Docker, Kubernetes, GitHub : révolution ou mascarade tech ?
Trois pages HTML, 800 pods : bienvenue dans l’enfer de la sur-ingénierie
Dans un monde technologique en ébullition, Docker, Kubernetes et GitHub (ou GitLab) sont célébrés comme des piliers du développement logiciel. Scalabilité, automatisation, collaboration fluide : les promesses sont alléchantes. Mais ces outils sont-ils une révolution ou une mode passagère, dopée par un mimétisme tech effréné ? Regard critique sur leur vraie valeur et leurs pièges.
L’illusion de la nouveauté
Ces technologies n’inventent rien : elles affinent des concepts vieux de plusieurs décennies.
- Conteneurisation : Docker (2013) simplifie l’isolation des applications, un principe né avec
chroot
(1979) et affiné par FreeBSD Jails. - Orchestration : Kubernetes (2014) modernise Borg, le système interne de Google, et les clusters HPC des années 90.
- Contrôle de version : GitHub et GitLab ont dynamisé Git (2005) avec des plateformes collaboratives, pull requests et CI/CD, là où CVS ou Subversion restaient austères.
Loin d’être figées, ces technologies se réinventent pour un monde connecté, dominé par le cloud et les microservices.
Quand ces outils brillent
Dans des contextes complexes, ils sont inégalés. Netflix, par exemple, s’appuie sur Kubernetes pour orchestrer ses microservices face à des millions d’utilisateurs. « Kubernetes est une boîte de Lego : puissant, mais seulement si vous savez construire », résume Kelsey Hightower. Cette flexibilité explique pourquoi 83 % des entreprises utilisaient Kubernetes en production en 2023, selon la CNCF.
- Docker : Élimine les incohérences entre environnements.
- Kubernetes : Automatise scalabilité et résilience.
- GitHub/GitLab : Fluidifie collaboration et déploiements.
Sur-ingénierie : l’élégance contre-productive
Mal utilisées, ces technologies deviennent des fardeaux. Bien des équipes adoptent Kubernetes non par nécessité, mais par un FOMO technologique absurde – l’envie de cocher la case « moderne » sur leur CV tech. Prenons Buffer, une startup de gestion de réseaux sociaux : en 2018, elle a tenté Kubernetes pour son appli à trafic modeste, mais a vite fait marche arrière vers AWS ECS, jugé plus simple et moins chronophage. De même, Segment a abandonné Kubernetes après des mois à jongler avec ses complexités, optant pour une solution maison plus adaptée à ses besoins. Des pipelines CI/CD surdimensionnés sur GitHub ou GitLab, pour des projets modestes, gaspillent aussi du temps là où un script simple suffirait. Pour servir quelques pages HTML, un VPS avec Nginx ou un hébergement mutualisé reste souvent l’option la plus pragmatique.
Tendances actuelles
Ces outils ne stagnent pas :
- Adoption massive : Fiserv a migré vers Kubernetes pour accélérer ses déploiements.
- GitOps : Git comme source unique pour les déploiements séduit par sa simplicité.
- Infrastructure as Code : Terraform facilite la gestion multi-cloud.
Adopter ou rester prudent ?
Avant de plonger, interrogez-vous :
- Échelle : Visez-vous des millions d’utilisateurs ou une petite audience ?
- Simplicité : Un serveur Nginx avec systemd suffit-il ?
- Compétences : Votre équipe maîtrise-t-elle la complexité ?
Kubernetes pour trois pages HTML, c’est comme utiliser un marteau-pilon pour écraser une noix. La simplicité l’emporte souvent sur l’éclat.
Conclusion
Docker, Kubernetes et GitHub/GitLab affinent des idées anciennes pour le cloud et la scalabilité. Puissants dans les bons contextes, ils deviennent grotesques quand adoptés par pur mimétisme. Le vrai DevOps ne se mesure pas au nombre de YAML dans votre repo, mais à la pertinence de vos choix.