L’ARCOM : dérive d’une autorité indépendante vers une dictature culturelle ?

Dans un contexte où le gouvernement français traque chaque euro pour équilibrer ses comptes, une question brûle les lèvres : l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) est-elle encore légitime ? Avec un budget annuel frôlant les 50 millions d’euros, cette institution, censée garantir la pluralité et la liberté des médias, semble au contraire s’enliser dans une bureaucratie coûteuse et inefficace. Pire, elle contribue à un rétrécissement inquiétant de la diversité des idées, comme en témoigne la récente suppression de C8, première chaîne de la TNT en termes d’audience. Cette décision, loin d’être anodine, marque un virage vers une forme de dictature culturelle, où la moralisation des contenus et le formatage médiatique deviennent la norme. Face à ce constat, il est temps de questionner la raison d’être de l’ARCOM et d’envisager sa dissolution.

Une création aux intentions louables…

L’ARCOM est née en 2022 de la fusion du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) et d’HADOPI (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet). L’objectif était ambitieux : moderniser la régulation des médias pour répondre aux défis de l’ère numérique. En regroupant sous une même entité la supervision de l’audiovisuel traditionnel (télévision, radio) et des plateformes numériques (protection des droits d’auteur, lutte contre la désinformation, régulation des contenus en ligne), l’ARCOM se voulait garante d’un équilibre délicat : préserver la liberté d’expression tout en protégeant les publics et en soutenant la création culturelle française. Sur le papier, l’idée était séduisante : une autorité unifiée, capable de naviguer dans un paysage médiatique bouleversé par la montée des plateformes comme YouTube ou Netflix, tout en défendant les valeurs démocratiques et la diversité des voix. Cette ambition semblait répondre à un besoin réel, dans une société où les frontières entre médias traditionnels et numériques s’estompent.

… mais un dévoiement préoccupant

Malgré son statut d’autorité indépendante, l’ARCOM donne aujourd’hui le sentiment d’être alignée sur des objectifs politiques, ce qui interroge sa véritable autonomie. La suppression de C8 de la TNT, chaîne leader en audience, est un symptôme alarmant de cette dérive. Que l’on soit ou non en accord avec les éditorialistes de C8, souvent clivants, la question n’est pas tant celle du contenu que de la liberté d’exister. Priver une chaîne populaire de son accès au public, sous prétexte de réguler des propos jugés excessifs, revient à museler une voix qui, qu’on l’apprécie ou non, représente une sensibilité partagée par des millions de Français. Cette décision n’est pas seulement une aberration économique – pourquoi saborder une chaîne rentable ? – elle est surtout un scandale démocratique. Elle suggère une volonté de contrôler le paysage médiatique et d’imposer une vision monolithique de ce qui est « acceptable ».

Cette dérive s’accompagne d’une moralisation croissante des contenus. Sous couvert de protéger les publics, l’ARCOM semble s’ériger en arbitre du bon goût et de la pensée correcte. Si la régulation de contenus extrêmes, comme l’incitation à la haine, est légitime, son application apparaît sélective. Pourquoi cibler une chaîne comme C8, dont les débordements, s’ils existent, ne sont pas systématiques, tout en laissant prospérer des discours uniformisés sur d’autres médias ? Cette approche à géométrie variable nourrit le soupçon d’une censure déguisée, où les voix dissonantes sont davantage dans le viseur que les monopoles idéologiques. En 2025, l’ARCOM nous ramène à une époque que l’on croyait révolue : celle de l’ORTF, où les médias étaient les porte-voix d’un pouvoir centralisé, formatant les esprits sous couvert d’intérêt général.

Une institution au service des grands groupes

Loin de promouvoir le pluralisme, l’ARCOM semble favoriser la concentration des médias entre les mains de quelques grands groupes. Sa gestion des fréquences TNT, FM et DAB+ illustre ce biais. Prenons l’exemple du DAB+, la radio numérique censée enrichir l’offre radiophonique. En théorie, cette technologie devait permettre l’émergence de nouvelles voix, notamment locales ou associatives. Pourtant, l’ARCOM adopte une logique inverse : pour maintenir en vie des radios DAB+ en difficulté financière, incapables de générer suffisamment de recettes publicitaires pour couvrir leurs coûts (multiplexage, diffusion, charges), elle leur attribue des fréquences FM. Ces fréquences, rares et précieuses, sont souvent convoitées par des projets locaux, comme Radio Zinzine, une webradio associative basée dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui milite depuis des décennies pour une fréquence FM afin de toucher un public rural. Malgré son ancrage territorial et son projet culturel unique, Radio Zinzine s’est vu refuser cet accès, au profit de groupes nationaux déjà bien installés.

Ce favoritisme envers les mastodontes médiatiques est une trahison des principes d’équité et de diversité. Alors que des porteurs de projets indépendants, souvent porteurs de visions originales ou de cultures régionales, attendent en vain leur chance, l’ARCOM privilégie les acteurs dominants. Résultat : une homogénéisation du paysage radiophonique, où les mêmes formats standardisés – playlists uniformes, débats aseptisés – dominent les ondes. Où est le pluralisme dans cette logique ? Où est la défense des petites structures, des voix marginales, des identités locales ? L’ARCOM, censée être un rempart contre la concentration, semble au contraire en être le complice.

Une aberration budgétaire

Le coût de l’ARCOM – près de 50 millions d’euros par an – est une aberration à l’heure où chaque dépense publique doit être justifiée. Pour quel bénéfice concret ? Une régulation biaisée, une censure larvée et un pluralisme en berne. Ces fonds pourraient être bien mieux investis : dans la culture, pour soutenir les artistes indépendants ; dans l’éducation, pour promouvoir l’esprit critique ; ou encore dans des aides aux médias locaux, qui peinent à survivre face aux géants. La dissolution de l’ARCOM ne serait pas seulement une mesure d’économie, mais un signal fort en faveur d’une véritable liberté médiatique. Elle permettrait de libérer des ressources pour des initiatives qui renforcent réellement la diversité et la démocratie.

Vers une régulation repensée

En 1981, François Mitterrand avait eu l’audace de libérer les fréquences FM, ouvrant la voie à une explosion de créativité et de diversité dans le paysage radiophonique. Quarante-quatre ans plus tard, l’ARCOM nous ramène à l’âge sombre d’une télévision et d’une radio sous tutelle, où le pouvoir dicte ce qui doit être diffusé. Il est temps de repenser la régulation des médias, non pas pour la supprimer purement et simplement, mais pour l’arracher aux logiques d’entre-soi et de contrôle. Une régulation moderne devrait encourager l’émergence de voix nouvelles, protéger les petites structures et limiter la mainmise des grands groupes, tout en respectant la liberté d’expression. Des modèles existent ailleurs : au Royaume-Uni, l’Ofcom, bien que perfectible, parvient à concilier régulation et pluralisme sans sombrer dans la censure moralisatrice.

La pétition demandant la suppression de l’ARCOM, que j’ai signée à titre personnel, est un cri du cœur. Elle reflète l’exaspération d’une population qui refuse de voir ses libertés rognées sous couvert de régulation. En 2025, il est urgent de libérer les ondes et de redonner aux Français une diversité de voix et d’idées. L’ARCOM, loin d’être la gardienne du pluralisme, s’est muée en outil de contrôle et de favoritisme. Dissoudre cette institution et repenser la régulation des médias, c’est ouvrir la voie à une démocratie médiatique plus libre, plus vivante et plus fidèle aux aspirations des citoyens.


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