Censure numérique : pourquoi Internet est sous surveillance
Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante, une question brûle les lèvres : pourquoi les gouvernements et institutions accélèrent-ils leurs efforts pour contrôler Internet ? Le projet « Chat Control » de l’Union européenne, relancé sous la présidence danoise en 2025, vise à scanner tous les messages chiffrés pour lutter contre les contenus pédocriminels (CSAM), mais suscite une vive controverse. Cet article explore les raisons de cette censure numérique, examine les arguments pour une régulation et alerte sur les risques d’un contrôle autoritaire, dans une perspective inspirée par l’anticipation d’Orwell dans 1984.
Clarification des termes
Par « élites », je désigne les gouvernements, les institutions internationales (comme l’ONU ou l’Union européenne) et les grandes entreprises technologiques influençant les politiques numériques. La « vérité officielle » renvoie aux récits promus par ces acteurs via les médias traditionnels ou les canaux institutionnels, souvent pour maintenir la cohésion sociale ou justifier des décisions politiques. Ces définitions posent un cadre clair pour mon billet, évitant les généralisations floues.
Les piliers du pouvoir face à la disruption numérique
Les États s’appuient sur quatre piliers pour asseoir leur autorité :
- La diffusion d’un récit dominant : Les médias traditionnels, fréquemment alignés sur les institutions, façonnent l’opinion publique.
- Les organisations d’encadrement : ONG, syndicats ou partis politiques canalisent les citoyens dans des structures contrôlées.
- La répression légale : La justice et les amendes sanctionnent les écarts aux normes établies.
- La violence légitime : Les forces de l’ordre maintiennent l’ordre, parfois par la coercition.
Les réseaux sociaux sapent ces piliers en donnant aux citoyens le pouvoir de diffuser des récits alternatifs, d’organiser des mouvements indépendants et de contester les actions répressives. Lors de la pandémie de COVID-19, des voix dissidentes sur X ont amplifié des perspectives critiques, défiant les discours officiels. Cette perte de contrôle informationnel pousse les élites à intensifier la censure numérique.
La censure numérique en action : l’exemple de « Chat Control »
Les gouvernements déploient des mesures drastiques pour contrôler les communications numériques. En Russie, les autorités bloquent des plateformes comme Twitter et YouTube, utilisant des technologies comme l’équipement TSPU pour isoler l’Internet russe (RuNet). En Birmanie, une loi de cybersécurité, soutenue par des technologies chinoises, a bloqué les VPN en mai 2024, limitant l’accès aux médias indépendants. En Europe, le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en 2022, impose aux plateformes de modérer les contenus illégaux, mais le projet « Chat Control » va plus loin. Relancé sous la présidence danoise en 2025 avec une adoption potentielle en octobre, il oblige des plateformes comme WhatsApp, Signal et Telegram à scanner tous les messages, y compris chiffrés, via des outils de « client-side scanning » analysant le contenu avant chiffrement, selon Clubic. Des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne soutiennent cette mesure, mais elle est critiquée pour son impact sur la vie privée.
Exemples de censure numérique
Pays/Région | Mesures de censure | Impact | Source |
---|---|---|---|
Russie | Blocage de Twitter, YouTube, restrictions sur les VPN | Isolement de RuNet, restriction de l’information | Human Rights Watch, 2025 |
Birmanie | Blocage des VPN, restrictions sur WhatsApp, X, Instagram | Suppression de la dissidence, accès limité aux médias | AP News, 2024 |
Union européenne | Digital Services Act (DSA) : modération des contenus illégaux ; Chat Control : scan des messages chiffrés | Risque de censure des discours critiques et de surveillance de masse | Freedom House, 2024 ; Clubic, 2025 |
Les arguments pour et contre la régulation
Les partisans de « Chat Control », comme la France et le Danemark, soutiennent que scanner tous les messages, même chiffrés, est indispensable pour lutter contre les réseaux pédocriminels, selon Clubic. Le DSA vise à protéger les citoyens en modérant les contenus illégaux, tandis que « Chat Control » cible le CSAM via des technologies d’IA. Cependant, des critiques virulentes s’élèvent. L’eurodéputé Patrick Breyer, cité par Netzpolitik.org, qualifie le projet de « surveillance de masse inédite ». Les juristes du Conseil de l’UE, dans un protocole de juillet 2025, jugent la proposition danoise illégale, violant l’article 8 de la CEDH sur la confidentialité des communications. Le « client-side scanning » fragilise le chiffrement, créant des failles exploitables par des hackers ou des États autoritaires. De plus, 80 % des signalements automatisés en Suisse et 75 % des rapports NCMEC sont non pertinents, entraînant des faux positifs (photos de famille, sexting), selon Breyer. Des entreprises comme Signal et Proton menacent de quitter l’UE si la loi passe, craignant une perte de confiance.
Vers un contrôle numérique renforcé ?
Le projet « Chat Control » s’inscrit dans une tendance plus large vers un contrôle numérique accru. Certains observateurs anticipent un avenir dystopique marqué par :
- Censure numérique généralisée : Les réseaux sociaux pourraient être soumis à des restrictions strictes, limitant les discours alternatifs.
- Monnaies numériques : Un euro numérique pourrait permettre une surveillance financière accrue, marginalisant les opposants.
- Surveillance par IA : La reconnaissance faciale et les algorithmes pourraient traquer les individus en ligne et hors ligne.
- Systèmes de crédit social : Inspirés par la Chine, ils pourraient récompenser la conformité et punir la dissidence.
- Restrictions énergétiques : L’accès à l’électricité ou au carburant pourrait être conditionné à l’obéissance.
Ces scénarios, bien que spéculatifs, reflètent une crainte croissante d’un Internet transformé en outil de surveillance. Le cadre « ProtectEU », visant un accès légal aux données chiffrées d’ici 2030, amplifie ces inquiétudes. Des discussions sur X évoquent des crises économiques ou sociales comme catalyseurs.
Un éveil citoyen face à la censure numérique
Malgré ces efforts, les réseaux sociaux catalysent un « réveil » citoyen. Internet permet aux gens de s’informer et de s’organiser, défiant les récits officiels, comme lors du Printemps arabe. L’eurodéputé Patrick Breyer appelle à une mobilisation avant le 23 septembre 2025, exhortant les citoyens à contacter leurs gouvernements pour rejeter « Chat Control ». En France, la plateforme Pharos permet de signaler les contenus illicites, offrant une alternative ciblée à la surveillance de masse. Paradoxalement, la censure pourrait pousser les citoyens à adopter des VPN, des logiciels libres, ou des réseaux décentralisés pour préserver leur liberté d’expression.
Conclusion
La censure numérique, illustrée par « Chat Control », répond à la menace que font peser les réseaux sociaux sur les structures traditionnelles du pouvoir. Si la lutte contre les contenus pédocriminels est légitime, le spectre d’une surveillance de masse plane, menaçant la confidentialité des communications et la sécurité numérique.
Face à cette menace, la résilience numérique est cruciale. Utiliser des VPN, privilégier les logiciels libres et maintenir des réseaux communautaires hors ligne sont autant de moyens de défendre un Internet libre. Comme le proclame l’article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1793, l’insurrection contre l’oppression reste un droit sacré. À l’ère numérique, cette lutte passe par une mobilisation collective pour protéger nos libertés.
Laisser un commentaire