OAT
Les Obligations Assimilables du Trésor (OAT) sont un produit financier accessible aux particuliers, même si, dans la réalité, le marché de ces obligations est principalement dominé par les investisseurs institutionnels tels que les banques, les assurances et les fonds de pension. Il est donc erroné de prétendre que les particuliers n’ont aucun accès à ces instruments financiers. En effet, bien que la majorité des volumes échangés soient réalisés par des acteurs institutionnels, les particuliers peuvent tout de même acquérir des OAT par le biais d’intermédiaires financiers.
Ces intermédiaires, tels que les courtiers, les banques ou les plateformes de trading en ligne, permettent aux investisseurs particuliers d’accéder à ces titres. Ils offrent souvent des conditions adaptées aux profils d’investisseur, ce qui facilite l’investissement, même pour ceux qui ne sont pas des professionnels du marché financier. De plus, certaines OAT sont proposées directement lors des émissions publiques par l’État, offrant ainsi aux particuliers une voie d’accès directe à ces produits financiers.
En somme, l’idée selon laquelle les OAT seraient réservées exclusivement aux professionnels est une fausse idée reçue. Il existe bien des opportunités d’investissement pour les particuliers, même si les investisseurs institutionnels restent majoritaires sur ce marché.
La loi de 1973 : une loi mal interprétée
La loi n°73-7 du 3 janvier 1973, souvent surnommée à tort « loi Rothschild », est un sujet récurrent de confusion et de malentendus dans le débat public. Contrairement à l’idée largement répandue, cette loi n’interdit pas à l’État d’emprunter auprès de la Banque de France. En réalité, elle formalise des pratiques déjà en vigueur à l’époque, visant à éviter le financement direct de l’État par la création monétaire. L’objectif principal de cette mesure était de lutter contre l’inflation, un phénomène préoccupant pour l’économie de l’époque, en imposant des restrictions sur les mécanismes de financement monétaire.
En interdisant à l’État de se financer directement auprès de la Banque de France, la loi cherchait à promouvoir une discipline budgétaire plus stricte et à renforcer l’indépendance de la Banque de France vis-à-vis du pouvoir politique. Réduire l’ensemble du problème de la dette publique à cette loi est donc une simplification abusive, qui occulte les nombreuses autres causes structurelles de l’endettement public, telles que les choix politiques de dépenses, les évolutions démographiques ou les crises économiques.
La dette publique : problème de gestion, pas de recettes
La dette publique n’est pas « illégitime », comme certains aiment le dire. Une grande partie de cette dette finance des transferts sociaux, les retraites et d’autres missions d’intérêt général.
Pourtant, malgré une pression fiscale par habitant qui a été multipliée par trois depuis 1980 (ajustée à l’inflation), le déficit persiste. Le problème réside dans la mauvaise gestion des dépenses publiques, et non dans un manque de recettes. Comment l’État français peut-il faire moins bien aujourd’hui qu’il y a quarante ans avec trois fois plus de recettes fiscales par habitant ? Cette question mérite des réponses claires de la part des économistes.
Subventions aux entreprises publiques : une vérité à rétablir
Une majorité des subventions de l’État — environ 84 % selon certaines estimations — est allouée aux entreprises publiques, parmi lesquelles la SNCF et La Poste occupent une place prépondérante. Ces montants considérables sont principalement destinés à soutenir des missions de service public essentielles, comme le transport ferroviaire ou la distribution du courrier, qui sont jugées indispensables au bon fonctionnement de l’économie et de la société. Toutefois, ces subventions, bien qu’elles visent à financer des services d’intérêt général, pèsent de manière significative sur le budget de l’État et contribuent à l’augmentation de la dette publique. Si ces entreprises bénéficient de ces fonds pour garantir l’accessibilité de leurs services, la question du financement durable et de l’efficacité de leur gestion reste souvent soulevée.
Il est également important de souligner que, bien que ces entreprises disposent d’un statut juridique particulier en tant qu’entités publiques ou semi-publiques, elles restent sous le contrôle direct ou indirect de l’État. Les décisions stratégiques majeures, comme les réorganisations ou les investissements, sont prises en fonction des priorités politiques du gouvernement en place. Cela signifie que, malgré leur autonomie apparente, ces entreprises dépendent largement des orientations politiques, ce qui peut influencer leur gestion économique et leurs besoins en subventions. En somme, même si la SNCF et La Poste ont une mission de service public à remplir, les enjeux financiers liés à leur financement restent un sujet délicat et crucial pour les finances publiques.
Les grandes fortunes et les accusations infondées
Contrairement à certaines accusations et à l’idée reçue selon laquelle des personnalités comme Bernard Arnault ou François Pinault utiliseraient des sociétés écrans, il convient de rappeler que leurs structures financières sont parfaitement transparentes. Les holdings qu’ils dirigent, comme LVMH et Kering, sont des entités bien établies, cotées en bourse et soumises à des régulations strictes. Ces structures, qui détiennent des participations dans de nombreuses entreprises, sont pleinement visibles, régulées et leurs activités régulièrement rapportées aux actionnaires ainsi qu’aux autorités financières.
Il est également crucial de comprendre que les dividendes générés par ces holdings ne constituent pas des revenus personnels tant qu’ils ne sont pas redistribués sous forme de rémunérations individuelles. Ces montants, tant qu’ils demeurent au sein des sociétés, relèvent exclusivement des finances de l’entreprise et non de celles des actionnaires. Les traiter comme des revenus personnels dans des analyses fiscales ou critiques médiatiques revient à ignorer la réalité des mécanismes financiers en place, ce qui peut être trompeur.
