Frères Musulmans : Aurore Bergé a-t-elle un vrai plan ?
Dans un article publié dans La Tribune Dimanche, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’égalité et autres nobles causes, nous livre ses inquiétudes face à l’influence des Frères musulmans en France. Sa solution ? « Réarmer la promesse républicaine ». Derrière ce titre ronflant, on découvre un texte vague, truffé de formules creuses et de bons sentiments qui évitent soigneusement de nommer les problèmes. Un exercice de style qui semble plus destiné à polir son image pour 2027 qu’à proposer des solutions concrètes.
Le flou artistique comme stratégie
Bergé évoque « certaines pratiques » qui s’ancrent et « certains discours » qui s’affirment, sans jamais préciser de quoi il s’agit. Ce flou est-il un oubli ou une tactique ? En restant dans l’ambiguïté, elle s’assure de ne froisser personne – ou presque – tout en donnant l’illusion d’un constat partagé. Mais à force de ménager tout le monde, son propos perd toute substance. Si elle voulait vraiment alerter les Français, ne serait-il pas plus utile de dire clairement ce qui l’inquiète ? Ou est-ce trop risqué pour une ministre en quête de consensus ?
« Réarmer la promesse républicaine » : un slogan vide de sens
Parlons-en, de cette « promesse républicaine » qu’il faudrait « réarmer ». Le mot sonne bien, il claque comme un appel aux armes. Mais que veut-il dire ? Une promesse, ça ne se réarme pas, ça se tient – ou ça se rompt. Cette métaphore bancale semble tout droit sortie d’un brainstorming de communicants en mal d’inspiration. Combien touche-t-on, au fait, pour pondre ce genre de phrase creuse au service d’un ministre ? Parce qu’entre nous, ça ne vaut pas un clou comme plan d’action. C’est du vent, du bruit, un effet de manche pour impressionner sans s’engager.
Des normes contre une idéologie : la blague de trop
Pour Bergé, l’idéologie islamiste se combat avec des « normes ». Oui, des règles, des petits panneaux « défense de ». On imagine déjà le tableau : « Interdit de prôner le califat », « Merci de ne pas radicaliser les esprits ». Ça rappelle furieusement le sketch de Gad Elmaleh sur les plans Vigipirate, avec ces rubans de signalisation censés arrêter des terroristes armés. Face à une idéologie ancrée dans des convictions profondes, penser que des régulations suffiront relève soit de la naïveté, soit d’un mépris pour la complexité du problème. Où est la stratégie, où est la vision ?
« Pas de générations perdues » : un vœu pieux
« Il n’y a pas de générations perdues, il n’y a que des générations que l’on abandonne », écrit-elle. C’est joli, presque poétique. Mais ça ne résiste pas à l’analyse. Dire qu’il suffit de « ne pas abandonner » ces générations pour les sauver, c’est ignorer les dynamiques sociales, économiques et culturelles qui alimentent la radicalisation. Ce n’est pas qu’une question d’attention ou de bonne volonté ; c’est un enchevêtrement de facteurs qu’aucune formule larmoyante ne peut démêler. Bergé préfère le lyrisme à la lucidité, et ça ne rend service à personne.
La discrimination comme bouc émissaire
Selon Bergé, le recul des discriminations liées à l’origine serait la « pointe avancée » contre l’islamisation. En gros, si certains se tournent vers des idéologies extrêmes, c’est parce qu’on n’a pas été assez gentils avec eux. Évidemment, la discrimination existe et doit être combattue. Mais en faire la cause principale de l’islamisation, c’est une pirouette commode pour éviter les sujets qui fâchent : le rôle de la religion, des réseaux communautaires, des influences extérieures. Réduire le problème à un déficit de bienveillance, c’est infantiliser le débat et fermer les yeux sur des réalités plus dures à affronter.
Conclusion
En somme, l’article d’Aurore Bergé soulève des questions graves, mais ses réponses sont un mélange de clichés, de flou et de solutions superficielles. « Réarmer la promesse républicaine » avec des normes et des bons sentiments, vraiment ? Face à un défi aussi complexe que l’influence islamiste, il faudrait plus qu’un discours policé et des phrases à l’emporte-pièce. Mais peut-être que l’objectif n’est pas là. Si Bergé lorgne sur 2027, comme certains le murmurent, ce texte ressemble davantage à une opération de séduction politique qu’à une réelle volonté de changer les choses. Dommage pour la République, qui mérite mieux que des mots en l’air.