Duralex : le verre trempé, l’entreprise cassée

Il y a quelques mois, j’écrivais une ode à Duralex, célébrant ses verres Picardie, ces icônes indestructibles du Made in France. Mais si le verre résiste aux chocs, l’entreprise, elle, est un zombie industriel titubant de perfusion publique en perfusion publique, attendant l’inévitable coup de grâce.

La chute d’un mythe

Duralex, c’est l’histoire d’un verre qui survit à tout, mais d’une entreprise qui s’effondre sans l’argent des contribuables. Redressement judiciaire en 2005, rachat par des Turcs en 2008, mariage bancal avec Pyrex en 2021, et maintenant, depuis novembre 2024, une SCOP portée par des salariés en baroud d’honneur. À chaque fois, le même refrain : “On sauve Duralex !” Traduction : on jette des millions pour une marque qui ne sait plus être rentable. La concurrence chinoise inonde le marché avec des verres à 0,50 € l’unité, contre 2 € pour un Picardie made in Loir-et-Cher, où l’électricité coûte 30 % de plus qu’en Chine. Résultat ? Les importations chinoises représentent 70 % du marché du verre en France. Nostalgie, quand tu nous tiens…

Et ne croyez pas que Duralex est un cas isolé. Prenez Air France, notre “fleuron” aérien, qui survit sous perfusion publique depuis des décennies. Des milliards injectés pendant la pandémie, et toujours une dette colossale. Pendant ce temps, les Allemands ont taillé dans le vif chez Lufthansa, et les Néerlandais ont restructuré KLM sans pitié. Nous ? On préfère l’assistanat chronique, et dans dix ans, Air France quémandera encore une rallonge. Du petit verre au géant national, la France chérit ses zombies.

La France, reine des zombies économiques

Duralex et Air France ne sont que des symptômes. La France raffole de ses entreprises zombies, qu’on refuse de laisser mourir par peur de froisser le “patrimoine” ou les syndicats. Petroplus ? Sauvé en 2012 avec des millions publics, fermé en 2013. SeaFrance ? Perfusions européennes et françaises, liquidée en 2012. Dexia ? Des milliards engloutis après 2008, démantelée en 2012. Le Crédit Immobilier de France ? Bailout en 2012, liquidation en 2013. C’est un film d’horreur où l’État joue les médecins fous, injectant des sérums miracles qui ne font que retarder l’inévitable.

Le Covid a aggravé la farce. Les aides massives – PGE, chômage partiel – ont transformé des milliers d’entreprises en morts-vivants. Dès que la perfusion s’est arrêtée en 2023, l’effet domino n’a pas tardé : 66 000 faillites en 2024, un record. Camaïeu, San Marina, et combien d’autres ? Des coquilles vides maintenues en vie artificiellement, jusqu’à ce que la réalité les rattrape.

Le prix de l’illusion

Pourquoi ça foire ? Parce que les perfusions publiques, c’est comme mettre un pansement sur une jambe gangrénée. Ça ne traite pas la cause : coûts trop élevés, manque d’innovation, marchés saturés. Duralex, avec son usine en Loir-et-Cher, c’est du savoir-faire, d’accord, mais c’est aussi une structure incapable de rivaliser avec des usines chinoises qui crachent des verres à la chaîne pour une fraction du prix. Au lieu de pousser une restructuration radicale – genre, des verres éco-conçus ou une conquête des marchés étrangers – on préfère jouer les héros en sauvant des emplois… pour six mois. Et qui paie ? Vous, moi, le contribuable, pendant que les élus se pavanent en sauveurs du patrimoine.

Un verre à moitié vide

La SCOP Duralex, c’est un baroud d’honneur. Mais sans un virage à 180 degrés – innovation, export, ou adossement à un mastodonte –, Duralex deviendra un futur cas d’école, rangé entre Petroplus et SeaFrance dans la rubrique “échecs français”. Les verres Picardie trôneront peut-être encore dans nos placards, mais l’entreprise ? Elle risque de rejoindre le cimetière des illusions industrielles françaises, là où reposent les rêves d’une économie qui refuse de regarder la réalité en face.

Alors, levez votre verre Duralex – tant qu’il en reste – et buvez à la santé des entreprises qui savent se battre sans béquilles publiques. Parce que, franchement, un verre incassable, c’est génial, mais une entreprise sous perfusion éternelle, c’est juste pathétique.


Écrivez quelques éclats d'âme...

Dans l'ombre vacillante d'une chandelle, où les murmures du vent se mêlent aux secrets d'un vieux parchemin, je vous invite à tisser une toile de mots. Écrivez quelques éclats d'âme – rêve, étoile, abîme, étreinte, brume – et laissez-les danser sur la page, comme des lucioles dans une nuit d'encre. Que diriez-vous de les entrelacer dans une phrase, un souffle, une histoire ?

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