Les critiques formulées à l’encontre de ces grandes figures économiques en matière de fiscalité personnelle gagneraient à être replacées dans leur juste contexte. La distinction entre les flux financiers internes aux entreprises et ceux qui relèvent de la rémunération personnelle est essentielle pour éviter toute confusion entre revenus d’entreprise et revenus individuels.
Le salaire réel : une donnée essentielle trop souvent ignorée
Les cotisations sociales, qu’elles soient qualifiées de « salariales » ou de « patronales », sont en réalité toutes prélevées sur le salaire, dans le sens où elles viennent s’ajouter à ce qu’un employeur doit réellement dépenser pour rémunérer son salarié. Les cotisations dites « salariales » sont directement déduites du salaire brut, tandis que celles dites « patronales » sont payées par l’employeur, mais elles viennent augmenter le coût total pour l’entreprise. Cette distinction est importante, car elle montre que, au-delà du salaire brut versé au salarié, le véritable coût pour l’employeur (appelé salaire réel ou salaire super-brut) est bien plus élevé. Le salaire brut ne représente donc qu’une partie de la rémunération totale d’un salarié.
Ignorer cet aspect fondamental dans les analyses économiques conduit à des erreurs importantes. En effet, le salaire brut est souvent celui qui est mis en avant dans de nombreuses études, mais il ne reflète pas la réalité économique de l’entreprise ni du salarié. La différence entre le salaire brut et le salaire réel peut être significative, et elle est essentielle pour comprendre les véritables charges que représente l’emploi. En d’autres termes, une analyse basée uniquement sur le salaire brut occulte une partie du coût pour l’employeur, ce qui peut mener à des conclusions erronées concernant la compétitivité des salaires ou les politiques fiscales.
Un exemple flagrant de cette approche réductrice est la manière dont certains économistes, comme Thomas Piketty, présentent leurs travaux. En se concentrant exclusivement sur le salaire brut, ses analyses ne prennent pas en compte la charge totale pesant sur les entreprises, ni les impacts réels sur l’emploi ou la redistribution des richesses. Cette approche, bien que utile dans certains contextes, reste incomplète et biaisée, car elle ne rend pas compte de l’ensemble du système de financement des salaires, incluant les cotisations sociales, qui sont au cœur du financement de notre protection sociale.
Les effets de seuil : freins au travail
Il est essentiel de prendre en compte l’impact des effets de seuil dans le système fiscal et social. Ces seuils sont des limites au-delà desquelles un individu perd certains avantages sociaux ou se retrouve soumis à des taux d’imposition plus élevés. Par exemple, une personne qui augmente son revenu en travaillant plus ou en acceptant une promotion peut se retrouver dans une tranche d’imposition plus élevée, ce qui réduira la rentabilité nette de cet effort supplémentaire. De plus, certaines allocations sociales sont progressivement supprimées dès qu’un certain seuil de revenus est atteint. Ce phénomène crée une situation où l’augmentation du revenu n’apporte pas une amélioration significative du pouvoir d’achat, voire le réduit, ce qui peut dissuader les individus de maximiser leur temps de travail.
Cet effet de seuil peut avoir des conséquences importantes sur les comportements des travailleurs. En effet, face à la perspective de perdre une partie de leurs allocations ou de payer davantage d’impôts, certains préfèrent ne pas travailler davantage ou rester dans des emplois à faible rémunération. Cela peut contribuer à maintenir certains individus dans une situation de travail à temps partiel ou dans des emplois sous-qualifiés, car l’incitation à améliorer ses revenus est réduite. En somme, au lieu d’encourager les individus à augmenter leur niveau d’activité professionnelle, ces effets de seuil ont souvent l’effet inverse, en limitant les incitations à l’effort supplémentaire.
De plus, cet effet est particulièrement visible dans certaines tranches de revenus où l’augmentation du salaire brut entraîne une perte disproportionnée d’avantages sociaux, comme les aides au logement, les allocations familiales ou les prestations de santé. Ainsi, le système fiscal et social peut paradoxalement pénaliser ceux qui cherchent à améliorer leur situation, en rendant l’effort supplémentaire financièrement moins avantageux. Ces effets peuvent créer des inégalités invisibles, où les personnes les plus motivées à améliorer leur sort sont justement celles qui en sont empêchées par le système.
Réhabiliter une économie fondée sur les faits
Face à l’invasion incessante de discours simplistes et de contre-vérités, souvent véhiculées par des économistes médiatiques plus soucieux de leur notoriété que de la rigueur intellectuelle, il est grand temps de remettre un peu de bon sens au centre des débats. Ces soi-disant experts, toujours prêts à distiller des idées toutes faites et des affirmations sans fondement, ne font que nourrir des fantasmes et brouiller les cartes pour le grand public.
Cet article, loin de prétendre détenir la vérité absolue, se veut avant tout une invitation à dépasser les clichés et à remettre en question ces vérités immuables qui, en réalité, ne reposent que sur des présupposés erronés. Car, en fin de compte, à quoi bon s’enfermer dans des discours convenus quand des faits solides et une analyse approfondie sont là pour remettre les pendules à l’heure ?
Alors, au lieu de se laisser aveuglément emporter par les sirènes des médias, pourquoi ne pas prendre un moment pour réexaminer les choses sous un autre angle ? Après tout, rien ne vaut une bonne dose de vérité bien fondée pour renvoyer ces fausses certitudes et ces pseudo-vérités là où elles méritent d’être : dans les oubliettes de la pensée paresseuse.
« La vérité est ce qui reste quand on a cessé de croire aux mensonges qu’on nous a racontés. »
— Jean Rostand, Écrivain français
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