ADN et métissage : un enfant est-il plus proche d’un inconnu que de ses parents ?

La génétique, c’est un peu comme une carte au trésor : chaque fragment d’ADN révèle un bout de notre histoire. Récemment, un post sur X a fait des vagues avec une affirmation intrigante : un enfant métis, issu d’un parent européen et d’un parent africain, serait génétiquement moins similaire à son parent européen qu’un Européen croisé au hasard dans la rue. Ce raisonnement s’appuie sur une étude scientifique précise, intitulée “Larger Genetic Differences Within Africans Than Between Africans and Eurasians”. Curieux, j’ai plongé dans les chiffres pour décoder ce qu’ils racontent. Pas besoin d’un doctorat en biologie pour suivre – je vais tout expliquer simplement, et promis, ça va être passionnant !

Une question audacieuse, ancrée dans une étude

L’auteur du post, féru de chiffres et de génétique, pose une question qui interpelle : si une personne européenne a un enfant avec une personne africaine, cet enfant métis partage-t-il moins de points communs génétiques avec elle qu’un inconnu européen ? Cette étude mesure les différences génétiques entre populations via des SNPs (prononcez « snips »), des variations minuscules dans notre ADN qui permettent de comparer les génomes.

Petit topo pour les novices : notre ADN est comme un gigantesque livre de recettes qui fait de nous qui nous sommes. Les SNPs, ce sont des « lettres » spécifiques dans ce livre. En comptant combien de ces lettres diffèrent entre deux personnes, on peut estimer leur similarité génétique. L’étude donne trois chiffres clés, qui servent de base aux calculs :

  • Au sein des Européens : 0,05 % des SNPs diffèrent entre deux individus.
  • Entre Européens et Africains : 0,079 % des SNPs diffèrent.
  • Au sein des Africains : 0,088 % des SNPs diffèrent.

Ces pourcentages semblent infimes, mais dans un génome de trois milliards de paires de bases, ils font une différence. Voyons comment l’auteur les utilise.

Qu’est-ce que la « similarité génétique » exactement ?

Avant d’aller plus loin, prenons une seconde pour comprendre ce qu’on mesure avec ces SNPs. La « similarité génétique » basée sur les SNPs reflète le pourcentage de variations communes ou différentes entre deux génomes. Mais attention : ce n’est pas une mesure directe de la « proximité familiale » comme on pourrait l’imaginer (par exemple, les liens parent-enfant). Les SNPs sont surtout utilisés pour étudier la divergence entre populations, c’est-à-dire comment des groupes humains ont évolué différemment au fil des millénaires. Dans une famille, d’autres marqueurs (comme les segments d’ADN hérités directement) sont plus pertinents pour évaluer le lien parent-enfant. Les SNPs, eux, donnent une vue d’ensemble, mais ils ne capturent pas tout – par exemple, ils ne disent rien sur les gènes qui influencent nos traits visibles ou notre santé. Cette nuance est clé pour interpréter les chiffres qui suivent.

Le scénario : une mère européenne et son enfant

Imaginons une mère européenne et un père africain qui ont un enfant. Chaque parent transmet 50 % de son ADN, donc l’enfant hérite d’une moitié du génome européen de sa mère et d’une moitié du génome africain de son père. L’auteur appelle cet enfant métis « E | A » (E pour européen, A pour africain), tandis qu’un enfant de deux parents européens est noté « E | E ».

L’objectif est de calculer deux choses :

  1. La similarité génétique entre la mère européenne et son enfant métis.
  2. La similarité avec un Européen croisé au hasard.

Pour simplifier, l’auteur suppose que la mère a un génome « purement européen » (deux parents européens) et le père un génome « purement africain » (deux parents africains). En réalité, les génomes sont souvent plus mélangés, mais cette hypothèse rend les calculs plus clairs.

Cas 1 : un enfant européen

D’abord, un cas classique : un enfant issu de deux parents européens (« E | E »). Il hérite de 50 % de l’ADN de sa mère et 50 % de son père. Comme les deux parents sont européens, leurs génomes diffèrent en moyenne de 0,05 % des SNPs, selon l’étude.

L’auteur calcule la différence entre la mère et cet enfant :

  • La moitié du génome de l’enfant, venant de la mère, est identique (0 % de différence).
  • L’autre moitié, venant du père, diffère de la mère de 0,05 % (la différence typique entre Européens).
  • En tenant compte des deux copies de chaque gène (le génome diploïde), l’auteur trouve une différence moyenne de 0,0375 %.

Résultat : la mère et son enfant européen partagent 99,9625 % de similarité génétique. Un lien fort, qui illustre la puissance de l’hérédité.

Cas 2 : un Européen aléatoire

Et si on compare avec un Européen croisé dans la rue ? Selon l’étude, deux Européens diffèrent de 0,05 % des SNPs, soit une similarité de 99,95 %. C’est très proche, mais un peu moins que la similarité avec un enfant européen (99,9625 %). Logique : nos enfants héritent directement de notre ADN, contrairement à un inconnu.

Cas 3 : l’enfant métis

Passons au cas central : l’enfant métis (« E | A »). Il a 50 % de son ADN de sa mère européenne et 50 % de son père africain. L’auteur calcule la différence avec la mère :

  • La moitié européenne de l’enfant est identique à une partie du génome de la mère (0 % de différence).
  • La moitié africaine diffère du génome de la mère, avec 0,079 % de SNPs différents en moyenne (chiffre de l’étude pour Européens vs Africains).
  • En combinant ces différences, l’auteur obtient une différence moyenne de 0,052 %.

Cela donne une similarité génétique de 99,948 % entre la mère et son enfant métis.

Les chiffres en un coup d’œil

Pour mieux visualiser, voici un tableau récapitulatif des trois cas, avec leurs pourcentages de similarité génétique :

ComparaisonDifférence en SNPsSimilarité génétique
Mère et enfant européen (E|E)0,0375 %99,9625 %
Mère et Européen aléatoire0,05 %99,95 %
Mère et enfant métis (E|A)0,052 %99,948 %

Ce tableau montre clairement les écarts – minuscules, mais significatifs selon l’auteur. La mère est légèrement plus proche génétiquement d’un Européen aléatoire (99,95 %) que de son enfant métis (99,948 %), ce qui soutient son hypothèse.

Des chiffres à contextualiser

Ces calculs sont fascinants, mais ils appellent quelques nuances. D’abord, ils reposent sur des moyennes et des hypothèses simplifiées : dans la réalité, les génomes humains sont bien plus mélangés. Ensuite, comme mentionné plus tôt, les SNPs mesurent surtout les divergences entre populations, pas forcément les liens familiaux profonds. Enfin, la génétique ne dit rien des liens affectifs – un parent et son enfant partagent bien plus qu’un pourcentage d’ADN, et ça, aucun calcul ne peut le quantifier !

Pourquoi ce débat captive-t-il ?

Ces chiffres, tirés d’une étude rigoureuse, touchent à des questions universelles : l’identité, l’hérédité, les liens qui nous unissent. Ils nous rappellent que l’humanité est à la fois incroyablement diverse et profondément connectée – après tout, même entre un Européen et un Africain, la similarité génétique dépasse les 99,9 %. Comme l’écrivait le généticien Theodosius Dobzhansky : « La diversité est la richesse de la nature ; l’unité est sa force. »

Une pensée qui invite à célébrer nos différences tout en reconnaissant ce qui nous rassemble.


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Dans l'ombre vacillante d'une chandelle, où les murmures du vent se mêlent aux secrets d'un vieux parchemin, je vous invite à tisser une toile de mots. Écrivez quelques éclats d'âme – rêve, étoile, abîme, étreinte, brume – et laissez-les danser sur la page, comme des lucioles dans une nuit d'encre. Que diriez-vous de les entrelacer dans une phrase, un souffle, une histoire ?

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